N° 233
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal
de la séance du 18 février 1999
PROPOSITION DE
RÉSOLUTION
présentée en application de
l'article 73
bis
du règlement,
sur la proposition de directive du Conseil modifiant, en ce qui concerne le taux normal, la directive 77/388/CEE relative au système commun de la taxe sur la valeur ajoutée (n°E 1193),
PRÉSENTÉE
Par M. Denis BADRÉ,
Sénateur.
(Renvoyée à la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement.)
Union européenne.
Mesdames,
Messieurs,
L'objet de cette proposition de directive est de permettre
au Conseil de prendre une décision sur le niveau des taux minimum et
maximum en matière de taux normal de la TVA.
La Commission
estime, en effet, que cette décision est nécessaire
"
pour consolider le fonctionnement du Marché intérieur
sous l'angle fiscal, aussi bien dans le cadre des dispositions transitoires
actuellement en vigueur que dans la perspective du régime
définitif pour le système commun de taxe sur la valeur
ajoutée
".
Cette proposition conduirait à
adopter une fourchette de taux, le taux normal étant fixé
à 15 % et le taux plafond à 25 %.
La Commission avait
déjà présenté en 1995 une proposition
identique ; en 1996, le Conseil avait accepté l'objectif de la
Commission qui est de prévenir un accroissement de l'écart
existant entre les taux normaux pratiqués par les Etats membres,
lesquels varient entre 15 % au Luxembourg et 25 % au Danemark et en
Suède.
Le Conseil, à la suite du Parlement
européen qui s'était refusé, de son côté,
pour des motifs tenant à la subsidiarité, à fixer un taux
maximum, s'était contenté d'arrêter un taux minimum de 15
% ; quant au taux maximum, il s'était engagé politiquement,
dans une annexe à sa décision, à ne pas accroître de
plus de dix points l'écart entre le taux normal le plus faible et le
taux normal le plus élevé constaté dans la
Communauté.
La proposition de la Commission s'inscrit dans le
cadre de ses réflexions sur l'introduction d'un nouveau système
commun de TVA. Ces réflexions ont fait l'objet d'une communication au
Conseil en date du 22 juillet 1996.
La Commission reconnaît
explicitement que sa proposition "
vise à préparer
l'harmonisation des taux qui est nécessaire dans le cadre du
régime actuel de TVA tout en préparant également les
prochaines étapes vers un rapprochement progressif des taux de
façon à permettre la mise en place du système commun de
TVA
".
Votre délégation s'était en son
temps penchée sur ce nouveau système commun de TVA et j'avais
déposé, en son nom, le 19 mars 1997, un rapport sur ce
nouveau système ; mon rapport était accompagné d'une
proposition de résolution, résolution qui a été
adoptée, en séance publique, par le Sénat, le 6 novembre
1997.
La résolution du Sénat demandait notamment au
gouvernement :
" -
qu'il ne retienne pas, au stade
actuel, les propositions de la Commission sur le système commun tant que
les conditions pour le passage au régime définitif ne seront pas
réunies ;
- qu'il sollicite l'adoption et la mise en oeuvre
des mesures nécessaires à l'élimination des lacunes et
fraudes qui ont pu apparaître lors des premières années
d'application du régime actuel de TVA en Europe ;
- qu'il
sollicite l'adoption de mesures d'harmonisation portant, notamment, sur le
statut de la représentation fiscale, sur les droits à
déduction et sur les seuils d'exonération ;
- qu'il
sollicite la redéfinition du champ d'application de la TVA en fonction
de la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés
européennes.
"
La Commission confirme que sa
proposition s'inscrit dans la logique de sa proposition de 1995 sur le
même sujet et que
" la situation n'a pas fondamentalement
changé depuis
". Le Sénat devrait donc logiquement
maintenir sa position de 1997.
Toutefois, depuis cette date, des
travaux ont été engagés, comme nous le souhaitions,
à l'initiative de la Commission, pour l'amélioration du
régime transitoire de TVA. C'est d'ailleurs dans ce cadre que la
Commission vient de déposer une autre proposition de directive du
Conseil modifiant la directive 77/388/CE en ce qui concerne la
détermination du redevable de la taxe sur la valeur ajoutée, et
plus spécialement du statut du représentant fiscal (
n° E
1191
).
La Commission devrait enfin proposer prochainement une
révision de la liste des produits éligibles au taux réduit
de la TVA ; dans cette liste, qui avait été
arrêtée dans le cadre de l'annexe H de la directive TVA,
modifiée en 1992, pourraient maintenant être inscrits,
semble-t-il, les travaux dans le logement et les services aux personnes ;
d'autres souhaiteraient sans doute y ajouter la consommation hors domicile en
restauration commerciale ; le Parlement européen a adopté
dans ce sens, le 10 juin 1997, une recommandation proposant de taxer le
tourisme à un taux réduit, notamment au regard des
dépenses de restauration ; d'une manière plus
générale, la recommandation vise l'ensemble des activités
à forte densité de main-d'oeuvre ; enfin l'imposition
spécifique des supports de multi-média pourrait également
être prise en compte à cette occasion.
La question est
d'autant plus sérieuse que huit Etats sur quinze
bénéficient à l'heure actuelle de dérogations
ouvertes dans le cadre de l'article 28.2.d de la sixième directive TVA
afin d'appliquer un taux réduit et de bénéficier de
mesures particulières dérogatoires "
afin
d'éviter certaines fraudes ou évasions fiscales
".
D'aucuns ont souligné que ces dérogations ne sont pas
sans effets économiques positifs pour l'emploi ; elles
doivent certainement, à ce titre, être étudiées plus
au fond.
Devant l'évidente complexité du sujet, le
Sénat, dans le cadre notamment de sa commission des finances, pourrait
procéder à une nouvelle évaluation de la situation en
matière de TVA intracommunautaire à l'occasion de l'examen de la
présente proposition de directive.
Tel est, en
définitive, l'objectif que poursuit la présente proposition de
résolution, que la délégation du Sénat pour l'Union
européenne m'a chargé de présenter en son nom.
PROPOSITION DE RESOLUTION
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la proposition E 1193,
Considérant que l'objet
de cette proposition de directive est de permettre au Conseil de prendre une
décision sur le niveau des taux minimum et maximum en matière de
taux normal de la TVA ;
Considérant que cette proposition
conduirait à adopter une fourchette de taux, le taux normal étant
fixé à 15 % et le taux plafond à 25 % ;
Considérant que cette proposition s'inscrit dans la perspective
de la mise en place du régime définitif de TVA en Europe ;
Considérant que le Sénat, dans sa résolution du 6
novembre 1997, avait demandé au gouvernement qu'il ne retienne pas, au
stade actuel, les propositions de la Commission sur un système commun de
taxe à la valeur ajoutée tant que les conditions pour le passage
au régime définitif ne seront pas réunies ;
Considérant par ailleurs que le Sénat avait
demandé au gouvernement de négocier une amélioration du
régime dit transitoire, et que la proposition n° E 1191 y
contribue ;
Considérant en outre le fait qu'une
révision de la liste des produits éligibles au taux réduit
de la TVA et inscrits dans l'annexe H de la directive 77/388/CEE
modifiée serait souhaitable :
Renouvelle le contenu de sa
résolution du 6 novembre 1997 au regard des conditions de passage au
régime définitif de taxe sur la valeur ajoutée en Europe ;
Insiste sur la nécessité de procéder aux
améliorations nécessaires du régime transitoire, en
particulier pour l'élimination des lacunes et fraudes dans l'application
du régime actuel de TVA en Europe ;
Demande une
révision de l'annexe H de la directive sur le régime commun de
TVA, notamment au regard des travaux sur le logement, des dépenses de
restauration et des supports multi-médias.