Ratification de l'ordonnance n° 2003-850 du 4 septembre 2003 portant simplification de l'organisation et du fonctionnement du système de santé
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2003-2004
Annexe au procès-verbal de la séance du 26 novembre 2003
PROJET DE LOI
portant ratification de l'ordonnance n° 2003-850 du 4 septembre 2003 portant simplification de l' organisation et du fonctionnement du système de santé ainsi que des procédures de création d' établissements ou de services sociaux ou médico - sociaux soumis à autorisation ,
PRÉSENTÉ
au nom de M. JEAN-PIERRE RAFFARIN,
Premier ministre,
par M. JEAN-FRANÇOIS MATTÉI,
Ministre de la santé, de la famille et des personnes
handicapées.
( Renvoyé à la commission des Affaires sociales sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement).
Santé publique. |
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
La loi n° 2003-591 du 2 juillet 2003 habilitant le Gouvernement à
simplifier le droit l'a autorisé, en son article 20, à simplifier
les procédures de création des établissement sociaux ou
médico-sociaux, et, en son article 21, à prendre des mesures de
simplification relatives à l'organisation et au système de
santé.
L'ordonnance n° 2003-850 du 4 septembre 2003 portant simplification de
l'organisation et du fonctionnement du système de santé ainsi que
des procédures de création d'établissements ou de services
sociaux ou médico-sociaux soumis à autorisation a mis en oeuvre
cette habilitation en procédant à une réforme
destinée à redonner aux établissements hospitaliers
publics et privés confiance en leur avenir et fierté dans leur
métier au service de la santé des patients et de l'ensemble de la
médecine française.
Ainsi le rôle des directeurs des agences régionales de
l'hospitalisation, interlocuteurs privilégiés des responsables
des établissements de santé, a-t-il été
renforcé par l'ordonnance : différentes mesures ont
transféré au directeur de l'agence régionale de
l'hospitalisation les compétences résiduelles qui étaient
encore détenues par le préfet en matière de suspension en
cas d'urgence et de danger grave du droit d'exercer des médecins,
chirurgiens-dentistes, sages-femmes et pharmaciens exerçant dans un
établissement de santé, d'approbation et de suspension de
l'activité libérale d'un praticien hospitalier, d'autorisation
d'ouverture et de suspension en cas d'infraction des pharmacies à usage
intérieur, de fixation de la dotation globale des institutions qui, sans
être des établissements de santé, participent à la
lutte contre les maladies mentales. L'agence régionale de
l'hospitalisation s'est également vue reconnaître un pouvoir de
contrôle sur le fonctionnement des établissements de santé.
La réforme opérée par l'ordonnance du 4 septembre 2003 a
simplifié l'organisation sanitaire.
Hérité des années 1970, le dispositif de planification
sanitaire était devenu complexe, rigide et insuffisamment efficace. Il
reposait sur la combinaison de trois instruments principaux, le schéma
régional d'organisation sanitaire (SROS), la carte sanitaire et les
autorisations, ce qui rendait la planification de l'offre hospitalière
compliquée et peu lisible. Les autorisations étaient
délivrées pour des durées différentes selon leur
nature : les activités de soins (obstétrique, chirurgie
spécialisée, soins de suite...) pour cinq ans, les
équipements lourds (scanner, IRM) pour sept ans, et les installations
(lits de médecine, de chirurgie, d'obstétrique, de psychiatrie ou
de soins de suite) pour dix ans. Le SROS et la carte sanitaire étaient
établis pour une durée maximale de cinq ans. Par ailleurs,
l'élaboration de la carte sanitaire était encadrée par des
indices nationaux à l'intérieur desquels étaient
arrêtés les indices régionaux tenant peu compte des
spécificités régionales. Ces indices limitaient le nombre
de lits ou d'équipements qui pouvaient être autorisés.
L'ordonnance a simplifié les outils de planification, le régime
des autorisations des activités de soins et les formes de
coopération.
S'agissant de la planification, la carte sanitaire a été
supprimée par l'ordonnance, le schéma d'organisation sanitaire
devenant ainsi l'outil unique de planification, par ailleurs recentré
sur la prise en compte des besoins de santé, appréhendés
à partir des caractéristiques épidémiologiques
propres à chaque région. La dimension territoriale du SROS a
été également plus affirmée que par les
dispositions antérieures. Une annexe au SROS précise, sur la base
d'une analyse critique de l'adéquation de l'offre de soins aux besoins
de santé, les objectifs quantifiés des différentes
activités sur chaque territoire et les transformations, regroupements et
coopérations nécessaires à la réalisation du SROS.
Le secteur sanitaire est remplacé par le « territoire de
santé », défini par l'A.R.H. en tenant compte de la
spécificité des activités de soins, afin de favoriser une
approche infra-départementale, interdépartementale, voire
interrégionale et une plus grande souplesse dans la définition
des territoires de planification.
Sous l'effet des dispositions issues de l'ordonnance, le régime des
autorisations est sensiblement simplifié : l'autorisation
d'activité se substitue aux trois matières existantes soumises
à autorisation. L'autorisation est délivrée sur la base du
schéma et des conditions techniques de fonctionnement. Son
renouvellement s'effectue de manière tacite tous les cinq ans. Elle est
complétée par le contrat d'objectifs et de moyens comportant des
objectifs quantifiés par activité, sur la base du schéma.
En cas d'absence de possibilité de contractualiser, les objectifs
quantifiés sont précisés dans l'autorisation. Enfin, les
autorisations sous forme d'alternative, telle que l'hospitalisation à
domicile, l'hospitalisation de jour ou la chirurgie ambulatoire, ne sont plus
soumises à un taux de change lit/place.
S'agissant des coopérations, le groupement de coopération
sanitaire (G.C.S.), qui vise à faciliter, améliorer et
développer les coopérations entre établissements et la
prise en charge des patients, devient l'outil de référence. Il
n'est plus limité aux seuls établissements de santé mais
s'ouvre aux professionnels libéraux et aux établissements
médico-sociaux. Il peut ainsi réaliser ou gérer pour le
compte de ses membres des équipements d'intérêt commun, y
compris des plateaux techniques, tels les blocs opératoires, des
services d'imagerie médicale ou des pharmacies à usage
intérieur. Le G.C.S. peut également constituer un réseau
de santé.
La réforme opérée par l'ordonnance du 4 septembre 2003
tend aussi à accélérer l'investissement immobilier des
établissements de santé. L'intervention des entreprises
privées est simplifiée et la modification des textes facilitera
l'implication des personnes privées, des collectivités
territoriales et des sociétés d'économie mixte, des
sociétés et offices d'HLM et des OPAC dans les opérations
de construction et d'aménagement immobilier à l'hôpital,
par le recours au bail emphytéotique et aux marchés globaux. Afin
d'éviter des constructions inutiles ou des dérives
financières, les opérations immobilières ainsi
réalisées devront être conformes aux SROS et les actes
juridiques qui les sous-tendent seront donc soumis à l'approbation du
directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation. Pour permettre la
mise en oeuvre de ces dispositions, les règles de domanialité des
établissements publics de santé sont définies.
Enfin, l'ordonnance a simplifié les formalités de création
des établissements sociaux et médico-sociaux soumis à
autorisation ainsi que les formalités d'enregistrement des
professionnels de santé et des vétérinaires.
La loi du 2 juillet 2003 dispose en son article 35 qu'un projet de loi de
ratification de chaque ordonnance prise sur son fondement doit être
déposé devant le Parlement dans un délai de trois mois
à compter de la publication de l'ordonnance.
Le présent projet de loi a pour objet de ratifier, dans le respect de
cette échéance, conformément à l'article 38 de la
Constitution, l'ordonnance du 4 septembre 2003.
PROJET DE LOI
Le
Premier ministre,
Sur le rapport du ministre de la santé, de la famille et des personnes
handicapées,
Vu l'article 39 de la Constitution,
Décrète :
Le présent projet de loi portant ratification de l'ordonnance
n° 2003-850 du 4 septembre 2003 portant simplification de
l'organisation et du fonctionnement du système de santé ainsi que
des procédures de création d'établissements ou de services
sociaux ou médico-sociaux soumis à autorisation,
délibéré en conseil des ministres après avis du
Conseil d'État, sera présenté au Sénat par le
ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées,
qui sera chargé d'en exposer les motifs et d'en soutenir la discussion.
Article unique
L'ordonnance n° 2003-850 du 4 septembre 2003 portant
simplification de l'organisation et du fonctionnement du système de
santé ainsi que des procédures de création
d'établissements ou de services sociaux ou médico-sociaux soumis
à autorisation est ratifiée.
Fait à Paris, le 26 novembre 2003
Signé : JEAN-PIERRE RAFFARIN
Par le Premier ministre :
Le ministre de la santé, de la famille et des personnes
handicapées,
Signé : JEAN-FRANÇOIS MATTÉI