Motion tendant à proposer au Président de la République de soumettre au référendum le projet de loi relatif à l'élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen ainsi qu'à l'aide publique aux partis politiques
N°
196
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2002-2003
Annexe au procès-verbal de la séance du 4 mars 2003
MOTION
tendant à proposer au Président de la République de soumettre au référendum le projet de loi relatif à l' élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen ainsi qu'à l' aide publique aux partis politiques , considéré comme adopté par l'Assemblée nationale aux termes de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution, après déclaration d'urgence ,
PRÉSENTÉE
Par MM. Michel DREYFUS-SCHMIDT, Jean-Pierre MASSERET, Louis MERMAZ, Claude HAUT, Claude DOMEIZEL, Gilbert CHABROUX, Serge LAGAUCHE, Jean-Claude FRÉCON, Bernard PIRAS, Mme Danièle POURTAUD, M. Jacques MAHÉAS, Mme Marie-Christine BLANDIN, MM. Yves DAUGE, Jean-Pierre GODEFROY, Roland COURTEAU, Michel SERGENT, François MARC, Simon SUTOUR, Bernard FRIMAT, Jean-François PICHERAL, Jean-Pierre BEL, Jean-Pierre DEMERLIAT, Mme Nicole BORVO, MM. Guy FISCHER, Robert BRET, Mme Hélène LUC, M. François AUTAIN, Mmes Michelle DEMESSINE, Josiane MATHON, MM. André LEJEUNE, Daniel RAOUL, Daniel REINER, Jean-Noël GUÉRINI, Jean-Marc TODESCHINI, Mmes Josette DURRIEU, Yolande BOYER, MM. Pierre-Yvon TRÉMEL, Guy PENNE, Charles GAUTIER, Michel MOREIGNE, Marcel DEBARGE, Jean-Claude PEYRONNET et Jean-Pierre SUEUR,
Sénateurs.
(Renvoyée à la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale.)
Elections et référendums. |
Mesdames,
Messieurs,
Quelle motivation sérieuse inspire le Gouvernement
pour que ce dernier propose d'engager, dans un contexte de crise internationale
exacerbée, une nouvelle réforme des modes de scrutin des
élections régionales et européennes ?
La loi
n° 99-36 du 19 janvier 1999 qui doit s'appliquer pour la première
fois en 2004, a déjà clairement tiré les
conséquences des difficultés apparues à l'occasion des
précédentes élections régionales. Elle instaure,
dans le respect du pluralisme démocratique, un système
électoral qui, tout en permettant de dégager des majorités
de gestion stables, conforte la représentation d'une opposition au sein
des conseils régionaux. Quant au mode de scrutin pour les
élections européennes, le Gouvernement en profite pour revenir
sur l'interdiction de cumuler un mandat de député européen
et une fonction exécutive locale, en contradiction avec l'objectif de
proximité qui sous-tend cette réforme et la
nécessité d'avoir des élus très présents au
Parlement européen.
Le projet de loi du Gouvernement vise, en
réalité, non seulement à figer le paysage électoral
aux forces politiques existantes, mais aussi à renforcer celles qui sont
représentées au Parlement, tout cela au détriment de notre
tradition républicaine qui cultive la diversité politique, et de
l'article 4 de la Constitution qui dispose que « les partis et
groupements politiques concourent à l'expression du suffrage », ce
qui vaut non seulement pour les partis et groupements représentés
au sein des assemblées parlementaires mais également pour tous
ceux porteurs de sensibilités et de courants de pensées qui ont
obtenu des suffrages aux différentes élections
présidentielle et locales.
Les modes de scrutin doivent
répondre, avant tout, à l'intérêt
général, dans le respect du choix des citoyens, ce qui suppose la
mise en place des conditions d'expression du pluralisme, car le résultat
d'une élection doit toujours dépendre de leur volonté
librement éclairée et consentie.
En l'occurrence,
l'esprit partisan a présidé au choix du Gouvernement, jusque dans
l'usage, à l'Assemblée nationale, de l'article 49, alinéa
3, de la Constitution, qui clôt le débat avant même qu'il ne
s'engage à l'occasion de l'examen des articles. C'est une méthode
que, sous la précédente législature, le Gouvernement s'est
toujours refusé à employer d'autant que celle-ci est
accentuée par les dérives actuelles de la procédure
législative, caractérisées par des délais d'examen
de plus en plus courts, une fréquence accrue des déclarations
d'urgence, une propension inquiétante de la seconde assemblée
saisie à adopter conforme le texte qui lui vient de la première,
quelles que soient ses propres critiques sur ce dernier.
En agissant de
la sorte, le Premier ministre se met en contradiction avec tous ses discours
sur la République de proximité, sur l'écoute de la France
d'en bas. Il agit aussi avec le plus grand mépris à
l'égard des Français et des Françaises en empêchant
leurs représentants nationaux d'examiner en leur nom les règles
selon lesquelles ils délégueront leur pouvoir individuel au
niveau de la région et de l'Europe.
Il apparaît donc
nécessaire que le débat puisse se poursuivre sous d'autres formes
et que le Peuple se prononce directement et en connaissance de cause sur cette
question essentielle qui fonde la démocratie : l'expression du
suffrage. Une réforme électorale suppose l'organisation d'un
débat contradictoire porteur de mûres réflexions afin
d'aboutir à un consensus le plus large.
Dans ces conditions, il
est proposé au Sénat d'adopter la motion suivante.
MOTION
TENDANT À PROPOSER
AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE
SOUMETTRE UN PROJET DE LOI AU RÉFÉRENDUM
Article
unique
En application de l'article 11 de la Constitution et des articles 67 et suivants de son Règlement, le Sénat propose au Président de la République de soumettre au référendum le projet de loi relatif à l'élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen ainsi qu'à l'aide publique aux partis politiques (n° 182, 2002-2003), considéré comme adopté par l'Assemblée nationale aux termes de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution, après déclaration d'urgence.