NOTE DE SYNTHÈSE
L'article 24 de la Constitution française
énonce
que : "
Les Français établis hors de France sont
représentés au Sénat
". En application de cette
disposition constitutionnelle, la loi organique 83-499 du 17 juin 1983
relative à la représentation au Sénat des Français
établis hors de France prévoit que douze sénateurs
représentent les Français établis hors de France
.
La représentation des Français établis hors de France est
également assurée par le
Conseil supérieur des
Français de l'étranger
(CSFE), créé en 1948. La
loi 82-471 du 7 juin 1982 relative au CSFE a été
amendée à plusieurs reprises. Le texte actuellement en vigueur
prévoit que le CSFE, qui est présidé par le ministre des
Affaires étrangères, est composé de
cent
cinquante membres élus pour six ans au suffrage
universel
direct par les Français établis hors de France
et inscrits
sur les listes électorales des différents consulats, et qu'il est
renouvelable par moitié tous les trois ans. Le mode d'élection
prévu par la loi de 1982, la représentation proportionnelle
intégrale, a été modifié : désormais,
la représentation proportionnelle n'est plus utilisée que dans
les circonscriptions qui élisent au moins trois
délégués, et, dans les autres circonscriptions,
l'élection a lieu au scrutin majoritaire à un tour. La liste des
circonscriptions électorales et le nombre de sièges qui sont
affectés à chacune figurent en annexe à la loi. Cette
dernière précise que siègent également au
CSFE :
- les sénateurs représentant les Français établis
hors de France et élus par les cent cinquante
délégués du CSFE ;
- vingt personnalités désignées par le ministre des
Affaires étrangères pour six ans et renouvelables par
moitié tous les six ans ;
- un représentant des Français établis en Andorre,
désigné par le ministre des Affaires étrangères.
Le CSFE donne au gouvernement des avis sur les questions intéressant les
Français établis hors de France, notamment sur les projets de loi
ou de règlement les concernant. Il donne également des avis sur
le développement de la présence française à
l'étranger. Il peut être saisi par le gouvernement ou intervenir
de son propre chef.
Dans la perspective d'une éventuelle réforme du Conseil
supérieur des Français de l'étranger, il a paru utile
d'analyser comment la représentation institutionnelle des citoyens
expatriés était assurée dans les principaux pays
européens, l'
Allemagne
, la
Belgique
, l'
Espagne
,
l'
Italie
, les
Pays-Bas
, le
Portugal
, le
Royaume-Uni
et la
Suisse
, ainsi qu'aux
États-Unis
.
Pour chacun de ces pays on a donc recherché :
- si les citoyens expatriés disposaient d'une représentation
spécifique au sein du Parlement ;
- s'il existait un organisme équivalent au CSFE, comment il était
constitué et quelles étaient ses principales compétences.
De cet examen, il ressort que :
- le Portugal et l'Italie sont les deux seuls pays où les citoyens
expatriés disposent, comme la France, d'une représentation
parlementaire spécifique ;
- en Espagne, en Italie, au Portugal et en Suisse, il existe un organisme
équivalent au CSFE.
1) Le Portugal et l'Italie sont les deux seuls pays où les citoyens
expatriés sont représentés au Parlement en tant que tels
a) Les citoyens expatriés disposent d'une représentation
parlementaire spécifique au Portugal et en Italie
L'Assemblée de la République portugaise compte deux cent
trente membres, parmi lesquels quatre représentent les Portugais
établis à l'étranger
: deux députés
sont élus dans chacune des deux circonscriptions qui assurent la
représentation des Portugais installés respectivement en Europe
et hors d'Europe.
Lors des prochaines élections législatives et
sénatoriales, les Italiens expatriés
éliront douze
députés et six sénateurs
. En effet, la Constitution
italienne a été modifiée à cet effet à deux
reprises au cours de l'année 2000 : d'abord pour créer une
circonscription " Étranger ", aussi bien à la Chambre
des députés qu'au Sénat, ensuite pour fixer le nombre des
parlementaires représentant les citoyens italiens expatriés.
b) Dans les autres pays, les citoyens expatriés disposent du droit de
vote aux élections législatives, au même titre que les
citoyens résidents
Ils l'exercent par procuration ou par correspondance. Les Belges établis
à l'étranger sont les derniers à avoir obtenu le droit de
vote aux élections législatives : c'est une loi du
18 décembre 1998 qui le leur a octroyé.
2) L'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Suisse sont les seuls pays qui
disposent d'un organisme équivalent au CSFE
Il s'agit du
Conseil général de l'émigration en
Espagne
, du
Conseil
général des Italiens de
l'étranger
, du
Conseil des communautés portugaises
et
de l'
Organisation des Suisses de l'étranger
. Les trois premiers
organismes ont été, à l'image du CSFE, créés
par la loi, tandis que l'Organisation des Suisses de l'étranger est une
fondation de droit privé regroupant plusieurs centaines d'associations
suisses implantées dans le monde entier et qui est reconnue par la
Confédération helvétique.
Si ces quatre organismes ont peu ou prou les mêmes compétences que
le CSFE, en revanche les modalités de désignation de leurs
membres diffèrent beaucoup.
a) Des compétences similaires
Ces organismes assurent en effet la représentation collective des
citoyens expatriés, notamment en donnant leur avis sur les mesures
concernant les expatriés. Ils agissent de leur propre initiative ou
à la demande des administrations nationales. Ils permettent
également de tenir les expatriés au courant des mesures les
concernant adoptées par les autorités de leur pays d'origine.
b) Des modalités de désignation très diverses
Le Conseil des communautés portugaises n'est composé que de
délégués élus, alors que les organismes espagnol,
italien et suisse comportent également des membres
désignés.
Les membres du
Conseil des communautés portugaises
, au
nombre de cent, sont les seuls à être élus, comme les
membres du CSFE, au
suffrage universel direct
par les citoyens
expatriés recensés par les postes consulaires. La circonscription
électorale est constituée, en fonction de l'importance de la
communauté portugaise locale, par un pays ou par un groupe de pays.
Chaque circonscription est représentée par plusieurs
délégués et l'élection a lieu tous les quatre ans
au
scrutin de liste, à la représentation proportionnelle
.
Les listes de candidats qui ne sont pas présentées par des
associations d'expatriés agréées par l'administration
portugaise doivent être parrainées par au moins cent citoyens
expatriés.
Outre les membres élus, participent aux réunions du Conseil des
communautés portugaises, mais sans avoir le droit de vote, le
secrétaire d'État pour les communautés portugaises,
chargé de l'exécution de la politique nationale en faveur de la
diaspora, les députés représentant les Portugais
établis à l'étranger et un député de chaque
groupe politique.
Le Conseil général de l'émigration espagnol compte
cinquante-huit membres, dont quarante-trois sont élus au suffrage
universel indirect par les citoyens expatriés
inscrits sur les
listes consulaires.
En effet, les Espagnols expatriés élisent tous les quatre ans au
suffrage universel direct, dans chaque circonscription consulaire, un
conseil de résidents espagnols
, dont l'effectif dépend du
nombre d'Espagnols vivant dans la région.
Les conseils de résidents élisent ensuite, tous les quatre ans
également, quarante-trois des délégués du Conseil
général de l'émigration. Dans chaque pays, les membres des
conseils de résidents élisent, en fonction de l'importance de la
population espagnole, un, deux ou trois délégués au
conseil, l'élection ayant lieu au scrutin majoritaire.
Les quinze autres membres du Conseil général de
l'émigration sont désignés de la façon
suivante :
- huit par les syndicats représentatifs au niveau national (six pour les
salariés et deux pour le patronat) ;
- trois par le ministre du Travail sur proposition des communautés
autonomes, qu'ils représentent ;
- quatre par les principaux ministres concernés (justice,
économie, intérieur et éducation).
Le Conseil général des Italiens de l'étranger comporte
quatre-vingt-quatorze membres, qui siègent pendant cinq ans :
soixante-cinq sont élus
et vingt-neuf sont nommés par le
gouvernement.
Les membres élus sont désignés, dans chaque pays, par un
collège formé de représentants des associations italiennes
et des membres des
comités des Italiens de l'étranger
,
lesquels sont élus tous les cinq ans au suffrage universel direct par
les citoyens italiens recensés au consulat. Les comités des
Italiens à l'étranger peuvent également comporter des
membres cooptés. Ces membres cooptés, qui ne peuvent pas avoir la
nationalité italienne, mais qui doivent être d'origine italienne,
sont proposés par les associations et élus par les membres
élus.
Les vingt-neuf membres du Conseil des Italiens de l'étranger
nommés par le gouvernement sont choisis, pour dix d'entre eux, par le
milieu associatif, les autres étant désignés par les
syndicats, par les partis politiques et par la presse.
Le
Conseil des Suisses de l'étranger
, organe suprême de
l'Organisation des Suisses de l'étranger, comporte actuellement cent
soixante-cinq membres : cent trente délégués
désignés par les communautés expatriées, par
l'intermédiaire du milieu associatif, et trente-cinq " membres de
l'intérieur " cooptés par le Conseil des Suisses de
l'étranger parmi des personnalités de tous les milieux
résidant en Suisse, mais ayant une bonne connaissance de
l'étranger et donc susceptibles de défendre efficacement la cause
des expatriés.
*
* *
Si l'on
excepte l'exemple espagnol, les textes qui régissent les organismes
assurant la représentation des citoyens expatriés laissent une
place plus ou moins importante au milieu associatif.
En Suisse, les associations choisissent la plupart des
délégués. Au Portugal, elles peuvent présenter des
listes de candidats. En Italie, elles constituent une partie du collège
électoral du Conseil général des Italiens de
l'étranger et désignent le tiers des
délégués non élus.