ALLEMAGNE
Les
fondements juridiques
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I. L'ENCOURAGEMENT A L'EPARGNE SALARIALE DANS LE CADRE DE LA LOI SUR LA FORMATION DU PATRIMOINE
1) Le champ d'application
a) Les entreprises concernées
Le système s'applique sur demande des salariés. Lorsqu'il n'existe pas de conventions collectives (d'entreprise ou de branche), salariés et employeurs doivent conclure des accords particuliers.
b) Les bénéficiaires
Tous les
salariés dont le
revenu net imposable annuel est inférieur
à un certain plafond
peuvent bénéficier de la loi sur
la formation du patrimoine.
Le plafond se monte à :
-
35.000 DEM
(soit environ 120.000 FRF)
pour un
célibataire
(ce qui correspond à un revenu brut d'environ
41.000 DEM) ;
-
70.000 DEM pour un couple marié
(ce qui correspond
à un revenu brut d'environ 94.000 DEM).
Par conséquent, presque deux tiers des salariés allemands sont
susceptibles de profiter de ces dispositions.
Avant la dernière réforme, ces montants s'élevaient
respectivement à 27.000 DEM et 54.000 DEM.
c) Les investissements aidés
Le
salarié reçoit une subvention de l'Etat si, à sa demande,
son employeur affecte une partie de son salaire à des investissements
dits "
investissements productifs en patrimoine
", dont font
partie non seulement l'achat de parts sociales de l'entreprise où
travaille le salarié
, mais aussi les achats d'actions d'autres
sociétés ou de parts de fonds communs de placement, voire les
sommes versées sur un compte d'épargne logement.
Pour encourager les salariés à participer au capital de leur
propre entreprise, une disposition protégeant les placements en cas de
défaillance de l'entreprise a été ajoutée par la
commission de conciliation (équivalent de notre commission mixte
paritaire) à la fin de la procédure parlementaire.
2) L'aide de l'Etat
Lorsque
le salarié décide d'affecter une partie de son épargne
à l'achat de parts sociales, de sa propre entreprise ou d'autres
entreprises, il reçoit de l'Etat
une subvention de 20 %
,
plafonnée à 160 DEM
, car seuls les 800 premiers marks
investis bénéficient d'un encouragement de l'Etat.
Jusqu'au 31 décembre 2004, ce taux est porté à
25 % dans les Länder de l'ancienne Allemagne de l'Est.
Pour les autres "
investissements productifs en patrimoine
"
susceptibles de justifier le versement d'une subvention, les taux et les
plafonds diffèrent. Les salariés peuvent cumuler l'aide
qu'apporte l'Etat pour l'achat de parts sociales et celle qu'il fournit pour
l'investissement immobilier (10 % d'un investissement plafonné
à 936 DEM). Avant la dernière réforme, ce cumul
n'était pas possible. De plus, le taux de la subvention n'était
que de 10 %, mais il s'appliquait à un montant plafonné de
936 DEM.
3) Les conditions
La
constitution de l'épargne doit s'effectuer
par l'intermédiaire
de l'employeur
. Si le salarié épargne à titre
individuel, il ne reçoit aucune aide.
L'investissement est bloqué
pendant une période dont la
durée varie selon qu'il s'agit de parts sociales réservées
aux salariés (actions réservées au personnel, prêts
ou participations dans le cadre d'une " société
tacite ") ou susceptibles d'être achetées par le grand public.
Dans le premier cas, l'investissement est bloqué pendant
six
ans
; dans le second, il l'est pendant
sept ans
. Des
circonstances exceptionnelles (mariage, chômage...) peuvent justifier un
déblocage anticipé sans perte de la subvention.
II. L'ENCOURAGEMENT A LA SOUSCRIPTION DE PARTS SOCIALES DE L'ENTREPRISE PAR LA LOI SUR L'IMPOSITION DU REVENU
Aux
termes de
l'article 19a de la loi sur l'imposition du revenu
,
introduit en 1984, l'avantage financier que constitue l'attribution
gratuite de parts sociales de l'entreprise aux salariés, ou leur cession
à prix réduit, est exonéré de l'impôt sur le
revenu et des cotisations sociales dans la mesure où il ne
dépasse pas la moitié de la valeur des parts ainsi obtenues,
l'exonération étant en outre plafonnée à
300 DEM. Par exemple, si une entreprise offre à ses salariés
une participation de 500 DEM, la moitié (250 DEM) est
exonérée de l'impôt sur le revenu et des cotisations de
sécurité sociale. Si elle offre 2.200 DEM,
l'exonération est plafonnée à 300 DEM.
Entre 1987 et 1993, ce plafond était de 500 DEM, il a
été abaissé à 300 DEM, et les promoteurs de la
participation financière des salariés suggèrent qu'il soit
porté à 1.000 DEM.
Cette disposition s'applique quels que soient les revenus du
bénéficiaire si les parts sociales sont conservées pendant
au moins six ans.
Les entreprises associent en général les possibilités
qu'offre l'article 19a de la loi sur l'imposition du revenu avec celles de la
loi sur la formation du patrimoine.
Ainsi, si un célibataire choisit de prendre une participation au capital
de son entreprise de 800 DEM, la prime de 20 % de l'Etat
ramène la somme qu'il paye à 640 DEM. La participation du
salarié est complétée à hauteur de 300 DEM par
l'entreprise. En investissant 640 DEM, le salarié acquiert une
participation de 1.100 DEM. Parallèlement, par son apport de
300 DEM, l'entreprise réduit ses bénéfices et peut
augmenter son capital de 1.100 DEM.
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La
participation financière des salariés est
généralement considérée comme relevant de la
responsabilité des partenaires sociaux. Ceci explique la faible
importance des dispositions nationales.
Indépendamment de ces mesures législatives, certaines entreprises
font bénéficier leurs cadres dirigeants de plans d'options sur
actions. En cas d'exercice de ces options, les plus-values
réalisées sont imposées normalement.
D'autres entreprises ont introduit des programmes LESOP (
Leveraged Employee
Stock Ownership Programme
), qui permettent aux salariés de devenir
actionnaires grâce à des prêts sans intérêts
des employeurs.
En 1996-1997, un peu plus de 2 millions de salariés participaient
au capital de 2.500 entreprises et 80 % des salariés
concernés disposaient d'actions, les autres détenant par exemple
des participations dans des SARL ou dans des sociétés en
participation. Ils représentaient donc 45 % des 4,5 millions
d'actionnaires allemands. Le nombre de ces derniers a beaucoup augmenté
au cours des dernières années, puisqu'il s'élevait
seulement à 3,2 millions en 1988. Cette forte croissance est
principalement imputable au développement de l'actionnariat
salarié.