LE STATUT DE L'ENFANT ADULTERIN
Table des matières
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NOTE DE SYNTHESE
- 1) La notion d'enfant adultérin n'existe qu'en droit belge
- 2) L'Angleterre et le Pays de Galles ainsi que l'Italie considèrent les enfants adultérins comme des enfants naturels
- 3) L'Allemagne, le Danemark, l'Espagne et les Pays-Bas ont supprimé les différences entre enfants légitimes et enfants naturels
- ALLEMAGNE
- ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES
- BELGIQUE
- DANEMARK
- ESPAGNE
- ITALIE
- PAYS-BAS
NOTE DE SYNTHESE
Malgré le principe d'égalité des filiations
légitime et naturelle posé par le code civil français,
l'enfant adultérin n'a pas les mêmes droits successoraux que les
autres enfants. En effet, il peut être exclu du partage par une
attribution anticipée de biens. De plus, lorsque ce n'est pas le cas et
qu'il est appelé à la succession, s'il est en concours avec des
enfants légitimes, il ne reçoit que "
la moitié de
la part à laquelle il aurait eu droit si les enfants du défunt, y
compris lui-même, eussent été légitimes
. "
L'examen des dispositions législatives des principaux pays
européens (
Allemagne, Angleterre et Pays de Galles, Belgique,
Danemark, Espagne, Italie et Pays-Bas
) fait apparaître que :
-
le code civil belge est le seul à avoir conservé des
dispositions spécifiques aux enfants adultérins ;
- l'Angleterre et le Pays de Galles, ainsi que l'Italie, n'établissent
pas de distinction entre les diverses catégories d'enfants
naturels ;
- les autres pays ont supprimé toute différence entre enfants
naturels et enfants légitimes.
1) La notion d'enfant adultérin n'existe qu'en droit belge
Parmi
les sept pays étudiés, la Belgique est la seule à avoir
conservé des dispositions spécifiques aux enfants
adultérins. Le code civil belge n'emploie plus le terme
" adultérin ", mais évoque par exemple
"
l'enfant conçu pendant le mariage par l'un des époux et
une personne autre
que son conjoint
".
En Belgique, l'enfant adultérin n'a pas exactement les mêmes
droits successoraux que les autres enfants, légitimes ou naturels.
La principale discrimination dont il est victime réside dans le fait
qu'il peut être écarté du partage en nature. Dans ce cas,
il reçoit sa part en espèces. Cette mesure n'est applicable que
s'il n'a pas été élevé au foyer commun.
Par ailleurs, l'enfant adultérin ne peut pas porter le nom de son
père, même si celui-ci l'a reconnu ; il ne peut être
élevé à la résidence conjugale que si le conjoint
victime de l'adultère y consent.
Les droits des autres pays ignorent la notion d'enfant adultérin, soit
parce qu'ils considèrent ce dernier comme un enfant naturel, soit parce
qu'ils ont supprimé toute différence entre enfants naturels et
enfants légitimes.
2) L'Angleterre et le Pays de Galles ainsi que l'Italie considèrent les enfants adultérins comme des enfants naturels
Or, dans
ces deux pays, les enfants naturels n'ont pas tout à fait les
mêmes droits successoraux que les enfants légitimes. En effet, si
les réformes adoptées en 1975 en Italie, et entre 1969 et 1989 en
Angleterre et au Pays de Galles ont permis d'assimiler presque totalement le
statut juridique des enfants naturels à celui des enfants
légitimes, quelques différences subsistent encore.
En Angleterre et au Pays de Galles, il est possible de préciser dans un
testament que seuls les enfants légitimes héritent, ce qui permet
d'exclure les enfants illégitimes de la succession.
En Italie, en cas de coexistence d'enfants légitimes et d'enfants
naturels, les premiers peuvent écarter les seconds du partage en nature
de la réserve et leur attribuer une part en espèces. En cas de
désaccord des enfants naturels, la décision finale appartient au
juge. De plus, l'enfant naturel n'hérite des ascendants de ses
père et mère que si les défunts ne laissent aucun parent
proche.
3) L'Allemagne, le Danemark, l'Espagne et les Pays-Bas ont supprimé les différences entre enfants légitimes et enfants naturels
a) L'alignement du statut des enfants naturels sur celui des enfants légitimes est assez ancien au Danemark et en Espagne
Il remonte en effet à 1960 au Danemark et à 1981 en Espagne, où le code civil a alors été adapté pour tenir compte de l'article 39-2 de la constitution selon lequel les enfants sont " égaux devant la loi indépendamment de leur filiation ".
b) Il est très récent en Allemagne et aux Pays-Bas
En
Allemagne, deux lois entrées en vigueur le 1
er
avril et
le 1
er
juillet 1998 ont assimilé les enfants naturels
aux enfants légitimes respectivement en matière de succession et
de filiation.
De même, aux Pays-Bas, depuis le 1
er
avril 1998, date
d'entrée en vigueur de la réforme de la filiation, le code civil
n'établit plus de distinction entre enfant légitime et enfant
illégitime. Par ailleurs, le fait que les enfants soient issus d'unions
différentes est sans incidence sur leurs droits successoraux.
* *
*
Cette analyse met en évidence le statut particulièrement défavorable de l'enfant adultérin français. Même en Belgique, le seul des sept pays étudiés où le code civil comporte encore des dispositions spécifiques à l'enfant adultérin, ses droits successoraux sont comparables, à défaut d'être identiques, à ceux des autres enfants.
ALLEMAGNE
Le
droit allemand ignore la notion d'enfant adultérin,
mais
établit traditionnellement une distinction entre enfants
légitime et illégitime. Bien que la loi du 19 août
1969 sur le statut juridique des enfants illégitimes eût
profondément modifié le sort de ces derniers, l'assimilation avec
les enfants légitimes n'était pas complète.
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Compte tenu du caractère très récent de la réforme, on a choisi d'analyser, dans le texte qui suit, les différences qui existaient sous l'empire de la loi de 1969 entre le statut de l'enfant naturel et celui de l'enfant légitime.
1) Les droits successoraux de l'enfant illégitime
La
nouvelle loi
, entrée en vigueur le 1
er
avril 1998,
supprime les particularités du code civil concernant les droits
successoraux des enfants naturels à l'égard du père et de
la famille paternelle
.
Avant la réforme
, bien qu'appartenant au premier groupe
d'héritiers et bien qu'étant héritier réservataire,
l'enfant naturel avait des droits successoraux variables selon qu'il se
trouvait ou non en concours avec les enfants légitimes ou avec la
veuve
.
En effet, en Allemagne, les héritiers forment une communauté
successorale. Or, l'enfant naturel n'appartenait pas à cette
communauté s'il y avait des enfants légitimes ou une veuve, sa
participation à la communauté successorale ayant
été jugée susceptible de troubler la paix de la famille.
Dans cette hypothèse, il obtenait une somme d'un montant
équivalent à la part qui aurait dû être la sienne (ce
qui obligeait les autres héritiers à vendre une partie des biens
de la succession pour pouvoir payer l'enfant illégitime).
De plus, tout enfant naturel âgé de 21 à 27 ans avait
le droit de demander à son père une compensation successorale
forfaitaire par avance. Il s'agissait d'une somme d'argent calculée en
fonction de la pension alimentaire versée par le père.
Conçue comme une " aide au démarrage ", elle se montait
en principe au triple de la pension alimentaire annuelle (calculée sur
la moyenne des cinq dernières années), mais le juge pouvait
l'augmenter jusqu'à douze fois cette somme, ou la réduire
à une fois la somme de référence.
2) Les autres effets de la filiation illégitime
Les principales caractéristiques du statut de l'enfant naturel concernaient le nom et le titulaire de l'autorité parentale.
a) Le nom
L'enfant
illégitime portait nécessairement le nom de sa mère, alors
que l'enfant légitime porte :
- le nom de famille commun aux époux ;
- au choix des parents, le nom du père ou celui de la mère si
les époux n'ont pas opté pour un nom de famille commun.
b) Le titulaire de l'autorité parentale
Avant la
réforme, l'enfant naturel était, sauf circonstances tout à
fait exceptionnelles, placé sous l'autorité parentale de sa
mère
La loi portant réforme du droit de la filiation permet aux parents qui
ne sont pas mariés au moment de la naissance de l'enfant d'exercer en
commun l'autorité parentale. Pour cela, ils doivent exprimer leur
volonté dans une déclaration commune établie en la forme
authentique.
ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES
Le droit
anglais ne connaît pas la notion d'enfant adultérin : un
enfant est légitime ou illégitime.
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1) Les droits successoraux de l'enfant illégitime
Depuis
la réforme de 1987, un enfant illégitime a les mêmes droits
qu'un enfant légitime dans la succession tant de ses parents que des
membres de la famille de ses parents.
Mais cette égalité de traitement comporte des exceptions. Il peut
être précisé dans un
testament
que seuls les enfants
légitimes hériteront. Cette disposition permet d'exclure les
enfants illégitimes de la succession.
Par ailleurs, un enfant illégitime ne peut succéder par l'un de
ses parents à un titre honorifique.
2) Les autres effets de la filiation illégitime
La réforme de 1987 ainsi que le Children Act de 1989 les ont supprimés : l'enfant naturel ne porte plus nécessairement le nom de sa mère. Il peut porter le nom de son père. De même, la mère n'est plus nécessairement la seule détentrice de l'autorité parentale.
BELGIQUE
La
loi du 31 mars 1987
, modifiant diverses dispositions légales
relatives à la filiation,
a réformé profondément
le droit de la famille
.
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1) Les droits successoraux de l'enfant adultérin
Bien que
l'article 745-1 du code civil consacre l'égalité successorale
entre les enfants
" quel que soit le mode d'établissement de la
filiation
", il subsiste deux exceptions concernant les droits
successoraux de l'enfant adultérin.
L'article 837 du code civil permet au conjoint et aux enfants légitimes
d'écarter du partage en nature
l'enfant adultérin qui n'a
pas été élevé au foyer commun. Dans ce cas, il
reçoit la valeur de sa part.
De même, l'article 745 quater lui
interdit de demander la
conversion de l'usufruit
attribué au conjoint survivant victime de
l'adultère. En effet, le conjoint survivant recueille normalement
l'usufruit de toute la succession, tandis que les descendants en recueillent la
nue-propriété. Or, à l'exception des enfants
adultérins, les descendants peuvent demander la conversion de l'usufruit
qui est attribué au conjoint survivant. Cette conversion peut prendre la
forme de la nue-propriété d'une partie des biens, d'une somme ou
d'une rente indexée et garantie.
2) Les autres effets de la filiation adultérine
D'autres exceptions subsistent concernant le nom et le domicile de l'enfant adultérin.
a) Le nom
En vertu de l'article 335 du code civil, l'enfant adultérin ne peut porter le nom de son père, même si celui-ci l'a reconnu, que si le conjoint victime de l'adultère y consent.
b) Le domicile
Aux termes de l'article 334 bis du code civil, l'enfant adultérin ne peut être élevé à la résidence conjugale que si le conjoint victime de l'adultère y consent.
DANEMARK
Le
droit danois ignore la notion d'enfant adultérin. Il ignore
également la notion d'enfant naturel.
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ESPAGNE
Le
droit espagnol ignore la notion d'enfant adultérin
.
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ITALIE
Le
droit de la famille a été profondément
réformé par la loi n° 151 du 19 mai 1975.
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1) Les droits successoraux de l'enfant illégitime
Bien que
les enfants naturels et les enfants légitimes héritent par parts
égales et soient, les uns comme les autres, héritiers
réservataires, il subsiste deux différences dans les droits
successoraux des deux catégories d'enfants :
- l'enfant naturel n'est héritier des ascendants légitimes
immédiats de ses père et mère, lorsque ceux-ci ne peuvent
pas ou ne veulent pas accepter la succession, que dans des cas très
limités
(1(
*
))
(absence de conjoint, de
descendants, d'ascendants, de frères et soeurs ou de leurs descendants,
et de parents légitimes jusqu'au troisième degré) ;
- en cas de coexistence d'enfants légitimes et d'enfants naturels, les
premiers peuvent déroger à la règle du partage en nature
de la réserve et attribuer aux seconds une part en espèces. Si
les enfants naturels ne sont pas d'accord, la décision finale revient au
juge, qui apprécie en fonction des circonstances.
2) Les autres effets de la filiation illégitime
La
réforme de 1975
les a supprimés, permettant une
assimilation complète du statut juridique des enfants naturels
à celui des enfants légitimes.
La seule limite à cette assimilation réside dans la
cohésion de la famille légitime, ce qui interdit l'introduction
de l'enfant naturel, et en particulier de l'enfant adultérin, dans la
maison familiale sans l'accord de l'autre conjoint et des enfants
légitimes.
PAYS-BAS
Le
droit néerlandais ignore la notion d'enfant adultérin.
De
plus,
depuis le 1
er
avril 1998,
date d'entrée en
vigueur de la loi du 24 décembre 1997
réformant le
droit de la filiation et l'adoption,
la partie du code civil
consacrée à la filiation n'établit plus la distinction
entre enfant légitime et enfant illégitime.
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(1) La Cour constitutionnelle a déclaré cette disposition du code civil inconstitutionnelle en 1969.