ITALIE
La
Constitution évoque succinctement les droits des personnels militaires.
Elle prévoit seulement qu'une loi puisse limiter leur droit de
s'inscrire à des partis politiques.
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1) La liberté d'expression et de réunion
La loi
sur la discipline militaire autorise les militaires à
publier leurs
écrits, à prononcer des conférences et à exprimer
leurs opinions en public
, sauf pour évoquer des questions militaires
ou de service. Dans ce cas, ils doivent obtenir l'autorisation préalable
de la hiérarchie, qui vérifie le respect de l'obligation de
réserve.
La loi précise qu'ils peuvent garder par-devers eux sur les lieux de
travail n'importe quel livre ou journal et n'importe quelle revue.
Elle interdit la tenue sur un site militaire de toute
réunion
qui
n'est pas une réunion de service, les réunions des instances de
concertation (voir page suivante) prévues par la loi échappant
à cette interdiction générale. En dehors des sites
militaires, les réunions de militaires sont interdites lorsqu'ils sont
rassemblés ès qualités ou qu'ils portent l'uniforme.
2) Les droits politiques
Les
militaires n'ont pas le droit de participer à des réunions ou
manifestations politiques, ni celui de diffuser de la propagande politique.
À condition de demander à être placés dans une
position statutaire particulière
pendant la campagne
électorale, ils peuvent cependant se porter
candidats à
des élections
politiques et agir comme tout candidat, à
condition de le faire en dehors des sites militaires et en civil.
Une fois élus, ils sont placés en disponibilité.
3) Les associations professionnelles
a)
Les syndicats
La loi sur la discipline militaire interdit aux militaires de
carrière de faire grève, ainsi que de constituer des associations
professionnelles à caractère
syndical ou d'y
adhérer
. En décembre 1999, la Cour constitutionnelle,
affirmant que l'existence des syndicats militaires était incompatible
avec la «
cohésion interne et la
neutralité
» de l'institution, a reconnu la
constitutionnalité de cette disposition.
En revanche, les personnels sous contrat peuvent faire partie de syndicats,
à condition de n'avoir aucune activité militante pendant leur
service, sur les sites militaires ou lorsqu'ils portent l'uniforme.
b) Les autres associations professionnelles
Il existe plusieurs associations de militaires. Toutes sont apolitiques et non
partisanes. Certaines existent depuis plus d'un siècle.
4) Les instances de concertation
La loi
sur la discipline militaire a institué un système de concertation
reposant sur
trois niveaux de conseils de représentation
dotés de compétences purement consultatives :
- les conseils de représentation de base (Cobar) ;
- les conseils de représentation intermédiaires (Coir) ;
- le conseil central de représentation (Cocer).
Le règlement d'application de cette loi, qui a fait l'objet d'un
décret du président de la République du 4 novembre
1979, a précisé la composition et les compétences des
conseils de représentation militaire.
Tous les délégués des conseils de représentation
sont élus
, directement ou indirectement selon le niveau
considéré. Les Cobar sont élus par l'ensemble des
personnels militaires, y compris par les appelés. Les Cobar sont
institués à l'échelon de l'unité de base. Chaque
délégué représente 250 militaires. Il y a
360 Cobar regroupant quelque 7 000 délégués.
Les Coir constituent les émanations des Cobar au niveau des hauts
commandements. Il y en a dix, qui regroupent plus de
350 délégués. Au niveau du chef d'état-major
des armées, le Cocer est élu par les membres des Coir. Le Cocer
compte 69 membres (34 pour la gendarmerie et le corps des douanes, et 35
pour les forces armées
stricto
sensu
). Il est
subdivisé en sections (par arme) et en commissions interarmes (par
catégorie de personnels).
Les membres de tous les conseils sont élus pour
trois ans
(3(
*
))
et ne sont pas
immédiatement rééligibles.
Les Cobar, les Coir et le Cocer exercent les mêmes compétences,
mais à des niveaux différents. Ils constituent des
organes
consultatifs
où les personnels émettent des propositions sur
toutes les questions relatives à leur statut (qu'il s'agisse de points
juridiques, économiques, sociaux, sanitaires, culturels ou
éthiques), à l'exclusion des sujets portant sur l'organisation,
l'instruction et l'emploi des forces. Les conseils se réunissent sous la
présidence du membre le plus âgé dans le grade le plus
élevé.
À tous les niveaux, les conseils de représentation comprennent un
comité directeur composé du président et de
délégués élus, à raison d'un par
catégorie de professionnels. Les comités directeurs constituent
les exécutifs des conseils. Les conseils de représentation
peuvent aussi instituer des groupes de travail spécialisés.
En principe, les Cobar se réunissent tous les mois, les Coir tous les
deux mois, les sections du Cocer et le Cocer dans son ensemble tous les trois
mois.
Les questions susceptibles d'être traitées au niveau local doivent
l'être, mais tout Cobar peut décider de porter à la
connaissance du Coir les questions qui lui semblent mériter son
attention. En outre, les procès-verbaux des réunions des Cobar
sont transmis au niveau supérieur lorsque le commandant de
l'unité n'y a pas répondu dans le délai d'un mois. Les
Coir agissent de même à l'égard du Cocer.
Le Cocer examine les questions qui lui sont soumises par les Coir ainsi que, de
sa propre initiative ou à la demande de la hiérarchie, toutes les
questions dont l'importance ou la complexité justifient qu'elles soient
examinées au niveau national. En fonction du sujet, le Cocer peut se
réunir en sections ou commissions séparées.
Le Cocer n'exerce pas seulement au niveau national les compétences
dévolues aux autres conseils. Il peut aussi être entendu par les
commissions parlementaires. De plus, en 1995, les compétences du Cocer
ont été élargies : il est admis à participer
aux séances de
concertation interministérielle lors du
renouvellement des accords collectifs
de l'ensemble des personnels de
sécurité et de défense. Le Cocer peut alors
présenter au ministre de la Défense des propositions sur certains
points limitativement énumérés
(rémunérations, pensions de retraite, durée maximale du
travail, permissions, hygiène et sécurité du travail...).
À la différence des syndicats de policiers, le Cocer n'a aucun
pouvoir de négociation collective.
Une réforme du système de représentation des militaires
est à l'étude depuis plusieurs années, car l'organisation
actuelle est considérée comme peu efficace,
notamment
à cause du caractère pléthorique des Cobar, du manque
d'articulation entre les différents niveaux de conseils, du faible
degré de représentativité des membres du Cocer, de
l'activité réduite du Cocer en tant qu'organe interarmes, de
l'absence de structures permanentes à l'intérieur du
système de représentation et du manque de continuité des
mandats, conséquence de la non-rééligibilité des
délégués.
Plusieurs propositions de loi sont en cours d'examen à la Chambre des
députés. Au cours de la législature
précédente, un projet de loi tendant à réformer le
système de représentation des militaires avait été
adopté par la Chambre des députés, mais le processus
parlementaire n'a pas pu être achevé.