Le 1er octobre 2019, M. Michel Amiel, président du groupe d’amitié France-Yémen, a reçu, avec MM. Jean-Marie Bockel, président du groupe France-Pays du Golfe, et Dany Wattebled, président délégué du groupe France-Pays du Golfe (Koweït), Mme Patricia Lalonde.
Mme Patricia Lalonde a tout d’abord brièvement rappelé son parcours. Très impliquée sur l’Afghanistan, à travers notamment la création d’une organisation non gouvernementale sur les droits des femmes afghanes, elle a travaillé comme chercheuse à l’Institut Prospective & Sécurité en Europe (IPSE) et été élue député européenne en 2014. Elle est actuellement vice-présidente de GEOPRAGMA, un pôle de réflexion stratégique.
Cherchant à mobiliser le Parlement européen sur un sujet – le Yémen – alors laissé dans l’ombre, Mme Lalonde a rapporté la façon dont elle avait tenté, en vain, de réunir toutes les parties au conflit, dont les Houthis, en veillant à toujours tenir informé l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies, M. Martin Griffiths. Elle a ainsi organisé, en septembre 2017, le premier colloque consacré à ce pays.
Mme Lalonde a rappelé que le Parlement européen avait adopté des résolutions non contraignantes sur les ventes d’armes dans la région et a indiqué avoir fait venir, en mars 2019, malgré de fortes réticences au sein de cette institution, la délégation des négociateurs Houthis présente lors de la l’adoption des accords de Stockholm en décembre 2018, pour une réunion à laquelle ont pris également part plusieurs membres de chaque groupe politique du Parlement, ainsi que la représentante de l’Union européenne au Yémen. Elle a expliqué avoir alors tenté de se rendre au Yémen avec deux membres du Parlement européen, à la fois à Aden et à Sanaa, toujours en coordination avec l’envoyé spécial des Nations-Unies, mais n’avoir pu obtenir de visa de la part du gouvernement internationalement reconnu ni des responsables saoudiens.
Rappelant que les Houthis sont zaïdistes et que le conflit au Yémen était à l’origine purement interne, avant de devenir une guerre par procuration entre puissances extérieures, Mme Lalonde a indiqué que des négociations officieuses auraient lieu entre le gouvernement de Sanaa et l’Arabie saoudite. Elle a souligné que les Émirats arabes unis (EAU) avaient leur propre agenda et qu’ils recherchaient une partition du Yémen afin de s’y ménager un accès aux ports de la Mer Rouge et au détroit de Bab-el-Mandeb.
Mme Lalonde a rappelé que l’Union européenne, avec l’aide du Sanaa Center, avait essayé d’organiser à Chypre une réunion du Congrès général du peuple (GPC), le parti de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, annulée au dernier moment en raison de la défection de certains de ses dirigeants. Figuraient parmi ceux-ci Ahmed Ali Saleh, le fils de l’ex-président yéménite assassiné, dont un retour sur la scène politique était alors envisagé. Elle a estimé que le caractère laïc du GPC lui permettait potentiellement de négocier avec l’ensemble des parties en présence, et qu’il pourrait à ce titre acquérir une position centrale à l’avenir.
Jugeant pour conclure que l’Arabie saoudite était isolée sur le plan régional et minée par des dissensions internes, et estimant que les États-Unis ne s’aventureraient pas dans un conflit régional contre l’Iran, Mme Lalonde a laissé ouverte, en revanche, la question de la position israélienne.
De gauche à droite :
Mme Patricia Lalonde et MM. Dany Wattebled, Jean-Marie Bockel et Michel Amiel
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