Le groupe d’amitié France-Vanuatu-Iles du Pacifique a échangé, en visioconférence, avec plusieurs membres du Club d’affaires France-Vanuatu, présidé par M. Hervé Michel, directeur général de la brasserie VBL.
Ont participé à cet entretien Mme Catherine Procaccia (Les Républicains-Val-de-Marne), présidente, M. Jean-Jacques Lozach (Socialiste, écologiste et républicain – Creuse), vice-président, Mme Hélène Conway-Mouret (Socialiste, écologiste et républicain – Français établis hors de France) et M. Lucien Stanzione (Socialiste, écologiste et républicain – Vaucluse), membres du groupe. M. Ronan Le Gleut (Les Républicains – Français établis hors de France) a également participé à la réunion en sa qualité de président du groupe d’études Statut, rôle et place des Français établis hors de France.
M. Hervé Michel, directeur général de la brasserie VBL, a expliqué que le Club vise à constituer un réseau favorisant les échanges commerciaux entre le Vanuatu et la France, et notamment avec la Nouvelle-Calédonie, dans un contexte marqué par la forte présence d’acteurs économiques australiens et chinois. Environ 2 000 Français sont enregistrés au Vanuatu. Seuls une cinquantaine ont bénéficié d’une aide de la France pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid-19. Il s’est interrogé sur l’utilité de certains projets financés par la France, par exemple la Maison de la Francophonie à Port-Vila, dont les locaux restent vides à ce jour, et un projet de laboratoire de microbiologie soutenu par l’Agence française de développement (AFD), dont il n’est pas certain qu’il soit fortement pourvoyeur d’emplois locaux.
M. Ronan Le Gleut a indiqué avoir défendu au Sénat la création d’un Fonds d’urgence pour les Français de l’étranger. En juillet 2020, une loi de finances rectificative a créé un secours occasionnel de solidarité (SOS), destiné à aider les Français de l’étranger pouvant justifier d’une perte de revenus liée à la crise sanitaire. Mais en raison de lourdeurs administratives, seule la moitié des fonds a pu être distribuée. Le Gouvernement considère les entreprises créées par des Français à l’étranger comme des entreprises étrangères, alors qu’elles contribuent au rayonnement de la France et à la création d’emplois sur le territoire national ; elles mériteraient donc d’être aidées, sous réserve de remplir certaines conditions tenant à la détention du capital et à leur apport au commerce extérieur français.
Mme Catherine Procaccia a estimé que le ministère de l’Europe et des affaires étrangères mesurait mal les difficultés rencontrées par les Français installés dans les îles du Pacifique, si importantes dans le cadre de la stratégie indo-pacifique voulue par le président de la République. L’ambassade de France ne dispose pas de moyens comparables à ceux de la Chine ou de l’Australie. Elle a ensuite demandé quel était l’état actuel du secteur touristique alors que le pays est fermé aux visiteurs étrangers.
M. Mathieu de Pontac, directeur d’une société de location de voitures, a noté que beaucoup d’entreprises ont dû cesser leur activité. Les hôtels n’accueillent que des personnes qui reviennent au Vanuatu et sont placées en quarantaine. Les loueurs de voitures ont adapté, avec un certain succès, leur offre à la clientèle locale, qui est cependant moins aisée, ce qui pose un problème de rentabilité. Le Vanuatu n’a pas été frappé par des vagues successives de contamination mais l’activité économique a souffert des mesures prises pour éviter la propagation du virus. Après le passage du cyclone Harold, en avril 2020, le Vanuatu a refusé que les travailleurs humanitaires accostent, de crainte qu’ils ne soient porteurs du virus.
La réouverture des frontières est envisagée par le gouvernement du Vanuatu au plus tôt en mars 2022, à condition que le taux de vaccination atteigne 80 %. Il est aujourd’hui de l’ordre de 55 %. L’hôpital peut difficilement accueillir plus d’une dizaine de malades souffrant de formes graves de la maladie. En conséquence, les expatriés se rendent en Nouvelle-Calédonie ou en Australie pour trouver des soins de meilleure qualité.
M. Ronan Le Gleut a indiqué avoir déposé une proposition de loi visant à aider les Français de l’étranger en cas de catastrophe naturelle ou sanitaire. Adoptée à l’unanimité par le Sénat en juin 2020, elle n’a cependant jamais été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Au cours d’un récent déplacement à Madagascar, il a constaté que beaucoup de Français établis à l’étranger étaient préoccupés par le coût des évacuations sanitaires, qui doivent rester abordables.
M. Loïc Bernier, directeur d’une agence immobilière, a regretté que le Médipôle, centre hospitalier en Nouvelle-Calédonie, ne soit plus conventionné par la Caisse des Français de l’étranger (CFE), ce qui complique l’accès à cet établissement.
M. Lucien Stanzione a estimé qu’il serait utile d’interroger le Gouvernement sur cette question et plus globalement sur l’aide à apporter aux Français de l’étranger.
M. Ronan Le Gleut a précisé avoir déposé un amendement dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2022 afin d’abonder les crédits de l’action extérieure de l’État et de créer un fonds d’aide d’urgence.
Mme Hélène Conway-Mouret a souligné que des opérations de rapatriement sont organisées par l’État dans des situations de crise. Elles doivent être distinguées des évacuations sanitaires organisées pour les malades dans un état critique, prises en charge par leur assurance. Certains Français vivant à l’étranger ne bénéficient pas d’une couverture sociale satisfaisante, ce qui pose un problème lorsqu’il faut financer ces évacuations.
M. Hervé Michel a ensuite expliqué que plus aucune radio n’émettait en langue française au Vanuatu, alors que le français est l’une des langues officielles dans le pays. Il suffirait de 8 000 euros par an pour relancer une radio francophone, qui viendrait concurrencer la BBC, une radio australienne et une radio chinoise qui diffusent des programmes en anglais. L’ambassade indique ne pas disposer d’un budget suffisant pour financer un tel projet. Il est vrai qu’il est possible d’accéder à des médias en français sur internet ou à des chaînes de télévision par satellite.
Mme Hélène Conway-Mouret a observé que le ministère de l’Europe et des affaires étrangères mène une diplomatie d’influence avec des moyens plus réduits que ceux de nos grands concurrents. Des radios locales ont passé des accords avec Radio France, pour diffuser par exemple la matinale de France Inter. Il est donc possible de trouver des solutions parfois très peu coûteuses.
M. Martin Saint-Hilaire, expert-comptable installé au Vanuatu depuis dix-huit ans, a indiqué avoir regroupé une vingtaine d’entreprises du secteur financier. Il a souligné que le Vanuatu avait été retiré en 2016 de la liste des pays non-coopératifs du Groupe d’action financière (GAFI), mais qu’il figurait encore sur la liste des pays à risques établie par l’Union européenne, ce qui complique l’activité de ces entreprises.
Mme Catherine Procaccia a remercié les participants à la visioconférence pour la qualité de ces échanges et pour toutes les informations recueillies.
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- M. Guillaume GABISON
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