Le 25 mars 2021, M. Joël Guerriau (Les Indépendants – Loire Atlantique), président, s’est entretenu par visioconférence avec M. Éric Lavertu, Ambassadeur de France au Sri Lanka et aux Maldives.

Étaient également présents : M. Patrick Chaize (Les Républicains – Ain), Mme Michelle Gréaume (Communiste républicain citoyen et écologiste – Nord), Mme Annick Jacquemet (Union Centriste – Doubs) et M. Dany Wattebled (Les Indépendants – Nord).

M. Éric Lavertu a commencé son exposé par une présentation de la situation sanitaire au Sri Lanka. Avec 554 décès[1] pour une population de 21,8 millions d’habitants et 200 à 300 nouveaux cas par jour, l’épidémie apparaît sous contrôle. Le système de santé semble robuste et endurant ; la campagne de vaccination menée sous le commandement de l’armée aurait permis de vacciner plus de 850 000 personnes, principalement dans les grandes villes. La question de l’approvisionnement ne devrait toutefois pas tarder à se poser, dans la mesure où l’Inde, premier fournisseur du Sri Lanka en doses de vaccins, s’apprête à réserver l’exclusivité de sa production à sa propre population.

Abordant la situation politique, l’ambassadeur a ensuite rappelé que les deux dernières années avaient été marquées par les élections présidentielles, en novembre 2019, et les élections parlementaires, en août 2020. Les premières, remportées par M. Gotabaya Rajapaksa, frère de M. Mahinda Rajapaksa[2], ont fait l’objet d’une mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE) qui a conclu à leur bon déroulement. Les élections parlementaires ont vu la nette victoire du parti présidentiel, le Front National du Sri Lanka, lui donnant les deux-tiers des sièges. En juin prochain devrait se tenir l’élection des conseils provinciaux, tandis que les élections municipales sont prévues pour 2023.

La vie politique est marquée par les suites des attentats-suicides du 21 avril 2019, qui avaient frappé trois églises et trois hôtels de luxe et fait 279 morts et plus de 500 blessés. Revendiqués par une organisation djihadiste locale, ces attentats ont fait l’objet d’une enquête publiée en février dernier ayant conclu à la responsabilité de l’ancien président et des chefs des services de renseignement de l’époque ; le Parlement devrait rendre prochainement un rapport à ce sujet.

Par ailleurs, le souvenir de la guerre civile (1983-2009) reste fort dans l’opinion publique, et la question des droits de l’homme non réglée. Le nouveau gouvernement a en effet retiré en janvier 2020 le co-parrainage apporté par le gouvernement précédent à la résolution adoptée en 2015 par le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’Organisation des Nations unies afin de favoriser la réconciliation et l’établissement des responsabilités. En outre, le gouvernement sri lankais vient de rejeter la dernière résolution, adoptée par le CDH le 23 mars 2021, qui renforce la surveillance internationale de la situation des droits humains au Sri Lanka et donne mandat au Conseil pour recueillir des éléments en vue de futurs procès.

M. Éric Lavertu a ensuite souligné que le Sri Lanka se trouvait dans une situation économique difficile, le ralentissement du commerce international ainsi que les restrictions de déplacements induits par la pandémie de Covid-19 ayant affecté les principales sources de revenus du pays : l’exportation de textiles, d’une part, et le secteur touristique, d’autre part – ce dernier étant à l’arrêt depuis mars 2020. En revanche, les transferts financiers effectués par les membres de la diaspora sri lankaise se sont maintenus jusqu’à présent. Dans ce contexte, l’arrivée à échéance dans les années prochaines d’une part importante des emprunts contractés par le Sri Lanka apparaît problématique ; en tout état de cause, le retour des investissements étrangers est attendu avec impatience par le pays.

Par ailleurs, l’ambassadeur a indiqué que l’État sri lankais avait mis en place des aides pour lutter contre les conséquences économiques et sociales de l’épidémie de Covid-19 : les secteurs les plus touchés par la crise bénéficient ainsi de moratoires pour le remboursement de leurs prêts, tandis que des allocations sont versées aux plus modestes – n’empêchant pas pour autant une forme de paupérisation de certaines populations, notamment urbaines.

Présentant les relations bilatérales économiques, l’ambassadeur a indiqué que le Sri Lanka exportait vers la France près de trois fois le montant importé (environ 300 millions d’euros, contre 110 millions d’euros en 2019). Parmi les biens exportés figurent ainsi le textile, le caoutchouc et ses dérivés, les épices et le thé ; le Sri Lanka importe pour sa part des produits aéronautiques (notamment pièces de rechange pour la compagnie SriLankan Airlines entièrement équipée d’Airbus), des automobiles et des produits pharmaceutiques, cosmétiques, ainsi qu’agricoles.

La coopération bilatérale s’appuie largement sur les entreprises françaises présentes au Sri Lanka, d’une part, et sur l’Agence française de développement (AFD), d’autre part. L’entreprise Michelin emploie ainsi 6500 personnes dans ses 10 usines sri lankaises, tandis que Veolia et Suez ont porté d’importants projets en matière de fourniture d’eau potable. L’AFD a engagé ses premiers fonds au Sri Lanka à la suite du tsunami de 2004 ; elle intervient aujourd’hui dans les domaines de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement, et du développement urbain.

M. Éric Lavertu a par ailleurs confirmé à M. Joël Guerriau, président, que des suites devraient être données à l’étude de faisabilité technique et financière conduite par la SNCF au sujet d’un projet de redynamisation de la gare centrale de Colombo, dans le quartier de Pettah ; le projet de création d’un circuit ferroviaire touristique semble également en attente.

Interrogé ensuite par Mme Michelle Gréaume sur l’éventuelle reprise des exécutions à la suite des annonces faites par l’ancien président, l’ambassadeur a confirmé l’engagement de la France et l’UE en faveur de l’abolition de la peine de mort au Sri Lanka.

S’agissant enfin de la possible reconstitution du Sénat du Sri Lanka, évoquée par M. Patrick Chaize, M. Éric Lavertu a indiqué que le projet en cours de nouvelle constitution intègrerait peut-être une telle disposition. Le cas échéant, une rencontre avec les membres du groupe d’amitié homologue du Parlement sri lankais – non encore reconstitué à ce jour –, au Sri Lanka ou en France, permettrait de partager l’expérience française d’une chambre haute.

M. Joël Guerriau, président, a insisté à cet égard sur la volonté du groupe d’amitié d’accueillir une délégation sri lankaise dès que les conditions sanitaires le permettraient, et a vivement remercié M. Éric Lavertu pour son exposé et sa disponibilité.

M. Éric Lavertu, Ambassadeur de France au Sri Lanka et aux Maldives
© Ambassade de France au Sri Lanka


[1] Au 23 mars 2021.

[2] Président du Sri Lanka de 2005 à 2015.

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