Le 13 juillet 2021, le groupe interparlementaire d’amitié France-Madagascar et pays de l’Océan indien, présidé par Mme Nassimah Dindar (Union Centriste – La Réunion), a reçu S. E. M. Olivier Rija Rajohnson, Ambassadeur de la République de Madagascar en France.
Étaient également présents à l’entretien : Mmes Viviane Artigalas (Socialiste, Écologiste et Républicain – Hautes-Pyrénées) et Viviane Malet (Les Républicains – La Réunion), MM. Pascal Martin (UC – Seine-Maritime), Michel Laugier (UC-A – Yvelines), Richard Yung (Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants – Français établis hors de France), Thani Mohamed Soilihi (RDPI – Mayotte), Guillaume Chevrollier (LR – Mayenne), Gilbert Favreau (LR – Deux-Sèvres), Philippe Mouiller (LR – Deux-Sèvres) et Dany Wattebled (INDEP – Nord).
Après avoir chaleureusement remercié les membres du groupe d’amitié France-Madagascar et pays de l’Océan indien pour leur invitation, M. Olivier Rija Rajohnson, Ambassadeur de la République de Madagascar en France, s’est exprimé sur la situation préoccupante du sud de la Grande île où sévit, depuis plusieurs mois, une grave crise alimentaire, nommée « kéré » – qui signifie famine en langue antandroy –, provoquée par la sécheresse, amplifiée par les effets du changement climatique, que connaît cette région. Afin de répondre au grand défi des années à venir, que représente notamment la prévention des phénomènes naturels, et d’éradiquer définitivement le « kéré », il a indiqué que des travaux de drainage d’envergure étaient en cours de réalisation, ce qui n’avait jamais été entrepris depuis l’indépendance du pays. Il a cependant reconnu que la malnutrition des enfants constituait la véritable urgence et a précisé que des organisations non-gouvernementales (ONG) étaient actuellement présentes sur le territoire malgache pour fournir de l’aide aux populations vulnérables.
Mme Nassimah Dindar, présidente, a indiqué que le département de La Réunion avait apporté son soutien à Madagascar en appuyant l’action de plusieurs ONG installées dans le Sud du pays, avec notamment la création d’un centre nutritionnel pour les enfants. Elle s’est ensuite interrogée sur les actions qui pourraient être impulsées par les membres du groupe d’amitié en faveur de ce pays. Par ailleurs, elle a précisé qu’une délégation du groupe d’amitié avait été autorisée par le Bureau du Sénat à effectuer un déplacement à Madagascar en 2021, mais que sa programmation dépendait de l’amélioration de la situation sanitaire. Ce déplacement doit contribuer à renforcer l’amitié franco-malgache à un moment où la pratique de la langue française dans cette région du monde a tendance à diminuer, et alors que Madagascar est appelé à devenir un acteur majeur de la zone, en raison notamment de sa croissance démographique.
S. E. M. Olivier Rija Rajohnson a déploré, par ailleurs, la persistance du litige territorial entre la France et Madagascar portant sur les Iles Éparses. Il a ainsi affirmé qu’en vertu de la résolution de l’ONU de 1979, ces territoires situés au large de Madagascar devraient être restitués à son pays. Il a aussi regretté que l’interdiction des exportations de produits en provenance de Madagascar vers la France ait été interprétée par les exportateurs malgaches comme un « sabotage » économique alors qu’il s’agissait d’une mise aux normes nécessaire de l’étiquetage.
Mme Mishou Randimbiarisoa, Premier conseiller de l’Ambassade de Madagascar en France, a indiqué que le plan d’émergence 2019-2023 avait été défini, pour la première fois, avec l’ensemble des acteurs locaux afin de tenir compte des besoins réels du pays en matière de développement. Elle a indiqué que des programmes de coopération décentralisée étaient notamment soutenus par les régions Rhône-Alpes, Corse et Pays de La Loire et que, dans ce domaine, la priorité devait être accordée aux projets destinés à favoriser l’accès à l’eau.
À l’issue de ces échanges, M. Pascal Martin a considéré que le renouvellement des exécutifs locaux constituait une opportunité pour bâtir des programmes de coopération décentralisée. Pour ce faire, il a suggéré que le groupe d’amitié saisisse l’ensemble des présidents de région et de département à ce sujet. Il a aussi souligné la nécessité de disposer d’une vision globale des actions de coopération et de leur efficacité.
M. Thani Mohamed Soilihi a fait remarquer que le département de Mayotte comprenait une importante population originaire de la Grande Ile. Il a aussi indiqué que le conseil départemental de Mayotte avait récemment ouvert un bureau de la coopération à Antananarivo, inauguré par le ministre français des affaires étrangères, qui doit œuvrer au développement des partenariats dans le cadre de la coopération régionale entre les deux îles.
En réponse à une question de M. Gilbert Favreau sur les actions à mener en matière de politique de l’eau, le Premier conseiller a indiqué que dans certaines zones vertes du sud de la Grande Ile, la priorité devait être donnée aux travaux de forage et de canalisation de l’eau.
M. Richard Yung a indiqué que le Parlement français avait récemment voté la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, qui devrait permettre d’augmenter de manière conséquente les moyens mis à disposition des dix-huit pays privilégiés dont fait partie Madagascar.
En réponse à une question de M. Pascal Martin sur l’aide apportée par la France dans la distribution de vaccins, M. Olivier Rija Rajohnson a précisé que Madagascar disposait du vaccin Covidshield, fabriqué par AstraZeneca en Inde, mais qu’il n’était pas homologué par l’Agence européenne du médicament. En conséquence, le passeport vaccinal malgache n’est pas valide pour entrer sur le territoire européen.
Mme Nassimah Dindar, présidente, a considéré qu’il était essentiel de surmonter les difficultés actuelles compte tenu notamment du manque à gagner lié à la baisse de l’activité touristique à Madagascar. Mme Viviane Artigalas est également intervenue sur la nécessité de surmonter cette crise du tourisme liée à la situation sanitaire. En réponse, S. E. M. Olivier Rija Rajohnson a indiqué que l’État malgache agissait en fonction des moyens dont il disposait.
Enfin, Mme Mishou Randimbiarisoa a abordé la question du traitement et de la valorisation des déchets qui pourraient être convertis en énergie, mais pour laquelle l’État malgache ne dispose pas de technologies de recyclage performantes. Mme Nassimah Dindar, présidente, a ainsi souligné que des actions de coopération décentralisée pourraient, en effet, être menées dans le domaine de la gestion des déchets. En conclusion de cet entretien, elle a déclaré qu’elle adresserait, en tant que présidente du groupe d’amitié, aux présidents de région et de département, nouvellement élus, un courrier leur proposant de conduire des actions de coopération à Madagascar, l’économie et le tourisme étant les deux axes à privilégier en matière de coopération.
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- Mme Marie-Agnès MOUTON-ORMIÈRES
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