Le jeudi 25 mars 2021, les groupes France-Vietnam et France-Asie du Sud-Est ont organisé conjointement l’audition de deux représentants de l’Agence française de développement (AFD), M. Borin Pin, directeur pays Vietnam, et Mme Julie Marsaudon, directrice adjointe du département Orients.

Étaient présents : Mme Catherine Deroche (Les Républicains - Maine-et-Loire), présidente du groupe France-Vietnam, Mme Jacky Deromedi (LR -Français établis hors de France), présidente du groupe France-Asie du Sud-Est, M. Jérôme Bascher (LR - Oise), Mme Catherine Belrhiti (LR - Moselle) ; M. Olivier Cadic (UC - Français établis hors de France), Mme Chantal Deseyne (LR - Eure-et-Loir), Mme Annie Le Houerou (SER - Côtes-d'Armor), M. Patrice Joly (SER - Nièvre), M. Jacques Le Nay (UC -Morbihan), Mme Laurence Muller-Bronn (LR - Bas-Rhin) et M. Bruno Sido (LR - Haute-Marne).

· Mme Julie Marsaudon a tout d’abord rappelé les grandes lignes de l’action de l’AFD en Asie du Sud-Est.

L’agence intervient en Birmanie, au Cambodge, en Indonésie, au Laos, aux Philippines, en Thaïlande et au Vietnam. Ses engagements ont connu une croissance continue dans la période allant de 2015 à 2019, année où ils se chiffraient à 860 millions d’euros, dont 390 millions d’euros pour Proparco, qui intervient notamment au Vietnam dans le secteur des banques et de la transformation énergétique.

Face aux enjeux identifiés (niveau élevé d’émissions de gaz à effet de serre, vulnérabilité aux effets du changement climatique, biodiversité en danger, croissance peu inclusive), l’agence exerce une contrainte forte en matière de co-bénéfice climat, et impose une obligation de 75 % pour chaque projet.

Ses priorités stratégiques visent l’accélération de la transition énergétique et l’abandon des énergies fossiles, le développement de la gestion des risques naturels, ainsi que le renforcement des résiliences urbaines et rurales, avec notamment la construction d’éco-quartiers en Indonésie.

Autre priorité, l’agence veille à promouvoir la préservation et la gestion durable de l’environnement terrestre et maritime.

Enfin, elle contribue à atténuer les déséquilibres sociaux et à réduire les inégalités, en particulier celles qui pèsent sur les femmes.

La clef de voûte des interventions de l’AFD reste le développement de partenariats forts, notamment avec la Banque asiatique de financement : les cofinancements prévus atteignent 5 milliards d’euros entre 2020 et 2022.

L’AFD est également partenaire de l’Asean, dans la mesure où elle contribue à l’ACGF (Asean catalytic green finance facility). Elle travaille en lien étroit avec les acteurs principaux de la région, comme les organismes de recherche (IRD, Cirad, Ifremer) : un comité de pilotage avec l’IRD doit bientôt se tenir sur les déchets plastiques.

· M. Borin Pin a ensuite détaillé l’action de l’AFD au Vietnam.

Présente depuis vingt-sept ans, l’agence y a financé 86 projets depuis 1994, soit un engagement de 2,1 milliards d’euros.

Parmi les pays où l’agence intervient, le Vietnam bénéficie de l’un des plus larges portefeuilles consacrés au climat, sur le volet « atténuation » et sur le volet « résilience et adaptation ».

La construction de la ligne 3 du métro de Hanoï se poursuit, et les premières rames ont été livrées par Alstom au mois d’octobre dernier.

Un nouveau modèle de convention pour les prêts souverains a permis de finaliser la signature d’un prêt de 123 millions d’euros pour un projet d’infrastructures urbaines résilientes au changement climatique dans cinq villes provinciales.

La centrale solaire Sê San de l’opérateur d’électricité vietnamien EVN, qui a bénéficié d’un prêt de 24 millions d’euros, a été inaugurée à la fin de l’année 2020.

Proparco a octroyé deux prêts de 50 millions de dollars aux banques vietnamiennes, en soutien aux PME.

L’action de l’agence porte également sur la sensibilisation de la jeunesse à la lutte contre le changement climatique et à la protection de l’environnement.

En matière de diplomatie économique, les entreprises françaises ont su faire valoir leurs compétences. Les bureaux d’études français sont très souvent sollicités et la coopération avec les instituts de recherche est solide.

La coopération décentralisée joue un rôle important, notamment celle de la région Île-de-France avec Hanoï sur la qualité de l’air, celle entre Toulouse et Hanoï sur le patrimoine et celle entre la Seine-Saint-Denis et Hai Duong sur les violences faites aux femmes.

Enfin, le statut de « partenaire de développement de l’Asean » a été accordé à la France en septembre 2020.

· M. Borin Pin et Mme Julie Marsaudon ont répondu aux questions des sénateurs.

Les conséquences de la crise sanitaire sur les interventions de l’agence varient selon les pays. De manière générale, l’impossibilité pour les experts d’effectuer des déplacements oblige les agents de l’AFD à construire de nouvelles relations avec les partenaires locaux.

L’impact financier de la crise est réel sur les projets en cours, puisque l’agence n’a engagé que 500 millions d’euros, là où on prévoyait entre 800 et 900 millions d’euros.

L’AFD a cependant pu poursuivre son appui budgétaire au niveau des politiques publiques. Ainsi, l’Indonésie a bénéficié d’un prêt de politique publique de résilience du système financier pour immuniser le tissu intermédiaire des entreprises.

L’agence continue également de financer le projet Ecomore (Economic development, ecosystem modifications, ans emerging infectious diseases risk evaluation), mené en partenariat avec l’Institut Pasteur.

L’AFD affiche une volonté forte de mener à bien la stratégie qu’elle a définie au début de la crise, avec des projections très ambitieuses. Les obstacles tiennent surtout à l’incapacité d’aller sur le terrain.

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