Réuni le mercredi 26 mai 2021, sous la présidence de M. André REICHARDT (Les Républicains – Bas-Rhin), président, le groupe d’amitié France – Afrique de l’Ouest s’est entretenu avec S.E. M. Maurice Kouakou BANDAMAN, Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, accompagné de M. Anthelm Prosper ANGUI, ministre-conseiller.

Ont également participé à la réunion : Mme Agnès CANAYER (LR – Seine-Maritime), présidente déléguée pour la Côte d’Ivoire, MM. Jean-Yves LECONTE (Socialiste, Écologiste et Républicain – Français établis hors de France), président délégué pour la Guinée, et Lucien Stanzione (SER – Vaucluse), secrétaire, et Mme Annie LE HOUEROU (SER – Côtes-d’Armor).

S.E. M. Maurice Kouakou BANDAMAN a tout d’abord dressé un état des lieux de la situation dans son pays. Ce dernier, s’est-il réjoui, a retrouvé une stabilité politique depuis l’élection du Président Alassane OUATTARA en 2011, puis sa réélection en 2015 et en octobre dernier, qui ont mis un terme à une décennie de crise politique et électorale. Une décennie plus tard, tous les indicateurs de la Côte d’Ivoire sont « au vert », a déclaré l’Ambassadeur, et les relations diplomatiques et économiques avec les autres États partenaires ont repris. La Côte d’Ivoire a néanmoins été éprouvée par le décès de deux de ses Premiers ministres successifs, Amadou Gon COULIBALY, en juillet 2020, puis Hamed BAKAYOKO, en mars dernier. M. André REICHARDT, président, a tenu à leur rendre hommage au nom de l’ensemble du groupe d’amitié.

Sur le plan sécuritaire, la situation est également en nette amélioration, malgré plusieurs attaques terroristes depuis 2016, qui ont ravivé les craintes d’une contagion des phénomènes djihadistes dans la région.

L’Ambassadeur a indiqué que, sur le plan économique, la Côte d’Ivoire est une puissance régionale disposant de solides atouts tels que des infrastructures modernes, un secteur agricole performant ou encore d’importantes ressources en énergie. La croissance économique du pays se situe autour de 8 % par an en moyenne depuis 2012, et la part de son PIB par habitant est aujourd’hui la plus élevée de l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest. La croissance économique est notamment soutenue par des programmes d’investissements massifs dans deux secteurs prioritaires : les infrastructures et les affaires sociales.

En ce qui concerne les infrastructures, d’importants investissements ont été réalisés dans les routes et voies ferroviaires, mettant ainsi un terme aux carences dont a souffert le pays pendant des décennies. En outre, des investissements massifs ont été réalisés dans les écoles et les universités, afin de réduire le temps de trajet de certains enfants contraints de marcher plusieurs kilomètres pour suivre leur scolarité. Le taux de scolarisation est aujourd’hui de 80 %, l’objectif étant d’atteindre 100 % d’ici peu. Enfin, l’accès à l’électricité pour tous constitue également un axe majeur de la politique économique et sociale du gouvernement ivoirien, qui vise l’objectif de l’électrification totale du pays à l’horizon 2025 – le taux d’accès à l’électricité aujourd’hui est proche de 75 %. Néanmoins, une part importante des communes, majoritairement situées dans des zones rurales, n’est pas couverte par un réseau électrique – sur les 8 500 communes ivoiriennes, plus de 5 500 ne sont pas électrifiées.

Le gouvernement ivoirien a également lancé un programme d’investissement massif dans l’aide sociale. Afin de lutter contre le chômage des jeunes, un fonds d’appui à l’entrepreneuriat de cette catégorie de la population a été institué pour promouvoir la création d’entreprises par la jeunesse. De même, depuis 2012, un fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire, doté d’un budget de 15,3 milliards de francs CFA (23 164 200 euros), a permis le financement de micro-projets portés par plus de 120 000 femmes, en les incitant à entreprendre des activités sources de revenus. L’État est particulièrement attentif à « promouvoir la paix et la sécurité à travers le social ».

L’Ambassadeur a fait observer que, sur le plan sanitaire, la Côte d’Ivoire a recensé 47 033 cas de Covid-19, dont 298 décès. Le pays est donc relativement épargné par le virus du fait de conditions bien différentes de celles de l’Europe (climat, part de la jeunesse au sein de la population, etc.). Le gouvernement ivoirien a mis en place une stratégie particulièrement efficace visant, dès les premiers cas avérés, à isoler la ville d’Abidjan, en contrôlant de manière très stricte l’ensemble des entrées et des sorties, afin d’empêcher la propagation du virus dans le reste du pays. De nombreux centres de dépistage ont été installés dans l’ensemble des communes et des hôtels ont été réquisitionnés par l’État pour permettre le confinement des personnes contaminées. De plus, la Côte d’Ivoire est le deuxième État africain à avoir bénéficié du mécanisme COVAX, programme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation, visant à favoriser l’accès aux vaccins à l’ensemble des pays, quel que soit leur niveau de revenu. 100 000 Ivoiriens sont ainsi vaccinés à ce jour. Le pays a néanmoins encore d’importants efforts à fournir pour permettre l’accès aux soins de l’ensemble de la population, notamment à travers l’instauration d’une couverture de santé universelle.

S.E. M. Maurice Kouakou BANDAMAN a ensuite répondu aux questions des sénateurs.

À Mme Agnès CANAYER, présidente déléguée pour la Côte d’Ivoire, qui l’interrogeait sur l’état des relations de la Côte d’Ivoire avec la Chine, l’Ambassadeur a indiqué que les autorités chinoises investissaient beaucoup dans la région, non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans le secteur culturel, en ayant par exemple financé la construction du Palais de la culture Bernard Binlin-Dadié d’Abidjan. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est un marché ouvert, sur lequel plusieurs acteurs se positionnent, dont la Chine, la Turquie, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, etc., et il est important que la France maintienne sa position privilégiée avec elle en continuant à investir dans la région.

À M. Lucien STANZIONE, secrétaire, qui le questionnait sur les réformes en matière de logement social et durable, l’Ambassadeur a indiqué qu’il s’agissait d’un secteur dans lequel le gouvernement avait fortement investi au cours des dernières années, ce qui témoigne du caractère prioritaire que revêt ce chantier à ses yeux.

À la question de M. Jean-Yves LECONTE, président délégué pour la Guinée, portant sur la réforme du franc CFA, l’ambassadeur a répondu que le président de la République de Côte d’Ivoire avait effectivement annoncé, le 21 décembre 2020, en présence du Président Emmanuel Macron, qu’une nouvelle monnaie, dénommée éco, remplacerait le franc CFA dans les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), pour devenir la monnaie unique des 15 pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Devant les réticences de quelques États anglophones de la région, le passage à la nouvelle monnaie a été repoussé en 2025 afin de laisser le temps à l’ensemble des États de la zone de se préparer à cette réforme d’ampleur.

Pour conclure, M. André REICHARDT a tenu à remercier l’ambassadeur pour son travail permettant de promouvoir des relations bilatérales de grande qualité entre la France et la Côte d’Ivoire et lui a indiqué que l’ensemble du groupe d’amitié restait à sa disposition pour favoriser des échanges fructueux entre les deux États.

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