Table des matières
- Un pays européen
- Un pays riche, solvable et industrieux
- Présentation du Groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie
Groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie
SENAT
SLOVÉNIE
BIENTÔT DANS L'UNION EUROPÉENNE
ACTES DU COLLOQUE
DU 9 DÉCEMBRE 1999
Sous le haut patronage de :
Christian PONCELET
, Président du Sénat
Jean-Daniel GARDÈRE
, Directeur général du Centre Français du Commerce Extérieur
et sous l'égide de :
Serge VINÇON
, Président du groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie
en présence de :
Michel-Edouard LECLERC
, Co-Président de l'Association des Centres Leclerc.
- SERVICE DES RELATIONS INTERNATIONALES DU SÉNAT -
La Slovénie,
bientôt dans l'Union européenne
Colloque organisé
par la Direction des Relations Internationales du Sénat
et le Centre Français du Commerce Extérieur
sous l'égide du Groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie
Ce colloque est placé sous le haut patronage de Christian PONCELET, Président du Sénat, et de Jean-Daniel GARDERE, Directeur général du Centre Français du Commerce Extérieur, et sous l'égide de Serge VINÇON, Sénateur du Cher, Président du groupe sénatorial France-Slovénie.
Avec la participation de André FERRAND, Sénateur des Français établis hors de France, chargé de la Slovénie au sein de la Délégation du Sénat pour l'Union Européenne.
Serge VINÇON, Président du Groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie
Monsieur l'ambassadeur, Monsieur le Directeur, Monsieur le conseiller économique, Mesdames et Messieurs, je vous propose de commencer notre colloque, dans l'attente du Président Poncelet. Ce type de rencontre est organisé au Sénat depuis deux ans, en partenariat avec le CFCE. Je salue d'ailleurs Monsieur BOIDIN et le remercie pour cette coopération fructueuse.
Avant d'ouvrir ce colloque, je voudrais vous rappeler que nous avons créé un groupe France-Slovénie au Sénat en 1994. La Slovénie n'avait alors que 3 ans. Dès 1995, nous nous sommes déplacés en Slovénie et nous y avons visité les usines Revoz et Simons. Nous étions revenus en France avec une conviction : celle que la Slovénie rejoindrait bientôt l'Union européenne. En 1995, un rapport, qui fut la première synthèse publiée sur la Slovénie dans nos murs, reprenait cette thèse. De plus, nous avons reçu nombre de représentants slovènes en France et avons été aidés par le Ministre de l'époque, Monsieur Barnier. Je précise qu'André FERRAND est chargé de la Slovénie au sein de la Délégation du Sénat pour l'Union Européenne.
Au sein de la commission des affaires étrangères, je suis les textes touchant la Slovénie. En mai dernier, nous avons reçu une délégation du Conseil national de la Slovénie. Nous avons même visité le Cher avec nos interlocuteurs.
Nos échanges économiques avec ce pays ne sont pas mauvais mais nous pouvons sans doute faire mieux. Nous y reviendrons tout au long de ce colloque avec nos invités.
La Slovénie, le Sénat et le CFCE
Bernard BOIDIN
Directeur de l'information économique, juridique et réglementaire, CFCE
Permettez-moi également, au nom du CFCE, de vous remercier pour ce séminaire. Avec l'appui efficace du groupe France-Slovénie et de Monsieur Ferrand, nous avons inscrit cette rencontre dans une série d'actions d'information menées auprès des entreprises depuis 1991 et l'indépendance. Il s'agit en effet du 5ème séminaire consacré à la Slovénie. Le Président du Conseil d'Etat slovène a été reçu par le CFCE au printemps dernier. Je salue les partenaires du réseau et les intervenants venus de Slovénie.
Cette dernière présente un bon risque. Le pays a en effet de nombreux atouts. La France en est un partenaire important depuis des années et est le second investisseur du pays. Environnement, automobile, énergie, grande distribution : les entreprises françaises sont présentes dans tous ces domaines, pour ne citer que ces exemples.
Au niveau bilatéral, en dépit de la taille réduite de son marché, la Slovénie est devenue l'un de nos plus importants partenaires en Europe Centrale. Cependant, il reste encore de nombreux secteurs dans lesquels nous sommes peu représentés. Au niveau de l'Union, les bonnes performances macroéconomiques du pays ne doivent pas masquer les questions qui se posent : les enjeux commerciaux et économiques de l'élargissement pour ce pays, la vitesse d'appropriation des acquis communautaires... Enfin, nous devons considérer les Balkans pour savoir notamment si l'exemple de la Slovénie, cette « petite Suisse », est transposable ailleurs.
Nous reviendrons sur ces sujets avec nos invités, lors de deux tables rondes. Nous voulons mener des débats interactifs et surtout privilégier le suivi de ces rencontres. Au Centre Français du Commerce Extérieur, les équipes qui suivent l'Europe centrale et orientale sont étoffées. Elles sont à votre disposition. En outre, de nombreuses études, publiées par les Postes d'Expansion Economique, demeurent sous-exploitées.
Un pays européen
Une situation économique saine
et un partenaire important en Europe centrale
Xavier DELAMARRE,
Conseiller économique et commercial à Ljubljana
Mesdames et Messieurs, je me réjouis de votre présence, qui est une sorte de reconnaissance pour un pays encore mal connu en France. Pour situer ce pays en Europe, une carte est utile. Ce pays est un carrefour situé au confluent des mondes latin, germanique et slave. En outre, la Slovénie dispose d'un important port, synonyme de débouchés sur plusieurs pays d'Europe centrale. Par sa position, ce pays a donc une vraie importance et une réelle valeur.
A mon sens, nous devons nous intéresser à la Slovénie pour trois raisons essentielles.
De bons résultats macroéconomiques, un partenaire solvable
Ces points sont importants pour des partenaires commerciaux. La Slovénie est souvent considérée comme un bon élève de la transition. Et en effet, la croissance 99 sera proche de 4 %, ce qui est un bon chiffre. De nombreux PECO ont fait moins bien récemment ; quelques-uns ont fait mieux. L'économie fonctionne donc de manière satisfaisante. L'inflation a été suivie de près cette année car une TVA de 19 % a été instaurée au mois de juillet. Je crois que cette introduction s'est bien passée ; en outre, la mesure va progressivement se diluer. L'inflation devrait être proche de 8 % en 1999, ce qui est peu par rapport aux chiffres des années passées. Le taux de chômage est de 7 %, ce qui constitue un bon résultat. La monnaie se déprécie moitié moins que l'inflation, soit 4 %. Là encore, la performance est remarquable, même si ce niveau peut gêner des exportateurs.
La Slovénie est le pays le plus riche des PECO si l'on tient compte de sa richesse par habitant et par an. Cet indicateur est en effet proche de 10 000 dollars par habitant et par an. Il atteint même un niveau de 14 000, selon la méthode de la parité des pouvoirs d'achat. Ces niveaux sont comparables à ceux de la Grèce ou du Portugal.
L'économie est industrielle d'une part, exportatrice d'autre part. Il est intéressant de noter que 85 % du PIB slovène est constitué de biens d'équipement et de services. Dans une certaine mesure, il est vrai, la Fédération yougoslave comportait une spécialisation géographique. Or la Slovénie s'occupait du domaine industriel, le tourisme comme l'agroalimentaire étant situés dans d'autres régions. Toutefois, l'héritage ne suffisait pas. La Slovénie a su évoluer et travailler sur ses exportations. Des sociétés ont complètement réorienté leurs exportations sur l'Union européenne. Aussi, à ce jour, 68 % des exportations slovènes sont destinées à l'Union. Il s'agit là d'une belle réussite.
Enfin, dernier point, la qualité humaine est assez remarquable dans ce pays. Je le vois de par mes fonctions. Les consultants que je reçois me disent par exemple tous avoir affaire à des interlocuteurs sérieux, travailleurs et honnêtes. Nous retrouvons ici le haut niveau de formation du pays. Nous y reviendrons en deuxième partie.
Le pays est engagé dans la dynamique européenne
Si vous voulez connaître l'opinion de la Commission, lisez le rapport qui vient d'être publié, le 13 octobre dernier, et qui est disponible sur le web. L'avis exprimé est positif, quant aux quatre libertés communautaires notamment. Des dates d'adhésion circulent ; la Slovénie sera sans doute l'un des premiers pays, voire le premier, à intégrer l'Union, dans quelques années. Les taux douaniers sont d'ores et déjà très réduits. En outre, sauf dans certains secteurs précis, leur baisse diminue. J'ajoute que le port de Koper prend de l'importance. Il traite 9 millions de tonnes par an, contre 2 il y a quelques années. Ce port se situe entre Rijeca et Trieste. Ces deux ports sont mal orientés : l'activité du port de Rijeca a chuté, pour des raisons aisément compréhensibles, tandis que le port de Trieste semble s'assoupir. Koper en bénéficie. C'est par exemple un débouché naturel pour l'Autriche. Dans certains cas, la Slovénie est une plate-forme vers les Balkans. C'est un autre point attractif. Au Poste d'Expansion Economique, on me dit souvent que la Slovénie n'est qu'un petit marché, avec 2 millions d'habitants. Toutefois, ce pays permet de faire des affaires plus au sud, sur des territoires très vastes.
Nous avons déjà des relations économiques et commerciales importantes avec la Slovénie
En 1998, nos ventes à la Slovénie ont atteint un montant de 7,1 milliards de francs. Ce pays était notre troisième partenaire en Europe centrale, derrière la Pologne et la Russie (et ex æquo avec la République Tchèque). Ce fait est peu connu des observateurs économiques. En 1999, les chiffres seront sans doute moins favorables, avec une baisse de notre commerce extérieur. Cela tient à deux facteurs : la politique commerciale et industrielle de Revoz sur place (moins de voitures fabriquées - or Revoz représente 50 % de notre commerce extérieur, mais 70 % il y a quelques années) d'une part et « l'effet Kosovo » d'autre part. Au Poste, à partir de la fin du mois de mars, nous n'avons plus vu une seule mission. C'est un peu désolant car le pays était loin du champ des opérations.
Nous sommes le deuxième investisseur en Slovénie, derrière l'Autriche. Au 31 décembre 1998, nous avions investi 375 millions de dollars, pour 28 implantations, soit 13 % des investissements étrangers. Le troisième investisseur est l'Allemagne.
Abordons enfin la solvabilité du pays. Notre diagnostic dans ce domaine est bon, comme le montrent les dossiers Coface qui passent par nos services. En effet, depuis mon entrée en fonction, je n'ai pas vu un seul sinistre. Le seul dossier important à traiter fut un dossier de remboursement anticipé.
Une analyse des bilans des sociétés est assurée par une Joint Venture que nous avons montée avec les Autrichiens. Cette JV travaille pour les exportateurs de la France et de l'Autriche.
Le PEE reste à votre disposition pour organiser des missions, afin que vous rencontriez par exemple des interlocuteurs en Slovénie. Tous les PEE dans le monde disposent maintenant de sites Internet, ce qui permet d'avoir une bonne documentation ; vous pouvez donc télécharger sur notre site des fiches techniques, relatives à des secteurs précis. Une fois ce premier travail réalisé, nous sommes vraiment à votre disposition pour travailler sur un marché qui a réellement un grand potentiel.
Monsieur VINÇON
Le Président du Sénat nous a rejoints. Monsieur Poncelet participe traditionnellement à tous les colloques CFCE/Sénat. C'est dire si sa présidence entend dynamiser le fonctionnement du Sénat dans ce domaine et l'ouvrir sur l'extérieur.
Allocution d'ouverture
Christian PONCELET,
Président du Sénat
Quand on se rend dans un pays pour y exporter, je crois tout d'abord qu'il faut penser à la pérennité du processus et au suivi des réalisations. Au Vietnam, par exemple, nous avions un bon projet pour un aéroport. Nous nous sommes contentés de nous rendre une ou deux fois dans le pays. Il aurait été plus judicieux d'installer une antenne sur place. Notre concurrent avait adopté cette démarche et le marché nous a échappé car son antenne a pu répondre très vite à une demande des pouvoirs publics locaux. Mais permettez-moi d'introduire cette manifestation.
Monsieur Le Président du Groupe sénatorial, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur, Mesdames et Messieurs, effectivement, nous voulons ouvrir le Sénat et le dynamiser car le combat économique est international. Tous les pays ont une même ambition : produire et écouler leur production et donner du travail à leurs populations. Cependant, des turpitudes peuvent survenir, commerciales, monétaires, financières... Nous y reviendrons sans doute avec l'OMC. Quoi qu'il en soit, dans le cadre de ce combat, nous devons nous mobiliser, tous ensemble, pour gagner !
Je voudrais vous adresser mes souhaits de très cordiale bienvenue. J'espère que vous garderez un excellent souvenir de votre séjour entre les murs du Sénat, institution que l'on taquine un peu ces temps-ci.
On parle peu, trop peu, de la Slovénie. Cette discrétion est peut-être liée aux caractéristiques du pays. Ce silence de la Slovénie tient peut être aussi à une forme d'injustice. Victor Hugo disait jadis qu'il fallait se faire pardonner après avoir réussi. La réussite est suspecte. Or la Slovénie a réussi. Le pays a préservé et développé une forte identité culturelle, ce qui ne peut laisser les Français, engagés dans la défense de leur culture, insensibles. De plus, le pays dispose d'une industrie puissante et remodelée. C'est un des pays de l'Europe centrale et orientale les plus riches de la région. Nous avons d'ailleurs entendu des chiffres à ce sujet. Dans le même temps, la Slovénie est un des pays les mieux placés pour l'adhésion future à l'Union. Pourtant, là encore, on parle de la Tchéquie, de la Pologne... André Ferrand nous donnera sans doute d'utiles informations sur ce sujet et sera certainement un bon avocat pour la Slovénie.
Ce pays est un carrefour d'échanges, grâce à sa position et à ses atouts. En outre, il se caractérise par une vie politique et par un environnement juridique stables et clairs. Par exemple, les récents problèmes ont fait repartir de zéro l'Algérie en termes d'échange, malgré une période relativement calme. Il est vrai que l'on parle rarement de ce qui va bien.
La Slovénie, à mon sens, jouera un grand rôle dans l'économie européenne. Les entreprises françaises ont donc tout intérêt à s'y intéresser. Des firmes prestigieuses, comme les centres Leclerc, Renault et la Société Générale, peuvent les aider à réussir leurs implantations. Toutefois, la Slovénie est moins à la mode que d'autres pays pourtant moins stables et moins accessibles. Mais ce qui est à la mode se démode ! Je vous souhaite donc un bon travail et bon courage.
La Slovénie et le processus d'élargissement
de l'Union européenne
Laurent CATENOS
Chef du bureau « Union européenne - Adhésions »,
Direction des Relations Economiques Extérieures
Je voudrais remercier les organisateurs d'avoir prévu ce point à l'ordre du jour, d'autant que le sommet d'Helsinski va débuter dans quelques heures. Il fallait effectivement parler de ce processus d'élargissement, quitte à vous donner des points de repères à défaut de rentrer dans tous les détails.
Les négociations d'adhésion
Décembre 1999 sera sans doute une date importante pour les PECO. Je reviens toutefois sur l'été 1997, où a été publié un état des lieux des pays d'Europe Centrale et Orientale. C'est sur la base de ces travaux que le Conseil européen a décidé, à Luxembourg, en décembre 1997, de retenir la Slovénie parmi les pays avec lesquels l'Union allait engager un cycle d'élargissement. Depuis ce sommet, les négociations d'élargissement ont débuté, en 1998. Ces négociations sont complexes car elles visent à permettre aux pays concernés, et donc à la Slovénie, de reprendre l'acquis communautaire. Cet acquis est divisé en 31 chapitres pour des raisons de commodité.
A ce jour, près de la moitié de ces 31 chapitres ont été examinés. Pour la Slovénie, 22 chantiers ont été étudiés. En outre, les négociations provisoirement conclues dans 8 secteurs. Elles ne l'ont été que provisoirement car on ne peut pas clore définitivement un point sans avoir examiné tous les autres. Un travail important a donc été effectué. Actuellement, les progrès semblent moins rapides que par le passé ; nous arrivons sur des chapitres primordiaux, comme ceux portant sur les libertés, l'environnement, les transports..
Au quotidien, sans rentrer dans le détail, je voudrais détailler quelques exemples. Pour le chapitre « relations extérieurs », l'un des grands principes de l'Union est l'unité de la politique commerciale. La Slovénie a fait une demande de négociation sur ce point et les négociateurs doivent identifier les demandes respectant l'acquis communautaire des autres, contraires à l'esprit et à la lettre de la construction communautaire. Le travail est bien engagé puisque, comme je l'ai dit, 22 chapitres ont été étudiés.
Le processus de pré-adhésion
Parallèlement aux négociations, l'Europe a mis en place des outils financiers pour aider les pays à reprendre l'acquis communautaire. Cela est souvent peu connu. Trois programmes ont été mis en place :
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· Le programme Phare
- · Le programme ISPA
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· Le programme SAPARD
Il est axé sur la dimension agricole et la mise à niveau dans ce domaine.A ce jour, où en sommes-nous ? Les rapports intérimaires que la Commission émet chaque année sont le premier point à citer. Depuis 1997, la Commission publie un document sur chacun des pays candidats à l'adhésion. Xavier Delamarre a déjà mentionné ces publications. En 1998, le rapport était moins clair que celui de 1997, qui disait que la Slovénie serait un des premiers pays concernés par l'adhésion. En 1998, les fonctionnaires communautaires ont en fait estimé que les négociations avançaient trop peu rapidement.
Le rapport 1999 est plus favorable : la Commission a souligné que la Slovénie avait rattrapé le ralentissement de 1998, quant au rapprochement des systèmes législatifs et réglementaires - le dynamisme des Slovènes a été souligné mais des points restent défavorables : la dotation en ressources des entités de régulation, la réforme administrative...
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Que dira le sommet d'Helsinki ? Je ne suis pas devin mais je sais que les chefs de gouvernement devront réfléchir au discours à tenir aux pays non retenus, comme la Bulgarie par exemple. Il est probable que l'Europe commence à négocier avec les 10 pays d'Europe centrale et orientale, pour Chypre et Malte. Les premiers pays concernés ont fait part de leurs inquiétudes devant cette possible évolution.
Il n'y a pas lieu de s'inquiéter selon moi. L'Europe va appliquer le principe de différenciation. L'avance de telspays, comme la Slovénie, sera donc conservée et les négociations s'accéléreront. En outre, les négociations ne seront pas liées entre les différents pays.
Lors de ce sommet, des dates seront-elles annoncées ? La question de la date est en partie un faux problème car l'Europe y a déjà répondu en mars, lors de l'agenda 2000. Là encore, sans entrer dans les détails de cette réforme budgétaire, l'Europe a provisionné dans ses comptes les financements des participations de pays.
Les perspectives sont donc favorables.André FERRAND, Sénateur, chargé de la Slovénie au sein de la Délégation du Sénat pour l'Union européenne
Monsieur Le Président, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames et Messieurs, je suis heureux de prendre la parole ce matin. J'ai découvert la Slovénie il y a peu de temps mais les contacts que j'ai pu avoir m'ont rendu ce pays très sympathique. A l'origine, Michel Barnier, alors Président de la Délégation du Sénat pour l'Union, a voulu que 12 Sénateurs prennent en charge, si je puis dire, des pays candidats à l'adhésion. Je suis « tombé » sur la Slovénie, le meilleur élève de la classe, ce qui facilite ma tâche au demeurant.
En mai dernier, nous avons reçu une délégation du Conseil slovène. Une réunion a été organisée au Centre Français du Commerce Extérieur et au Medef International. Avoir une mission Medef in situ serait je crois une bonne chose.
Je salue Bernard Boidin, du CFCE, et Serge Vinçon, pour l'organisation de cette journée qui j'en suis certain apportera des résultats concrets, d'autant que les représentants de sociétés et d'entreprises françaises intéressés par la Slovénie sont nombreux parmi nous. Les Français en Slovénie sont au nombre de 500 environ, dont 350 inscrits au Consulat. Cette communauté est active et dynamique. Je l'ai vu lors de mon deuxième contact, sur le terrain cette fois, avec la Slovénie. J'ai accompagné en juin 1999 Pierre Moscovici, Ministre des Affaires Européennes. Je me félicite de ce dynamisme en tant que Sénateur des Français de l'étranger.
Face aux entreprises, je soulignerai l'importance d'une bonne connaissance des dossiers d'aide, et des programmes, dont Phare. A chacun d'en profiter, pour le dire simplement. Notre monde est réaliste. Soyons donc réalistes et menons des coopérations actives sur le plan économique.
Sur le plan bilatéral, j'ai parlé d'une possible mission du Medef. Je la souhaite vivement. Je suis également sensible aux efforts des Postes d'Expansion et aux synergies entre privé et public. Je ne puis que nous encourager à les rendre aussi efficaces que possible.
Enfin, sur le plan culturel, je voudrais dire un mot de la formation. Nous avons une petite école française à Ljubljana. Nous avons des réseaux d'école dans le monde entier grâce aux entreprises, reconnaissons-le, et l'école slovène a été instaurée par Renault. Je suis très attentivement la vie de cette école et mettrai tout en oeuvre pour l'aider au quotidien. Je connais encore mal les processus de formation entre nos deux pays. Je sais que nous ferons en sorte que la coopération franco-slovène prenne toute sa dimension, pour le management de l'entreprise, pour l'administration (des Slovènes sont-ils des anciens de l'ENA ? - cette question est un bon test), pour les autres écoles de gestion, d'ingénieurs, les Universités...
Quoi qu'il en soit, je suis très attaché à cette coopération entre nos deux pays, dans tous les domaines, et je veux, à mon niveau, jouer un rôle utile afin que la France et la Slovénie aillent de l'avant.
de la Slovénie
Xavier DELAMARRE,
Conseiller économique et commercial à Ljubljana
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Les secteurs porteurs en Slovénie sont connus mais nous sommes peu présents dans le domaine des biens de consommation et notamment les biens agroalimentaires. Nous avons vendu pour moins de 100 millions de biens alimentaires en 1998, sur un total de 7 milliards... Ce domaine est sous l'influence forte des Italiens et des Autrichiens. Nous espérons néanmoins que la prochaine implantation d'un centre Leclerc aura un effet d'entraînement.
L'économie slovène est une économie de sous-traitance importante. Les PME de 10 ou 15 personnes sont très nombreuses localement (mécanique, plasturgie, électronique...) et ce réseau travaille pour les groupes étrangers. Ces PME sont d'ailleurs avides d'accords avec les entreprises de l'Union.
Je vous signale un dernier point. La BERD est présente dans cette région au travers de ses financements et de ses programmes de reconstruction des pays des Balkans. En s'associant avec une société locale, une société française qui souscrit à un appel d'offres de la BERD a plus de chances que d'autres d'être retenue. Ce fut le cas pour TRT (téléphonie rurale). Nous avons aussi le cas d'associations pour répondre à des appels d'offres de la BERD qui ont réussi car le projet retenu mettait l'accent sur la connaissance du terrain par des équipes locales. Cette idée d'association ne doit pas être oubliée.Bernard COURSAT
Je voudrais préciser, pour compléter les propos de Mr Delamarre, le rôle du Sid, la Coface locale. Cet organisme est disponible pour couvrir des opérations mixtes, entre des entreprises françaises et slovènes sur les marchés de l'ex-Yougoslavie. Cette société d'assurance est compétitive et a des moyens. Revoz l'utilise pour ses exportations vers le sud de la région.
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Serge VINÇON
Nous allons donc parler maintenant de la Slovénie comme « pays riche, solvable et industrieux ». Je passe tout de suite la parole à Monsieur Jenicek.
Karel JENICEK,
Directeur général, Bank Austria Creditanstalt, Ljubljana
- La Bank Austria Creditanstalt est une veille banque même si notre nom est récent. Nous avons fusionné il y a deux ans maintenant et nous sommes implantés dans cette région depuis fort longtemps. Pourquoi sommes-nous en Slovénie ? La Bank Austria Creditanstalt est à l'origine une banque autrichienne et nous voulons nous développer dans toute la zone de l'Europe Centrale et Orientale ; nous sommes une banque locale et internationale, ayant une forte assise communautaire. Nombre de nos clients considèrent la Slovénie comme une plate-forme irremplaçable.
- La Slovénie est indépendante depuis juin 1995. Le pays ne connaît pas de scandales, ni de corruption. Il est vrai que l'Eglise catholique joue toujours un rôle très important dans ce pays. Ce fut toujours le cas. Le PNB par habitant est proche de 14 000 dollars par an (selon la méthode de parité des pouvoirs d'achat) et de 10 000 selon les études classiques. Nous les banquiers, nous travaillons avec les chiffres réels, soit 14 000 dollars par an et par habitant. Monsieur Delamarre a mentionné le taux de chômage mais je voudrais souligner que les banques ont du mal à trouver des personnels qualifiés. Cependant, les Slovènes parlent tous deux ou trois langues étrangères. Il s'agit malheureusement plus de l'Allemand et de l'Italien que du Français. Le pays est classé AA selon Standards & Poors, A3 selon Moody's et DB3A selon Dun & Bradstreet.
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La Slovénie abrite environ 25 banques locales, ce qui est sans doute trop : la Bank Austria Creditanstalt, la Société Générale, des banques autrichiennes... Au total, nous travaillons sur un marché de 2 millions d'habitants mais qui correspond à une population de 5 millions de personnes. Ne sous-estimez donc pas le marché sur un plan démographique !
En matière de réglementation, l'entrée sur le marché slovène est relativement coûteuse. Le marché est en transition et la réglementation demeure rigide. Cela explique que de grandes banques internationales soient présentes dans la région mais pas en Slovénie. Selon cette réglementation peu souple, pour citer ce seul exemple, le capital doit être de 30 millions d'euros pour un établissement financier.
Le marché des capitaux a doublé depuis 4 ans. Selon nos études, il devrait encore doubler de volume d'ici quelques années.
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Concrètement, la banque centrale de Slovénie, indépendante du Gouvernement, comme la Buba ou la BCE, travaille avec deux corps réglementaires :
· La commission des opérations de bourse, sur le modèle de la SEC ;
· Les ministres et le Parlement.La banque centrale doit s'assurer de la stabilité de la monnaie. Le gouverneur de la banque centrale slovène a à cet égard une très bonne réputation internationale.
Si vous voulez venir travailler en Slovénie, vous devez savoir que le cadre budgétaire de l'Etat est assez sévère. Le Parlement a tenté de remettre en cause la place de la Banque Centrale mais cette dernière a toujours tenu ses objectifs.
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En termes d'investissements, toute éventuelle initiative doit notamment prendre en compte les points suivants :
· la consolidation du secteur est en cours - la majorité des banques ont été privatisées, à l'exception de NKBM et de NLB ;
· l'orientation du pays vers l'exportation.
L'investissement direct en Slovénie a diminué cette année. Nous avons parlé des conséquences de la crise du Kosovo mais je dois aussi mentionner comme facteur explicatif les restrictions imposées par la Banque Centrale sur les investissements en valeurs étrangères. Nous l'avons vu dans le cadre de notre partenariat local avec Paribas. Nul doute que l'intérêt pour le marché slovène grandisse avec les perspectives et la réalisation de l'adhésion à l'Union.
Les cibles potentielles des investisseurs sont :
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· le secteur pharmaceutique, avec deux sociétés leaders sur le marché slovène (KRKA et LEK) ;
· la distribution, puisque le pouvoir d'achat de deux millions de personnes correspond à une population de 5 millions d'individus et parce que le marché est fragmenté, ce qui intensifie la concurrence étrangère ;
· l'appareillage électrique, car la société Gorenje possède 3 % du marché européen ;
· le transport, avec le port de Koper, le plus grand parking de l'Europe.
La Bank Austria Creditanstalt existe depuis deux ans dans sa forme actuelle. C'est la plus grande banque autrichienne, présente de Hongkong à Rio. Nous sommes n°1 en services
custody
en Slovénie, en partenariat avec Paribas. Nous avons plusieurs divisions : métier d'investissement, banque, société de
leasing
...
Vous êtes les bienvenus en Slovénie. La France est bien reliée à ce pays. L'Ambassade peut vous assister. Une école française peut accueillir vos enfants et les femmes ont leur association.
Monsieur DELAMARRE
Je tenais à ajouter que Ljubljana est à deux heures de voiture de Venise.
L'adaptation progressive du cadre juridique
aux normes européennes
Jean-Jacques LECAT et Marjana SNUDERL,
Bureau Francis LEFEBVRE
Marjana SNUDERL, Avocat aux Barreaux de Nanterre et de Ljubljana
Notre ordre juridique est en pleine mutation, du fait notamment des négociations communautaires. L'accord d'association a eu des conséquences sur le plan douanier, dès 1997. La Slovénie a fait une demande d'adhésion à l'Union comme vous le savez. La Commission a publié le « partenariat d'adhésion » qui dresse la liste des obligations à remplir.
La transposition des directives dans l'ordre juridique slovène, avec notamment l'intégration de 900 textes réglementaires, porte sur de nombreux points.
En 1999, la Slovénie a introduit la TVA et a voté de nouvelles loi dans différents domaines : la sécurité des produits, le régime des changes, la protection des consommateurs, la protection de la concurrence, l'énergie (en septembre)... L'effort législatif du pays est donc important.
Quel est le contenu de l'accord d'association et quels progrès ont été réalisés depuis son entrée en vigueur ?
L'accord crée un régime qui est une source de droit directement invocable, qui prévoit l'élargissement de l'accord de libre échange de marchandises, la liberté d'établissement et la non discrimination absolue entre les ressortissants de l'Union et les Slovènes... Les dispositions commerciales liées prévoient la suppression des droits de douanes, et des mesures de restriction quantitative, conformément à un calendrier de démantèlement des droits de douanes sur 4 ans.
En matière d'investissements, les ressortissants bénéficient du principe de non discrimination absolue. J'ajoute que les formes juridiques traditionnelles, comme les SARL, se retrouvent en Slovénie. Des conditions potentiellement discriminantes, comme la nationalité slovène des gérants de société, ont été annulées.
En matière d'acquisition de propriété immobilière, la Slovénie connaît un régime transitoire, relatif à l'acquisition par des personnes physiques et morales non slovènes, qui pourront agir 4 ans après l'entrée en vigueur de l'accord d'association. Cette question est sensible en Slovénie.
Quant à la libre circulation des personnes, elle est limitée à l'autorisation d'entrée et aux séjours des personnels clefs des entreprises. La législation interne répond à cette condition, notamment avec la suppression des obligations de nationalité. Un grand progrès a été par ailleurs accompli dans le domaine de la libre circulation des capitaux, avec la nouvelle loi sur les changes. Cette nouvelle loi remplace une législation complète et inadéquate. Elle réunit en outre plusieurs textes et supprime la loi sur les investissements étrangers et le texte sur le commerce extérieur, notamment. Dans certains domaines, ce texte va au-delà des exigences européennes actuelles. Pour citer cet exemple, l'achat de titres slovènes par des étrangers est facilité.
Pour ce qui concerne la protection de la concurrence, la nouvelle loi, votée en 1999, donne plus de moyens aux organismes de contrôle. L'application des règles de la concurrence est donc plus aisée. Lors des enquêtes, le bureau de contrôle peut se saisir d'office et donner des contraintes. Les appels n'ont plus d'effet suspensif. Le bureau regarde également de près les concentrations. Toutes les prises de participation doivent être signalées à ce bureau de protection de la concurrence si les seuils légaux sont atteints.
Tels sont les derniers progrès réalisés par la Slovénie. La Communauté a estimé que ce pays a transposé la dose d'acquis communautaire qu'il pouvait absorber à ce jour.
Monsieur BOIDIN
Quelles difficultés rencontrent les entreprises françaises ?
Marjana SNUDERL
Il n'y a pas de problèmes particuliers. Le plus souvent, avec nos clients, nous devions faire face à l'ancienne réglementation des changes. Toutefois, cette dernière appartient à présent au passé, du fait de la nouvelle loi. Les problèmes de transfert de fonds et de mouvement de capitaux devraient donc disparaître.
Comment travailler avec les Slovènes ?
Bernard COURSAT,
Président du Directoire de Revoz, filiale industrielle de Renault
Présentation de Revoz
L'activité de Revoz
Je voudrais tout d'abord vous présenter notre activité. Si nous reprenons une carte, nous voyons que notre implantation en Slovénie est d'un grand intérêt compte tenu des marchés de la région. Revoz, société à capitaux mixtes, existe depuis 1988. Renault en détient 54 % du capital, le reste appartenant à la Nova Ljubljanska Banka, à la holding IMV (
grosso modo
étatique) et à l'Etat (3 % suite à une augmentation de capital). Nous sommes une entreprise industrielle et commerciale, la première du pays. Hier, j'ai d'ailleurs reçu des mains du Ministre de l'Economie le prix de l'Excellence slovène. Il faut y voir là le résultat du travail de 2 500 personnes.
Nous fabriquons des Clios. En 1998, le lancement de la Clio 2 a été un succès et Renault nous a demandé de mettre en place une troisième équipe, une équipe de nuit. Nous y sommes parvenus, ce qui aurait sans doute été impossible en France dans les mêmes délais ! Nous avons donc fait preuve de souplesse et de réactivité. Nous avons eu la chance, il est vrai, de ne pas avoir de texte sur le travail de nuit. Le Ministère a discuté avec les syndicats. Durant cette période, nous avons effectué les recrutements nécessaires et nous avons travaillé de cette manière pendant 6 mois.
Nous exportons 90 % de notre production et ce, sur différents marchés. L'Italie et l'Allemagne sont nos deux marchés principaux. Sur le marché local, notre part de marché est de 20 %, mais il y a plus de 700 000 voitures pour 2 millions d'habitants (c'est plus que le marché français en proportion). Nous sommes pour l'instant présents en Croatie dans cette zone. Nos investissements participent à ceux des entreprises françaises en Slovénie. Ils sont importants car, dans le domaine industriel, les montants concernés sont élevés. Nos efforts se poursuivent, dans des conditions normales. Notre chiffre d'affaires est de 7 milliards.
Les salariés de l'entreprise
La Slovénie compte près de 2 millions d'habitants. Les femmes y sont plus nombreuses que les hommes. Le niveau de formation est classé en 9 catégories. Les études montrent que le niveau de formation du pays est relativement élevé. C'est appréciable lorsque vous voulez travailler et participer au développement de ce pays. En Slovénie, comme dans d'autres pays, le nombre d'inactifs augmente. Si, selon le BIT, le taux de chômage est de 7,7 %, il est cependant de 13 % selon des calculs relatifs à la population salariée. Les femmes actives et salariées sont nombreuses en Slovénie. Les couples comptant deux actifs ne sont donc pas rares.
La part de la main d'oeuvre féminine selon le niveau de formation montre que la population féminine de Revoz est moins importante que dans d'autres secteurs. Cependant, nous avons la chance de compter des femmes dans notre main d'oeuvre. C'est un avantage car, en Slovénie, les femmes sont plus consciencieuses dans le travail, plus rigoureuses et plus désireuses de rechercher la performance que les hommes. La moyenne d'age de nos salariés est proche de 33 ans. La population salariée de Revoz est donc relativement jeune. Le
turn over
reste faible et les conditions de travail me semblent presque optimales. Vos dossiers précisent les niveaux de rémunération. Selon les 9 catégories de classification que je mentionnais, les salaires sont notamment précisés dans ces dossiers d'information.
Modes de travail
L'héritage du passé
Il y a 10 ans, l'autogestion régnait en Slovénie. Les intervenants actuels en héritent car les populations ont tous connu ce mode de fonctionnement. En France aussi d'ailleurs, nous avons eu des hommes politiques défendant l'autogestion. En Slovénie, personne n'était propriétaire de rien et tout le monde était propriétaire de tout. Dans les entreprises, la Direction était placée sous le contrôle du comité ouvrier, représentant du personnel. Ce comité ouvrier avait un certain pouvoir : une femme de chambre d'un grand hôtel pouvait empêcher un investissement nécessaire pour les cuisines de l'établissement. Le système autogestionnaire se caractérisait aussi par la limitation du nombre de niveaux hiérarchiques. En outre, certains métiers étaient absents - les RH n'existaient pas par exemple, du moins telles que nous les entendons. De même, le contrôle de gestion était inconnu, tout comme le marketing, l'absence de primes individuelles... Les syndicats étaient relativement peu présents. J'ajoute que les travailleurs faisaient preuve de discipline et de civisme. On le voyait d'ailleurs dans la rue, où les gens attendaient le « petit bonhomme vert » pour traverser.
Caractéristiques des Slovènes
Depuis 1991, la situation a évolué, comme partout sans doute. Cependant, les Slovènes savent toujours travailler en groupe, dans d'excellentes conditions. Je respecte leur volonté de préserver leur langue et leur culture. Les travailleurs sont sensibles à cette dimension - sans doute légitimement - et apprécient les efforts faits par les étrangers. Apprendre la langue est donc presque un passage obligé, ne serait-ce que pour connaître un minimum de slovène. Les Slovènes sont soucieux du travail bien fait, de la qualité, et de la propreté. Les voitures de notre usine sont les meilleures dans le Groupe. Les Slovènes ont de plus un sens aigu de l'économie, mais plus dans la vie privée que dans la vie professionnelle. Soyons attentifs par ailleurs à notre cartésianisme. Nous raisonnons merveilleusement mais notre mode de pensée n'est pas partagé dans le monde entier.. Acceptons donc que des personnes prennent un chemin différent pour parvenir aux mêmes conclusions. Les Slovènes sont d'ailleurs débrouillards et ont le sens de la famille.
Syndicalisme
En Slovénie, nous avons deux confédérations syndicales, celle des syndicats libres, et celle des syndicats indépendants, moins représentatifs. Les salariés sont syndiqués à hauteur de 50 %. Toute entreprise doit trouver un accord avec les syndicats pour trouver un mode d'organisation détaillé. Il n'y a pas de seuil minimal de représentation. Toutefois, un niveau de 10 % est prévu par les textes. Les syndicats sont des partenaires pour les pouvoirs publics. Les usines, enfin, abritent toujours un Directeur ouvrier.
La grande distribution en Slovénie,
l'exemple des centres Leclerc
Michel-Edouard LECLERC,
Co-Président de l'Association des Centres Leclerc
La Slovénie : un pays attractif
Parmi les anciens « pays de l'Est », la Slovénie est celui qui possède les meilleurs atouts pour nos entreprises, dans le cadre de l'Europe. Je le dis en tant que citoyen, chef d'entreprise et européen. Nous avons de réelles possibilités d'investissement dans ce pays et de partenariat avec lui.
Nous sommes allés en Slovénie par opportunité. Des propositions nous ont en effet été soumises il y a quelques années. La communauté française et francophone était une garantie pour notre implantation. En outre, nous avons été bien accueillis par les équipes de l'Ambassade, qui nous ont fait découvrir la Slovénie.
Nous avons été intéressés par le dynamisme du pays, sa croissance, sa capacité à prendre les problèmes de face, son orgueil pour aller de l'avant (je vous renvoie à cet égard à la maîtrise, très rapide, du taux d'inflation), par la qualification de sa main d'oeuvre et par le volontarisme de la population.
Nous sommes un groupement d'indépendants présents dans plusieurs pays européens, dont, par exemple, la Pologne, et nous devrions ouvrir au printemps prochain un premier magasin de grande taille (8 000 M2 de surface de vente) près de la capitale. Le pays possède un appareil de distribution, avec nombre de petits commerces, assez morcelé, avec des groupes présents comme Mercator, dont la part de marché atteint 40 %. Corollaire de ce quasi monopole : les prix sont élevés. Nous avons donc considéré cette perspective, le pouvoir d'achat des populations et l'utilité sociale de la présence de Leclerc et de ses bas prix, dans ce pays.
Nous allons dans ce pays avec intérêt. Cependant, comme tout investisseur arrivant dans un pays étranger, nous avons rencontré des difficultés. Que représente en Slovénie un groupe comme Leclerc ? Cela dit, le pays est une bonne zone pour un investisseur, avec par exemple le passage maîtrisé, en moins de 6 mois, à la TVA. Cela a pris sensiblement plus de temps en France... De plus, pour un distributeur, le régime applicable est plus libéral qu'en France et qu'en Italie pour implanter des magasins. Le rapport aux élus pour la gestion de ces dossiers est en outre largement plus simple qu'en France, où les administrations impliquées sont très nombreuses et où les enjeux, souvent dramatisés.
Difficultés rencontrées
Lors de notre ouverture, le régime des importations sera sans doute encore un peu flou. C'est normal car le pays ne peut s'ouvrir sans couvrir sa population agricole par exemple. Il est évident que ce régime des importations va évoluer. Notre incertitude porte sur le rythme de son évolution. Nous ne pouvons donc pas encore dire à ce jour quelle sera la part des produits slovènes dans notre magasin ni préciser la part à importer.
Du côté slovène, un problème tient au prix du foncier et de l'immobilier. De nombreuses institutions internationales se sont implantées localement du fait de la stabilité du pays, ce qui a un coût pour un distributeur souhaitant arriver localement avec des cadres expatriés. Mais la région est belle et toute chose a un prix.
La représentation sociale et les syndicats sont en outre sources de problèmes pour nous mais je n'oublie pas qu'un Slovène découvrant les 35 heures en France serait sans doute surpris.
Du côté français, des frilosités demeurent, par exemple dans le domaine bancaire. Les études de marché sont faciles mais les banquiers français, qui ont pourtant des représentations en Slovénie, ont du mal à convaincre leurs Sièges sociaux. Il faut parfois utiliser ceux qui ont réussi pour amener les banquiers à se servir de leurs filiales.
Nous sommes en relation avec la NLB, une banque slovène. En la matière, le problème n'est pas celui de la frilosité mais des capacités financières. Nous avons les mêmes problèmes en Pologne. Nous avons besoin de 200 millions de francs pour créer un hypermarché. Ce montant suscite des difficultés sur un marché comme le marché slovène. La NLB a d'ailleurs organisé un
pool
bancaire pour assurer cet investissement. J'ajoute que des bureaux comme Francis Lefebvre nous ont très largement aidés.
A ce jour, nous avons d'autres projets que celui de Ljubljana.
Enfin, sachez que la Slovénie est la plate-forme parfaite pour chercher les marchés futurs de la Yougoslavie, voire les marchés allant jusqu'à la Grèce ou l'Italie.
Implantation d'une filiale commerciale en Slovénie
Didier RICHARD,
Directeur général de Peugeot Slovénie
Notre filiale commerciale a ouvert ses portes en Slovénie le 3 mai 1999. Au même moment s'ouvrait notre filiale croate : les deux sont liées.
Les études préliminaires
Nous avons parlé de bureaux de représentation et de démarches initiales. J'ai créé le bureau de Peugeot en Slovénie en septembre 1997. Il permet de connaître le marché, de rencontrer des personnalités et les bons interlocuteurs comme Monsieur Coursat, implanté localement depuis longtemps, d'analyser les possibilités de développement futures et de prospecter les marchés environnants, comme la Croatie, car notre bureau couvrait les deux pays.
Pour nous, les atouts du pays sont indéniables : sécurité totale, position géographique, réseau routier correct, homogénéité du territoire... Dans le même temps, des inconvénients existent comme le fait qu'un bureau slovène ne peut permettre de travailler en Croatie ou que la langue slovène n'est pas aisée au quotidien.
Installation et moyens humains
J'insiste sur la rapidité. En l'espace de 8 à 11 semaines, vous pouvez enregistrer votre société, sauf si son nom inclut le terme Slovénie. Pour les entreprises, les données statistiques et juridiques sont nombreuses. A ce propos, je souligne que les Slovènes sont des as de l'informatique. Le nombre de sites Internet slovènes vous permettant de trouver des informations est incroyable. Les revues d'information sont efficaces. En outre, les partenaires locaux sont compétents (avocats locaux ou cabinets internationaux, cabinets de recrutement, consultants, agences immobilières...). A cet égard, je note que l'immobilier est cher, surtout pour les individus.
En ce qui concerne le personnel, les visas sont obtenus en deux mois. L'offre immobilière est large et nous trouvons toujours. Il existe une école française d'entreprise (100 % de l'école française de la capitale est financée par des entreprises, ce qui est à la fois bien et mal).
La population a des atouts : qualification, surqualification parfois, personnes attirées par les sociétés à caractère international (les Slovènes parlent tous au mois 2 langues étrangères), adaptation au développement d'une économie de marché, source de disponibilité et de souplesse, séduction des modèles occidentaux, formation continue (les gens, bien formés, sont encore demandeurs de formation)... Pour l'entreprise, les salaires sont modérés en comparaison des qualifications, les horaires sont souples... Autre versant de la médaille : recherche de personnels désormais plus longue et difficile sur le marché de l'emploi, charges sociales élevées, protection des salariés, indemnités de déplacement très élevées...
Les clients et les critères économiques
Les clients slovènes aiment les produits de l'Europe de l'Ouest, souhaitent montrer leur attachement à des produits non germaniques, veulent acheter des produits de marque pour se différencier et sont réceptifs, voire très réceptifs, aux campagnes publicitaires,.
Toutefois, les clients effectuent encore souvent des achats en Italie et restent finalement attachés aux produits germaniques (Allemagne et Autriche).
Pour les entreprises, l'IS est de 25 %. De nouvelles taxes à l'import pour les produits en provenance d'Asie sont prévues. Les partenaires sont fiables économiquement (distributeurs, revendeurs). Les principales banques sont solvables. Mais il faut tenir une double comptabilité, les douanes sont aussi efficaces que sévères, les taux d'intérêt sont encore élevés.
Finalement, qui faut-il envoyer en Slovénie ? Je pose cette question car la Slovénie est un petit pays. La capitale compte 350 000 habitants quand même et bénéficie d'une extraordinaire qualité de vie. Les Slovènes sont accueillants. Dans la région, ce n'est toujours pas le cas. A moyen, long terme, de jeunes couples avec enfants peuvent être envoyés en Slovénie. A court terme, envoyer un célibataire me semble préférable. Les atouts du pays devraient exploser avec l'adhésion à l'UE. En outre, les principaux défauts ou inconvénients que j'ai cités devraient disparaître avec l'adhésion. Enfin, sachez que localement l'artisanat demeure peu exploité.
Débat
Je suis responsable des ressources humaines d'un Groupe et ai été sensible au tableau dressé par Monsieur Coursat. Je suis cependant assez inquiet sur l'évolution des rémunérations en Slovénie, à moyen terme notamment.
Bernard COURSAT
Je vous donne un sentiment personnel. A ce jour, je pense qu'en Slovénie les salaires ne sont pas un problème. Ce sont les prix qui posent problème. Je le dis d'ailleurs, dans mon entreprise, aux syndicats. Dans ce pays en effet, les prix sont scandaleux ; le panier est plus cher dans la capitale slovène qu'à Paris. En fait, des entreprises de distribution réalisent des marges proprement scandaleuses. Le litre d'eau minérale coûte trois fois plus cher qu'en France !
En outre, il faut parler de l'économie grise, ou travail au noir. La chambre économique parle de 25 % ; pour ma part, j'apprécie la place de l'économie grise aux alentours de 35 à 40 %. Un jour ou l'autre, un transfert interviendra.
Monsieur LECLERC
Nous aurons un revenu, non déclaré certes, mais existant tout de même.
Monsieur BOIDIN
Brièvement, pour conclure, je dirai que nous avons dressé un panorama idyllique, en dépit de quelques difficultés persistantes. Je note pour ma part que le marché slovène a un fort potentiel de développement, que notre part de marché n'est que de 13 %, que les implantations doivent se faire maintenant, en partenariat ou directement, que les opportunités sont donc à suivre (je vous invite à suivre les projets publics, les projets sur financement, le séminaire de février au CFCE, avec la BERD, la BEI, l'UE et la Banque Mondiale consacré à l'Europe centrale et orientale).
Je remercie les intervenants de notre rencontre. Nous serons à votre disposition cet après-midi pour les entretiens individuels.
Monsieur l'Ambassadeur de Slovénie en France
Monsieur Le Président, Mesdames et Messieurs, je remercie le Sénat et le CFCE et salue Messieurs Poncelet et Vinçon. Je voudrais conclure en mentionnant tout d'abord trois points
Coté relations culturelles, le français était la deuxième langue étrangère en Slovénie en 1945. Puis la deuxième langue étrangère a été éliminée suit à la réforme scolaire. Aujourd'hui, l'allemand est la deuxième langue. Mais nous sommes actifs. L'alliance française est dynamique à Maribor, une chambre de commerce mixte pourrait voir le jour en 2000 et la Slovénie est devenue membre du réseau de la Francophonie.
Je voudrais deuxièmement souligner l'importance des relations scientifiques. Ici, la France est notre principal partenaire. Nos Universités ont plus de 45 projets partagés avec le CNRS. Cela se sait peu. Enfin, les relations politiques bilatérales ont été peu actives juste après l'indépendance de 1991. Aujourd'Hui, à l'inverse, nous bénéficions d'un partenariat stable, grâce notamment à l'action de nos deux Présidents.
Nous apporterons, le moment venu, nos spécificités et nos forces en Europe. Nous ferons en sorte de conserver nos particularismes tout en apportant notre pierre à l'édifice communautaire.
Par notre position, nous sommes une plate-forme capitale pour couvrir toute la zone. Nous pourrons d'ailleurs jouer un rôle dans le règlement des conflits des Balkans. Seule la Slovénie peut jouer ce rôle.
Encore merci pour ce colloque.
Présentation du Groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie
A la demande de M. Serge Vinçon, sénateur du Cher, le bureau du Sénat a donné son accord à la constitution d'un groupe France-Slovénie en juin 1994.
A l'invitation du Conseil national de la République de Slovénie, une délégation du groupe France-Slovénie (MM. Vinçon, Rufin et Garcia) a effectué un déplacement dès février 1995. Un rapport de ce déplacement, " La Slovénie aux portes de l'Union européenne ", a été publié en juillet de la même année. Il s'agissait, à l'époque, de la première synthèse en langue française sur la nouvelle Slovénie.
Le groupe France-Slovénie a reçu à de nombreuses reprises les ambassadeurs en poste à Paris, ainsi que les personnalités slovènes en visite officielle (Président de la République, Premier Ministre, Ministre des Affaires étrangères, etc.).
Renouvelé en octobre 1998, le groupe comprend une vingtaine de sénateurs. Le bureau est composé de MM. Serge Vinçon (RPR - Cher), Président, Guy Cabanel (RDSE - Isère), Bertrand Auban (SOC - Haute-Garonne), André Ferrand (RI - Français établis hors de France), Yves Fréville (UC - Ille et Vilaine), vice-présidents, et de MM. Alain Gérard (RPR - Finistère) et Jacques Pelletier (RDSE - Aisne), secrétaires.
Une délégation du Conseil national de la république de Slovénie, conduite par son président, M. Tone Hrovat, s'est rendue en France du 8 au 12 mai 1999. Le programme leur a permis notamment de se familiariser avec le fonctionnement des collectivités locales en France, en se déplaçant dans le département du Cher.
Composition du Bureau du groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie :
Président |
M. |
Serge VINÇON (RPR - Cher) |
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Vice-Présidents |
MM. |
Bertrand AUBAN (Soc - Haute-Garonne) |
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Guy CABANEL (RDSE - Isère)
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Yves FREVILLE (UC - Ille-et-Vilaine) |
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Secrétaires |
MM. |
Alain GERARD (RPR - Finistère)
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Pour tout contact :
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Colloque organisé sous l'égide du Groupe sénatorial d'amitié France-Slovénie
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