Collocolombie2005 Sénat-UbiFrance
La Colombie : un risque ou une opportunité ?
I. L'ouverture de l'économie colombienne : les enjeux pour les entreprises
Eduardo MUNOZ
Vice-ministre du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme de Colombie
Je tiens à remercier Monsieur du Luart, Monsieur André et Monsieur De Vos ainsi que tous les amis qui nous honorent de leur présence ce matin. Je tiens à vous adresser nos remerciements au nom du gouvernement colombien pour l'organisation de ce colloque qui permet de présenter aux entreprises françaises les opportunités offertes par notre pays.
La Colombie possède des richesses naturelles extraordinaires (gaz, charbon, pétrole, nickel, émeraude, orÉ). Nous cherchons à développer les secteurs du gaz, du pétrole et du charbon en favorisant les investissements étrangers. Par ailleurs, nous jouissons d'une main-d'Ïuvre qualifiée, dont les compétences peuvent être utilement mises à contribution.
La France et la Colombie sont amies depuis de nombreuses années. Je souhaite que ce colloque nous permette de resserrer encore nos liens d'amitié et d'ouvrir de nouveaux espaces de collaboration à nos entrepreneurs.
1. La politique d'ouverture internationale de la Colombie
Notre pays mène une politique commerciale dont l'objectif est l'ouverture des marchés internationaux à nos exportations de biens et services, à travers la négociation d'accords de libre commerce. Cette politique, qui privilégie les accords réciproques stables à long terme, commence à porter ses fruits et répond à des besoins à la fois internationaux et internes.
La croissance économique colombienne a atteint des niveaux importants ces dernières années grâce à la politique économique et sécuritaire du Président Uribe. Mais ce taux de croissance n'est pas suffisant pour éliminer la pauvreté. Le dynamisme de notre marché interne ne suffit pas. Il nous faut chercher un nouveau moteur de croissance sur les marchés internationaux pour accroître nos revenus et offrir un meilleur bien-être à nos citoyens.
Si les préférences commerciales unilatérales ont pu être utiles dans le passé, elles ont montré leurs limites sur le long terme. En outre, le marché andin a tendance à se saturer. Cela nous pousse à chercher un accès à des marchés plus grands, plus dynamiques, avec un meilleur pouvoir d'achat.
Les exportations de la Colombie sont d'un niveau très faible comparé à d'autres pays d'Amérique latine. Bon nombre de pays de taille inférieure à la nôtre ont un montant d'exportation par habitant supérieur à celui que nous affichons.
Le niveau d'ouverture au commerce international est généralement corrélé fortement au niveau de croissance du produit intérieur brut. Les exportations sont en effet un moteur de la croissance. Les pays qui ont connu la meilleure croissance ces dernières années sont ceux dont les taux d'exportation ont le plus augmenté. Les exportations alimentent la croissance, le progrès et le bien-être.
Dans notre région, les accords d'intégration attirent de façon significative les investissements. On a pu le constater lors de la création de zones comme le Mercosur, ou la Communauté andine. Dans le Mercosur, on a pu observer une augmentation significative des investissements jusqu'en 1999. Au Mexique, grâce aux accords passés avec l'Amérique du Nord, et même avant, nous avons observé une augmentation spectaculaire de ces investissements. Au début des années 2000, les investissements étrangers au Mexique ont progressé de façon très importante. Dans la Communauté andine, à laquelle nous appartenons, les investissements ont également crû jusqu'en 1997, date à laquelle l'instabilité politique et économique a commencé à nuire à son développement.
Notre stratégie à court terme consiste à négocier de nouveaux accords.
Dans la Communauté andine, la Colombie a été le principal bénéficiaire de cette zone de libre-échange. Nous espérons créer un véritable marché commun. Ce marché est certes limité, mais nous souhaitons néanmoins tout faire pour l'approfondir en évoluant vers l'union douanière et faciliter la circulation des biens et service, avec un effort tout particulier en direction des pays les moins développés de la région. La Colombie, principal bénéficiaire de la création de cette communauté, a réussi à développer ses activités manufacturières. C'est aujourd'hui le troisième pays d'Amérique latine par le degré d'industrialisation.
Nous avons en outre passé des accords commerciaux avec le Mexique et le Venezuela. Le Panama souhaite également s'unir à ce « G3 » et nous allons entamer rapidement des négociations dans ce sens.
Nous avons par ailleurs signé un accord de libre-échange entre les pays de la Communauté andine et ceux du Mercosur.
Enfin, avec le Chili, nous avons signé un accord établissant une zone de libre-échange, avec la volonté de l'élargir au commerce des services.
Au-delà de l'Amérique latine, nous sommes en train de négocier un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, négociation menée conjointement avec l'Equateur et le Pérou. Nous espérons parvenir à une conclusion dans deux mois. L'année prochaine, ces accords seront soumis à l'approbation des organes législatifs des différents pays pour une entrée en vigueur en 2007. La négociation est complexe. Elle est maintenant achevée à 80 %. Il nous reste à conclure sur des sujets sensibles tels que l'agriculture, la propriété intellectuelle ou l'environnement.
Les nouvelles négociations auxquelles nous aspirons pour l'avenir concernent avant tout nos relations avec l'Union européenne. Les pays andins insistent depuis longtemps pour lancer des discussions. L'avenir de nos relations économiques et commerciales doit s'appuyer sur un accord équilibré. Nous aspirons à attirer davantage d'investissements européens grâce à ces négociations. Nous avons obtenu le lancement d'un processus de négociations en deux temps. Dans un premier temps, nous ferons un bilan de l'intégration andine. Nous souhaitons ensuite pouvoir annoncer le début des négociations de bloc à bloc dès 2007. Nous avons demandé à l'Union européenne de faire preuve de pragmatisme et de souplesse à notre égard, car le modèle européen ne peut être transposé à la Communauté andine. Nous attirons votre attention sur le fait qu'en l'absence d'accord, l'arrivée des produits et services américains sur notre marché risque de créer une situation d'inégalité défavorable à l'Union européenne.
Parallèlement, nous menons des négociations avec les pays d'Amérique centrale ainsi qu'avec le Canada. Nous avons aussi eu des discussions avec les pays de l'Association européenne de libre-échange.
2. Une politique visant à attirer les investissements étrangers
Outre les accords commerciaux, nous privilégions la négociation d'accords pour la promotion des investissements. Un accord est d'ores et déjà en vigueur avec le Pérou et un autre vient d'être signé avec l'Espagne. Nous sommes en négociation pour des accords avec des pays comme l'Italie, la France, le Canada, ou l'Allemagne. Avec la France, notamment, nous souhaitons parvenir rapidement à un accord qui permette d'éviter la double taxation des investissements.
Le principal investisseur en Colombie est actuellement les Etats-Unis. La France occupe une place modeste, avec environ 2 % des flux d'investissements. Mais les statistiques dont nous disposons ne sont pas les plus fiables du monde. Elles ne reflètent pas de façon très précise l'ampleur réelle des investissements. A cela s'ajoute le poids des investissements provenant des paradis fiscaux, qui contribuent à rendre la photographie encore un peu plus floue.
Les investissements français augmentent au fil du temps, mais leur pourcentage par rapport au total des investissements reste faible. Le total des investissements étrangers en Colombie a crû bien plus vite que les investissements français. En revanche, ceux-ci se sont révélés plus stables dans le temps que les investissements de l'Union européenne, dont le niveau est assez irrégulier.
Nous avons voté en mai 2005 une nouvelle loi de stabilité juridique pour les investisseurs. Elle permet à l'Etat de signer des contrats avec des investisseurs nationaux ou étrangers en offrant des garanties considérées comme essentielles pour ces derniers. Un seuil d'un million de dollars a été institué et la durée peut aller jusqu'à 20 ans. En contrepartie de cette garantie, les investisseurs devront s'acquitter d'une somme représentant un certain pourcentage de leurs investissements.
Nous avons par ailleurs instauré un programme pour améliorer le climat des affaires. Son objectif est de réduire et d'éliminer les plaintes des investisseurs. Nous menons par ailleurs un plan visant à améliorer la compétitivité colombienne dans les investissements, en la comparant à celle d'autres pays du monde et en identifiant les facteurs susceptibles d'attirer les investissements étrangers.
3. Conclusion
La Colombie mène une politique d'ouverture vers les marchés internationaux grâce à la négociation d'accords de libre-échange. Nous nous efforçons d'ouvrir notre économie pour améliorer notre compétitivité, attirer les investissements et, finalement, accroître notre revenu. Ces politiques ont un objectif à la fois économique et social. Le libre-échange doit permettre d'améliorer le bien-être de tous les citoyens colombiens.
Nous nous efforçons d'axer notre politique sur l'amélioration des conditions d'investissement dans notre pays. Dans ce contexte, les investissements français jouent un rôle important mais il y a encore beaucoup à faire pour qu'ils atteignent un niveau réellement significatif.
La Colombie peut être un partenaire économique fiable, ouvert et considérant l'avenir avec confiance.
René ANDRÉ
En tant que député de Normandie, je tiens à vous signaler que nous sommes toujours prêts à vous vendre nos vaches normandes, qui sont déjà très nombreuses en Colombie !
II. Les évolutions récentes de l'économie colombienne et des relations bilatérales - Quelle place pour les entreprises françaises ?
Paul DE VOS
Conseiller économique et commercial, Chef de la Mission économique à Bogota
Mon intervention sera celle d'un témoin privilégié qui souhaite partager avec vous quelques réflexions, sachant que nous sommes dans une journée d'évangélisation, destinée à convaincre que la Colombie doit être un partenaire privilégié de la France.
La Colombie est la troisième économie d'Amérique du Sud hors hydrocarbures, après le Brésil et l'Argentine. C'est la deuxième population hispanophone au monde. Son économie repose sur une agriculture forte et compétitive, une industrie diversifiée et un secteur des services dynamique. Cette économie peut envisager avec sérénité le tarissement de ses ressources pétrolières, qui représentent aujourd'hui moins de 15 % de son produit intérieur brut.
Un pays vaut aussi par sa population. Les Colombiens sont un peuple d'entrepreneurs. La Colombie est un pays qui dispose d'une main-d'oeuvre compétente et bien formée à tous les niveaux. En outre, la Colombie est un Etat de droit.
La croissance attendue en Colombie pour les prochaines années est proche de 4 % par an. Ce pays n'a jamais connu de difficultés de paiement de sa dette, qui est d'ailleurs en régression. Ses exportations continuent à augmenter et la Colombie sait s'adapter à la concurrence internationale.
Les relations de la Colombie avec les institutions internationales issues de Bretton Woods sont bonnes, avec quelques réserves en ce qui concerne la politique de change (réévaluation du peso). Le FMI a, lors de sa dernière revue, incité la Colombie à poursuivre les programmes sociaux et d'investissements dont le pays a besoin pour réduire les inégalités. Il a, en revanche, donné son accord à l'utilisation des réserves de change pour rembourser par anticipation une partie de la dette extérieure libellée en devises.
On trouve en Colombie un Etat central, qui concentre un déficit important, et des collectivités locales qui dégagent des excédents. En consolidant l'ensemble, on aboutit à un déficit limité à 2 %. Le secteur privé colombien est dynamique mais trop souvent délaissé. J'encourage les entreprises françaises à prospecter les acheteurs privés. C'est une piste à explorer absolument.
Depuis l'élection du Président Uribe en 2002, le contexte sécuritaire s'est fortement amélioré. Le pays s'est ouvert à l'international et la politique de paix civile menée par le gouvernement bénéficie d'un très fort soutien de la part de la population. Une impulsion positive est donnée et l'amélioration est tout à fait nette et visible. On vit aujourd'hui dans les principales villes de Colombie aussi bien que dans tout autre ville d'Amérique latine.
Nous savons que 2006 sera une année électorale en Colombie (présidentielle et législative). Il s'ensuit une certaine période de latence au niveau du Congrès, ce qui ne favorise pas l'adoption de réformes. Cela étant, des réformes cruciales pour les investisseurs étrangers ont été adoptées ces derniers mois.
Faut-il voir derrière la Colombie une opportunité d'accéder à d'autres marchés ? La Communauté Andine des Nations (CAN) est le deuxième ensemble commercial au monde le mieux intégré après l'Union européenne. Les pays de la CAN ont accepté de transférer une partie de leur souveraineté à des institutions supranationales. Ils ont accepté la mise en place d'un mode de règlement des différends. Rares sont les pays au monde où l'on peut trouver une telle intégration juridique entre plusieurs pays. De ce fait, la Colombie peut effectivement être considérée comme un moyen d'accéder à un marché de 130 millions de personnes.
L'accord passé par la CAN avec les Etats-Unis est une juxtaposition d'accords commerciaux plus qu'une véritable relation de bloc à bloc. Les négociations avec l'Union européenne devraient normalement s'ouvrir en 2006 si nous faisons preuve de pragmatisme.
Quelle est la position de la France ? Nos deux pays ont un problème d'image réciproque. La France est généralement perçue de manière positive. Mais son image est plus centrée sur la culture que sur l'économie. Nous devons développer notre image de compétence scientifique, économique et technique. Il faut montrer que l'image de fiabilité et de compétence qu'ont les Colombiens des entreprises françaises est justifiée. Malheureusement, il arrive que les acheteurs Colombiens se plaignent de ne pas obtenir de réponses de la part des fournisseurs français. Il ne faut pas laisser notre image positive s'étioler avec le temps.
Les collaborations avec la Colombie sont appelées à se renforcer. La France est le troisième investisseur sur le long terme en Colombie derrière les Etats-Unis et l'Espagne. On trouve en Colombie une centaine d'entreprises françaises. Cette présence est équilibrée sur le plan géographique et sectoriel. Mais nos échanges doivent encore se développer. Notre part de marché oscille entre 2 et 3 % selon les années. Les échanges sont d'ailleurs en recul en 2004, du fait de la non récurrence de certains contrats aéronautiques.
Je tiens à saluer le souci de transparence dont font preuve les Colombiens à propos des chiffres et des statistiques. Eduardo Munoz a accepté de mettre à disposition de notre mission économique ses équipes pour harmoniser nos méthodologies d'analyse. Les travaux que nous avons menés ensemble méritent d'être portés à votre connaissance.
Je terminerai en vous rappelant la multiplicité des relais français présents en Colombie : conseillers du commerce extérieur, mission économique... Le système éducatif francophone en Colombie est d'un très bon niveau. Bon nombre de nos amis colombiens ici présents sont passés par les lycées français. On trouve en Colombie beaucoup de cadres francophones.
Je lance enfin un appel au nom de l'Ambassadeur, puisque nous organisons, du 26 octobre au 6 novembre prochain, une semaine de promotion de la France en Colombie.
III. Le risque colombien, le point de vue des analystes du risque pays
Rafaël de la FUENTE
Responsable Amérique latine, BNP Paribas New-York
Je tiens à vous dire au nom de BNP Paribas à quel point nous nous réjouissons d'avoir été invités à ce colloque. Il est vrai que notre présence en Colombie est importante.
Il y a dix ans, la situation de la Colombie était la suivante. La Colombie avait la plus forte croissance moyenne sur les 80 dernières années. Ce pays a connu une très longue période de croissance d'environ 5· % par an, avec une inflation non pas basse mais faiblement volatile. Contrairement à d'autres pays, il n'a pas connu de période d'hyper-inflation. Jusqu'au début des années 80, on pouvait observer une très grande austérité fiscale, qui se traduisait par une stabilité de la dette publique. Telle était l'histoire de la Colombie jusqu'au début des années 90.
Par la suite, pour des raisons notamment internes (conflit armée, trafics de la drogue, réforme constitutionnelle), la situation a évolué. L'année 1989 fut marquée par une crise bancaire et une forte récession. A ces raisons internes se sont ajoutés les effets internationaux, comme les crises chinoise et russe.
Actuellement, la croissance colombienne retrouve ses niveaux historiques et l'inflation diminue. La dette publique est en forte régression. S'agit-il pour autant d'un retour à la grande tradition colombienne de stabilité économique ? Le constat mérite d'être nuancé. Dans les années 80, la Colombie était considérée comme un pays d'investissements. Or le crédit colombien est aujourd'hui considéré comme à niveau de risque plus élevé que dans des pays comme le Mexique. Le marché estime toutefois que la situation de la Colombie est en amélioration, même s'il reste des freins aux investissements.
La croissance de la Colombie, avec 4 %, est proche, voire inférieure, de celle que l'on peut constater dans des pays voisins. Mais la Colombie se caractérise tout d'abord par une forte augmentation des exportations, dont l'impact a été limité par les taux de change. La consommation de biens durables et de biens et services est en hausse. L'emploi se développe. On peut, par conséquent, estimer que la croissance colombienne sera durable.
La Colombie a connu une forte augmentation de ses investissements rapportés au PIB. La plupart des investissements réalisés dans les années 90 provenaient de l'étranger et entraînaient de forts déficits des comptes courants. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les comptes courants sont d'un niveau très respectable.
La compétitivité colombienne est en nette amélioration par rapport à celle d'autres pays d'Amérique latine. Elle est comparable à celle du Brésil ou du Chili. A cela s'ajoute l'amélioration de l'inflation. Celle-ci a chuté dans les années 90 et continue à se stabiliser autour de niveaux proches de ceux des pays les plus industrialisés.
Le point faible de l'économie colombienne est sans aucun doute la fiscalité. Le gouvernement central connaît un fort déficit fiscal suite aux nombreuses réformes qui sont intervenues à la fin des années 90. Le poids de l'impôt est plus important pour les sociétés que pour les citoyens. La Colombie doit encore faire des progrès dans ce domaine.
Je terminerai en évoquant la réévaluation de la monnaie. C'est un phénomène que connaissent tous les pays sud-américains. Dans le cas de la Colombie, il faut considérer à la fois le taux de change et le taux de croissance des exportations. On ne peut pas dire que l'économie soit pénalisée par l'appréciation des taux de change. Les flux financiers en dollars entrants en Colombie sont importants. Il est de toute façon probable que les taux de change restent à leur niveau actuel.
Les points qui doivent faire l'objet d'une attention particulière en Colombie sont la sécurité et la lutte contre le trafic de drogue, la réduction du déficit fiscal, l'indépendance de la Banque centrale, la productivité de la main d'oeuvre, la transparence des règles du jeu (position de la cour constitutionnelle) ou encore la concurrence de pays comme l'Equateur ou le Venezuela. Du côté des points forts, on peut évoquer la stabilité institutionnelle du pays, l'amélioration de la situation sécuritaire sous l'action du Président Uribe, l'assainissement du système financier, la diversification de l'économie, la stabilité fiscale, la faible fuite de capitaux et l'appui des Etats-Unis.
IV. Questions
De la salle
Je vis depuis 40 ans en Colombie. Je tiens à témoigner de ce qu'il est possible d'y faire de bonnes affaires. Les statistiques doivent être remises en perspectives. Si le pourcentage de croissance y est inférieur aux résultats que peuvent afficher d'autres pays du continent, c'est parce que les autres pays ont connu une très forte récession. La Colombie, elle, a toujours été très stable et n'a jamais connu de récession nette.
Rafaël de la FUENTE
Je suis d'accord avec vous. Toutefois, il ne faut pas comparer la Colombie qu'avec des pays ayant subit une forte récession. La Colombie doit relever un certain nombre de défis. Avec un niveau d'investissements représentant 20 % du PIB, il est difficile de viser plus de 4 % de croissance par an. Le niveau d'investissements par rapport au PIB est beaucoup plus important au Chili et c'est à ce type de pays qu'il faut comparer la Colombie.
Michel BOCQUENTIN, Directeur général adjoint, Directeur des Affaires internationales, Soletanche-Bachy
Ne pensez-vous pas que le fait que la Colombie est le pays où l'on paie le plus d'impôts au monde soit un frein aux investissements étrangers ? Avez-vous l'intention d'assouplir la politique fiscale vis-à-vis des investisseurs ?
Eduardo MUNOZ
On ne peut pas dire que la Colombie est le pays où l'on paie le plus d'impôts au monde. En revanche, on doit reconnaître que nos charges sont mal distribuées. Notre système fiscal doit être modernisé. L'un des facteurs qui permettent d'attirer les investissements étrangers est bien celui de la pression fiscale. Nous l'avons pris en compte. Cela étant, la Colombie souffre d'une très forte pauvreté et la demande sociale y est très forte. Nous ne pouvons pas négliger les ressources nécessaires pour faire face à nos obligations sociales.
De la salle
Je suis arrivé en Colombie dans les années 70 au moment de la crise de l'énergie et j'y ai développé une entreprise de culture horticole, notamment de roses. La Colombie est aujourd'hui le plus grand pays de production de fleurs coupées au monde après la Hollande. La production horticole représente plus de 200 000 emplois directs. Les opportunités offertes par la Colombie dans ce secteur sont très importantes. Celui-ci est d'autant plus intéressant qu'il utilise uniquement des énergies renouvelables et qu'il permet de maintenir les populations dans les campagnes. Je regrette cependant que les niveaux de taxation soient si élevés. La rosi culture colombienne est une industrie propre et éthique et il convient de l'encourager en modifiant les règles de rétention qui nous handicapent.
Eduardo MUNOZ
Je ne peux que confirmer les impacts positifs du développement de la production horticole dans notre pays. Je prends note de vos préoccupations concernant l'impact des impôts et en particulier de la rétention. Mais s'il faut attirer les investissements internationaux, nous ne pouvons pas négliger nos responsabilités sociales. C'est un défi auquel nous allons être confrontés dans l'avenir.