B. LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES ENGAGÉES PAR LE NOUVEAU GOUVERNEMENT
L'une des mesures les plus controversées du nouveau gouvernement hongrois est l'institution d'une taxe temporaire de l'ensemble du secteur financier .
Elle permettrait de prélever 0,45 % de l'actif net des banques (calculée non pas sur les bénéfices, mais sur le chiffre d'affaires), de taxer à hauteur de 5,2 % les revenus des compagnies d'assurance et de 5,6 % pour les autres entités financières (bourse, agents financiers, gérants de fonds d'investissement...). Cette mesure qui devrait rapporter environ 650 millions d'euros de recettes annuelles pendant deux ans (en 2010 et 2011), soit environ 0,8 % du PIB selon le gouvernement.
Cette taxe a fait l'objet de vifs débats tendus entre le gouvernement et l'association des banques qui a reproché au gouvernement de ne pas avoir fait d'étude d'impact. L'association met en avant le fait que les charges fiscales supplémentaires pourront réduire la compétitivité de l'économie hongroise, en empêchant un assouplissement de l'activité de prêt. La taxe bancaire a concentré la majeure partie des désaccords avec le FMI et l'Union européenne lors de la dernière revue. Par ailleurs, le fait que 4/5 ème du secteur bancaire hongrois soit détenu par des banques étrangères a contribué à l'acceptation de cette mesure.
Par ailleurs, le gouvernement envisage l'introduction d'une « flat taxe » 12 ( * ) de 16 % pour l'impôt sur le revenu.
Pour le moment, la stratégie économique du nouveau gouvernement reste imprécise . Le « plan en 29 points », publié le 8 juin dernier, censé préciser comment il entend relancer l'économie et respecter l'objectif de déficit public de 3,8 % en 2010, alors qu'en l'absence de mesure nouvelle, le déficit pourrait s'établir à 5 % du PIB, reste flou et les mesures ont semblé techniquement très peu préparées. Le gouvernement hongrois va cependant devoir très rapidement préciser la cohérence de son programme économique, sans doute après les élections municipales du 3 octobre.
Le 17 septembre prochain, la réunion du « Conseil de conciliation des intérêts », qui réunit représentants de l'État, du patronat et des syndicats, doit donner l'occasion au gouvernement de préciser sa politique économique.
La politique fiscale du nouveau gouvernement est considérée avec circonspection par la Confédération du patronat hongrois, dont l'objectif est de réduire les charges qui pèsent sur le travail. Le taux de TVA, le plus élevé de l'Union européenne avec la Belgique, d'une part, la taxe sur le secteur bancaire ou le projet de flat tax d'autre part, « ne peuvent constituer des politiques à long terme du nouveau gouvernement », selon le président FUTO. Elles sont toutefois « nécessaires dans le contexte actuel, car la Hongrie ne souhaite pas devenir une nouvelle Grèce ».
Les relations économiques franco-hongroises La France est classée au 5 e rang des investisseurs étrangers en Hongrie. Le volume du commerce bilatéral est autour de 3 Mds EUR, la France est le 7 e partenaire commercial et le 4 e marché d'exportation de la Hongrie . D'après les statistiques hongroises, avec 4,02 % de part de marché, la France est, en 2010, au 7 e rang des fournisseurs de la Hongrie, derrière l'Allemagne (26,47 % de part de marché), la Russie (7,9 %), la Chine (6,4 %), l'Autriche (5,6 %), les Pays-Bas (4,5 %) et l'Italie (4,4 %). La France est le 4 e client de la Hongrie, derrière l'Allemagne (25,7 %), l'Italie (5,6 %) et le Royaume-Uni (5,4 %), et reçoit 5,3 % de ses exportations. Au premier semestre 2010, la Hongrie est notre 29 e client et 25 e fournisseur. D'après les statistiques des douanes françaises, au 1 er semestre 2010, la Hongrie représente 0,69 % de nos exportations et 0,71 % de nos importations. Les échanges commerciaux subissent la dégradation de la conjoncture Après une croissance soutenue des échanges en 2005, 2006 et 2007, située entre 9 et 15 %, un net ralentissement est observé en 2008, avec une progression de seulement 1,2 %, due à la très faible augmentation des exportations françaises. Les échanges bilatéraux régressent fortement en 2009, avec une baisse de 17,6 %. Selon les douanes françaises, les résultats des six premiers mois de 2010 reflètent la reprise progressive des échanges. Nos exportations vers la Hongrie ont atteint 1,32 Md EUR (soit +6,1 % par rapport aux six premiers mois de 2009) et nos importations se sont élevées à 1,57 Md EUR (+8,5 % par rapport au premier semestre de 2009). Depuis 1999, le solde commercial de la France avec la Hongrie est déficitaire. Il atteint son niveau le plus bas en 2008 à -576 M EUR après avoir oscillé entre - 64 M EUR et - 402 M EUR durant la période 2001-2007, -512 M EUR en 2009 et -245 M EUR au premier semestre de 2010. Au premier poste de nos exportations vers la Hongrie figurent les équipements mécaniques et matériels électriques, électroniques et informatiques (31 % de nos ventes). Les matériels de transport constituent notre 2 ème poste d'exportation (16,8 %), et les produits pharmaceutiques, le 3 ème poste (14,7 %). Nos importations en provenance de Hongrie sont aussi dominées par les mêmes secteurs. Une présence française importante depuis les années 90 Environ 75 % du stock total d'IDE en Hongrie provient de l'UE, dont 22 % de l'Allemagne. La France a conservé son 5 e rang des plus grands investisseurs en Hongrie en 2009. En 2009, le stock d'IDE s'élevait à 3,8 Mds EUR. De nombreuses entreprises françaises ont participé aux privatisations dans les années 90, profitant du cadre attractif pour les IDE mis en place dès les premières années de la transition. Fin 2009, près de 400 sociétés françaises implantées en Hongrie employaient près de 70 000 personnes. Quatre sociétés françaises figurent parmi les 25 premiers investisseurs étrangers en Hongrie (Groupama, EDF, Sanofi-Aventis, Auchan, GDF Suez). Cinq entreprises françaises figurent parmi les 50 premières entreprises hongroises en termes de chiffres d'affaires. Les investissements ont touché de nombreux secteurs dont les plus importants sont l'énergie, qui regroupe plus de 20 % des investissements français (avec les sociétés EDF, GDF Suez, Dalkia, filiale de Veolia, ou Total), les industries pharmaceutiques et chimiques (15 % du stock français des investissements avec notamment Sanofi-Aventis, Servier-Egis, Ceva), les industries agro-alimentaires (8 % du stock avec Danone, Bongrain, Bonduelle, Cecab ainsi que plusieurs PME telles Royal Croissant, Croque Bourgogne, César Kft), et les industries mécaniques (6,5 % du stock avec Michelin, Valeo, Le Bélier, Garçonnet,...). Après le succès des entreprises françaises entre fin 2005 et mi-2006, qui ont signé une dizaine de contrats importants en Hongrie pour un total de près de 1,3 Md EUR, le nombre de grands projets lancés a fortement diminué. En effet, l'instauration d'un plan d'austérité, d'une part, le décalage dans la mise en place des fonds de cohésion et structurels 2007-2013, d'autre part, expliquent ce ralentissement provisoire. En 2009, la valeur totale des contrats signés en Hongrie a été gonflée par la vente d'Airbus et, en moindre mesure, par l'activité de construction routière de Colas en Hongrie. A l'avenir, les grands contrats concerneront essentiellement les secteurs de l'énergie et des transports. Source : Ambassade de France, service économique |
* 12 L'impôt à taux unique ou impôt proportionnel ( flat tax en anglais) est un système d'origine ancienne qui impose tous les membres d'un groupe (comme des citoyens ou des entreprises ) au même taux, contrairement à l' impôt progressif . Il est cependant le plus souvent utilisé dans le cadre de l' impôt sur le revenu .