B. LE CADRE INSTITUTIONNEL : UN RÉGIME PARLEMENTAIRE
La délégation a échangé sur ces sujets avec plusieurs interlocuteurs : M. Volanen, Secrétaire d'État, conseiller du Gouvernement, et M. Söderman, Vice-président de la Commission constitutionnelle.
1. Un peu d'histoire : la recherche d'un équilibre
a) Un système originellement souple mais instable (1919-1930)
Deux philosophies du pouvoir se sont opposées à la naissance de l'État finlandais : d'une part un exécutif fort dans le cadre d'une démocratie consensuelle, modèle soutenu par les conservateurs, et d'autre part une autogestion populaire défendue par les libéraux. La Constitution a mêlé ces deux conceptions. Elle posait le principe d'un régime parlementaire, tout en attribuant des pouvoirs forts au chef de l'État. En dépit de nombreuses compétences, le Président de la République ne disposait cependant pas d'un cabinet « étoffé », ce qui a donné lieu à la réflexion suivante du Président Paasikivi (1946-1956) : « Ce n'est pas un poste enviable, au contraire, plutôt. On est toute la journée seul au palais présidentiel du matin au soir avec une ordonnance pour toute compagnie ». La pratique a par la suite évolué au gré du contexte politique.
Ainsi, de 1919 jusqu'à la deuxième guerre mondiale, le système s'est apparenté au parlementarisme des pays de l'Europe de l'Ouest, caractérisé par un nombre élevé de partis politiques, source de forte instabilité gouvernementale. Dans les années 1920, treize gouvernements et neuf Premiers ministres se sont ainsi succédé.
b) La stabilisation du régime dans les années 1930
Au cours de la décennie suivante, une certaine stabilité a émergé autour de deux partis majoritaires : le parti agrarien et le parti des sociaux démocrates. Cette bipolarité a duré jusque dans les années 1960. Puis s'est instauré un système original articulé autour d'un nombre de partis politiques réduits qui se sont succédé au pouvoir suivant des combinaisons variées. Les dissensions ont laissé place à la coopération.
c) L'affirmation du pouvoir présidentiel sur une courte période (1956-1981)
Une période se distingue néanmoins : entre 1956 et 1981, le contexte politique international et les tensions avec le régime soviétique ont poussé à une forte personnalisation du pouvoir, qui s'est traduite par un leadership du Président de la République Uhro Kekkonen, tant pour les affaires extérieures qu'en matière de politique intérieure. Toutefois, avec la détente constatée dans les relations extérieures et le changement de Président, la pratique parlementariste a repris le dessus.