2. Le rôle du Nigeria dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales
Du fait de son poids démographique et de l'importance de ses contingents au sein des missions de rétablissement de la paix et de maintien de la stabilité en Afrique, le Nigeria réclame désormais un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies dans l'éventualité où celui-ci serait élargi, à l'issue d'une réforme actuellement en cours de réflexion.
La visite de la délégation a été l'occasion pour les parlementaires nigérians rencontrés de solliciter à plusieurs reprises le soutien de la France à cette requête. Le président de la Chambre des représentants, M. Bankole, a mis en avant, en effet, le rôle de son pays dans la résolution des conflits et dans la préservation de la sécurité aux niveaux régional et international, et a souligné que la participation nigériane aux contingents des opérations internationales de maintien de la paix pourrait être appelée à se renforcer si la perspective d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies venait à se concrétiser. L'importance des effectifs nigérians au sein des missions de rétablissement de la paix conduites sous l'égide de l'ONU plaide déjà très clairement, selon lui, pour un signe de reconnaissance par la communauté internationale.
Le président de la commission des affaires étrangères du Sénat nigérian, M. Jibril Aminu , a lui aussi sollicité le soutien de la France à l'attribution au Nigeria d'un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. Il a rappelé que les politiques étrangères respectivement menées par la France et le Nigeria se rejoignaient sur de nombreux points : nos deux pays ont à coeur de conduire, dans un esprit d'ouverture, des politiques étrangères responsables acquises à la paix et à la sécurité internationales, en privilégiant notamment les négociations multilatérales en matière de résolution de crises et de promotion du développement durable . Il s'est ainsi déclaré convaincu que le Nigeria et la France avaient un intérêt commun à multiplier les échanges de vues sur leurs politiques étrangères respectives et sur leur rôle au sein d'organisations internationales telles que l'Organisation des Nations unies, l'Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest et l'Union européenne.
Dans ces conditions, la délégation a tenu à saluer et à remercier le Nigeria pour ses efforts en faveur de la résolution de crises, de maintien de la paix et de développement des échanges économiques, qui lui ont permis de s'installer durablement comme une puissance régionale de premier plan en Afrique de l'Ouest. Elle a en particulier félicité les autorités nigérianes pour s'être appuyées sur le rôle médiateur de la CEDEAO , démontrant ainsi leur volonté de préserver la sécurité internationale en privilégiant les négociations multilatérales. Elle a également rappelé que le Nigeria et le Cameroun s'étaient montrés exemplaires dans le règlement pacifique du différend frontalier qui les opposait jusqu'à récemment : conformément aux recommandations de l'arrêt de la Cour internationale de justice de 2002 reconnaissant la souveraineté du Cameroun sur la péninsule de Bakassi, le Nigeria a retiré ses troupes de la région en août 2006.
La délégation a également plaidé pour une meilleure représentativité au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Si elle a rappelé que le Président de la République, M. Jacques Chirac, avait déclaré à titre personnel au cours d'une conférence de presse à Abuja le 23 juillet 1999 « si vous me demandez mon avis personnel, je dirai que je souhaite que, dans le cadre de cette réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, le Nigeria soit présent comme membre permanent du Conseil de sécurité », la délégation a toutefois souligné que l'octroi de sièges permanents au sein d'un Conseil rénové ne se ferait pas sans difficulté étant donné la multiplicité des candidats parmi les pays en développement , notamment en Afrique avec le Nigeria, l'Égypte et l'Afrique du Sud. Reconnaissant le bien-fondé des prétentions du Nigeria, elle a exhorté les parlementaires nigérians à poursuivre les discussions avec les autres puissances africaines pour que l'attribution d'éventuels sièges permanents ne soit pas l'objet de luttes préjudiciables à l'entente africaine, mais l'occasion de mieux défendre les intérêts du continent au sein des organisations internationales.
Soulignant la nécessité pour le Nigeria et la France d'établir un dialogue régulier dans le prolongement des préconisations formulées par leurs chefs d'État, notamment en matière de politique étrangère, la délégation a également plaidé pour la mise en place au sein des assemblées législatives nigérianes d'un groupe d'amitié Nigeria-France , sur le modèle des groupes interparlementaires d'amitié français. Il s'agit de favoriser la constitution d'un cadre institutionnel souple qui permette aux parlementaires nigérians, aussi bien députés que sénateurs, de multiplier les contacts réguliers avec l'Assemblée nationale et le Sénat français pour oeuvrer au rapprochement de nos deux pays.