C. UN SOUTIEN INDISPENSABLE DES PARTENAIRES EXTÉRIEURS

1. Une certaine méfiance vis-à-vis de la communauté internationale

Le Burundi, après des années de guerre civile et face à la difficulté de gérer l'après-transition, a plus que jamais besoin d'un soutien extérieur, sur le plan économique comme au niveau du maintien de la paix. Pourtant, les nouvelles autorités burundaises souhaitent limiter au maximum l'ingérence de la communauté internationale dans les affaires intérieures du pays.

C'est ainsi que le Gouvernement a demandé, dans un contexte sécuritaire encore fragile, le retrait immédiat de 60 % des effectifs de la force de maintien de la paix des Nations-Unies (Onub), se résignant finalement à un désengagement progressif sur l'ensemble de l'année 2006 (résolution 1650). Il s'est également montré réticent à accepter la mise en place d'un mécanisme d'accompagnement de l'après-transition par la communauté internationale (forum des partenaires du Burundi), souhaitant circonscrire le rôle de ce mécanisme à une coordination de l'aide internationale pour la reconstruction.

Les réticences sont moins grandes vis-à-vis de l'Union européenne , qui dispose, dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune (Pesc), d'un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et a fortement soutenu le processus d'Arusha. L'Union a notamment financé, à hauteur de 1,23 million d'euros, le déploiement d'observateurs militaires à cette occasion. La nomination du Gouvernement de transition s'est ensuite traduite par la reprise de l'aide via le fonds européen de développement (Fed), à partir de novembre 2001. Ces crédits ont notamment bénéficié au développement rural (environ 50 %), à l'appui macro-économique (27,5 %) et à la bonne gouvernance (17 %).

2. L'amélioration progressive des relations régionales

Après la suspension, en janvier 1999, de l'embargo économique, mis en place le 31 juillet 1996 à l'encontre du Burundi par les Etats de la région - regroupés au sein de l'initiative régionale de paix pour le Burundi , principalement menée par l'Ouganda, la Tanzanie et l'Afrique du Sud - et la signature de l'accord d'Arusha en août 2000, les relations du Burundi avec ses voisins se sont progressivement réchauffées.

La fin de la transition et l'élection de Pierre Nkurunziza à la présidence de la République ont également favorisé un rapprochement entre Kigali et Bujumbura , notamment sur la question des groupes armés dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Les progrès sont également palpables dans les relations que le Burundi, qui a été un acteur important de la crise des Grands Lacs et des guerres menées en 1998 sur le sol congolais, entretient aujourd'hui avec la RDC, le retrait de l'armée burundaise du territoire congolais puis le ralliement au processus de paix des principales rébellions burundaises, qui utilisaient l'Est de la RDC comme une base arrière, ayant permis un apaisement des relations entre les deux pays. Le Burundi a ainsi rejoint, en août 2005, la cadre des consultations tripartites entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda pour accélérer le désarmement des groupes armés qui restent actifs dans la région. Toutefois, la question du FNL , qui, selon, Bujumbura, entretiendrait une présence dans le Sud-Kivu, reste cependant une source de tension .

L' Union africaine demeure, pour sa part, attentive à l'évolution de la situation au Burundi, où elle avait décidé de déployer sa première opération de maintien de la paix au Burundi, la mission interafricaine au Burundi (MIAB), financé en partie par l'Union européenne, qui avait permis d'aider au respect du cessez-le-feu du 3 décembre 2002 et au cantonnement des combattants avant l'arrivée de l'Onub en juin 2004.

3. Les espoirs suscités par l'action de la France

Dans ce contexte, la France a un rôle essentiel à jouer comme pivot de l'aide internationale au Burundi, dans le respect des limites fixées par les autorités burundaises. C'est en effet elle qui a relancé la première les programmes de coopération dès 1998 et a, ainsi, fortement contribué au retour de l'aide internationale au Burundi. Il convient de rappeler, à cet égard, qu'à la veille de la crise de 1993, la France était le premier bailleur du Burundi avec une aide de 280 millions de francs par an et une centaine d'assistants techniques en poste sur place.

La France a pris, logiquement, une part importante à l'effort de reconstruction du pays, en aidant à la réinstallation des populations sinistrées par la guerre, au ravitaillement et au pré-cantonnement des combattants, à l'appui à la commission électorale indépendante et à la réforme des administrations économiques et financières. De fait, l'aide bilatérale en faveur du Burundi est progressivement montée en puissance : elle est passée d'environ 4 millions d'euros en 2001 à 8,7 millions d'euros en 2005 , soit un doublement des engagements.

Son action s'est récemment poursuivie avec :

- l'envoi à Bujumbura, en novembre 2005, d'une mission tripartite composée des ministères des affaires étrangères et de l'économie, ainsi que de l'agence française de développement (AFD), pour préparer la reprise des activités de l'AFD au Burundi et identifier des secteurs qui pourraient être concernés ;

- puis le démarrage, au début de l'année 2006, de deux nouveaux projets qui concernent la réforme des forces de police burundaises et le soutien à l'enseignement du français ;

Les efforts de la France sont particulièrement importants dans le domaine de l'éducation , qui constitue la priorité du nouveau Gouvernement burundais, au travers du fonds d'étude mis en place par l'AFD et du démarrage du projet précité d'appui à l'enseignement du français. La relance des activités de l'AFD en 2007 , interrompues depuis 1993, devrait permettre à terme d'accroître encore l'engagement de la France dans ce domaine.

La coopération militaire constitue également un poste de choix : l'enveloppe qui y est consacrée a atteint 489.000 euros en 2005. Elle a permis de financer la formation de stagiaires burundais dans les écoles militaires françaises et africaines, ainsi que le démarrage d'un projet de réhabilitation de l'école des métiers de Muzinda.

Crédits bilatéraux que la France a consacrés au Burundi en 2005

Aide bilatérale

Forme d'aide

Montant

MAE

Coopération civile

2.330.000 €

(crédits de paiement)

Coopération technique et culturelle

(titre IV)

(1.672.500 €)

4 assistants techniques

et 3 VI

750.000 €

92 bourses

600.000 €

Autre

322.500 €

Coopération militaire

(DCMD)

(489.000 €)

Remise en état
et extension de l'école des métiers
(+ une mission
de courte durée
pour deux personnes)

231.000 €

49.000 €

Formation de stagiaires burundais dans les écoles militaires françaises
et africaines

209.000 €

Aide alimentaire (PAM, ACF, solidarités)

1.000.000

Centre culturel

190.000

AFD

L'AFD a interrompu ses engagements en 2003.

aucun décaissement

Aide budgétaire globale

3.000.000 €

Montant total de l'aide bilatérale

8.681.500

Le rôle de la France en faveur du Burundi est également essentiel au niveau des enceintes diplomatiques et internationales . Elle a ainsi plaidé et obtenu le déploiement d'une force de maintien de la paix de 5.600 hommes en juin 2004 sous l'égide de l'Onu, mais aussi une dotation supplémentaire de 10 millions d'euros au titre du Fed. C'est également sous son impulsion que le fonds monétaire international (FMI) a octroyé, en 2004, au Burundi une aide de 104 millions de dollars et a accepté un allégement significatif du service de la dette.

Cette relation privilégiée entre la France et le Burundi se traduit par des contacts politiques réguliers : les visites à Paris du président Buyoya (septembre 2002 et février 2003), puis du président Ndayizeye (février 2004), la visite conjointe à Bujumbura, en janvier 2002, des ministres français et britannique des affaires étrangères, Hubert Védrine et Jack Straw, puis en septembre 2002, la tournée dans les Grands Lacs de Dominique de Villepin.

Les contacts se multiplient de la même manière au niveau parlementaire , où le Sénat français apporte une aide technique non négligeable au nouveau Sénat burundais.


Bilan de la coopération parlementaire avec le Sénat du Burundi

Un accord de coopération a été signé le 3 juillet 2003 entre le Sénat français et le Sénat de transition du Burundi. Cet accord, qui n'a pas eu d'application concrète jusqu'en 2006, reste en vigueur avec le Sénat actuel.

Par ailleurs, une mission d'évaluation du Parlement burundais a été effectuée par le directeur du service des Relations internationales du 30 janvier au 4 février 2006 pour le compte de l'Union interparlementaire (UIP). Sur cette base, l'UIP a élaboré un programme d'assistance pluriannuel au profit des deux chambres du Parlement burundais, en cours de négociation.

Sur le plan des contacts bilatéraux, il convient de noter :

20-21 février 2006 : visite de travail au Sénat des questeurs et secrétaires généraux des deux assemblées du Burundi ;

1-9 avril 2006 : visite de travail du directeur du service des Relations internationales auprès du Sénat du Burundi ;

15-22 mai 2006 : stage au Sénat français de quatre fonctionnaires du Sénat du Burundi.

Les perspectives d'avenir sont encourageantes, le président du Sénat du Burundi étant attendu à Paris à l'automne, à l'invitation du président Poncelet. Par ailleurs, l'architecte du Sénat est actuellement sollicité pour une mission de conseil pour la construction du futur siège du Parlement burundais à Gitega.

C'est dans ce contexte favorable, et pour renforcer encore les liens entre la France et le Burundi, que le groupe d'amitié France-Afrique centrale du Sénat a décidé d'envoyer une délégation à Bujumbura. Elle y a notamment rencontré des sénateurs et des élus locaux, qui lui ont fait part de leurs espoirs, de leurs difficultés et de leurs attentes envers la France.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page