2. La mission effectuée en mai 2004 à Djibouti, en Érythrée et en Éthiopie
Une délégation du groupe conduite par le président Louis Duvernois a effectué un déplacement, du 22 au 30 mai 2004, dans trois des pays de l'aire territoriale de compétences du groupe : Djibouti, l'Érythrée et l'Éthiopie.
Outre M. Duvernois, la délégation était composée de MM. Louis de Broissia et Gérard Roujas, président délégué pour l'Érythrée.
Cette visite, avec un programme particulièrement soutenu, s'inscrivait dans le cadre de la relance des activités du groupe depuis 2002, marquée notamment par la visite au Sénat, en octobre 2002, du président de Djibouti, S. Exc. M. Ismaïl Omar Guelleh, par la réception, en juin 2003, d'une délégation du groupe homologue de députés djiboutiens et par l'inclusion du Soudan, l'an dernier, dans le champ de compétences du groupe. Elle prolongeait également la mission effectuée dans la zone, en février 2003, par six membres de la commission des affaires étrangères, sous la présidence du président de cette commission, M. André Dulait.
§ A Djibouti, où elle a séjourné les 25 et 26 mai puis du 28 au 30 mai, la délégation a été reçue en audience par le Chef de l'État, avec lequel elle a pu passer en revue les principaux dossiers de la coopération franco-djiboutienne, dans un contexte en forte évolution, aussi bien à Djibouti même (avec l'implantation de la base militaire américaine et l'arrivée massive de capitaux arabo-persiques) que dans l'ensemble de la sous-région (persistance du différend frontalier érythro-éthiopien, question somalienne, conflit inter-soudanais,...). Le président Guelleh a rappelé l'ancienneté et la force des liens entre la France et son pays, « îlot francophone dans un océan anglo-arabophone ».
La délégation a ensuite rencontré de nombreuses personnalités djiboutiennes, membres du gouvernement (le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale et le ministre délégué à la coopération internationale) ou membres de l'Assemblée nationale (le président de cette assemblée et plusieurs députés du groupe d'amitié Djibouti-France), le commissaire de la République du district de Djibouti et les responsables du Pôle universitaire de Djibouti, seul établissement d'enseignement supérieur francophone de la Corne de l'Afrique (le PUD a conclu des accords de partenariat avec plusieurs universités françaises, dont l'Université de Bourgogne).
Elle a également eu des entretiens avec des représentants de la communauté française de Djibouti -notamment plusieurs conseillers du commerce extérieur de la France-, avec le Général Gérard Pons, commandant des Forces françaises stationnées à Djibouti -dont elle a visité les installations ainsi que l'hôpital aux Armées Bouffard- et avec des responsables d'établissements culturels français (l'Alliance française, le Centre culturel français Arthur Rimbaud, le Lycée Kessel et l'École Dolto).
Parmi les projets évoqués au cours de cette étape djiboutienne, le président Louis Duvernois a proposé la tenue au Sénat, courant 2005, d'une rencontre régionale de haut niveau économique et politique, destinée à mieux conforter la position -devenue parfois précaire- des entreprises françaises opérant dans la zone.
La délégation a enfin rencontré en audience, le 30 mai, le Dr. Attalla H. Bashir, secrétaire exécutif (soudanais) de l'IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement) et plusieurs hauts responsables de cette organisation régionale comprenant sept États membres (y compris Djibouti, où elle a son siège) et dont les missions, initialement axées sur le développement économique, s'orientent progressivement vers la mise en place d'un dispositif purement africain de maintien de la paix.
A cette occasion, le président Duvernois a remis à son interlocuteur, en présence de M. Philippe Selz, ambassadeur de France, une déclaration du porte-parole du ministère français des affaires étrangères en date du 27 mai 2004, saluant la contribution de l'IGAD à la conclusion, la veille, de trois protocoles d'accord en vue du règlement du conflit inter-soudanais. Le Dr. Attalla H. Bashir a souhaité que la France, grande puissance membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, participe plus activement à l'action de l'IGAD, comme c'est déjà le cas d'autres pays européens pourtant bien moins puissants.
§ En Érythrée, où elle a séjourné du 23 au 25 mai, la délégation a été étroitement associée aux différentes célébrations de la Fête nationale marquant le 13e anniversaire de l'indépendance du pays, marque de l'intérêt attaché par les autorités érythréennes à la visite des sénateurs.
La délégation a été reçue au cours d'une longue audience par le président de la République, S. Exc. M. Issaias Afeworki, qui a salué la présence française à Djibouti comme un gage de stabilité dans la région, tout en regrettant que la France ne soutienne pas plus activement le point de vue érythréen dans le différend qui oppose son pays à l'Éthiopie (à propos de la « Bande de Badmé »). Récapitulant la position française à cet égard, le président Louis Duvernois et l'Ambassadeur de France, M. Gérard Sambrana, ont rappelé que notre pays, tout en reconnaissant pleinement l'Érythrée dans ses frontières internationalement admises, préconisait dans ce domaine la recherche d'une solution négociée plutôt que la mise en oeuvre de sanctions.
En réponse à plusieurs observations de la délégation, le président Issaias est convenu que son pays souffrait d'un certain déficit d'image dans la communauté internationale, point auquel il s'est déclaré prêt à accorder plus d'attention que par le passé. Le président Louis Duvernois a évoqué avec son interlocuteur plusieurs pistes d'ouverture, suggérant notamment une visite en France du ministre des affaires étrangères érythréen, et l'accueil au Sénat, selon des modalités à préciser le moment venu, de hauts responsables érythréens pour les familiariser avec le fonctionnement des institutions représentatives françaises, au plan parlementaire comme au niveau des assemblées locales 2 ( * ) .
La délégation a ensuite eu un entretien avec le principal conseiller politique du parti du président Issaias, au cours duquel ont été examinées les perspectives d'établissement de contacts suivis entre le Sénat et des responsables érythréens, à commencer par les membres des assemblées régionales récemment élus.
Pour la partie française, la délégation a rencontré notamment les responsables de l'Alliance française et de l'école française d'Asmara. Elle a en outre eu un contact avec M. Alain Frémont, adjoint au maire de Nevers (chargé des relations internationales), ville dont le sénateur-maire, M. Didier Boulaud, avait participé à la mission de la commission des affaires étrangères et a engagé un programme de coopération avec la ville d'Asmara.
La délégation s'est enfin entretenue avec M. Legwala, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, responsable de la MINUEE (force militaire d'observation des Nations Unies pour l'Éthiopie-Érythrée, dont le quartier général est stationné à Asmara).
§ En Éthiopie, où elle s'est rendue du 26 au 28 mai, la délégation a été reçue en audience par le Premier ministre, chef de l'exécutif, S. Exc. M. Melès Zenawi, qui, en présence de l'Ambassadeur de France, Mme Josette Dallant, s'est félicité des bonnes relations entre son pays et la France, tout en souhaitant qu'elles se renforcent, notamment dans le domaine économique.
Le président Louis Duvernois a relevé qu'en dépit du soutien sans faille apporté par notre pays à l'Éthiopie sur la scène internationale, les entreprises françaises semblaient moins bien placées dans l'attribution des grands marchés d'infrastructures éthiopiens que certaines de leurs concurrentes étrangères, asiatiques notamment. Il a également rappelé à ce propos l'attachement de la France au Chemin de fer djibouto-éthiopien, où là encore les positions françaises gagneraient à être confortées.
La délégation a ensuite rencontré les autorités des deux chambres du Parlement éthiopien, dont le président de la Chambre de la Fédération (auquel le président Louis Duvernois a suggéré que des membres de cette assemblée puissent visiter en France les deux grandes formations politiques pour en observer le fonctionnement interne), puis le président de la Chambre des Représentants et plusieurs membres du groupe d'amitié Éthiopie-France, avec lesquels ont été évoqués différents projets de coopération interparlementaire.
La délégation a eu un entretien avec le maire d'Addis-Abeba, ainsi qu'avec différents responsables d'établissements culturels français ou éthio-français (l'Alliance éthio-française et le Lycée Guebre Mariam, pièces maîtresses du dispositif de coopération éducative entre les deux pays).
Le 28 mai, la délégation s'est rendue en province dans la commune de Debre-Berham, pour y découvrir les importantes réalisations (adduction d'eau, voirie, assainissement, etc.) de la coopération menée avec cette ville par la commune française du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis (ville dont l'ancien député M. Marcel Feurtet est maire).
Le président Louis Duvernois a noté le « rendement élevé » d'actions de coopération décentralisée n'engageant pourtant que des budgets modestes, précisant que la délégation se rapprocherait à son retour en France de l'Association des maires de France pour envisager, le cas échéant, la possibilité de favoriser en Éthiopie la mise en place d'autres projets de ce type.
* 2 Ce projet de coopération interparlementaire a depuis lors été réévoqué à plusieurs reprises, que ce soit avec l'Ambassadeur de France à Asmara, M. Gérard Sambrana, ou avec différentes personnalités érythréennes.