7. La participation du groupe à un petit déjeuner de travail avec M. Mohamed Ali Gedi, Premier ministre du Gouvernement fédéral de transition de Somalie (23 mai 2005)
Le groupe a participé à un petit déjeuner de travail organisé le 23 mai 2005 par le « Carrefour Iéna international » d'UbiFrance, en présence de M. Mohamed Ali Gedi, Premier ministre du Gouvernement fédéral de transition de Somalie. La délégation somalienne comprenait en outre plusieurs membres du Gouvernement (notamment M. Osman Hassan, ministre du Plan et de la Coopération internationale), M. Daniel Bourzat, conseiller spécial du Président, ainsi que S. Exc. M. Mohamoud Farah, ambassadeur de Somalie en France.
M. Ali Gedi a souligné qu'au sortir de quatorze ans d'une guerre civile très meurtrière, la Somalie aspirait à se reconstruire et à se pacifier sur la base d'une démocratie transparente, ouverte sur l'extérieur et libérée de la corruption et des influences mafieuses.
Le Premier ministre s'est déclaré convaincu que son pays, las des conflits intérieurs et complètement détruit au plan économique, parviendrait à surmonter ses divisions internes, tout en souhaitant un renforcement massif de l'aide internationale et l'implantation d'entreprises étrangères créatrices de richesse. Il a indiqué que le retour en Somalie des institutions gouvernementales transitoires (actuellement établies à Nairobi), le désarmement des factions et la réorganisation complète de l'appareil administratif et judiciaire étaient ses premières priorités.
M. Daniel Bourzat a souligné qu'en dépit de son effondrement institutionnel, la Somalie disposait d'atouts économiques très importants (minerais, hydrocarbures, ressources agricoles et arboricoles, réserves halieutiques parmi les plus importantes au monde, cheptel diversifié, etc.) qui pourraient en faire un pôle majeur de développement dans la Corne de l'Afrique, pour peu que la paix civile s'y rétablisse durablement.
L'ambassadeur de Somalie a enfin précisé que la Somalie, bien que marquée par sa tradition anglophone, était très ouverte à d'autres influences européennes, en particulier celle de l'Italie (pour des raisons historiques) et celle de la France.
8. La mission effectuée au Soudan (du 26 septembre au 3 octobre 2005)
Une délégation du groupe conduite par le président Louis Duvernois, a effectué du 26 septembre au 3 octobre 2005 un déplacement au Soudan. Outre M. Duvernois, la délégation était composée de MM. Philippe Marini, président délégué pour le Soudan, et André Rouvière.
Il s'agissait de la première visite au Soudan d'une délégation parlementaire française et étrangère, quelques jours seulement après la formation du nouveau Gouvernement d'unité nationale prévue par les Accords de paix inter-soudanais.
Après vingt ans de guerre fratricide entre les autorités de Khartoum et le Sud-Soudan conduit par John Garang puis son successeur Salva Kiir Mayardit, et alors que la tension persiste au Darfour, dans l'ouest du pays, le groupe a voulu marquer tout de suite son soutien à un processus de paix qui, à l'issue d'une période transitoire d'en principe six ans, devrait aboutir à la création d'un État soudanais à structure fédérale.
Les sénateurs se sont rendus successivement à Khartoum, dans le Sud-Soudan (à Juba, la future capitale) et dans le Darfour où ils ont visité le camp de réfugiés d'Abu Shok, près d'Al-Facher.
Ils ont eu des entretiens francs et directs avec le Premier vice-président de la République du Soudan et Président du Sud-Soudan, M. Salva Kiir, avec le vice-président Mohamed Taha, avec plusieurs ministres du Gouvernement national, avec les leaders des principaux partis politiques soudanais -y compris l'opposition et les formations islamistes-, avec les hautes autorités des deux assemblées parlementaires (l'Assemblée nationale et le Conseil des États), ainsi qu'avec les nouvelles assemblées régionales du Sud-Soudan et du Darfour.
Au Darfour et au Sud-Soudan, une large part des entretiens a été consacrée aux représentants des ONG humanitaires sur le terrain, ainsi qu'à ceux des grandes organisations internationales (ONU, PAM, FAO, ...). La délégation s'est également entretenue avec le Général français Marc Delaunay, vice-président de la Commission de cessez-le-feu de la mission de l'Union africaine au Soudan.
Les sénateurs ont partout constaté l'excellente image de la France, de la culture française et de la francophonie au Soudan, tout en y réaffirmant la volonté de notre pays de jouer un rôle actif d'appui au processus de paix. Ils ont envisagé avec leurs interlocuteurs différentes voies d'une coopération interparlementaire entre le Sénat et les nouvelles assemblées soudanaises 3 ( * ) et les ont assurés de leur soutien à la demande d'adhésion du Soudan, comme membre observateur, à l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et à l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF). À Juba, la délégation a remis au président Salva Kiir une invitation du ministre des Affaires étrangères, M. Philippe Douste-Blazy, à se rendre en France à une date à leur mutuelle convenance.
Au plan économique, la délégation a constaté une quasi absence d'investissements directs d'entreprises françaises, alors que d'autres États ont déjà conscience qu'une fois stabilisé, le Soudan peut devenir d'ici quelques années un pôle majeur de développement dans cette région de l'Afrique de l'est. Dans cette perspective, ils ont largement évoqué, notamment avec Salva Kiir et avec le ministre de l'Énergie et des Mines, M. Awad Al-Jaz, la concession dont dispose la Compagnie Total et le rôle que cette grande entreprise française pourra jouer dans le développement économique du pays.
En conclusion, la délégation n'a en rien sous-estimé les problèmes que le Soudan doit encore surmonter, en particulier au Darfour où la violence persiste et où la Communauté internationale risque de rester encore longtemps engagée.
Mais elle a aussi considéré que les aléas de cette situation ne doivent pas occulter les efforts historiques déployés pour mettre fin au conflit nord-sud et le courage politique dont font preuve les parties engagées aux Accords d'unité nationale. En outre, elle a estimé que l'image de neutralité et la continuité de la politique arabe et africaine française devraient permettre à la France de siéger à la Commission d'évaluation et de contrôle des accords de paix, dès qu'elle aura été constituée 4 ( * ) .
* 3 Ce sujet a depuis lors fait l'objet de plusieurs échanges prospectifs entre l'Ambassade de France à Khartoum et le service des Relations internationales du Sénat.
* 4 Ce voeu n'a pas été suivi d'effet, la France n'ayant finalement pas obtenu le siège attendu.