II. LES PRINCIPAUX SECTEURS DE L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ÉVOLUENT POSITIVEMENT
1. Électricité : la Finlande favorise la production mixte d'énergie
La
structure de la production d'électricité en Finlande se distingue
de celle des autres pays nordiques par sa diversité.
Les quatre
réacteurs nucléaires actuellement en service assurent 28 % de
l'approvisionnement énergétique du pays
. La part totale de
l'énergie nucléaire et de l'énergie hydroélectrique
représente un peu moins de la moitié et la production
combinée d'électricité et de chaleur le tiers. Le reste
provient essentiellement de centrales thermiques à la houille et
d'électricité importée.
La part des importations a crû peu à peu. Elle avoisine 15 % de
l'électricité consommée
. La quantité
d'énergie électrique importée de Suède et de
Norvège varie beaucoup avec la sécheresse. La Finlande importe de
quatre à cinq TWh par an de Russie.
Lorsque la production industrielle augmente, les besoins en chaleur de
l'industrie augmentent aussi. Il s'ensuit que les possibilités de
produire de l'électricité et de la chaleur s'améliorent.
L'utilisation du bois et des déchets de bois est, dans ce cas, la source
d'énergie la plus importante et celle qui ne cesse de se
généraliser. Il est aussi possible d'accroître la
production d'énergie électrique dans les centrales thermiques
combinées au gaz naturel à condition que l'on puisse disposer de
gaz naturel à des prix compétitifs.
Environ le tiers de l'électricité produite en Finlande
l'année dernière provenait de la production combinée de
chaleur et d'électricité. Un peu moins de la moitié
était produite dans les centrales de l'industrie et le reste dans les
installations de chauffage urbain. Les quatre cinquièmes du chauffage
urbain reposent sur la production mixte de chaleur et
d'électricité.
La technique de production mixte permet d'utiliser de 80 à 90 % de
l'énergie contenue dans le combustible. Il en résulte que les
émanations polluantes sont environ un tiers moins élevées
que dans les cas où la chaleur et l'énergie sont produites dans
des installations séparées.
Certes, une installation de production combinée implique souvent des
investissements plus importants que les modes de production d'énergie de
substitution. Mais elle reste plus avantageuse du fait de son rendement global
plus élevé. La production combinée de chaleur et
d'électricité pourra ainsi être accrue et il est possible
que le gaz naturel et le bois soient préférés à la
houille, à la tourbe et au pétrole.
La consommation d'électricité en Finlande devrait croître
en moyenne de 1,5 % par an d'ici à 2010, puis de 1 % par an,
l'accroissement des besoins en énergie électrique
intéressant surtout l'industrie.
Il sera possible de couvrir un peu moins de 40 % de l'électricité
dont la Finlande aura besoin en 2010 avec l'énergie
hydroélectrique et l'énergie nucléaire dont on dispose
actuellement et 40 % de plus avec l'énergie de production de l'industrie
et l'électricité produite dans le cadre du chauffage urbain. Le
reste devrait être fourni par de nouvelles ou d'anciennes installations
d'énergie thermique et par l'importation d'électricité.
Une projection des besoins à plus long terme a été
étudiée.
En 2015, la Finlande aura besoin d'une production d'énergie
électrique supérieure de 3.800 MW à celle d'aujourd'hui,
c'est du moins ce qui apparaît dans le rapport sur «
Le
marché de l'électricité 2015
» de la
Confédération du secteur de l'énergie. Cette estimation
est basée sur une croissance annuelle d'un peu moins de 3 % du PIB. Le
besoin en électricité passera des 78 milliards de KWh en 1978
à 92 milliards en 2010 et 97 milliards en 2015. Malgré le
changement structurel qui a lieu dans l'industrie et malgré
l'amélioration continuelle de l'utilisation de l'énergie, la
consommation d'électricité dans l'industrie croîtra
approximativement de 43 milliards de KWh au cours des quinze années
à venir.
Pour couvrir les besoins prévisibles à terme, la compagnie TVO
vient de déposer un
projet de construction d'un réacteur
nucléaire
de 1.000 à 1.600 mégawatts qui deviendrait
le cinquième réacteur civil en Finlande et le troisième
appartenant à TVO. Un tel projet, dont le coût est
évalué à 2,5 milliards d'euros, suscite un débat
entre les industriels -notamment la filière bois-papier- qui
souhaiterait disposer d'énergie en quantité et à bon
marché et les écologistes qui, évoquant les objectifs
fixés par la Conférence de Kyoto, plaident pour les
biocombustibles, l'énergie éolienne ou le gaz naturel. Si le
nouveau réacteur était mis en service, il ferait passer la part
de l'électricité d'origine nucléaire à 35 % de
l'approvisionnement énergétique du pays.
Il reste que le débat sur l'industrie nucléaire, qui s'amplifie
depuis une quinzaine d'années, devra être tranché par le
Parlement.
2. Acier : l'effort porte sur les aciers spéciaux
Les
principaux sidérurgistes finlandais sont Rautaruuki Steel Oyj, Outokumpu
Steel Oyj et Imatra Steel Oyj. Environ quatre millions de tonnes d'acier ont
été produite en 1999, soit 2,5 % de l'ensemble de la production
européenne. En particulier, la Finlande fournit 10 % de la production
européenne d'
acier inoxydable
.
Rautaruukki Steel
, principal élément du groupe industriel
Rautaruukki, a inauguré en avril 2000 l'usine de zingage la plus moderne
d'Europe. Cette usine, d'une capacité de 400.000 tonnes, située
à Hämeenlinna, permettra à Rautaruukki de doubler sa
capacité de galvanisation à chaud et confirmera la position du
groupe comme l'un des premiers fabricants européens de produits en
tôle galvanisée. Producteur et transformateur d'acier, cette
société met au point, fabrique et commercialise des produits en
acier de haute qualité ainsi que les services qui s'y rattachent. Le
groupe Rautaruukki exerce une activité de production dans quinze pays
européens. Son chiffre d'affaires 1999 s'est élevé
à 2,4 milliards d'euros et on estime que celui de 2000 atteindra 2,7
milliards d'euros. Le groupe emploie actuellement quelque 13.000 personnes dont
environ 5.000 hors de Finlande.
Le groupe
Outokumpu Oyj
et la société suédoise
Avesta Sheffield vont créer une société commune de
production d'acier inoxydable qui aura comme raison sociale AvestaPolarit et
sera le deuxième plus grand producteur du monde dans ce domaine. Son
chiffre d'affaires atteindra plus de 18 milliards de markkaa (3 milliards
d'euros). Elle emploiera 8.700 personnes et, outre la Finlande et la
Suède, disposera d'unités de production en Grande-Bretagne et aux
Etats-Unis. Outokumpu détiendra 55 % de la nouvelle
société et Avesta Sheffiedl 45 %. La fusion sera
réalisée sous la forme d'une offre d'échange d'actions.
3. Électronique : l'essor du commerce électronique
Les
rendements boursiers exceptionnellement élevés dont les
entreprises finlandaises de l'électronique ont
bénéficié de la part de leurs filiales
étrangères expliquaient les bénéfices records de
1998.
En 1999, l'évolution du chiffre d'affaires et des exportations a
continué d'être la meilleure dans l'industrie de
l'électronique. Ce chiffre a, en effet, crû d'un tiers et les
exportations de près de 40 %, celles-ci représentant 88 % du
chiffre d'affaires.
Si le commerce électronique représente encore un volume
relativement faible dans les entreprises industrielles finlandaises, il leur a
toutefois permis des progrès sensibles grâce, entre autres,
à un accroissement de rentabilité, de productivité et du
degré d'utilisation de la capacité.
La carte d'identité électronique
La
Finlande est le premier pays au monde à avoir adopté la carte
d'identité électronique
. On peut se la procurer auprès
des services de police depuis décembre 1999. Plus de 6.000 Finlandais
l'ont déjà. La carte électronique se présente comme
une carte d'identité normale avec photo, mais on y a ajouté une
puce électronique qui contient le code personnel du titulaire. Ce code
personnel, qui permet l'identification électronique du détenteur
de la carte, a été mis au point par le Registre d'Etat civil. Il
garantit que ceux qui utilisent un réseau informatique sont bien ceux
qu'ils prétendent être.
La carte permet de régler ses affaires en toute confiance sur le
réseau Internet. Le titulaire de la carte peut aussi signer
électroniquement et assurer la confidentialité des documents
qu'il envoie. La signature et la confidentialité sont assurées
à l'aide du code personnel. La signature électronique offre des
possibilités nouvelles d'élargissement des services, en
particulier dans le commerce en ligne. Les commerçants doivent
être spécialement équipés pour assurer ce genre de
services. Les ordinateurs doivent aussi être munis d'un lecteur de
cartes, équipement en voie de standardisation.
Il est projeté d'étendre l'identification électronique aux
entreprises. Le code d'entreprise, qui correspondrait au code personnel,
permettrait de regrouper les données dont disposent les divers services
administratifs pour que les entreprises ne soient plus obligées de
répéter les mêmes données à plusieurs
services différents. Un projet de loi sur ce sujet pourrait être
discuté dès 2001.
A ce jour environ 95 % de l'industrie finlandaise pratiquent le commerce
électronique sous une forme ou sous une autre
. Certes, cette
pratique reste plus rare dans les petites et moyennes entreprises. Selon le
rapport établi par la Confédération de l'industrie et des
employeurs finlandais (CIEF), le tiers des petites entreprises et 60 % des
moyennes semblent ainsi être entrées dans le jeu.
Quant au secteur bancaire, le nombre des clients en ligne a fortement
augmenté.
MERITA, la plus grande banque finlandaise a plus de 800.000 clients en ligne,
soit la moitié de sa clientèle. Viennent ensuite le groupe
OKOBANK avec 510.000 clients en ligne, puis le groupe LEONIA avec plus de
400.000 clients, soit le tiers de sa clientèle.
Le volume du commerce électronique dans les entreprises devrait plus que
doubler d'ici à 2003 et c'est la vente des produits qui devrait
augmenter le plus.
4. Téléphonie : la croissance extraordinaire du téléphone mobile
En 1998,
la Finlande a été érigée par l'OCDE au rang de
modèle de « société de
l'information », éclipsant ainsi la Suède, son voisin
mieux connu. Les nouvelles technologies sont désormais le premier
secteur industriel.
On explique souvent cette réussite par la libéralisation
précoce du marché de la téléphonie, par la
lucidité des patrons finlandais ou par les efforts consentis par l'Etat
depuis le début des années 1990 pour équiper les
écoles et les bibliothèques d'ordinateurs et d'Internet. Mais
certains chercheurs mettent également en avant les particularités
de la société finlandaise, qui, à côté des
fleurons économiques que tout le monde connaît, a
développé une véritable culture des nouvelles technologies.
Alors qu'il a été annoncé qu'il avait obtenu une commande
de 260 millions d'euros de l'opérateur polonais Polkomtel pour
développer le réseau de téléphonie mobile,
Nokia
se confirme, par delà les aléas de la bourse, comme
le
géant finlandais
. Il représente à lui seul
55.000 emplois. Il est le premier mondial sur le marché des
téléphones mobiles et la 5
ème
marque la plus
connue dans le monde.
Le match Nokia-Ericsson est l'illustration de l'émancipation
finlandaise, avec 41 millions de mobiles vendus par Nokia, contre 24 pour
Ericsson.
Selon le ministère des Télécommunications et des
Transports, le nombre de connexions de téléphones mobiles a
dépassé, en 2000, les 3,6 millions d'unités, classant la
Finlande au premier rang mondial par habitant.
5. Biotechnologies
Le
secteur des biodisciplines s'est rapidement développé ces
dernières années. C'est ainsi que l'on compte actuellement plus
de 90 entreprises dans l'industrie biotechnique, soit près de 10 % de
l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler des bioentreprises en Europe.
C'est dans la région de Turku que se sont concentrés plus de la
moitié de l'industrie pharmaceutique de Finlande et les deux tiers de
l'industrie du diagnostic.
Les grandes entreprises pharmaceutiques comme Leiras du groupe Schering, Orion
Pharma et Perkin Elmer Life Sciences/Wallac sont depuis longtemps
implantées dans la région. Ces dernières années, le
Centre technologique de Turku a connu une importante activité
entrepreneuriale et de recherche.
Les chercheurs de Turku furent, entre autres, les premiers à faire
apparaître la structure d'une protéine enzymatique isolée
et, à l'heure actuelle, c'est à l'université de Turku que
se trouve la seule chaire de développement des denrées
alimentaires de Finlande.
Les universités pratiquent depuis longtemps une coopération
étroite et pionnière non seulement entre elles mais aussi avec
les industries locales
de l'agro-alimentaire et de la pharmacie. Beaucoup
de professeurs ont acquis une expérience au service des
départements de recherche et développement de l'industrie.
Le
centre Medipolis
implanté à Oulu dans le nord de la
Finlande depuis 1990 est devenu un groupe biotechnologique et médical
internationalement reconnu. L'objectif de Medipolis est de diversifier et
faciliter les conditions préalables qui permettent d'offrir des services
de santé publique et par là d'améliorer la qualité
de la vie. Le CHU d'Oulu ainsi que la faculté médicale et
biotechnique de l'université d'Oulu se trouvent à
proximité immédiate de Medipolis. Les entreprises qui sont
installées à Medipolis coopèrent étroitement non
seulement entre elles mais aussi avec l'université et les instituts de
recherche. La gamme de produits de Medipolis, qui emploie au total 500
professionnels dans plus de quarante entreprises, propose des
médicaments, des équipements et des programmes, divers produits
de diagnostic et des aliments diététiques.
Mais le progrès des biotechnologies est bien entendu associé
à celui des nouvelles technologies de l'information et de la
communication.
«
Biowap
», un système de recherche gratuite
de données dans les bases de données de l'Internet à
partir du téléphone mobile 24 heures sur 24 et en tous lieux a
été mis au point par les chercheurs de domaine de biotechnologies
et fonctionne au prix de la communication normale.
6. Forêt - Bois - Papier
Deux des
dix plus grandes entreprises forestières du monde sont finlandaises dans
une filière qui est désormais le deuxième -et non plus le
premier- secteur de l'industrie de ce pays.
Avec 0,5 % des ressources forestières mondiales, la Finlande fournit
entre 15 et 25 % du papier et du carton vendus dans le monde.
Pourtant, les forêts finlandaises ne font pas l'objet d'une exploitation
sans limites : certaines sont protégées et, depuis trente
ans, les plantations et la régénération naturelle
excèdent les prélèvements.
Alors qu'au printemps 2000 le géant
UPM-Kymmene
avait
renoncé à son projet d'acheter l'entreprise américaine de
l'industrie forestière Champion, après que l'américaine
International Paper avait offert pour Champion 300 millions de dollars de plus
qu'elle, une nouvelle opportunité s'est offerte à l'égard
de la firme REPAP. UPM-Kymmene s'est porté acquéreur de ce
fabricant canadien de papier pour magazines. Cette opération devrait
renforcer la position dominante d'UPM sur le marché mondial des papiers
pour magazines, en Amérique du Nord en particulier. UPM devrait verser
plus de 700 millions de markkaa (117,7 millions d'euros) pour l'ensemble des
actions de REPAP et prendre à son compte la dette nette de la
société lourdement surendettée. Cette dette
s'élève à 5,4 milliards de markkaa (0,91 milliards
d'euros). La valeur totale de ce marché s'élève à
environ 6 milliards de markkaa (1 milliard d'euros) et inclut outre l'usine
à papier, deux usines à pâte à papier et deux
scieries.
La récolte du bois est très mécanisée en Finlande.
Plus de 90 % du volume du bois abattu chaque année y est
récolté à l'aide d'engins d'abattage et de
débardage.
La société
Ponsse
est pionnière dans les logiciels
destinés à l'industrie forestière. Les logiciels
permettent de contrôler presque toutes les opérations. Les engins
peuvent, en outre, être reliés par courrier électronique.
La production papetière s'oriente de plus en plus vers des produits
spécialisés pour les papiers d'impression et les emballages.
7. Tourisme
Le
tourisme se développe progressivement en Finlande.
Certaines provinces comme la Laponie, misent sur l'atout que représente
l'espace, l'écologie et la tradition des pays du froid. 300 vols
charters ont ainsi pu être décomptés dans les
aéroports de cette province en 2000, en provenance de pays comme la
Russie, le Japon et les divers Etats de l'Union européenne.
La délégation a pu apprécier l'inventivité de
projets de développement touristique comme le parc d'attraction du
Père Noël (
Santa Claus Park
)
11(
*
)
, installé dans un abri
antinucléaire près de Rovaniemi, comme l'aire commerciale du
cercle arctique au nord de cette même ville ou comme le
Château
de neige
édifié chaque année à
Kemi
.