PANEL N°4 :
« ABIDJAN, VILLE DURABLE : OPPORTUNITÉS DANS LES SECTEURS DES INFRASTRUCTURES, DE L'ÉLECTRICITÉ, DES DÉCHETS, EAUX-ASSAINISSEMENT ET DU SPORT » EN PRÉSENCE DU MINISTRE DE LA CONSTRUCTION, DU LOGEMENT ET DE L'URBANISME
Table ronde animée par M. Arnaud FLEURY, journaliste économique
Ont participé à cette table ronde :
M. Bruno-Nbagné KONE, ministre de la construction, du logement et de l'urbanisme de la Côte d'Ivoire
Mme Asta-Rossa CISSÉ, directrice générale d'Abidjan Terminal de Bolloré Port
Mme Isabelle MAUNOURY, directrice des opérations de Suez Afrique et Proche-Orient
M. Régis CHARPENTIER, président de Win Win Afrique
M. Arnaud FLEURY - Monsieur le ministre, vous connaissez la problématique, avec une population qui a doublé en quinze ans. Abidjan est une ville très congestionnée, en déséquilibre avec la province. Il existe de nombreuses opportunités dans les infrastructures, les déchets, l'assainissement, le sport, etc. La construction a été un élément majeur de la croissance économique de la Côte d'Ivoire ces dernières années. Cela continue-t-il ?
M. Bruno-Nbagné KONE, ministre de la construction, du logement et de l'urbanisme de la Côte d'Ivoire - Cela continue. Les dernières années ont été excellentes pour notre pays, avec des taux de croissance très élevés, et le secteur de la construction y a naturellement participé. Nous pensons que l'impact se situe aujourd'hui aux alentours de 10 % sur le PIB. Cependant, nous continuons d'avoir un très grand nombre de projets menés tant par l'État que via des PPP ou par des entreprises privées.
M. Arnaud FLEURY - Cela intéresse-t-il l'offre française, sur toute la chaîne de valeur ?
M. Bruno-Nbagné KONE - Bien évidemment, et nous convions les entreprises françaises à nous rejoindre. Nous avons aujourd'hui certains pays très bien implantés dans le secteur en Côte d'Ivoire, mais nous avons toujours déploré l'insuffisance de la présence française. C'est l'occasion de tendre la perche à ces professionnels et à ces entrepreneurs que nous savons qualifiés. Abidjan est une ville en transition. Elle a aujourd'hui soixante-dix à quatre-vingt ans et présente donc de grands besoins de rénovation urbaine, avec des quartiers précaires en très grand nombre (plus d'une centaine qu'il faut traiter). Le parc immobilier de l'État a besoin d'être réhabilité et surtout d'être étoffé. Nous devons par ailleurs mettre en valeur plusieurs parcelles foncières de l'État. Nous avons de nombreux projets dans le secteur immobilier et industriel, et également dans le logement. Aujourd'hui, il y a un déficit d'environ six cent mille logements dans la ville d'Abidjan. Imaginez ce que cela représente en construction, en boiserie, en sanitaires, etc. Les besoins sont colossaux et nous invitons les entreprises françaises à venir prendre leur part.
M. Arnaud FLEURY - Le logement social commence par ailleurs à être envisagé, et l'expertise française pourrait y aider, n'est-ce pas ?
M. Bruno-Nbagné KONE - Oui, et cela a déjà un peu commencé avec des partenaires français. Nous avons participé il y a moins d'un mois à la présentation d'un échantillon qui pourrait être le logement social made in France en Côte d'Ivoire. Ce projet contribuera à réduire l'empreinte des quartiers précaires et des bidonvilles. Il contribue directement à l'amélioration de la vie des populations ivoiriennes, et en particulier de la vie des populations les plus pauvres. Aujourd'hui, le gouvernement lui-même a avancé un projet de cent cinquante mille logements à réaliser pour les plus faibles, avec des prix à plafonner à 12,5 millions de francs CFA pour le logement social et 23 millions de francs CFA pour le logement économique. Tous les promoteurs qui participent à ce projet ont la possibilité de réaliser 60 % de logements avec les deux contraintes que je viens de mentionner, et 40 % de logements de façon totalement libre.
M. Arnaud FLEURY - Quelle est votre action quant à la ville durable ? Comment envisagez-vous un développement durable et pacifié d'Abidjan ?
M. Bruno-Nbagné KONE - Le contexte est relativement compliqué. L'urbanisation est très forte, avec un taux d'urbanisation ayant augmenté de 10 % à 55 % en soixante-dix ans, là où les pays européens ont mis environ trois cent ans pour faire le même parcours. La ville d'Abidjan concentre environ un quart de la population ivoirienne et 40 % de la population urbaine de Côte d'Ivoire ; elle comprend une centaine de bidonvilles. Abidjan n'a pas respecté les principes de base de l'urbanisme pendant toutes les années de crise que le pays a connues. Nous avons du retard et nous faisons tout pour le rattraper, tout en nous souciant de tout ce qui peut permettre de construire durablement cette ville.
M. Arnaud FLEURY - Les clubs « ville durable » organisés par le Medef regroupent l'ensemble de l'offre française aujourd'hui en lien avec toutes les solutions liées à la ville durable. Le « club Abidjan ville durable » est d'ailleurs réputé très dynamique en la matière. Quels sont les rapports de votre ministère avec ce club et des choses concrètes peuvent-elles émerger ou émergent-elles déjà avec ce club ?
M. Bruno-Nbagné KONE - Nous avons des rapports privilégiés et je me félicite que le « club Abidjan ville durable » soit reconnu dans le monde entier. Il est important de créer une émulation pour la ville durable au sein de la population. Le club regroupe des entreprises françaises qui interviennent déjà dans les secteurs de la construction et d'autres secteurs proches du nôtre. Notre collaboration est très forte et je voudrais d'ici saluer l'action de ce club et ses acteurs.
M. Arnaud FLEURY - Nous allons revenir sur le portuaire, le port d'Abidjan étant le premier port d'Afrique de l'ouest pour les marchandises et le deuxième d'Afrique pour les containers. Il est très intégré dans la ville, il fait partie de son développement économique et il doit être dans une logique de développement durable.
Mme Asta-Rossa CISSÉ, vous êtes directrice générale d'Abidjan Terminal de Bolloré Port. Quelles sont les grandes caractéristiques du terminal à containers dont le groupe Bolloré a la concession ?
Mme Asta-Rossa CISSÉ, directrice générale d'Abidjan Terminal, Bolloré Port - Nous avons connu depuis dix ans des chiffres à l'import qui augmentent de 10 %. L'année dernière, nous avons eu une croissance supérieure à celle du PIB car il existe une relation étroite entre la croissance du PIB et la croissance des volumes à l'import. Tout cela est poussé par les grands projets de la Côte d'Ivoire et la consommation interne. En termes de volumes, nous sommes aujourd'hui à trois cent mille boîtes, grâce à la croissance interne notamment. La création du ménage moyen ivoirien est une vraie réalité, ainsi que les gros projets d'infrastructures. La particularité d'Abidjan, ce sont des volumes forts à l'export (cacao, banane, cajou, mangue) qui passent par le port d'Abidjan.
M. Arnaud FLEURY - Ces volumes à l'import sur les containers sont-ils vraiment des gros volumes à l'échelle de l'Afrique ?
Mme Asta-Rossa CISSÉ - Il s'agit de gros volumes en effet. Le port d'Abidjan a été créé dans la ville il y a cinquante ans. Le terminal à containers est petit, d'où le projet de créer un deuxième terminal beaucoup plus grand, avec la notion de hub car il serait dédié au transbordement.
M. Arnaud FLEURY - Vous le disiez, comme toutes les villes africaines, le port d'Abidjan est congestionné. Quelles sont les initiatives mises en place pour améliorer la fluidité du passage portuaire dans les deux sens ?
Mme Asta-Rossa CISSÉ - Abidjan n'a qu'une seule voie d'entrée et qu'une seule voie de sortie. Aujourd'hui, toutes les initiatives que nous prenons consistent à fluidifier les flux à l'import et à l'export par le biais de la digitalisation. Il s'agit de mieux gérer les flux des camions, pour pouvoir gérer le flux des camions sur les routes et mieux appréhender le temps de transit des marchandises. Il s'agit de la seule solution pour améliorer la fluidité, tant sur la zone portuaire que sur les routes d'Abidjan.
M. Arnaud FLEURY - Les autorités pensent-elles que le port fait également partie de la ville durable ?
Mme Asta-Rossa CISSÉ - Tout à fait. Nous sommes en partenariat avec le ministère au sujet du guichet unique portuaire, et nous collaborons avec la douane pour faciliter ces opérations en ligne. Nous travaillons par ailleurs au e-paiement pour éviter aux personnes de se déplacer dans la zone portuaire. Les projets de dématérialisation et de digitalisation nous permettront de mieux gérer les flux qui entrent dans le port.
M. Arnaud FLEURY - Les camions attendent-ils en fonction de rendez-vous digitalisés également ?
Mme Asta-Rossa CISSÉ - Tout à fait, il s'agit de créer des zones-tampons pour pouvoir y mettre les camions et les appeler au moment opportun lorsqu'il faut charger ou décharger sur le port.
M. Arnaud FLEURY - Comment le port s'inscrit-il dans la tradition écologique de la ville durable ? Y a-t-il des actions sur lesquelles vous travaillez ? Une offre française que vous agrégez à vos solutions ?
Mme Asta-Rossa CISSÉ - Tout à fait, dès le départ, nous avons intégré les enjeux environnementaux à la création du terminal avec des équipements de manutention qui sont plus respectueux de l'environnement. Nous avons ainsi des tracteurs électriques et nous avons intégré le recyclage des déchets et des huiles afin de pouvoir rentrer dans une économie plus vertueuse.
J'ai entendu parler du schéma directeur à travers le ministre des transports et le ministre de la construction. S'il y a une bonne coopération entre tous ces ministères, les acteurs privés comme nous, sommes prêts à participer pour améliorer et mieux gérer les flux de transport.
M. Arnaud FLEURY - Isabelle MAUNOURY, vous êtes directrice des opérations de Suez Afrique et Proche-Orient. L'Afrique représente neuf cent millions d'euros dans le chiffre d'affaires de Suez. L'eau est essentielle et la Côte d'Ivoire a des résultats meilleurs que d'autres pays, mais toujours insuffisants dans l'eau. Disposez-vous d'un panorama sur la question de l'eau et de l'assainissement en Côte d'Ivoire ?
Mme Isabelle MAUNOURY, directrice des opérations de Suez Afrique et Proche-Orient - Nous sommes présents historiquement depuis plus de soixante-dix ans sur le périmètre africain, avec un historique de déploiement d'eau potable dans plus de 80 % de capitales africaines, et particulièrement en Côte d'Ivoire, où nous sommes arrivés à la fin des années 1950. La ville s'est construite avec ces équipements de production d'eau potable et le pays était plutôt en avance sur ce sujet. Il s'agit maintenant de distribuer l'eau partout de manière durable et écologique.
M. Arnaud FLEURY - Vous aviez gagné un contrat pour la fourniture et l'installation d'unités compactes modulaires de production d'eau potable à destination des villes secondaires, mais cela peut également être pour des quartiers de mégalopoles comme Abidjan ?
Mme Isabelle MAUNOURY - Tout à fait. L'un des secrets pour augmenter le développement de la ville durable est de segmenter son action et d'agir avec des unités décentralisées qui vont couvrir un périmètre chacune, puis les interconnecter et gérer la ville dans sa globalité. Une capitale comme Abidjan a gonflé avec le temps parce que les habitants des villes secondaires ou des villages s'y sont installés. Il est important d'outiller ces villes secondaires et ces villages pour que la population puisse trouver les conditions de vie convenables sans se sentir obligée de venir à Abidjan. La distribution d'eau potable requiert aujourd'hui de la digitalisation et de la technologie transversale pour comprendre comment interconnecter la ville. Quant à l'assainissement, cela nécessite des infrastructures très lourdes, mais la décentralisation permet d'équiper quartier après quartier pour avancer plus vite. Les trois derniers sujets que nous cherchons à toucher comprennent 1/ le traitement des déchets, avec une volonté de réduire notre empreinte carbone en apportant des financements, 2/ le traitement de l'air et 3/ l'hydraulique.
M. Arnaud FLEURY - Tout cela est-il applicable sur la Côte d'Ivoire aujourd'hui ?
Mme Isabelle MAUNOURY - Oui, car nous partons de l'écoute du client, nous essayons de nous positionner le plus en amont possible, au niveau des master plans, pour que la réponse soit globale et anticipée.
Nous sommes en train de monter des projets de financement notamment sur la partie Ouest d'Abidjan avec les nouveaux quartiers. Il existe des besoins tant pour l'industrie que pour les habitants, et nous nous positionnons sur ces sujets.
M. Arnaud FLEURY - Vous ne travaillez pas sur le déchet, mais il s'agit d'un sujet qui pourrait vous intéresser, que ce soit le déchet industriel, le déchet domestique, etc. Il n'existe pas de tri actuellement à Abidjan ?
Mme Isabelle MAUNOURY - Il existe un tri informel. La réussite de ce projet passe par l'écoute de toutes les parties prenantes, y compris les tiers et l'économie informelle. Au Maroc, sur la ville de Meknès, nous avons intégré à notre projet industriel les chiffonniers qui triaient les déchets, en les fédérant en coopérative, en les protégeant avec des équipements ad hoc, etc.
M. Arnaud FLEURY - Quelle est la suite pour Suez ? La Côte d'Ivoire constitue-t-elle un marché intéressant et prioritaire ?
Mme Isabelle MAUNOURY - Tout à fait, nous ouvrons aujourd'hui une filiale à Abidjan et nous sommes en train de recruter du personnel local, notamment des ingénieurs en traitement d'eau. La Côte d'Ivoire offre un dynamisme, un niveau de compétence et une croissance qui permettent d'y investir en toute confiance.
M. Arnaud FLEURY - Régis CHARPENTIER, vous êtes président de Win Win Afrique, une entreprise française active dans le domaine des infrastructures sociales, culturelles et sportives financées par les bailleurs de fonds. Vous avez monté un complexe socio-sportif que vous appelez une agora, sur la Koumassi qui est un quartier plutôt défavorisé d'Abidjan, et vous allez essayer de développer cela dans le pays. Racontez-nous ce projet : comment cela fonctionne-t-il et en quoi cela s'inscrit-il dans une logique de ville durable ? Vous ambitionnez d'avoir une dizaine d'agora, dont la moitié à Abidjan ?
M. Régis CHARPENTIER, président de Win Win Afrique - Nous développons le programme Agora pour le ministère de la promotion des sports en Côte d'Ivoire, avec pour commande d'offrir et de développer la pratique sportive auprès des Ivoiriens. Aujourd'hui, environ 7 % des Ivoiriens font régulièrement du sport. L'objectif du ministère est de mener une campagne pour développer la pratique pour 60 % des Ivoiriens. Il y a un énorme écart entre ces deux chiffres, qui passe forcément par le développement des infrastructures. Nous avons travaillé avec le ministère sur un programme original permettant de développer ces infrastructures et d'offrir aux Ivoiriens non seulement la pratique sportive, mais également un modèle qui allie des activités sociales, des activités sportives et des activités culturelles.
Le programme Agora comprend en lui-même quatre-vingt-onze sites sur toute la Côte d'Ivoire. Vous avez évoqué le premier site, qui a été construit et inauguré à Koumassi par les autorités ivoiriennes et françaises fin 2019. Il s'agit de trois hectares de terrains réaménagés où il est possible de pratiquer des sports de main, du football, etc. L'infrastructure est construite à partir de matériaux recyclés, en l'occurrence des containers, et accueille des espaces pour des organisations non-gouvernementales (ONG) et pour des organisations de la société civile qui viennent offrir des programmes à tous ces jeunes venant dans les agoras.
Les investisseurs se sont intéressés au programme non seulement parce qu'il permet de développer le sport et les activités culturelles et de construire un écosystème social dans les quartiers populaires, mais également parce qu'il s'agit d'un modèle de délégation de service public et que nous nous engageons à exploiter ces agoras à notre charge, sur un modèle privé, avec des sponsors, des privatisations qui permettent de rentabiliser ces infrastructures et ne pas faire supporter la charge de son exploitation au ministère.
Nous avons inventé ce modèle en commun avec nos amis ivoiriens et nous en sommes aujourd'hui au stade de la conception et de l'exploitation. Nous avons développé la première agora à Koumassi et nous sommes en train de construire les dix suivantes grâce à un prêt concessionnel du Trésor français. Trente agoras sont en discussions sur les fonds du C2D. Ce programme sera mis à l'honneur pendant le sommet Afrique-France afin que nous puissions valoriser ce type de modèle innovant.
M. Arnaud FLEURY - Nous allons parler du développement de la filière sport. La Coupe d'Afrique des Nations (CAN) aura lieu en Côte d'Ivoire en 2023 et nous savons qu'il y a tout un programme de construction et de rénovation des stades - avec déjà de nombreuses entreprises chinoises - où la France peut apporter une réelle valeur ajoutée en organisation de grands évènements, en billetterie, en marketing, etc. Avons-nous conscience du potentiel de la Côte d'Ivoire en business sportif ?
M. Régis CHARPENTIER - Il existe un énorme potentiel. Je suis un Ivoirien car mes amis du ministère des sports et du ministère des PME m'ont confié la tâche de développer cette filière économique. Comme le disait Pedro NOVO, il n'y a pas de développement pour une entreprise française si elle ne travaille pas au développement avec les entreprises ivoiriennes. Nous voulons développer cette filière ivoirienne à partir de tous ces grands évènements qui vont être accueillis comme la CAN. Il faudra utiliser l'expertise française en co-développement avec des entreprises ivoiriennes. Si des entreprises françaises veulent se développer dans ce très beau pays, elles doivent travailler avec des entreprises ivoiriennes. Pour la CAN par exemple, beaucoup d'expertises seront nécessaires ; de nombreuses entreprises ivoiriennes seraient capables de le faire et peuvent travailler avec des entreprises françaises qui savent le faire. Nous encourageons le développement de cette filiale.
M. Arnaud FLEURY - Il faut aujourd'hui des programmes d'impact et nous pensons, dans le domaine de la ville durable, à des enjeux tels que l'alphabétisation, le dépistage sanitaire, etc. On peut penser que l'offre française peut s'inscrire dans cette demande.
M. Régis CHARPENTIER - Oui, et c'est d'ailleurs ce que nous encourageons sur notre créneau. Il n'est pas possible de réfléchir à la construction d'une infrastructure si on ne réfléchit pas à son impact social ou à son impact économique. Ces programmes en conception/réalisation/exploitation ont par conséquent un sens. À travers le monde, de nombreuses infrastructures de grands évènements ont été construites puis laissées à l'abandon (Athènes, Rio de Janeiro, etc.). L'enjeu est de développer des infrastructures qui laissent des programmes à fort impact. L'offre française et tout ce qui est fait au sein du « club Abidjan ville durable » poussent à ce que les entreprises qui construisent s'inscrivent dans la durée pour apporter un impact social à ces infrastructures. Nos agoras permettent de venir faire du sport, mais aussi de passer du temps dans un maquis, de laisser les enfants dans un espace dédié pendant qu'on fait du sport, d'accéder à des programmes culturels comme des concerts, etc. Il s'agit de lieux de cohésion sociale.
PANEL N°5
« INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT D'UNE ÉCONOMIE NUMÉRIQUE »
Table ronde animée par M. Arnaud FLEURY, journaliste économique
Ont participé à cette table ronde :
M. Roger-Félix ADOM, ministre de l'économie numérique, des télécommunications et de l'innovation
M. Patrick KOUASSI, French Tech Abidjan et président de Smile Côte d'Ivoire
M. Yaya SYLLA, président de SAH Analytics International
M. Ruben HALLALI, co-fondateur et président de HD-Rain
M. Lionel BARABAN, co-fondateur et président de FAMOCO
M. Jeoffrey WOODS, French Tech Abidjan, co-fondateur d'Altea et fondateur d'Intersat
M. Arnaud FLEURY - Monsieur le ministre, vous êtes issu du secteur privé, vous avez travaillé chez Vivendi et Orange et vous connaissez très bien les enjeux des télécoms. Il s'agit aujourd'hui de l'un des enjeux majeurs du développement pour les économies africaines. Il y a 25 % de classe moyenne en Côte d'Ivoire et le mobile banking est très important, de même que les taux d'équipement en téléphonie mobile. Nous avons l'impression que le numérique passe par le téléphone, mais pas seulement en réalité. Donnez-nous quelques chiffres : peut-on imaginer ce que représente le secteur du numérique aujourd'hui dans le PIB, en termes d'emploi, et notamment les télécoms ?
M. Roger-Félix ADOM, ministre de l'économie numérique, des télécommunications et de l'innovation - Merci pour votre initiative et de m'y avoir associé. L'économie numérique représente aujourd'hui 11 % du PIB ivoirien et environ quatre mille emplois en direct, dont 80 % par le biais des opérateurs en téléphonie (mobile, fixe et internet), et plus de quatre cent mille emplois indirects. En termes de taux d'équipement, nous avons vingt-trois millions de personnes connectées sur une population totale de vingt-six millions d'habitants. Dans les années 2000, il y a eu un grand boom du digital et de la téléphonie mobile, et aujourd'hui, nous avons de nouveaux usages vers l'accès à Internet. L'internet mobile s'est beaucoup développé, et nous devons aujourd'hui développer l'internet fixe. Ce secteur dynamique se tasse un peu car nous sommes passés d'une économie de luxe à une économie courante, et la concurrence par les prix fait rage. Au-delà de la téléphonie mobile, nous devons nous orienter vers une économie digitale.
M. Arnaud FLEURY - Y a-t-il une économie digitale justement qui se met en place, avec le e-commerce, le divertissement, l'e-santé, etc. ? De nouveaux usages et de nouveaux secteurs économiques se créent-ils comme on commence à le voir ailleurs en Afrique ?
M. Roger-Félix ADOM - Le premier secteur créé est celui de la mobile money il y a treize ou quatorze ans. Au niveau du contenu en revanche, c'est encore lent. Le peuple ivoirien est très imaginatif et innovant et nous souhaiterions pouvoir faire émerger des Ivoiriens champions dans ce domaine.
M. Arnaud FLEURY - Quelles sont les tendances actuelles en termes d'innovation, d'entreprenariat, de profil de start-up, etc. ?
M. Roger-Félix ADOM - Aujourd'hui, les Ivoiriens se lancent dans l'entreprenariat. Nous voyons que dès que les jeunes finissent leurs études, ils cherchent à développer des projets. La grande difficulté a trait à la taille critique des entreprises et à l'accès à certains marchés. Il n'existe pas encore de réelle politique industrielle de regroupement d'entreprises.
M. Arnaud FLEURY - Patrick KOUASSI, vous êtes le président de Smile, entreprise de développement de logiciels vers les opérateurs de télécoms. Parlez-nous un peu de votre vision de la tech en Côte d'Ivoire ?
M. Patrick KOUASSI, French Tech Abidjan et président de Smile Côte d'Ivoire - Smile est une entreprise que j'ai créée il y a huit ans et qui s'est spécialisée dans la digitalisation. Nous développons des logiciels, nous faisons de la big data, de l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, environ cent-vingt Ivoiriens travaillent sur des sujets de pointe qui se vendent à l'international grâce entre autres au soutien du ministre ici présent.
M. Arnaud FLEURY - Vous vous positionnez sur du haut de gamme et vous êtes quasiment au même prix qu'Accenture parce que vous estimez que vous apportez une valeur ajoutée.
M. Patrick KOUASSI - Nous n'avons pas voulu faire des services bon marché, j'ai souhaité valoriser un peu plus la compétence de mes concitoyens. Il a été question à un moment d'africanisation des postes de direction. J'ai connu des maîtres de stage extrêmement brillants mais dont le talent n'a pas été valorisé car il n'existait pas d'entreprises capables de porter l'excellence locale à un certain niveau.
M. Arnaud FLEURY - Aujourd'hui c'est possible, il existe un marché qui est prêt à payer.
M. Patrick KOUASSI - Nous profitons du contexte actuel de pénurie de compétences de pointe sur certains sujets. Par exemple sur la big data, il y a une carence totale de compétences mondiales. Nous avons réussi aussi bien à nous positionner sur le marché local qu'à nous projeter à l'international.
M. Arnaud FLEURY - Il y a assez peu de start-ups ivoiriennes et assez peu de levée de fonds. Comment faire en sorte qu'il y ait plus de fléchage vers la Côte d'Ivoire dont tout le monde connaît le potentiel, surtout sur l'Afrique francophone ?
M. Patrick KOUASSI - J'avais une discussion avec un ami sénégalais travaillant dans un fonds et qui partageait ma frustration. Il disait qu'au Sénégal, la volonté politique existe ainsi que l'ambition privée, mais pas le marché, alors qu'en Côte d'Ivoire, le marché existe mais il semble que la volonté n'existe pas. Or ce n'est pas que nous n'avons pas la volonté. En réalité, nous avons été éduqués à l'employabilité. L'entreprenariat est nouveau dans la mentalité de l'Ivoirien. Le problème de fond a trait à la capacité des entreprises ivoiriennes à investir elles-mêmes dans leur écosystème. Aujourd'hui, nous parvenons à créer une relation avec la France pour amener les capitaux et compenser ce manque de dynamisme, mais il faudrait trouver des moyens pour inciter les grands acteurs privés locaux à développer les écosystèmes.
M. Arnaud FLEURY - Monsieur le ministre, nous avons l'impression qu'il existe quand même une stratégie et que des incubateurs se sont mis en place. Êtes-vous conscient de la nécessité de flécher les investissements vers des nouveaux usages afin de créer un cercle vertueux ?
M. Roger-Félix ADOM - Tout à fait. La Côte d'Ivoire est un pays qui accepte l'entreprenariat libre et n'empêche personne d'entreprendre. Maintenant, il faut avoir des idées qui conviennent. Si les Ivoiriens ont des idées novatrices pour intéresser le marché, j'y crois.
M. Arnaud FLEURY - Je me tourne vers Yaya SYLLA, président de SAH Analytics International. Vous êtes présenté comme une entreprise de référence dans l'analytique et l'analyse de données. Vous avez créé plusieurs dizaines d'emplois, c'est une réussite.
M. Yaya SYLLA, président de SAH Analytics International - Effectivement, après une expérience passée en France et un peu partout dans le monde, je suis rentré en Côte d'Ivoire en 2019 pour créer SAH Analytics International. Je suis par ailleurs universitaire, j'enseigne à l'université technologique de Compiègne (UTC). Dans ce cadre, j'ai créé mon entreprise pour accompagner la Côte d'Ivoire dans son processus de digitalisation et dans la formation des élites autour de l'intelligence artificielle.
M. Arnaud FLEURY - Le marché de l'analyse de données en Côte d'Ivoire aujourd'hui vous achète des prestations en la matière ?
M. Yaya SYLLA - Absolument, avec la digitalisation, l'analytique a été nécessaire. Mes clients sont Orange, la société ivoirienne de raffinerie, l'État de Côte d'Ivoire et le régulateur de télécommunication, le ministère de la santé, etc.
M. Arnaud FLEURY - Vous avez des data scientists et des chefs de projet en Côte d'Ivoire. Mais vous m'aviez dit que vous montiez un centre de recherche et développement en France. Pourquoi pas en Côte d'Ivoire ?
M. Yaya SYLLA - J'ai un centre au Pakistan pour la partie offshore et depuis peu, je suis aidé par BPI France et Business France pour pouvoir mettre en place un centre de recherche et développement en France. En effet, je suis très proche de l'UTC et j'ai des étudiants français qui ont créé leur entreprise en France et que j'utilise pour pouvoir former des collègues en Côte d'Ivoire.
M. Arnaud FLEURY - Ce centre ne pourrait pas être implanté en Côte d'Ivoire ?
M. Yaya SYLLA - Si, mais SAH Analytics vient également en France pour partager son savoir-faire de la digitalisation et enseigner à utiliser les algorithmes mathématiques pour répondre à des problématiques métier à très forte valeur ajoutée.
M. Arnaud FLEURY - Ruben HALLALI, vous êtes le cofondateur de HD-Rain, une entreprise française. Vous avez décidé de prospecter le marché ivoirien et de monter une structure sur place.
M. Ruben HALLALI, co-fondateur et président de HD-Rain - Tout à fait. HD-Rain compte actuellement dix personnes. Nous avons réalisé une levée de fonds avec un acteur très présent en Côte d'Ivoire dans le secteur du cacao et nous avons également bénéficié de tous les outils que la France avait à nous proposer. Nous avons bénéficié du Fonds d'études et d'aide au secteur privé (FASEP), qui nous a permis de lancer un projet à Abidjan en partenariat avec Météo France International pour le bénéfice de la Sodexam (équivalent de Météo France et de la direction générale de l'Aviation civile - DGAC - en Côte d'Ivoire). Nous avons cent quarante capteurs météo qui renforcent la prévision pour le risque d'inondation en ville, pour les plantations sur l'Ouest du pays, etc. Nous allons utiliser une assurance-prospection, nous avons fait une mission avec Business France pour explorer le marché ivoirien. Nous bénéficions d'une vraie traction, liée au fait que la digitalisation comprend beaucoup d'actions sur le marché ivoirien, avec la présence d'un écosystème qui est en train de se construire.
M. Arnaud FLEURY - Il existe de nombreux autres pays africains pour lesquels les besoins en digitalisation sont avancés. La Côte d'Ivoire vous semblait proposer cet écosystème vous permettant d'installer vos capteurs, de réaliser la maintenance, de commercialiser des solutions ?
M. Ruben HALLALI - Cela s'est fait grâce à deux belles opportunités. Nous avons rencontré l'acteur ivoirien Lifi-Led, qui installe nos capteurs en Côte d'Ivoire, et le représentant officiel de l'organisation mondiale de la météorologie pour la région Afrique, Monsieur KONATE, qui est ivoirien et travaille pour la Sodexam.
M. Arnaud FLEURY - Vous facturez en Côte d'Ivoire ?
M. Ruben HALLALI - Pour le moment, nous avons facturé Météo France international qui nous aide à nous exporter à l'international et nous facturons Touton, mais le but est également de vendre cette donnée météo de haute qualité. Ce qui rend cette technologie attrayante pour le pays, c'est que nous connectons ces capteurs derrière les paraboles chez des particuliers. Quand nous installons un capteur météo, nous avons l'antenne, le capteur météo, le décodeur, la télévision chez une personne qui se sent impliquée et qui se dit que cette digitalisation peut aussi se faire à son domicile et que cela peut aider au niveau économique.
M. Arnaud FLEURY - Lionel BARABAN, vous êtes le co-fondateur et président de FAMOCO, une entreprise qui commercialise des solutions de terminaux mobiles professionnels sécurisés sur Androïd. Cela permet de déployer des applications métiers, de faire de la transaction, etc. Vous vendez déjà des centaines de milliers de ces terminaux en Afrique, avec une présence en Côte d'Ivoire où vous avez des fonctions support. Avant de parler de votre stratégie, que vous inspire ce qui se passe actuellement en Côte d'Ivoire ?
M. Lionel BARABAN, co-fondateur et président de FAMOCO - Ce que cela m'inspire, c'est que nous nous connaissons tous, nous travaillons tous ensemble. Cet écosystème est vivant et existe, et en Afrique, 97 % des accès Internet se font à partir d'un téléphone mobile. Nous entendons que l'Afrique est en retard et qu'il faut aller plus vite mais en réalité, ce n'est pas vrai. L'Afrique est en avance au contraire, car elle passe directement à la mobilité pour ses transactions, et pas par l'ordinateur. Le ministre parle de digitalisation des transactions et d'identité numérique, la convergence entre l'identité et le paiement est en avance en Afrique alors que l'on commence à peine à le voir en France.
M. Arnaud FLEURY - Quelle est votre stratégie en Côte d'Ivoire ? Que vendez-vous et à qui ?
M. Lionel BARABAN - FAMOCO fabrique des terminaux mobiles permettant la sécurisation de la transaction et de la donnée afin qu'elle reste la propriété du peuple ivoirien. Nos clients sont soit des États pour construire des solutions de digitalisation, les Nations Unies pour les coupons alimentaires, ou Orange ou des banques qui font du digital banking, ou des polices qui équipent leurs policiers avec un appareil mobile sécurisé pour mettre des amendes, contrôler une identité, etc., ou encore dans l'agriculture pour que l'État connaisse ses agriculteurs.
FAMOCO fait plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 60 % en Afrique, et la Côte d'Ivoire est l'un des pays les plus importants de la zone.
Nous sommes un acteur d'infrastructures. Nous développons une infrastructure mobile pour que viennent s'y connecter des solutions métier de caisse, de collection de taxes, de gestion de l'agriculture, des policiers, de la loterie nationale, etc. Les applications métiers sont toujours développées localement. Si nous connaissons et si nous travaillons avec tous les partenaires autour de cette table, c'est parce que sur différents projets, l'infrastructure que nous développons permet à leurs applications et à leurs savoirs-faire de se déployer sur notre infrastructure.
M. Arnaud FLEURY - Patrick KOUASSI, est-ce que le développement de logiciels offshore depuis la Côte d'Ivoire en sous-traitance, externalisé, est envisageable et présente un réel avantage comparatif ?
M. Patrick KOUASSI - Oui, c'est possible, et c'est mon plus grand souhait que nous devenions une plateforme reconnue de production de logiciels. Il faut cependant un contexte qui nous permette de le faire. Il faut notamment adapter le système éducatif pour le mettre à jour dans la production d'ingénieurs logiciels par rapport à tout ce qui se fait aujourd'hui. Aujourd'hui, de nombreuses entreprises françaises ont fait de l'offshore en Inde, au Bangladesh, et en Europe de l'Est. Les partenariats que nous avons conclus avec des entreprises françaises ont été possibles car en Côte d'Ivoire, nous sommes des Français avec un drapeau différent. Plus de la moitié d'entre nous avons fait des études dans les mêmes écoles que vous et nous parlons la même langue.
M. Arnaud FLEURY - Jeoffrey WOODS, vous faites de la gestion de parc informatique et vous faites de la fourniture d'accès Internet en zone blanche en haut débit via les satellites. Vous êtes intéressés par la Côte d'Ivoire ; qu'y faites-vous et que pensez-vous de la scène numérique ivoirienne ?
M. Jeoffrey WOODS, French Tech Abidjan, co-fondateur d'Altea et fondateur d'Intersat - La société Altea propose des solutions clé en main dans les hôpitaux, les hôtels, les universités. Intersat propose une connexion Internet par satellite avec le téléphone satellitaire. Aujourd'hui, je suis venu plutôt avec ma casquette de représentant de la French Tech Abidjan. Désormais, grâce à la technologie, tous les secteurs d'activités, même les plus traditionnels, seront impactés . En Côte d'Ivoire, nous avons la chance d'avoir une French Tech qui travaille déjà avec de grandes sociétés établies de la place comme Orange et FAMOCO, qui participent à divers types de projets : des projets intégrés financés par BPI, des projets dans le domaine de la santé avec des entreprises ivoiriennes, etc. L'un d'entre eux consiste en trois mille points relais de la Poste dont la gestion sera assurée par des femmes souhaitant se lancer dans l'entrepreneuriat et par des personnes handicapées.
M. Arnaud FLEURY - Un entrepreneur français peut-il tenter sa chance en Côte d'Ivoire ? Y en a-t-il beaucoup ?
M. Jeoffrey WOODS - Le train est déjà sorti de la gare, il faut attraper le wagon maintenant. Il y a énormément d'opportunités mais une seule condition pour réussir : il faut persévérer. Une coopération se met en place avec la French Tech Abidjan et le ministère de Monsieur ADOM. Nous aurons bientôt des propositions concrètes pour la création d'un fonds qui va aider les Ivoiriens et les Français à travailler ensemble en vue de concrétiser des projets à valeur ajoutée plus rapidement, pour le bénéfice de la Côte d'Ivoire.
M. Arnaud FLEURY - Les intervenants ont tous dit que les infrastructures digitales et la donnée coûtaient cher. Monsieur le ministre, avez-vous conscience de ce problème ?
M. Roger-Félix ADOM - L'économie étant libre, il n'est pas possible de règlementer les tarifs. Cependant, il n'existe pas de raison aujourd'hui pour que cela soit cher car nous sommes l'un des rares pays à avoir quatre accès aux câbles sous-marins.
M. Arnaud FLEURY - Quelles sont les tendances ? La stratégie actuelle du gouvernement avec le e-gouvernement, la numérisation ? Nous avons l'impression que le chantier est énorme et que l'offre française peut y répondre.
M. Roger-Félix ADOM - Le secteur privé est très dynamique dans le digital. La stratégie numérique se fait en sept points principaux. Le premier consiste à réussir à mettre des infrastructures numériques sur tout le territoire. Il faudra ensuite développer des services numériques avec le e-gouvernement, la e-santé. Il s'agit ensuite de parvenir à créer un climat de confiance. Il faudra aussi avoir des compétences et donc former les personnes. Ensuite, il faut assurer la cybersécurité. Enfin, nous devons structurer l'innovation.
M. Arnaud FLEURY - Monsieur SYLLA, proposez-vous déjà des solutions pour le chantier de digitalisation de l'administration ?
M. Yaya SYLLA - Oui, surtout au niveau de la cybersécurité. La formation est indispensable dans ce domaine, raison pour laquelle SAH Analytics s'associe avec l'École nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée et certaines écoles ivoiriennes d'ingénieurs pour former les jeunes ivoiriens et les intégrer dans des projets visant à apporter des solutions de sécurisation des systèmes.
M. Arnaud FLEURY - Lionel BARABAN, une offre française se positionne sur la e-santé ?
M. Lionel BARABAN - La technologie française est une technologie plus responsable en termes de protection des données et excellente en termes de sécurité. La spécificité de la technologie française est tout à fait en lien avec les besoins de l'Afrique aujourd'hui. En Côte d'Ivoire et dans toute la sous-région, il y a besoin d'organiser les procédures de santé, la e-santé, à savoir l'accès à un dossier de santé partagé. Une offre française seule ne réussirait ni en Côte d'Ivoire, ni dans la sous-région.
De la salle - J'ai une PME française qui est leader dans les systèmes en sas pour faire le métier de l'assurance-crédit et celui des exports-crédits d'agencies. Nos clients sont donc des États qui se rendent compte que les assureurs-crédits n'apportent pas toujours les garanties indispensables que les banques demandent pour accorder des crédits, et qui créent donc leur propre assurance-crédit. Il y a deux ans, nous avons travaillé sur un dossier avec un ministre ivoirien mais cela n'a pas abouti.
De la salle - Je suis avocate, la question de l'inclusion financière fait-elle partie de votre agenda, Monsieur le ministre ?
M. Roger-Félix ADOM - L'inclusion financière est très importante car ce qui nous intéresse n'est pas la technologie mais son utilisation.