TABLE RONDE 1 : LA TUNISIE, UNE PERLE EN MÉDITERRANÉE

Table ronde animée par M. Jean-Pierre SUEUR,
Président du groupe interparlementaire d'amitié France-Tunisie du Sénat

Ont participé à cette table ronde :

M. Jürgen BACHMANN, Secrétaire général du Syndicat des entreprises du tour operating (SETO)

Mme Charlotte DUMESNIL, Directrice commerciale de Transavia

M. Richard SOUBIELLE, Vice-président du Syndicat national des agences de voyages

M. René TRABELSI, Président de Royal First Travel

M. Ghazi GHERAIRI, Ambassadeur délégué permanent de la Tunisie auprès de l'UNESCO

M. Jean-Pierre SUEUR - Nous allons à présent ouvrir la première table ronde, « La Tunisie, une perle en Méditerranée ». Monsieur Bachmann, quelle est votre réaction par rapport à ce que vous avez entendu ? Où en est votre activité ? Quels sont vos projets et comment voyez-vous la coopération touristique entre la Tunisie et la France ?

M. Jürgen BACHMANN - Merci de me donner l'occasion de répéter que le tourisme en Tunisie est un élément essentiel et incontournable de l'activité des tour operators en France.

Les voyagistes qui organisent les déplacements des Français et ressortissants d'autres pays sont regroupés au sein du SETO. On essaye de développer chez nos clients le goût du voyage en véhiculant certaines valeurs.

Pour pouvoir se déplacer, trois éléments sont nécessaires : il faut le vouloir, le pouvoir et disposer du savoir.

Vouloir voyager, c'est désirer se rendre dans un endroit dont on imagine la beauté. L'image est donc l'élément déclencheur de cette envie.

Par ailleurs, pour pouvoir voyager, il faut avoir de l'argent et disposer d'un accès géographique proche de chez soi.

Enfin, une fois sur place, il faut savourer l'expérience que l'on vit, apprécier ce que l'on découvre, apprendre de nouvelles choses. On voyage pour se détendre, mais on en tire aussi des expériences.

C'est un concept très basique, mais il y a tout ce qu'il faut pour cela en Tunisie en termes d'image et d'intérêt. Il existe des valeurs fortes depuis des décennies dans les têtes et dans les coeurs.

Aller en Tunisie est facile. On a la chance de bénéficier d'un dispositif aérien conséquent - Transavia, Tunisair, Nouvelair Tunisie, etc. - qui permet de s'y rendre de Paris ou de province chaque jour, week-end compris. Les tarifs sont accessibles.

Enfin, je pense que les Français sont à même de savourer la lumière, les mets, et la culture tunisienne.

Je ne peux que confirmer ce que disait Madame la ministre : les choses vont nettement mieux pour les tour operators français. Certes, on est loin du niveau d'activité que l'on aurait besoin de rétablir, mais on sent poindre une tendance positive, et cela me réjouit profondément.

Que font les tour operators pour revenir à la situation d'avant ?

Tout d'abord, nous veillons que les clients vivent les expériences qu'ils sont venus chercher, comme à Zarzis. Grâce à la langue, je n'ai aucun souci quant à l'accueil que les Tunisiens réservent à la clientèle française.

On sait qu'on trouve en Tunisie les produits que les clients français qui voyagent sur les moyens courriers apprécient beaucoup, comme les clubs de vacances, etc. On a dans la salle quelques spécialistes dans ce domaine.

On sait aussi que les niveaux tarifaires doivent rester accessibles - et ils le sont.

Nos partenaires hôteliers ont compris que la Tunisie offrait la capacité nécessaire à l'accueil du tourisme. Cette capacité se retrouve ailleurs dans le bassin méditerranéen, mais certaines autres destinations, comme l'Espagne, le Portugal, etc., souffrent d'une pénurie de places en très haute saison. Tout le monde ne peut donc trouver chaussure à son pied.

La Tunisie, qui dispose d'une offre bien calée et d'une image bien ancrée dans la culture française, va donc pouvoir exercer son attraction en haute saison.

Une chose est sûre : la qualité est nécessaire. Il ne faut en aucun cas que le client rentre déçu. On discute beaucoup de ce sujet avec les hôteliers partenaires, qui en sont parfaitement conscients et qui y travaillent. On a bon espoir que cela se passe bien cette année. Il le faut.

Doit-on parler de sécurité ? Je ne le souhaite pas. Selon moi, c'est un prérequis pour tout le monde, pour les Américains comme pour les Japonais qui viennent à Paris, pour les élèves français qui se trouvaient hier à Londres, ou pour les Britanniques qui ont séjourné un temps en Tunisie.

Malheureusement, le monde est ainsi fait : la sécurité totale n'existe nulle part, pas plus à Paris qu'à Londres ou en Tunisie.

Tous les professionnels ont cependant l'obligation de rétablir les standards, mettre en place les processus et former les gens à les respecter afin que la sécurité soit balisée - et nous travaillons dur pour y parvenir.

On ne parle pas de sécurité, on l'assure. On en a eu de très beaux exemples lors de la grand-messe de l'ITB, le salon international du tourisme qui a dernièrement eu lieu à Berlin 5 ( * ) . La présentation par la Tunisie des mesures de sécurité mises en place depuis plus de dix-huit mois a été très appréciée. C'est un travail de longue haleine.

Il faut également faire en sorte que tous les professionnels veillent à trouver les bons leviers au bon moment en matière d'offres. C'est une question de timing . Cela va de ce que font les agences de voyages, qui offrent une réservation longtemps à l'avance, à des achats plus impulsifs sur Internet, en passant par les achats des comités d'entreprise. Il faut être capable de maîtriser ces canaux en répondant aux besoins de remplissage de nos partenaires tunisiens.

Il faut également prendre soin de la communication, cela va de soi. On vient de visionner une vidéo. Il convient de communiquer sur la Tunisie de façon moderne, en utilisant les moyens actuels. Il existe des messages différents, suivant les images auxquelles on fait appel.

Il faut par ailleurs s'adresser aux clients, mais également à nos partenaires tunisiens. Depuis quatre à cinq ans, la Tunisie était moins présente dans l'esprit des vendeurs. Il faut faire en sorte qu'elle redevienne la première proposition des agences de voyages. Il faut donc organiser une communication « B2B » auprès des professionnels.

Ce sont quelques mesures concrètes sur lesquelles on travaille avec les opérateurs, les partenaires de la distribution, mais aussi sur place. Si on agit sur tous les leviers, je pense qu'on est bien parti pour 2017.

Reste l'enjeu stratégique. Comment faire en sorte que la Tunisie se repositionne ? C'est Richard Trabelsi qui traitera de ce sujet.

M. Jean-Pierre SUEUR - La parole est à Mme Dumesnil, qui a signé l'appel. « Cet été, je vais en Tunisie » 6 ( * ) .

Mme Charlotte DUMESNIL - Merci pour votre invitation. C'est un honneur pour Transavia de participer à cette table ronde. La Tunisie est un partenaire très fidèle de Transavia depuis sa création. Nous fêtons cette année nos dix ans d'existence. Depuis, nous n'avons jamais cessé de desservir la Tunisie.

Même pendant les périodes plus creuses de crise que nous avons évoquées précédemment, il était essentiel pour nous de continuer à maintenir le lien entre la France et la Tunisie.

Quelques mots à propos de 2016 pour valider et reprendre ce qui a été dit auparavant. Nous avons opéré 3 200 vols entre la France et la Tunisie l'an dernier, avec un taux de remplissage d'environ 87 %, ce qui constitue un chiffre très honorable. On a ainsi constaté une reprise de l'activité et des voyages entre la France et la Tunisie.

En 2016, nous avons conservé une offre stable. Nous opérons sur six routes entre la France et la Tunisie. Au départ de Paris, nous desservons Djerba, Tunis, Monastir. Nous avons également des vols au départ de Lyon vers Tunis et Monastir, ainsi qu'une route au départ de Nantes qui dessert Monastir.

Nous maintiendrons bien évidemment ces six routes en 2017, avec une offre stable. Notre stratégie concernant la Tunisie pour cette année consiste à renforcer l'offre durant les périodes de forte activité due aux vacances scolaires, à ajuster les périodes plus creuses et à faire un effort sur les prix. Il est en effet essentiel, comme le disait Jürgen Bachmann, de rétablir l'attractivité de la Tunisie. Le prix est un élément déterminant dans le choix des voyageurs. C'est la raison pour laquelle nous avons réalisé cet effort, afin de participer au rebond.

D'après les ventes des premiers mois de 2017, qui préparent la période printemps-été, les résultats sont très encourageants. Nous avons d'ores et déjà constaté une hausse du remplissage des avions pour la période d'avril à août. Je pense que de meilleurs résultats sont à attendre, puisque nous constatons que les réservations se font relativement tardivement, en principe par le canal d'Internet. On s'attend donc à des résultats encore meilleurs sur la Tunisie.

On constate également un retour des demandes de réservations de groupes de la part des agences de voyages. L'an dernier, nous n'avions pas reçu de demande de groupes pour la Tunisie. Or, celles-ci redémarrent en 2017.

La reprise est donc là chez les organisateurs de voyage en groupe, les agences de voyages, et chez certains tour operators , qui se repositionnent. Les performances et les résultats sont très encourageants.

Nous communiquons également énormément avec les agences de voyages et les tour operators partenaires pour redonner de la visibilité à la Tunisie qui, il y a encore quelques mois, faisait partie du top trois de nos propositions. Notre volonté est de lui redonner cette place.

Je suis totalement d'accord avec l'idée qu'il est essentiel de communiquer à nouveau à propos de la Tunisie. La vidéo qui a été diffusée est parfaite. Je serai ravie de pouvoir la reprendre dans nos médias, ainsi que sur notre site. Elle est en effet symbolique de la Tunisie, dynamique, et propose une ouverture sur le patrimoine de ce pays. Ceci permet de présenter la Tunisie sous un autre angle. Il est important que les partenaires du tourisme - institutionnels, associations - travaillent ensemble, communiquent et fassent en sorte que les Français se tournent à nouveau vers la Tunisie.

La communication entre nous doit permettre d'accélérer le rebond que l'on constate dans les résultats pour 2017.

M. Jean-Pierre SUEUR - Merci de nous avoir présenté une vision des choses très encourageante.

La parole est à M. Soubielle.

M. Richard SOUBIELLE - Je voudrais essayer d'apporter une vision des choses plus globale. Nous nous réjouissons en effet déjà d'enregistrer, sur l'ensemble des outils de mesure du marché, une progression d'environ 30 % de plus chaque mois depuis novembre, qui a déjà été signalée.

Je suis désolé si j'empiète sur les propos qui vont être tenus par mon ami René Trabelsi, mais je voulais vous apporter ma vision de professionnel du tourisme et de vieil ami de la Tunisie, pays m'a tant apporté dans ma vie de tour operator .

Je commencerai par deux vers du grand poète tunisien Kacem Chebbi, que l'on retrouve dans l'hymne national de la Tunisie : « Lorsqu'un jour le peuple veut vivre, force est pour le destin de répondre » . C'est ce que l'on constate aujourd'hui, et l'on peut s'en féliciter !

Cette volonté de continuer prend ses sources dans l'indéfectible amitié qui existe entre nos peuples. Bien sûr, le politique a fait son travail, l'histoire aussi mais, avant tout, ce sont des centaines de milliers de nos concitoyens, des deux côtés, qui se sont rencontrés, qui se sont parlé, qui se sont découverts et qui se sont appréciés.

Aujourd'hui, on ressent un frémissement, un bouillonnement. À présent, il faut conclure. Comme on dit chez nous : Yallah !

Il faut être pragmatique en la matière. Je tiens à souligner l'excellent travail qui a été conduit en sous-main, pendant cette période difficile où nous étions meurtris, par nos amis de la Fédération tunisienne des agences de voyages et la Fédération tunisienne de l'hôtellerie.

Le dialogue entre professionnels n'a jamais été rompu. Il a même été amplifié, et la qualité était au rendez-vous. Nous avons même signé des protocoles qui lient en particulier la France et la Tunisie de façon définitive s'agissant des problématiques du tourisme.

Il existe trois prérequis en matière touristique. Le premier, comme l'a dit Jürgen Bachmann, est celui de la sécurité. Elle est en train de se mettre en place. On souhaite simplement un peu plus de fluidité aux arrivées. Tout comme en France, on peste quand on arrive et quand la queue est interminable, ou quand on n'a pas le nombre de personnes suffisant à l'accueil. Le tourisme est une chaîne, qui commence par les contrôles à l'arrivée. Dehors, l'autocar du tour operator attend. L'hôtelier est un peu nerveux, ne sachant pas si ses clients vont arriver à la bonne heure, et le chef de cuisine se demande si le repas va pouvoir être servi au bon moment, etc. Il faut donc prendre en compte à la fois la fluidité, la facilité et les résultats.

L'environnement constitue le deuxième prérequis. J'encourage à ce que l'on aille au-delà des zones touristiques et qu'on ne crée pas de rupture. Je relève qu'au cours des derniers mois, on a enfin convenablement nettoyé les abords des hôtels. Mais qu'en est-il de la campagne ? Je connais la Tunisie depuis 40 ans. J'ai vu la dégradation qui s'est produite au cours des dix dernières années. Il faut se reprendre. Aujourd'hui, l'Européen - même si Paris n'est pas un bon exemple, je le concède - a besoin d'un environnement propre et soigné.

Le troisième pilier est celui du service. On a eu suffisamment de temps pour se reposer. Maintenant que tout le monde revient, il faut travailler. Je ne parle pas de jeter l'opprobre sur une catégorie : à bon chat, bon rat ! Ce sont d'abord les professionnels et les propriétaires des hôtels qui sont concernés. C'est à eux de mettre le service en perspective. Il faut que les touristes qui ont eu le courage de rouvrir la voie en Tunisie rentrent chez eux « avec la banane », comme on dit dans le milieu du tourisme, heureux d'avoir passé quelques jours, déçus de ne pas être restés plus longtemps et impatients de revenir.

Tout ceci va se mettre en route rapidement, et l'on va connaître le succès, mais voyons un peu plus loin.

Deux ou trois autres points sont importants et, en premier lieu, l'arrivée du low cost , de l' open sky et de la densification de la desserte aérienne par les compagnies usant de nouvelles méthodes. Il faut s'y préparer. Je ne porte pas ici de jugement : on s'adapte au monde moderne, et on essaye de faire du mieux que l'on peut.

En tant que professionnel du tourisme, je sais que cela va changer considérablement les rythmes. Il ne s'agit plus, comme on l'a connu durant des décennies, de séjours de sept nuits avec des touristes qui se succèdent en provenance des Pays-Bas, d'Allemagne ou de France.

On arrive désormais tous les jours, on part tous les jours. On reste 48 heures, 72 heures, quatre jours. On ne peut plus miser sur le même style d'hôtellerie, avoir la même restauration, le même système de traitement à la réception des hôtels. Cela s'anticipe, car la sanction est au bout.

On reçoit des opérations de team building , de petits séminaires, de grands séminaires, de grosses opérations. Il faut que, sur une période très courte, la satisfaction soit générale, et ne surtout pas entendre, comme c'est parfois le cas dans des destinations que l'on dit touristiques : « C'est la basse saison », ou : « On n'a pas de formation ».

Anticiper, prévoir, c'est gouverner, et se positionner dans un régime concurrentiel de proximité, qui est certainement le plus difficile au monde. La compétitivité touristique existe partout autour de la Méditerranée. Ce n'est pas une action Nord-Sud, mais une question de volonté des pays d'organiser ou non le tourisme, et de faire ensuite en sorte que ceux qui y participent soient récompensés.

Un message au passage : le partage est essentiel !

Face au concept difficile d'identité nationale qui a surgi il y a quelques années, il convient peut-être de rappeler au public que, si la Tunisie, c'est la Méditerranée du coeur et le coeur de la Méditerranée, c'est aussi notre histoire - Carthage, le grenier de Rome et, jusqu'au XIV e siècle, un creuset exceptionnel de civilisations dont nous sommes tous issus.

Nombre de sites gagneraient à être réaménagés, scénarisés, avec le concours de spécialistes, dont la France, afin de faire jeu égal avec la proche concurrence. J'ai vu que ce que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a fait en Jordanie sur le site de Jerash : c'est extraordinaire ! Cela surprendra tout le monde, et on ira dans le bon sens.

Site archéologique de Siliana (Crédits : Discover Tunisia)

On doit aussi expliquer ce qu'est le tourisme au peuple tunisien, et d'abord à ses enfants. Il faut que l'Éducation nationale dégage du temps pour expliquer aux jeunes tunisiens qu'un touriste n'est pas une « vache à lait » ni un étranger, mais quelqu'un qui va leur permettre de s'ouvrir l'esprit et d'en faire des citoyens du monde.

Tout cela se met en musique. Il y a des spécialistes pour cela, mais je pense qu'une volonté politique est nécessaire pour y parvenir.

Il faut aussi reconnaître que le niveau des langues étrangères, qu'il s'agisse du français, de l'anglais ou de l'allemand, a diminué. Je le mesure moi-même, connaissant la Tunisie depuis 40 ans. Je pense qu'on parle moins bien aujourd'hui qu'il y a quelques années. C'est dommage, car la compréhension et l'échange font partie du produit touristique. C'est une priorité qu'on devrait, selon moi, mettre en avant.

Grâce à tous ces ingrédients et à d'autres, où la synergie et le dialogue sont importants, nous pourrons connaître des jours meilleurs sans craindre la concurrence.

Je dis toujours que la Tunisie n'est pas un bateau dont les amarres vont se rompre et qui va partir à la dérive ! Il y aura toujours des milliers de kilomètres de plages, un soleil exceptionnel, et un peuple qui fait toute la valeur ajoutée du séjour en Tunisie.

Les professionnels tunisiens ici présents peuvent compter sur notre engagement et sur notre loyauté, qui sont importants. Je pense qu'ils le ressentent au travers de mes propos. Je comprends combien ils ont pu être déçus de constater, à l'occasion de cette crise difficile, que certains de leurs meilleurs amis leur ont tourné le dos quelque temps. C'est un problème de communication internationale. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour accompagner ce mouvement et aller plus loin.

Les entreprises du voyage ont été parmi les premières à proposer leurs services. Nous disposons d'une masse impressionnante de seniors, d'anciens patrons de grandes sociétés, qui se feraient un plaisir de venir enseigner, dialoguer, échanger en Tunisie avec quiconque, pour peu que cela rapporte directement au tourisme. Le tourisme, même s'il représente une activité économique, est en effet avant tout une activité humaine.

Je terminerai en citant Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des hommes : « La grandeur d'un métier est peut-être avant tout d'unir les hommes, et il n'est qu'un luxe véritable, c'est celui des relations humaines ».

M. Jean-Pierre SUEUR - J'ai remarqué que vous n'étiez pas adepte de la langue de bois. Il faut en effet s'en méfier. Elle sert quelquefois dans la diplomatie - ou parfois, aussi, au Sénat... Vous avez exprimé quelques idées qui vont nourrir nos discussions.

La parole est à M. René Trabelsi, président de Royal First Travel, la plus tunisienne des entreprises touristiques françaises.

M. René TRABELSI - Chacun ayant dit un peu ce que tout le monde pense, il va me falloir improviser.

Certains s'attendent à ce que je parle de Djerba. Comment ne pas parler de ma ville natale, en effet ? Vous avez dit que les maires parlent de leur commune avec amour. C'est aussi mon cas. Djerba, c'est mon amour, ma douce, ma fidèle. J'appelle même parfois ma femme Djerba ! Elle sait que tout est contenu là-dedans.

Djerba la magnifique... Quand on arrive à Djerba, tout change. Parfois, j'y fais un voyage éclair avec des amis. On arrive le soir à 20 heures avec un vol de la Tunisair, on dîne en bord de mer et on prend le vol du lendemain à 7 heures du matin pour rentrer travailler, mais on a l'impression qu'on a été durant des jours en vacances.

Je suis très optimiste pour la Tunisie. Le fait que nous soyons réunis ici prouve que la Tunisie a déjà gagné. La chaîne Public Sénat nous suit et on parle positivement de ce pays. Lorsque les événements que l'on sait sont survenus en Tunisie, je suis allé voir un ami économiste. Certains ont consulté des psychiatres. Mon ami m'a dit qu'on allait attendre dix à quinze ans avant que le tourisme ne revienne. Aujourd'hui, le tourisme est en train de revenir en Tunisie, et il y a plusieurs raisons à cela.

En premier lieu, certains tour operators n'ont pas trouvé de produit pour remplacer la Tunisie. Le tour operator est là pour gagner de l'argent. Ce n'est pas mon cas. Si les agents d'origine tunisienne « galèrent » actuellement avec cette destination, il faut bien dire qu'on a gagné de l'argent auparavant avec la Tunisie et d'autres pays.

À Berlin, lors du dernier salon international du tourisme, les tour operators nous ont dit avoir essayé d'autres destinations, mais ne pas avoir trouvé ailleurs de produit équivalent à la Tunisie.

Bien sûr, on tient compte de la sécurité, mais la Tunisie est un pays sécurisé, on le sait depuis longtemps. Aujourd'hui, les aéroports de ce pays sont les seuls où l'on doit vérifier les bagages avant de les enregistrer. Cela ne se fait nulle part ailleurs, pas même en Europe. Comme l'a dit le Président Sueur, on ne peut toutefois pas mettre un policier derrière chaque voyageur.

L'état des hôtels s'améliore énormément, et beaucoup tiennent à satisfaire la clientèle en termes de qualité de service ou d'accueil. Les hôtels sont sécurisés grâce à des caméras. C'est une exigence du ministère du tourisme. Des agents de surveillance sont postés à l'entrée des établissements. On surveille les coffres de voiture, et on utilise des détecteurs de métaux. Il est très important de le dire, car la clientèle veut être rassurée en matière de sécurité.

Par ailleurs, aujourd'hui, aucune autre destination que la Tunisie n'offre un prix comparable pour une famille de quatre personnes avec deux enfants.

Le vacancier français calcule ses vacances comme tout le monde. Il sait qu'il dispose de 2 000 euros et cherche à dépenser son argent. Parfois, il choisit une autre destination que la Tunisie, mais il sait que ce pays lui offre la qualité, le service et le soleil. On est à moins d'une heure d'avion de Nice, un trajet plus court qu'un Paris-Nice, et l'on peut rentrer dans la journée.

En 2008, au moment de la crise française, les tour operators et les hôteliers ont été amenés à offrir pratiquement le séjour aux enfants. On a aidé le touriste français à venir passer ses vacances en Tunisie.

Les Français aiment beaucoup la Tunisie, à cause de la langue. Ailleurs, ils peuvent moins échanger. Tout le monde a des amis tunisiens. À Paris, chacun connaît un épicier ou un marchand de fruits et légumes qui parlent de la Tunisie.

Je suis très optimiste, car on a gagné beaucoup de temps. En 2017, on sent que la Tunisie revient en force. Notre agence est pratiquement la seule à affréter des charters vers la Tunisie. J'ai toujours prétendu qu'on ne peut faire de tourisme sans charter . On ne peut amener des touristes dans un pays si on ne s'engage pas sur des sièges d'avion et des chambres d'hôtel. Cela oblige le tour operator à consommer ces sièges.

Certaines voix s'élèvent pour critiquer les charters mais, sur Tunisair, les avions sont ceux que l'on retrouve sur les vols réguliers. Les règles sont les mêmes, et l'indemnité de retard identique. La loi est pareille pour tout le monde, et le service est équivalent à celui que l'on trouve sur un vol régulier.

D'autres compagnies offrent également de très bons services vers la Tunisie, comme Transavia, Nouvelair, Air France. Je pense toutefois que l'on manque de capacités. Au mois d'avril, ce sera le cas. D'aucuns déplorent que les prix sont élevés, mais c'est précisément parce qu'on n'a pas assez de capacités sur cette destination. En Europe, aujourd'hui, on n'a pas assez d'avions, les vieux appareils n'ayant pas encore été remplacés.

Nous sommes en train de renforcer la capacité des charters destinés au tourisme. Je pense que l'on doit aussi toucher certains endroits considérés comme des « niches » pendant la crise. On a parlé de Tabarka. À partir de la fin du mois de juin, nous allons commercer à desservir Tabarka par charter .

Tabarka est une destination exceptionnelle. J'ai eu la chance d'y aller : c'est vraiment superbe ! On y trouve en même temps la montagne et la mer.

Je vous invite à aller sur Google pour visionner la vidéo consacrée à l'hôtel La Cigale. C'est un hôtel exceptionnel. Il y en a d'autres. On peut faire du vélo, de la marche, ou profiter des environs. On y trouve également un golf magnifique.

La Tunisie, ce n'est pas seulement Djerba, Hammamet, Sousse, Monastir. Il existe d'autres endroits.

M. Sueur a décrit des endroits superbes : il est dommage que les compagnies tunisiennes n'aient pas eu l'idée de prévoir des vols réguliers vers ces destinations. Si je prends ce risque, c'est que je sais que l'on va les vendre. Les gens ont envie de voir d'autres produits.

Je profite de la présence des députés pour évoquer le fait que l'on souhaite souvent éviter le tourisme de masse. Cependant, la Tunisie en a besoin.

On compte aujourd'hui 240 000 lits en Tunisie. Ce n'est pas avec les vols réguliers de Transavia, Air France, Tunisair ou Nouvelair que l'on va remplir les chambres. Le seul pays qui ait réussi dans le tourisme de masse, c'est la Tunisie - et on manque d'offres aujourd'hui.

Le tourisme n'est pas réservé aux seuls mois de juillet ou d'août. Un hôtelier ne pourra jamais gagner sa vie ni amortir ses investissements en deux mois, même si tout le monde y vient. L'année dernière, on a accueilli des touristes russes en Tunisie, mais il faut également compter sur les Algériens, les Tunisiens, etc.

Je pense donc que le tourisme de masse doit revenir, mais il ne peut le faire qu'avec l'engagement des tour operators en faveur de vols charters . J'espère que l'arrivée de l' open sky ne conduira pas les Tunisiens souhaitant rentrer chez eux à prendre les charters d'assaut. L' open sky est fait pour ramener des touristes qui vont passer deux ou trois jours sur place, sans quoi Tunisair, Nouvelair et Transavia vont souffrir ! Il faut s'adapter. Peut-être Transavia va-t-il baisser ses prix pour faire face à la concurrence...

Je voudrais à ce sujet adresser au législateur français une demande que j'ai déjà formulée en 2011 à propos de la taxe sur les passagers, qui est la plus chère de Méditerranée. Aujourd'hui, un passager à destination de la Tunisie paye 75 euros de taxe 7 ( * ) pour un aller de 200 euros, soit près de 45 % de la part du billet. Je trouve cela vraiment très cher. Comment cette taxe se justifie-t-elle alors qu'elle est de 35 euros pour la Grèce ou l'Espagne ? Ceci constitue un handicap.

Mme Charlotte DUMESNIL - Sur Transavia, le prix d'appel pour un Paris-Tunis est de 69 euros. Pour le retour vers Paris, il est de 39 euros !

M. René TRABELSI - Vous ne prenez donc que 5 euros de marge...

Mme Charlotte DUMESNIL - On a la possibilité de proposer des tarifs plus attractifs au retour, les taxes étant inférieures dans ce sens.

M. René TRABELSI - J'ai participé cette année, comme tous les ans, au Salon du thermalisme. On enregistre cette année un record de réservations pour la thalassothérapie en Tunisie, qui occupe la seconde place dans ce domaine après la France.

Les Français raffolent de la thalassothérapie. Dans certains grands hôtels, les curistes payent jusqu'à 2 000 euros par personne et par semaine. La clientèle qui connaît la qualité de ce service est prête à dépenser cette somme par semaine en Tunisie.

Les groupes commencent également à revenir en Tunisie, comme l'a dit Mme Dumesnil. Nous avons ainsi un groupe de golfeurs qui part au mois de mai à Djerba. Généralement, les femmes des golfeurs suivent une thalassothérapie. Cela permet de faire travailler tout le monde.

Le marché senior commence également à réinvestir la Tunisie, qui offre presque onze mois de soleil sur douze. En ce moment, il fait 26 degrés à Djerba et 24 degrés à Tunis. Pour un mois de mars, la température est exceptionnelle.

Les seniors viennent également en long séjour. Nous travaillons avec le comité Super Mamie France, très attaché à la Tunisie. Il va y revenir cette année du 3 au 10 septembre. Ces personnes sont des bénévoles d'associations qui parlent beaucoup et adorent la Tunisie. Le marché senior est très intéressant et va grossir peu à peu.

Enfin, cette rencontre est très bénéfique pour la Tunisie. Merci beaucoup pour ce que vous faites pour ce pays, Monsieur le président.

M. Jean-Pierre SUEUR - Merci d'avoir été aussi concret.

Les villages que j'ai cités tout à l'heure ne sont pas les seuls qui m'intéressent. Je suis aussi un amoureux de Chenini, Douiret, Guermessa, Ghomrassen, où les avions n'arrivent pas - et il ne le faut pas. On doit s'y rendre à pied ou en voiture.

Ces villages pitons berbères sont incroyables. On voit que l'histoire a poussé les populations à se réfugier tout là-haut avant que les choses n'évoluent, comme à Matmata, où il n'était plus autant nécessaire de se protéger contre les agresseurs. Ces endroits sont sublimes.

Vous avez par ailleurs évoqué un sujet important, celui de la taxe. Vous nous donnez là une idée. Nous allons voir avec nos amis de Bercy ce que l'on peut faire, mais ce n'est pas gagné. Diminuer la taxe pourrait pourtant non seulement aider la Tunisie, mais aussi tous les pays du Maghreb. Ce serait quelque chose de très concret. Merci d'avoir mis l'accent sur ce point. Il faut absolument qu'on s'en occupe.

Je donne à nouveau la parole à Monsieur l'ambassadeur pour conclure cette première table ronde.

M. Ghazi GHERAIRI - Je ne sais si j'ai la possibilité de synthétiser quatre présentations aussi bien structurées, documentées et techniquement élaborées. Je vais essayer de vous en transmettre les idées-forces.

Les quatre intervenants, même s'ils partent de positions techniques et professionnelles différentes, bien que complémentaires, partagent un certain enthousiasme en matière de tourisme, qu'il s'agisse de transport, de réservations ou de retour à des positions antérieures à la crise.

Tout cela est de bon augure, et si nous avons tous consenti à donner de notre temps aujourd'hui, c'est que nous nous en réjouissons.

On retire de tout ceci le sentiment qu'on est proche de retrouver le tourisme d'avant la crise.

Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure des réponses que l'on puisse apporter. En effet, la Tunisie doit remettre sur pied un secteur stratégique, névralgique, duquel dépendent des pans entiers de l'économie, d'activités sociales diverses, mais elle doit aussi faire évoluer son tourisme. On peut ne pas avoir choisi cette crise mais, du moment que nous l'avons vécue, il nous revient de la transformer en un moment de réflexion, pour rebondir sur un tourisme plus performant, plus diversifié et plus respectueux de la nouvelle Tunisie.

Je ne veux offenser personne, mais ceci s'impose à tout observateur des circuits, des sites et des villes qui émergent aujourd'hui comme des lieux touristiques majeurs : historiquement, il existe un tourisme paresseux. L'essentiel colle à une Tunisie utile, qui remonte à quelques décennies - si ce n'est à quelques siècles.

Il nous revient d'aller vers les régions qui ont fait en sorte qu'on se voit aujourd'hui pour parler de la Tunisie démocratique, de la Tunisie de la dignité retrouvée. Il nous revient d'innerver toute la Tunisie de cette nouvelle donne touristique.

Nous parlons là d'un tourisme du XXI e siècle, qui ne peut pas ne pas respecter l'environnement. Jusqu'à quel point nos infrastructures et notre tourisme actuel sont-ils respectueux de l'environnement ? Je ne sais si la question a été posée, mais elle doit l'être.

Jusqu'à quel point le système économique touristique tunisien sert-il l'ensemble du tissu économique national ? Le tourisme profite-t-il à toute la Tunisie de manière comparable ?

Si nous nous targuons d'être aujourd'hui un pays qui regarde la réalité en face et estime que la démocratie est une vertu, la question doit être posée. La réponse à cette question relève de la responsabilité de chacun.

On veut l'éluder pour mieux retrouver quelques chiffres confortables pour ceux qui sont déjà en place, mais la question doit être posée.

Le film qui a été présenté est un très bel outil, mais très peu représentatif. La Tunisie a déjà huit sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO et douze autres 8 ( * ) sont soumis à l'organisation. L'ambition est d'en élargir le nombre. C'est de cette Tunisie-là qu'il faudra aussi parler et qu'il faudra mettre dans la boucle touristique.

La boucle touristique ne suppose pas de bétonner encore plus de régions, ou de construire davantage d'hôtels. Que faisons-nous du tourisme des villes presque oubliées, des circuits ? Qui parle de Chemtou, un site très important sur le plan archéologique et sur le plan des potentialités qu'il peut offrir aux circuits qui peuvent couvrir toute cette région ? Qui parle de Ouenza, alors que la proximité de cette ville si riche avec les grands pôles touristiques rendrait sa visite facile et changerait le contenu des programmes ?

Site archéologique de Dougga (Crédits : Discover Tunisia)

Il faut étonner, que la Tunisie parle plus, parle différemment et apporte un contenu diversifié. Il faut que la Tunisie enrichisse sa carte de visite internationale d'éléments nouveaux sur le plan touristique.

Aujourd'hui, il existe en Tunisie une extrême diversité et une certaine ébullition culturelle. La jeunesse tunisienne n'a jamais été aussi libre ni ingénieuse. Un autre système ne peut-il lui profiter ? Il nous faut réfléchir sereinement et sérieusement pour mettre en place un tourisme qui tienne compte de la donne de la nouvelle Tunisie.

D'autres pistes existent bien évidemment. Je parle en présence de connaisseurs, mais beaucoup de pays comptent des circuits de petits musées. En disposons-nous ? Le musée d'El Jam est très peu visité ! Or, tous les petits musées méritent, avec leur diversité et leur extrême richesse, d'être intégrés dans les circuits touristiques.

Ces circuits peuvent ne pas être destinés aux masses, mais il convient de créer ces niches. La diversité de la production oenologique en Tunisie, par exemple, pourrait certainement entraîner la création d'un circuit des vins.

On ne peut plus résoudre les problèmes comme par le passé, et on ne peut plus faire fi des valeurs de la nouvelle Tunisie, où tout le monde a droit à la parole, à la dignité et au respect de ses droits. Le tourisme ne peut échapper à cette nouvelle réalité tunisienne, dont je me félicite pour ma part.

La délégation de Tunisie auprès de l'UNESCO vous donne rendez-vous le 12 mai prochain, lors de l'inauguration de l'exposition consacrée au vingtième anniversaire de l'inscription du site de Dougga sur la liste du patrimoine de l'humanité. Vous y êtes les bienvenus.

M. Jean-Pierre SUEUR - Merci, chers amis. Vous nous avez comblés.

Y a-t-il des demandes de prise de parole dans la salle ?

De la salle - M. Maher BEN AZZOUZ (Fédération des associations franco-tunisiennes) - Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les membres du groupe interparlementaire d'amitié France-Tunisie, chers collègues de la Fédération des associations franco-tunisiennes, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de remercier M. Jean-Pierre Sueur pour la parfaite organisation de ce colloque, en partenariat avec notre fédération.

Permettez-moi également de vous remercier toutes et tous d'avoir répondu présents à notre invitation pour témoigner votre amour et votre attachement à notre chère Tunisie.

J'aimerais, dans le cadre de la thématique de ce colloque, vous présenter brièvement l'un des objectifs de la Fédération des associations franco-tunisienne, dont je suis secrétaire général.

Je salue tout d'abord la présence de maître Mounir Slama, qui nous fait le grand plaisir d'être parmi nous, de M. Hervé Chevreau, maire d'Epinay-sur-Seine, et de tous celles et ceux que nous avons invités et qui ont répondu présents.

Le tourisme tunisien doit avant tout retrouver un avenir. Pour ce faire, il faut, entre autres, que le tissu associatif franco-tunisien oeuvre pour réinstaurer un climat de confiance mutuelle entre nos deux peuples, notamment à travers le futur centre culturel de Paris, qui reste notre premier objectif, en espérant que ce climat de confiance transformera les barbelés qui entourent l'ambassade de France à Tunis en fleurs de jasmin très parfumées.

De la salle - Je suis un shamagale , c'est-à-dire un vieux sage appartenant à un groupe de familles éthiopiennes d'Addis-Abeba chargé de certaines décisions. J'ai passé quatre ans là-bas comme correspondant de Radio France Internationale (RFI).

Je suis Tunisien et Français, né à Sousse, mais originaire de Zéramdine, à côté de Jemmel.

Issu de l'Institut français de presse, où j'ai fait mon doctorat, je suis également l'un des premiers guides touristiques de la Société hôtelière et touristique de Tunisie (SHTT), au sein de laquelle le professeur Fantar enseignait l'archéologie afin d'aider les touristes.

Nous avions à Sousse, perle du Sahel, une maison de jeunes où l'on recevait des touristes avec qui l'on pouvait parler. Nous étions du même âge.

J'aimerais faire une recommandation à Madame la ministre et aux responsables du tourisme ici présents : les jeunes doivent venir en Tunisie rencontrer d'autres jeunes. La diaspora - M. Soubielle et l'ambassadeur de France en Tunisie l'ont évoquée - est fondamentale. Je l'ai rappelé aux Nations unies, à Addis-Abeba. Si on ne fait pas participer les cadres et les personnes compétentes de la diaspora à tous les projets, on aura alors failli.

À Sousse, j'étais considéré comme un « business ». Les « business » étaient les « dragueurs de touristes ». Je suis toutefois un « business » particulier car, pour déjouer l'attention des autorités et éviter que la police ne nous comprenne, nous ne nous adressions qu'à celles qui parlaient anglais et fréquentaient l'université. Nous les interrogions sur la démocratie, la représentation nationale, et leur demandions des conseils à propos de ce que pouvait faire la jeunesse. Les gens étaient persuadés qu'on était en train de « draguer » !

J'aimerais également que les responsables du tourisme insistent sur le fait que les clubs sportifs français peuvent effectuer des stages de formation en Tunisie. Nos stades sont souvent vides. Or, on peut par ce biais favoriser le développement de l'athlétisme en Tunisie.

M. Jean-Pierre SUEUR - Vous avez présenté des pistes intéressantes en matière de sport et de jeunesse. Il est important que les jeunes se rencontrent.

Vous avez aussi évoqué une piste pour parler anglais avec les dames : maintenant que la révolution a eu lieu, on peut parler français, tunisien, ou n'importe quelle autre langue !

De la salle - M. Neji BEN OTHANNE - Je suis directeur général adjoint de l'ONTT. Je souhaite apporter quelques précisions après l'intervention de M. Bachmann.

Mon propos portera sur trois points et, en premier lieu, sur la qualité. Les autorités tunisiennes accordent un intérêt particulier à l'amélioration de la qualité des services. Nous bénéficions à ce titre d'un jumelage avec la France et l'Autriche afin de mettre en place un programme de label qualité du tourisme tunisien, qui va toucher toutes les filières de ce domaine.

En second lieu, concernant la sécurité, nous avons introduit celle-ci dans les nouvelles normes de classement des hôtels.

Le troisième point concerne le numérique. Nous consacrons un budget important à ce secteur, auquel nous portons un intérêt particulier. La Tunisie et l'ONTT disposent actuellement d'un nouveau site appelé discovertunisia.com , actuellement accessible en six langues et bientôt en neuf, dont le chinois.

En ce qui concerne les opérations B2B, nous sommes disposés à soutenir et à assister tous les tour operators désireux d'organiser des opérations pour permettre aux agents de voyages de se rendre compte de visu de ce qui se passe en Tunisie.

Par ailleurs, nous recourons beaucoup au numérique en matière de communication institutionnelle et utilisons énormément Internet, ainsi que les réseaux sociaux. Nous avons pour ce faire lancé un appel international et avons retenu pour chacun des marchés des agences, qui donneront lieu à un traitement spécifique.

Notre communication sera plus adaptée pour cibler la clientèle et les leaders d'opinion.

M. Karim HELALI - Je vous remercie, Monsieur le président, ainsi que le Docteur Ghannem et la Fédération des associations franco-tunisiennes, pour l'organisation de cet événement. Votre amour de la Tunisie se dégage de vos paroles, Monsieur le sénateur...

M. Jean-Pierre SUEUR - Ma fille Véronique est née à Tunis...

M. Karim HELALI - Vous entendre ainsi parler de notre pays réchauffe le coeur !

Je voulais, en tant que député de l'Ariana, aborder le sujet de la sécurité. Ce qui s'est passé à Sousse et, deux mois avant, au Bardo, a constitué un vrai déclic, passé le choc qu'ont suscité ces événements en France, en Grande-Bretagne et en Tunisie.

J'étais à quelques mètres des coups de feu. Le pays a depuis changé radicalement de stratégie et de vision en matière de sécurité. La Tunisie, depuis Bourguiba, avait peu investi dans ce domaine. C'est un pays qui a plutôt misé sur l'éducation et la santé. Les deux tiers du budget de la nation étaient destinés à ces deux secteurs.

En 2016, le budget de la sécurité et de la défense, pour la première fois de l'histoire de la Tunisie indépendante, a dépassé celui de l'éducation et de la santé. Cela nous fait un pincement au coeur, mais c'est une question de realpolitik, et la situation s'est largement améliorée.

Bien sûr, il n'existe pas de risque zéro, pas plus à Paris, à Londres, que dans n'importe quel endroit du monde, mais on peut dire aujourd'hui que la Tunisie est sécurisée à très haut niveau. Tous les touristes peuvent donc venir tranquillement dans notre pays.

Les professionnels ont fait beaucoup d'efforts en la matière. Aujourd'hui, personne n'entre dans un hôtel sans ouvrir son coffre de voiture, même un député ou un ministre. On doit aussi passer sous les détecteurs de métaux, et c'est très bien. C'est la première condition pour faire revenir les vacanciers dans notre pays.

Les hôteliers doivent aussi se préoccuper d'améliorer la qualité de leurs services. C'est ce qu'ils sont en train de faire. Il est également indispensable qu'ils se diversifient.

On a évoqué le tourisme sportif : celui-ci peut être un très bon créneau. J'étais président de la Fédération tunisienne de handball il y a trois ans, et je me suis battu pour que le trophée des champions, qui regroupe les quatre meilleures équipes de France, se déroule à Sousse. Malheureusement, après mon départ, nos amis français n'ont pas continué l'expérience. Il faut la renouveler.

Pourquoi ne pas réfléchir à délocaliser une finale de coupe de France de football en Tunisie ? Il y a quelque temps, un match de la Juventus contre un club italien s'est déroulé au Qatar. Pourquoi pas un PSG-OM au stade de Radès ?

M. Jean-Pierre SUEUR - On pouvait aussi faire passer une étape du tour de France par Zaghouan...

M. Karim HELALI - Pourquoi pas ?

Il faut aussi renforcer les échanges culturels avec la Tunisie. Quelqu'un a parlé du Festival de Cannes, qui est devenu un label mondial. Pourquoi ne pas réfléchir à une cérémonie d'ouverture ou de clôture à Sidi Bou Saïd ?

Les Tunisiens attendent beaucoup de la France. La France n'est pas un simple partenaire ou seulement un pays proche. C'est pour cela que les Tunisiens exigent beaucoup plus de la France. On attend donc de nos amis parlementaires et de tous les leaders d'opinion français qu'ils se prononcent en faveur de la Tunisie.

La Tunisie a réalisé un miracle en matière de démocratie. La guerre en Libye et tout ce qui se passe autour de nous nous handicapent. Nous attendons de nos amis français qu'ils nous aident et fassent tout pour que la démocratie réussisse. Le tourisme est, à ce titre, un créneau majeur.

Merci encore une fois pour cet événement et pour votre accueil.

De la salle - Je représente la société civile démocratique et progressiste de la Tunisie. Je suis ravie d'entendre autant de témoignages d'amour en faveur de la Tunisie.

Monsieur Trabelsi, serait-il possible de faire en sorte de développer des circuits touristiques, de Nabeul à Djerba, consacrés aux artisans de la terre, des circuits berbères, des circuits musulmans ? Kairouan est l'une des capitales saintes du monde, personne ne le sait !

Comme le disait l'ambassadeur délégué auprès de l'UNESCO, il serait bon d'être à l'écoute de ce que fait la Tunisie pour offrir une alternative.

Je fais partie d'un mouvement qui pousse petit à petit les Tunisiens à consommer tunisien. Nous sommes submergés par la « camelote » chinoise et turque, et avons décidé de travailler avec les artisans en distribuer les produits tunisiens.

J'en reviens à la question de M. Trabelsi concernant la taxe aéroportuaire. Il a été question, à un certain moment, que vos clients paient une taxe au départ de Tunisie. Notre troupe théâtrale tourne à travers le monde et dans les pays arabes. Nous payons une taxe avant de partir. Les citoyennes et les citoyens tunisiens doivent acquitter ce qu'on appelle le « timbre de voyage », qui représente 60 dinars, soit 20 euros.

Nous avons essayé de soutenir cette demande, mais les tour operators ont refusé que les voyageurs que vous prenez en charge règlent 20 euros à l'aéroport de Tunis, ce qui n'est pourtant rien. Imaginez le budget que cela peut représenter. Or, vous l'avez refusé !

M. Naoufel ZIADI - Merci pour votre initiative.

Je considère qu'on a besoin de mobiliser toutes les forces institutionnelles, celles de la société civile, des intellectuels, de la diaspora.

Pour information, on a créé l'année dernière à Paris, avec le consulat général de Tunisie et l'ambassade, un comité d'appui au tourisme social, solidaire et culturel durable.

L'année dernière, avec des comités d'entreprise et des services sociaux départementaux, nous avons mis sur pied un voyage réunissant les représentants de la CGT, de Force ouvrière, de la CFDT et de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), à l'issue duquel nous avons fait une déclaration.

Cette année, un congrès de dix jours est organisé à Bordeaux pour les retraités. Notre ami Hakim Tounsi est l'une des chevilles ouvrières de cette initiative.

Pourquoi ne pas créer ensemble un comité d'appui au tourisme social, solidaire et diversifié pour explorer toutes les pistes et mobiliser le maximum de Tunisiens ?

De la salle - Mme Wided CARPENTIER - J'ai créé sur mesure deux associations pour les utiliser soit en Tunisie, soit en France.

Avant la révolution, il faut bien reconnaître que l'État subventionnait beaucoup les hôtels et les tour operators pour qu'ils viennent en Tunisie.

Il faut à présent choisir notre combat. Je suis une fille de Tunisie, et je connais fort bien les sites de Douga, Bulla Regia, etc. Chacun comprend bien qu'il est impossible d'y accueillir des familles avec des enfants sans sanitaires.

Le Kef tunisien (Crédits : Discover Tunisia)

Je suis par ailleurs favorable au tourisme de masse, dont la Tunisie a besoin. Toutefois, les Russes, par exemple, ne respectent rien ! Je ne suis pas en train de dénigrer qui que ce soit, mais il faut leur rappeler qu'ils sont dans un pays musulman, avec certaines valeurs. Même si la Tunisie est ouverte, il y a des limites !

De la salle - Je suis correspondante de la radio publique tunisienne.

Je veux intervenir à propos d'une initiative menée par un Franco-Tunisien dans le cadre associatif, Mehdi Ben Cheikh, qui a amené à Djerba plus d'une centaine d'artistes de street art qui ont créé là-bas un musée à ciel ouvert, le Djerbahood.

Cet événement a eu des retombées médiatiques énormes, mais le ministère du Tourisme ne veut pas s'en occuper. On trouve des articles sur cet événement dans le New York Times , le Guardian , La Repubblica , mais également en Chine, à Singapour, et jusqu'en Inde.

Je demande aux institutions publiques et aux professionnels du tourisme de se pencher sur de telles initiatives, qui ont des suites très positives pour la Tunisie, même si certains ministères ne veulent pas en convenir.

De la salle - M. Mouldi MILADI - Je suis Parisien et Tunisien et très actif dans la société civile en général.

Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui, et je remercie M. Jean-Pierre Sueur de nous avoir invités.

J'ai entendu MM. Bachmann et Soubielle dire des choses très intéressantes à propos du savoir et du partage.

Votre métier étant de faire revenir les grandes entreprises de tourisme en Tunisie, je vous conseille de signer un partenariat avec les maires en matière de propreté, ainsi que dans le domaine culturel.

M. Jean-Pierre SUEUR - La parole est aux intervenants.

Mme Charlotte DUMESNIL - On est tous d'accord pour travailler ensemble, faire connaître et développer le tourisme en Tunisie.

Bien entendu, le sujet de la taxe aéroportuaire nous intéresse. Cela permettra de proposer des tarifs encore plus bas et de faire venir davantage de voyageurs en Tunisie.

M. Jürgen BACHMANN - Les petits segments, le tourisme de niche et les produits associatifs sont des éléments importants qui méritent d'être pris en compte, mais où en est le marché français ? Avant la révolution, nous avions envoyé 900 000 clients en Tunisie. L'année dernière, ce chiffre est tombé à 90 000. Le chemin pour rétablir ces volumes est donc difficile. Les produits de niche ne peuvent combler une perte de plus de 800 000 clients.

Chaque chose doit se faire en temps voulu. On a cette année besoin de générer de la croissance et de faire en sorte que des milliers de touristes rentrent de Tunisie, ainsi que je l'ai dit, « avec la banane » et parlent de ce pays avec enthousiasme. Il nous faut donc compter sur eux, créer de l'emploi et du revenu. C'est l'objectif pour 2017.

Chacun travaille sur la question. Il faut gérer l'immédiat, anticiper les événements et les planifier.

M. Ghazi GHERAIRI - Les questions ont porté sur des points techniques.

Je réitère mon souhait que l'objectif de tous ceux qui s'intéressent au tourisme tunisien ne soit pas de restaurer ce que l'on a connu juste avant la crise !

M. René TRABELSI - Il existe en Tunisie, en matière de tourisme sportif, des problèmes d'infrastructures. Il faut des salles adaptées aux grandes équipes, et surtout un terrain agréé par la FIFA. Or, il n'en existe actuellement que deux en Tunisie, l'un à Sousse, l'autre à Gammarth. Ils ne sont pas toujours disponibles, car ils sont parfois attribués aux autres équipes - mais la volonté existe.

S'agissant des taxes aéroportuaires, je suis parmi les rares personnes qui ont appelé la ministre pour les conserver. Nous n'avons enregistré aucune plainte de touristes à ce sujet.

Ce problème était politique. Les timbres étaient vendus par nos représentants dans les hôtels. Cela constituait d'ailleurs une difficulté, car il fallait avancer au Trésor 2 000 ou 3 000 dinars de timbres, et nos représentants sur place, au lieu de s'occuper des touristes, devaient s'occuper de vendre les timbres.

Le problème de cette taxe relève du ministère des finances.

M. Richard SOUBIELLE - Nous avions anticipé cette décision en informant l'ensemble des agences de voyages, qui en avaient elles-mêmes informé les clients. Ceux-ci ont toutefois été très surpris de constater que la taxe de sortie n'existait plus. On nous a même reproché une mauvaise information.

M. René TRABELSI - On a demandé à Madame la ministre que cette taxe, prévue pour la promotion et l'environnement, soit réellement versée à ces deux secteurs.

Pour ce qui est de Djerbahood, je suis ravi que Singapour Airlines, l'une des meilleures compagnies au monde, ait fait figurer dans sa brochure des photos de l'opération.

Medhi Ben Cheikh a choisi mon village pour son projet. Je lui ai fait visiter énormément d'endroits avant de le convaincre de le monter dans mon village, Erriadh, où se trouve la Ghriba, l'une des plus anciennes synagogues du monde. Un grand pèlerinage va d'ailleurs y avoir lieu cette année. Il comportera énormément de Français. On y attend 2 000 personnes.

Il existe nombre de tour operators d'origine tunisienne en France. Depuis 2011, nous avons « mis le paquet » sur cette destination. Même si nous avons une entreprise à gérer, ce pays est cher à notre coeur. Parfois, nous avons peu de monde. Le ministère de l'Intérieur tunisien annule parfois la visite de certains sites. Nous sommes en effet soumis à une autorisation dans ce domaine. Certains de nos guides sont au chômage, mais je pense que ce genre de produit va à nouveau connaître le succès.

M. Richard SOUBIELLE - Quatre mots me viennent à l'esprit.

Le premier m'est inspiré de conversations que j'ai eues avec l'Agence foncière touristique, dans le cadre de Tunisia 2020 : dans les vingt ans qui viennent, l'espace sera une denrée rare et monnayable. Ne bétonnez donc pas la Tunisie. Faites comme les Espagnols, à Palma de Majorque, à une certaine époque. Ils ne reconstruisaient pas ce qu'ils détruisaient. Ils ont ainsi réorganisé l'espace.

J'avais suggéré que l'on crée en Tunisie un conservatoire du littoral pour protéger certaines zones - mais ceci a été peu apprécié.

En deuxième lieu, l'initiative privée doit prendre la tête des opérations. Je suis à l'origine de la construction de plusieurs complexes en Tunisie. Il existait autrefois un « guichet unique » auprès duquel il fallait effectuer une démarche administrative pour obtenir un verre ou une ampoule. Aujourd'hui, les frontières sont tombées et les choses doivent continuer en ce sens. Le secteur public n'a qu'un rôle, celui de favoriser, d'entretenir et de dynamiser l'initiative publique.

Pour ce qui est du tourisme social, certains de ceux qui se sont exprimés tout à l'heure ont fait du bon travail avec les syndicats français - si tant est qu'ils aient pu ramener beaucoup de tourisme pendant la période de crise.

Toutefois, il existe aussi un tourisme social en Tunisie. Le Tunisien est-il le pompier de service ? Doit-on l'appeler à chaque fois que le pays rencontre un problème pour occuper les hôtels qui sont vides ? Lui fermera-t-on la porte quand l'activité repartira ?

Certains hôtels sont en fin de vie. Pour d'autres, le plan de financement ne peut aboutir. Il faut reconvertir ces établissements pour les affecter au tourisme social tunisien. C'est facile à faire. Il suffit que les entreprises réalisent une ponction sur les salaires pour dégager des budgets qui permettront au travailleur tunisien, en aménageant la tarification, de venir dans son pays au même titre que les étrangers. C'est l'avenir du tourisme.

C'est ce qu'a fait l'Espagne : si elle n'avait pas agi ainsi, il y aurait eu une révolution et un rejet des étrangers. Les Espagnols ont été spoliés. Ils n'avaient plus accès à leur littoral. C'est grâce au gouvernement espagnol que les équilibres ont pu se faire.

Quoi de plus agréable que de partager ? Cela a en même temps une vertu éducative pour les Tunisiens, qui ne se jetteront pas sur les buffets, comme les Russes le faisaient lorsque rideau de fer est tombé.

Le partage est fondamental : si vous ne partagez pas, vous n'obtiendrez jamais que le travailleur de base s'engage. Il faut servir sans avoir le sentiment de s'asservir. C'est une disposition humaine très difficile.

Il y a quelques années, les Américains avaient compris comment fonctionnait le service : on l'apprenait, puis on l'appliquait.

Le tourisme, c'est l'indépendance-association. Aujourd'hui, dans le monde global dans lequel nous vivons, il faut être associé, mais surtout travailler en toute indépendance.

Grâce aux nouvelles technologies, l'organisation de la programmation touristique peut se faire dans les pays que fréquentent les vacanciers. Avant les télex et les mails, on disposait de pigeons voyageurs. Les jeunes des pays de la rive sud de la Méditerranée sont dotés d'une formidable énergie. Or, ils n'ont souvent rien à faire, et cherchent à s'expatrier. Internet est un moyen de les faire travailler en réseau dans de grandes centrales touristiques, qui aideront les grands tour operators et le consommateur européen.

M. Jean-Pierre SUEUR - Nous allons diffuser une vidéo intitulée « Tunisie passion », réalisée par Orange Tunisie pour le ministère du tourisme tunisien.

Y ont notamment participé de jeunes ingénieurs tunisiens et des professionnels du tourisme culturel.

Application Tunisie Passion (Crédits : Orange Tunisie)

Nous accueillons à présent les participants de la seconde table ronde.


* 5 Il s'est tenu du 8 au 12 mars 2017.

* 6 Cet appel a été lancé en 2014 par le magazine Tunisie Plus à l'attention d'un grand nombre de professionnels du tourisme afin que la relance touristique permette la reprise économique, condition nécessaire de l'ancrage de la démocratie en Tunisie.

* 7 Cette différence est essentiellement due à la redevance par passager, qui diffère selon les aéroports et les destinations. Ainsi, Aéroports de Paris prévoit une redevance de 9,98€ HT par passager à destination de l'UE tandis qu'elle est de 22,95€ par passager pour une destination hors UE.

* 8 Il s'agit d'une liste indicative adressée à l'UNESCO, un état prévisionnel des sites que la Tunisie entend proposer pour inscription ; elle est composée actuellement du parc national d'El Feija, du parc national de Bouhedma, du Chott El Jerid, de l'oasis de Gabès, des mausolées royaux de Numidie, de la Maurétanie et des monuments funéraires préislamiques, du complexe hydraulique romain de Zaghouan-Carthage, de l'île de Djerba, des carrières antiques de marbre numidique de Chimtou, des frontières de l'empire romain (« limes romain »), de la médina de Sfax, du permien marin de Jebel Tegaba et du stratotype de la limite Crétacé-Tertiaire (limite K-T) à El Kef.

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