OUVERTURE
Message de M. Gérard LARCHER,
Président du Sénat
lu par M. Jean-Pierre SUEUR,
Ancien
ministre,
Sénateur du Loiret,
Président du groupe
interparlementaire d'amitié France-Tunisie
M. Gérard Larcher, président du Sénat, en déplacement à Lyon, qui accorde une grande importance à ce colloque, m'a fait l'honneur de me demander de vous lire sa déclaration :
« Madame la ministre du Tourisme et de l'Artisanat de la République tunisienne,
Messieurs les ambassadeurs,
Mes chers collègues parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Ce colloque est celui de la solidarité et de l'amitié.
Amitié entre la Tunisie et la France, inscrite dans le temps et la géographie, sur les deux rives de cette mer Méditerranée, qui nous unit plus qu'elle ne nous sépare. Amitié entre deux nations dont les populations ne cessent d'aller à la rencontre l'une de l'autre. Solidarité de deux pays victimes du terrorisme islamiste et qui, courageusement, se dressent contre lui, pour ne rien abdiquer de leurs valeurs et de leur mode de vie.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, le 7 avril 2015, le Président de la République tunisienne, M. Caïd Essebsi, était à la tribune du Sénat. Il est le seul président d'un pays de la rive sud de la Méditerranée à s'être exprimé du haut de cette tribune dans l'histoire du Sénat français. C'est un hommage, en vérité, à un pays cher, la Tunisie, qui a su préserver, dans l'adversité la plus absolue, l'héritage de ce qu'il est convenu de nommer les « printemps arabes » et la démocratie.
Bien des périls doivent encore être surmontés par les pays engagés dans la lutte contre le terrorisme islamiste, qui prône l'anéantissement de tous ceux qui ne partagent pas son idéologie nihiliste, quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions, et qui dégrade la dignité de la femme.
Mais la Tunisie entrevoit une lueur d'espoir. Même si elle n'est pas à l'abri d'un nouvel attentat - qui peut l'être malheureusement ? -, la situation sécuritaire s'est notablement améliorée, grâce à la mobilisation conjointe des autorités tunisiennes, des forces de sécurité et de la population. La protection a été renforcée dans les lieux les plus touristiques. Des réformes courageuses sont en cours. L'économie montre des signes de redressement nombreux.
Le groupe d'amitié parlementaire du Sénat, son président, M. Sueur, dont je salue l'énergie infatigable en faveur de la Tunisie, et moi-même, avons plaidé sans relâche pour que la France soit présente aux côtés de la Tunisie, afin de soutenir son combat contre le terrorisme islamiste et en faveur du redressement.
Le Gouvernement français a entendu, en partie, cet appel. Force est de constater cependant que nous aurions pu mieux répondre, plus vite et de façon plus conséquente, aux besoins de coopération. Il faudra faire plus et mieux à l'avenir.
Ce colloque nous en donne l'occasion, et je remercie M. Sueur et le groupe interparlementaire d'amitié France-Tunisie de l'avoir organisé, à quelques jours de la fête nationale tunisienne, en lien étroit avec tous nos partenaires, en particulier l'ambassade de Tunisie en France et l'ambassade de France en Tunisie.
Conforter la confiance, reconstruire l'un des secteurs d'activités qui comptent le plus pour la Tunisie - le tourisme - apporter un nouvel élan au redémarrage de l'activité touristique en Tunisie : tel est le dessein simple mais ambitieux de ce colloque, pour que les effets du terrorisme islamiste ne perdurent pas sans fin à la suite des actions terroristes, pour que, tout en restant vigilants et en ayant conscience que le terrorisme islamiste peut toucher chacun d'entre nous, n'importe où et à n'importe quel moment, nous ne cédions pas aux peurs collectives que les terroristes cherchent à semer de façon durable dans les esprits.
Vive la Tunisie ! Vive la France ! Vive l'amitié franco-tunisienne ! »
M. Jean-Pierre SUEUR
Ancien
ministre,
Sénateur du Loiret,
Président du groupe
interparlementaire d'amitié France-Tunisie
Madame la ministre,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les députés,
Nous sommes très heureux d'accueillir Mme Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l'Artisanat de la République tunisienne.
Madame la ministre, votre homologue français, M. Matthias Fekl, devait être présent aujourd'hui, mais il est devenu entre-temps ministre de l'Intérieur...
Il nous a toutefois fait parvenir une déclaration vidéo que nous entendrons tout à l'heure.
J'ai également le plaisir d'accueillir M. Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie, ami fidèle, tout comme M. Ghazi Gherairi, ambassadeur de Tunisie auprès de l'UNESCO. Je dois excuser M. Abdelaziz Rassâa, ambassadeur de Tunisie en France, que nous avons accueilli il y a quelques jours au Sénat, et qui pris par sa tâche, ne peut être présent parmi nous.
J'accueille également M. Houcine Jaziri, député de l'Assemblée des représentants du peuple de la Tunisie, et président du groupe interparlementaire d'amitié Tunisie-France au sein du Parlement tunisien.
Je salue M. le consul général Ali Chaalali, ami fidèle, le Docteur Mohamed Ghannem, président de la Fédération des associations franco-tunisiennes, mon ami Maher Ben Azzouz, secrétaire général de cette même fondation qui a activement participé à l'organisation de ce colloque, Najia Ben Abdelhafidh, députée des Tunisiens de France et Mesdames et Messieurs les députés ici présents, et toutes les hautes autorités de Tunisie et de France qui nous font l'honneur d'être parmi nous.
Madame la ministre, Messieurs les ambassadeurs, Mesdames et Messieurs, le groupe d'amitié interparlementaire France-Tunisie du Sénat est un groupe qui, comme tous les groupes parlementaires, est totalement pluraliste et où toutes les formations politiques du Sénat sont représentées.
Nous avons eu l'idée d'organiser ce colloque à la suite de nombreux contacts. Madame la ministre nous a déjà fait l'honneur de venir au sein de notre Sénat.
Les attentats, que le discours de notre président a beaucoup évoqués, ont touché la Tunisie de manière dramatique, tout autant que la France.
Nous avons, en débutant ce colloque, une pensée pour nos amis de Grande-Bretagne, qui ont connu hier encore un attentat qui a touché des personnes de différentes nationalités, dont trois jeunes Français qui traversaient un pont.
On ne peut mettre un policier derrière chaque personne, mais nous devons nous battre ensemble pour la paix, la sécurité, et contre les idéologies meurtrières.
Je veux saluer ici le combat héroïque du peuple tunisien depuis la révolution. Vous avez voté une Constitution qui trace un chemin pour l'histoire universelle, une Constitution qui reconnaît la liberté de conscience, l'égalité des femmes et des hommes, et honore la démocratie.
Certains, au nom d'une religion, prétendent-ils, entendent abattre tout ceci. Un philosophe, lors d'un colloque qui s'est tenu à Tunis et auquel Olivier Poivre d'Arvor et moi participions, à l'occasion de l'anniversaire de la révolution, a dit que si ces gens-là lisaient le Coran, ils n'agiraient pas ainsi. Il faut en effet qu'ils le lisent, car ce qu'ils font est à l'opposé du message des religions.
Cette situation se rencontre dans nos deux pays, et il faut que nous soyons solidaires. À cet égard, je tiens à saluer ce qui a été fait en matière de coopération pour la sécurité et le renseignement entre nos deux ministères de l'Intérieur. Il faut que nous soyons forts face aux ennemis de la démocratie et de la République. Beaucoup de travail a été réalisé entre nos deux pays, et il faut continuer en ce sens.
Nous devons aussi, en tant qu'Européens, défendre une certaine idée de l'Europe. L'Europe s'est élargie, mais beaucoup d'amis du Maghreb estiment qu'il faut veiller que son centre de gravité ne se déplace pas vers le nord ou le nord-est de l'Europe, de telle manière qu'on oublie le lien étroit, qui est fondamental, entre les pays du Maghreb et l'Europe.
L'Europe doit vivre avec le Sud. Comme l'a dit le président du Sénat, la mer Méditerranée ne doit pas constituer une rupture, mais un trait d'union.
Nous nous sommes rendus à la grande conférence Tunisia 2020 2 ( * ) , qui était fort impressionnante. Beaucoup d'hommes politiques étaient présents, dont M. Manuel Valls, alors Premier ministre.
J'ai le souvenir d'un certain nombre de conférences, comme celle de Deauville 3 ( * ) , qui comportaient également des engagements. Le groupe d'amitié France-Tunisie du Sénat a écrit au Président de République française pour insister sur le fait qu'il était important que les engagements qui ont été pris soient respectés. Ceci est essentiel. Nous devons, en tant qu'amis, nous dire la vérité.
Il nous faut veiller à ce que toutes les paroles se traduisent par des actes concrets. Je sais que nos ambassadeurs y sont attentifs les uns et les autres.
À cet égard, nous sommes attachés au fait que, dans le domaine touristique, les choses évoluent par coopération. J'ai ici tous les chiffres. Madame la ministre en parlera plus savamment que moi. Ils montrent qu'il y a véritablement eu une décrue dans ce domaine en raison de la révolution.
Je le dis aux Français, qui ont fait leur propre révolution en 1789 : ce n'est pas parce qu'un pays fait une révolution pacifiste et progressiste qu'il faut cesser d'y aller ! Au contraire, ce devrait être une raison supplémentaire de s'y rendre.
La menace des attentats est partout la même. Je me rends souvent en Tunisie. Lorsque j'arrive à l'aéroport de Carthage et quand j'en repars, je suis contrôlé désormais trois fois. Il faut le dire, vous avez fait, Madame la ministre, d'immenses efforts en peu de temps en matière de sécurité !
Il faut se rendre en Tunisie : la Tunisie est belle, les Tunisiens sont accueillants et nous devons développer de nouvelles formes de tourisme. Une des tables rondes de cet après-midi traitera de ce sujet : connaître la Tunisie profonde, donner au tourisme de nouvelles dimensions économiques et susciter de nouveaux centres d'intérêts. Beaucoup d'orientations nouvelles peuvent être prises dans ce secteur.
J'adore me rendre en Tunisie et y faire des rencontres, et pas seulement dans les endroits emblématiques. On peut aimer Djerba, les îles Kerkennah, Gafsa, Gabès, Hammamet, mais aussi Chebika, Tamerza ou Midès.
Nous devons parler ensemble et prendre des engagements. Il y a ici des acteurs du tourisme français et tunisien, des responsables de chaînes, d'hôtels, de circuits. Il faut créer des coopérations concrètes et efficaces.
Nous sommes ici pour cela.
Je vous remercie pour votre attention, et je donne la parole à Mme Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l'Artisanat de la République tunisienne.
Mme Selma ELLOUMI REKIK,
Ministre du Tourisme et de
l'Artisanat de la République tunisienne
Monsieur le président du groupe interparlementaire d'amitié,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les députés,
Permettez-moi d'exprimer aujourd'hui ma profonde joie d'être ici.
Les marques de fraternité et de solidarité de la France envers la Tunisie se multiplient et se confirment. Cela nous enchante et nous indique que nous sommes sur la bonne voie.
Après 61 ans d'indépendance, la Tunisie mesure le long chemin parcouru dans nos échanges avec plus d'objectivité et de maturité.
Aujourd'hui, notre patrimoine s'élargit pour englober des pans entiers de ce que nous appelons le « patrimoine du XX e siècle ». Cela correspond à un riche héritage, que nous intégrons avec conscience dans nos politiques de conservation et de valorisation.
Les traces de notre histoire commune constituent une richesse. Nos mémoires, nos imaginaires, nos réflexions s'entrelacent de références croisées. Nos racines culturelles plongent dans le même creuset. Nos rêves s'éclairent de la même lumière.
Le rôle joué par la France dans la tenue et le succès de la Conférence internationale sur l'investissement en Tunisie montre que rien ne peut remplacer cette précieuse coopération et que la France est déterminée à accompagner la Tunisie dans sa transition démocratique et économique.
Chers amis, la Tunisie entame l'année avec beaucoup d'espoir et de détermination. Notre gouvernement d'union nationale a décrété que 2017 serait l'année de la relance économique.
Nous avons franchi des pas indéniables en matière démocratique. Il s'agit maintenant de remettre la machine du développement économique et social en marche. Pour que la Tunisie retrouve les conditions de son plein épanouissement, elle a besoin de redoubler d'efforts et de vaincre les obstacles que vous connaissez.
Le tourisme tunisien, secteur vital de notre économie, a subi ces dernières années les effets néfastes du terrorisme, qui a frappé dans des lieux de haute valeur symbolique, au Bardo et à Sousse. Ce mal absolu, qui a sévi aussi en France et ailleurs, nous sommes sur le point de le vaincre, et la situation sécuritaire est aujourd'hui plus que rassurante. La Tunisie est redevenue cette terre d'accueil, calme et paisible, conviviale et chaleureuse que connaît le monde.
Nous avons également redoublé d'efforts pour développer des segments nouveaux de notre tourisme, en diversifiant l'offre, en puisant davantage encore dans nos richesses patrimoniales pour faire de nos sites et paysages des lieux de découverte et de divertissement pour tous.
Nous envisageons l'avenir avec beaucoup d'espoir et de conviction, parce que nos choix sont ceux de l'humanité libre et sont fondés sur des valeurs partagées.
Avec la France, nous partageons un héritage commun, basé sur une longue histoire, une culture et une solidarité agissante. Nous voudrions que cette fraternité dans l'action se poursuive et devienne un exemple à suivre pour les peuples et les nations des deux rives de la Méditerranée et au-delà.
Face aux défis et aux menaces, notre idéal commun, forgé par les efforts de générations d'hommes et de femmes libres, est plus fort que jamais.
Plus que jamais, nous devons veiller que nos deux pays restent accueillants.
Agissons ensemble pour faire rayonner nos cultures et nos valeurs, faites d'ouverture, de tolérance et de solidarité pour la paix !
Le monde a besoin de nous pour résorber les foyers de tensions et les conflits. Il a besoin de nous pour faire triompher les valeurs d'échange, de dialogue et d'équité. La Tunisie vous salue et vous invite.
Vive la Tunisie, vive la France, vive l'amitié franco-tunisienne !
M. Jean-Pierre SUEUR - Merci, Madame la ministre, pour votre très chaleureux message qui nous touche infiniment.
Nous allons entendre à présent M. Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie.
S.E. M. Olivier POIVRE D'ARVOR,
Ambassadeur de
France en Tunisie
Monsieur le président du groupe d'amitié,
Madame la ministre,
Messieurs et Mesdames les députés,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Monsieur l'ambassadeur,
Merci à vous tous d'être présents aussi nombreux dans un lieu qui s'engage en faveur de la Tunisie.
Les paroles de Jean-Pierre Sueur ne sont pas vaines : vous connaissez son attachement très singulier pour votre pays, notre pays, celui dont nous parlons aujourd'hui.
Même à Tunis, on s'inquiète de savoir ce qu'il se passera après les élections présidentielles françaises. Le Sénat représente la France politique, la France des élus, et sera à vos côtés, madame la ministre, dans les semaines et les mois à venir. La démocratie remplira son oeuvre, et le Sénat, en la personne de Jean-Pierre Sueur et du président Gérard Larcher, nous apporte un précieux concours.
Je ne souhaite pas à Madame la ministre de vivre ce qui est arrivé à M. Fekl. Cela signifierait que le ministre de l'Intérieur tunisien quitte ses fonctions. Or, il n'y a aucune raison à cela.
Par ailleurs, vous faites déjà un travail difficile. Jack Lang, en 1981, disait dans sa première intervention à l'Assemblée nationale que chaque ministre du Gouvernement devait être ministre de la Culture.
Je pense pour ma part que chaque ministre, en Tunisie comme en France, doit être un ministre du Tourisme. D'une certaine manière, en tant que ministre du Tourisme, vous êtes aussi ministre de la Culture, de l'Intérieur - car vous rassurez - ministre du Commerce extérieur et de la Communication.
Votre fonction, votre engagement quotidien, en Tunisie comme en France, ainsi que dans tous les pays où vous portez les bonnes nouvelles, sont extrêmement importants.
Je voudrais également saluer les responsables associatifs, les grands groupes, comme ACCOR, Orange ou Transavia, le syndicat des tour operators , ainsi que les Franco-Tunisiens résidant en France, qui sont les mieux placés pour porter les bonnes nouvelles et les répercuter auprès de mes compatriotes.
Nous avons besoin, dans ce combat pour le tourisme, pour l'économie, au-delà du combat politique, de l'énergie de tous pour que les plages tunisiennes de Bizerte, Tabarka, El Haouaria, Djerba et Zarzis soient à nouveau pleines de monde, et qu'il y ait la queue devant le musée du Bardo.
Il ne faut retenir que les bonnes nouvelles : on comptait 15 000 visiteurs au Bardo en 2015. On en dénombre à présent 60 000. Faisons en sorte qu'il y en ait 100 000 en 2017.
Il faut que les médinas de Sousse, de Sfax, qui font partie du patrimoine mondial de l'humanité, soient de nouveau animées par la présence de touristes, que les gens se pressent pour découvrir les merveilles que vous connaissez, comme El Jem, Dougga, Carthage, Bulla Regia, etc. Il reste aussi de la place pour de nombreux touristes dans les palmeraies et dans le désert du sud du pays. La matière ne manque pas.
Je voudrais saluer la résilience de la Tunisie, qui a vécu ces dernières années des moments historiques, euphoriques, tragiques, mais qui les a traversés, qui se présente aujourd'hui à nous comme une très grande et belle démocratie, au sein d'un ensemble régional plus contrasté dans ce domaine, et qui donne l'exemple. Les premiers effets se font sentir.
Vous dites souvent, Madame la ministre, que cela peut constituer un frémissement, parfois plus. L'année 2016 a déjà été une année de redémarrage pour le secteur touristique. Ceci a été rendu possible parce que votre Gouvernement a pris des mesures drastiques et d'une grande efficacité dans le domaine de la sécurité et de la défense. Il faut saluer le travail des forces de sécurité et de défense, qui ont rendu la Tunisie sûre et paisible.
L'année 2016 a été celle du redémarrage. Je n'ai pas la prétention de croire que la Tunisie a besoin de la France, mais je pense qu'elle a besoin des Français.
En 2010, ils étaient 1,4 million à avoir passé leurs vacances en Tunisie, plus que les Anglais, les Allemands et les Italiens réunis, soit 20 % de l'ensemble des touristes de votre pays. En 2016, ils étaient à peine 400 000 Français, mais cela augmente chaque mois un peu plus.
Ce n'est pas une question de quantité, car les touristes français sont des touristes de qualité, qui sortent de leur hôtel, vont au contact des gens, sont curieux, veulent voir les sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ceci amène un échange, car le tourisme, ce n'est pas uniquement des visites ou du PIB et des devises. À ce titre, le touriste français fait du bien à l'économie.
Par ailleurs, la France a besoin que l'économie tunisienne se porte bien car, malgré ce qu'on entend, la Tunisie n'a jamais été complètement remplacée par d'autres destinations, loin de là. Nos agences de voyage, nos tour operators et nos investisseurs en Tunisie - et ils sont nombreux - en souffrent également.
La France se tient aux côtés de votre pays pour affronter tous ces défis. Le Gouvernement français s'est engagé sur le chemin que vous avez choisi, celui de la réforme du secteur et de la diversification de son offre. Je pense à l'Agence française de développement (AFD), qui a financé des rénovations d'hôtel, à Atout France, aux collectivités territoriales, comme la région Île-de-France, ou bientôt aux régions Normandie et Bretagne. Je crois que le soutien des collectivités locales sera très important dans la relance du tourisme. Croire que tout se fait d'État à État ou à travers des échanges dans le cadre du secteur privé est sûrement illusoire.
Les gestes politiques sont importants. Le Président de la République française est venu trois fois dans votre pays. Manuel Valls était là il y a quelques semaines, et le Premier ministre Bernard Cazeneuve y fera sa dernière visite à l'étranger les 6 et 7 avril prochains.
Je suis conscient que les défis qui se présentent aujourd'hui dans le secteur du tourisme sont nombreux en termes d'offres d'hébergement, d'amélioration de la qualité, de renforcement de la formation, autant de thématiques sur lesquelles la France, qui dispose d'une expertise reconnue en la matière, est à votre disposition.
Qu'allons-nous faire concrètement dans les semaines qui viennent ? Tout d'abord, le Premier ministre sera porteur, en compagnie de Youssef Chahed, le chef du Gouvernement tunisien, les 6 et 7 avril, d'un message en faveur de la relance du tourisme culturel. Nous souhaitions qu'il puisse dire à quel point, au-delà de l'image classique de la Tunisie, il existe des sites qui méritent d'être visités.
Île de Djerba (Crédits : Discover Tunisia)
Nous allons, à partir de la mi-mai, avec votre soutien, Madame la ministre, nous lancer dans une opération intitulée « Djerba invite la France », qui procède d'une idée très simple, que j'ai pu expérimenter quand j'étais ambassadeur chargé de l'attractivité culturelle et touristique auprès de Laurent Fabius. Il ne s'agissait pas à l'époque tant de vendre la France en soi que la Bretagne ou la Côte d'Azur, des « signatures ». Il ne s'agit pas ici de vendre la Tunisie dans son ensemble, mais Djerba, le Sahel, le désert. Cette marque « Djerba », par exemple, est stratégique, puisqu'une grande part des touristes français allait ou ira à Djerba.
« Djerba invite la France », c'est faire appel aux artistes - et je voudrais saluer ceux présents ici, illustres pour beaucoup d'entre eux -, au-delà du travail que réalisent tous les professionnels du tourisme, pour attirer les Français grâce à un certain nombre de festivals, l'Alliance française, l'école française. Toute une série de manifestations, de mai à septembre, vont inscrire Djerba sur la carte culturelle des Français. Nous mènerons la même opération au printemps 2018 concernant Sousse.
Je l'ai dit, la presse, mais aussi la diaspora, ont un rôle essentiel à jouer. Atout France, les collectivités, les agences de voyages, les tour operators , et tous les groupes ici présents peuvent apporter leur aide.
Je terminerai en disant qu'il faut se situer dans une perspective lointaine. L'année 2020 sera un grand rendez-vous pour la Tunisie. Le gouvernement tunisien a décidé que la Tunisie serait le premier pays du Maghreb - et le premier pays arabe depuis Beyrouth, en 2002 - à être l'hôte d'une grande conférence qui réunira 50 chefs d'État et de Gouvernement à Tunis, à l'occasion du sommet de la francophonie.
Au-delà du symbole et de la langue que nous partageons, ce sommet est aussi une occasion formidable de toucher un grand nombre de touristes. On le voit bien depuis que ce sommet a été annoncé. Vingt mille professeurs de français vont se réunir durant une semaine à Tunis et dans les différentes régions. Au-delà, nous devons travailler les marchés francophones qui se sentent à l'aise en Tunisie, car vous parlez notre langue parfois mieux que nous-mêmes. Il faut travailler les marchés canadiens, suisses et belges, et évidemment le marché français.
Nous allons, avec un certain nombre de partenaires privés, créer une Biennale de la photographie entre septembre et octobre 2018, qui constituera un grand rendez-vous culturel. Elle se déroulera à Tunis ainsi que dans deux autres villes de l'intérieur. Cette biennale permettra de présenter la photographie de création du monde entier, mais aussi documentaire, pour aider la Tunisie à construire un événement d'importance internationale.
En 1945, le maire de Nice s'était vu proposé d'organiser un festival consacré au cinéma. Il avait trouvé l'idée quelque peu vulgaire. La proposition avait été faite au maire de Cannes, qui l'avait acceptée. Le Festival de Cannes est aujourd'hui l'événement le plus couvert au monde par les médias, avant les Jeux olympiques !
Pourquoi la France occupe-t-elle aujourd'hui la première place du tourisme, avec 80 millions de touristes et une prévision de 100 millions en 2020 ? Ce n'est pas parce que les Français sont particulièrement sympathiques, mais parce qu'il existe un investissement dans la culture, ces paysages, les musées, les monuments, la gastronomie et tout un art de vivre. Les touristes viennent parce que nous avons travaillé cette matière culturelle depuis deux siècles.
Vous avez tout : peu de pays sont dans ce cas. L'Allemagne n'a pas tout cela. Son image est formidable, mais on ne peut pas dire que c'est le pays de la gastronomie, des plages les plus ensoleillées du monde ni des monuments les plus remarquables.
La Tunisie dispose d'un patrimoine, de créations, de paysages, et d'une histoire. Elle a de l'avenir parce qu'elle a inventé, dans ce monde arabo-musulman, une chose merveilleuse qu'on appelle la démocratie, c'est-à-dire l'égalité entre tous les citoyens.
Bilbao a connu le phénomène du musée Guggenheim, qui a sauvé la ville et transformé son économie. La tour Eiffel, de son côté, est un symbole formidable qui attire des millions de touristes. L'opéra de Sidney reçoit, chaque année, dix à quinze millions de touristes qui arrivent du bout du monde. Le fait que Tunis se tourne vers l'architecture contemporaine pourrait donc constituer une bonne idée.
La Tunisie d'aujourd'hui mérite d'être visitée, parce qu'au-delà des vicissitudes, des changements et de la politique, elle est éternelle et a pour elle une histoire que peu de pays peuvent présenter de manière aussi vivante et objective.
Le Bardo est un grand musée syncrétique qui montre les grandes civilisations que l'on retrouve en Tunisie. La Tunisie est extrêmement vivante et, comme le disait Homère à propos de Djerba, paisible.
M. Jean-Pierre SUEUR - Merci pour ces propos qui ouvrent de multiples pistes.
Je me permets de rappeler que le Festival de Cannes a été créé par Jean Zay, grand ministre du Front populaire, qui a eu l'idée de ce festival pour faire pendant à La Mostra de Venise, à une époque où le régime fasciste ne diffusait que des films soigneusement sélectionnés.
Il a donc cherché une ville pour accueillir ce festival. Certaines n'y ont pas vu d'intérêt, mais Cannes s'est montrée réceptive à cette idée. J'en profite pour saluer le cinéma tunisien, dont la qualité est reconnue, tout particulièrement en France.
Merci pour tout ce que vous avez apporté en vous engageant dans nombre de projets. Madame la ministre désire d'ailleurs revenir sur ceux-ci - preuve qu'il existe une saine complémentarité...
Mme Selma ELLOUMI REKIK - Je voudrais tout d'abord remercier Olivier Poivre d'Arvor pour tout le travail qu'il est en train de réaliser, et pour la grande amitié qu'il porte à la Tunisie. Ses efforts sont en train de donner des résultats.
J'aimerais citer quelques chiffres, car je n'ai parlé que de la relation franco-tunisienne et de l'avenir de la Tunisie.
L'année 2016 a effectivement été une année de reprise pour le tourisme. La Tunisie est connue pour ses plages, mais il n'y a pas qu'elles. Nous avons des dizaines de milliers de sites historiques méconnus sur tout notre territoire, du Sud au Nord.
Certaines villes puniques, romaines, byzantines, comme Gafsa ou Kasserine, sont totalement oubliées par les touristes. La gastronomie tunisienne est également exceptionnelle et chaque région a ses spécificités.
Notre artisanat est extrêmement riche et emploie plus de 350 000 personnes, dont 80 % de femmes, qui travaillent dans les montagnes ou dans les villages et apportent beaucoup à leur famille. En Tunisie, la femme est le pilier de la famille.
Beaucoup de Tunisiens qui avaient trouvé un emploi en Libye se sont retrouvés au chômage après la révolution. Ce sont les femmes qui ont travaillé, essentiellement dans l'artisanat, pour nourrir leurs enfants et leur permettre de continuer à aller à l'école. En Tunisie, l'école est très importante. C'est un ascenseur social. Il est primordial pour une mère de famille que ses enfants réussissent et puissent occuper ensuite une position sociale de choix.
La Tunisie est au centre de la Méditerranée. Elle jouit d'une situation stratégique. Nous sommes à quelques heures des principales capitales européennes, à une heure de Rome, à deux heures de Paris. Certains connaissent l'ouverture du peuple tunisien, même si nous sommes passés par des périodes difficiles. Le terrorisme n'existait pas auparavant en Tunisie.
Notre pays ne connaît pas la culture de la violence. Ce sont des choses qui se sont installées récemment en Tunisie comme dans toute la région et l'on voit ce qui se passe ailleurs.
En outre, la Tunisie est située aux portes de l'Afrique, qui constitue un marché en pleine ouverture. Les mesures que nous avons prises ou que nous sommes en train de mettre en place dans le cadre de la restructuration du tourisme et de l'économie, avec l'ouverture du ciel, vont permettre de faire de la Tunisie un hub . L'Afrique est un marché vierge, qui va s'équiper, où toute l'infrastructure est à réaliser. Pour notre pays, être bien placé sur les plans économique et industriel est donc crucial. Le tourisme d'affaires est également important.
Olivier Poivre d'Arvor a déjà fait état des chiffres concernant l'arrivée des touristes français en Tunisie avant et après la révolution. L'année 2000 a en effet connue une relance, mais les chiffres jusqu'au 20 mars 2017 affichent une croissance de l'ordre de 32 %.
La reprise des échanges avec la France est importante en pourcentage, même si les chiffres sont peu élevés, et nous avons enregistré un certain surbooking avec la Belgique dès que celle-ci a levé l'interdiction de voyager en Tunisie.
Les réservations sont revenues. La sécurité est rétablie. Nous n'avons pas eu de problème en 2016. La reprise est donc réelle. Bien entendu, le risque zéro n'existe pas. On a vu ce qui est arrivé dans des pays où la sécurité est pourtant très stricte. Nous condamnons vivement ce qui s'est passé hier à Londres. Nous pensons aux familles des victimes et aux enfants français présents à ce moment-là.
Je voulais appuyer ce qu'a dit notre ami Olivier Poivre d'Arvor. La reprise est bien là en matière touristique en Tunisie. Nous travaillons sur la diversification des produits - balnéaire, culturelle, médicale - ainsi que sur la thalassothérapie. La Tunisie est la deuxième destination au monde dans ce domaine, après la France.
M. Jean-Pierre SUEUR - Ce que vous dites est vrai. Je suis retourné récemment à El Jem. L'ensemble de mosaïques que vous avez mis à jour et qui est présenté là-bas est extraordinaire. Ces mosaïques sont d'une beauté extrême. Il faut visiter ces endroits !
La parole est à M. Houcine Jaziri, député de la première circonscription de France à l'Assemblée des représentants du peuple.
M. Houcine JAZIRI,
Député des
Tunisiens de France,
Président du groupe d'amitié
Tunisie-France de l'Assemblée des Représentants du
Peuple
Monsieur le président du groupe d'amitié,
Madame la ministre,
Messieurs et Mesdames les députés,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Messieurs les ambassadeurs,
Je suis né à Zarzis, dans le Sud de la Tunisie, une ville située à côté de Djerba. On y a conservé un tourisme « traditionnel ». La ville ne compte qu'une dizaine d'hôtels. Deux ou trois ont été refaits à neuf après la révolution.
C'est un endroit qui n'est pas pollué. La mer y est très belle. J'ai voyagé à travers des dizaines de pays, mais la luminosité que l'on trouve à Zarzis et à Djerba est exceptionnelle. Cela donne envie d'y vivre. Je vous conseille vivement de visiter cette petite ville.
Un quart de ses natifs vivent en Île-de-France. Ce sont de grands voyageurs. Je suis resté en exil en France durant vingt ans. Mon retour a constitué le moment le plus important de ma vie.
Des villes comme Sfax ou Gabès ont souffert d'une industrialisation insupportable, qui a engendré une grande pollution. Aujourd'hui, on est en train d'y remédier, mais cela demande beaucoup d'argent.
Zarzis et Djerba sont à 2 heures 30 de Paris, et tout le monde y parle le français.
Le retour du tourisme marque la réussite de la révolution et de la démocratie en Tunisie.
Pourquoi tient-on tant au tourisme ? C'est une approche culturelle plus que commerciale. À Djerba, on vit avec 300 euros par semaine.
Il existe à côté de Djerba une île appelée el Bibane. Ce sont les Romains qui l'ont découverte. Allez-y, vous adorerez !
Politiquement, on s'améliore aussi. Depuis l'arrivée du gouvernement dirigé par Youssef Chahed, il n'y a pratiquement plus d'actes terroristes ni, grâce au dialogue social, de grèves sauvages. Avec la démocratie et l'instauration de la République, la Tunisie réussira, Inch'Allah !
M. Olivier POIVRE D'ARVOR - On mange également très bien à Zarzis. Il existe aussi à Paris un très bon restaurant tenu par Nordine Labiadh, natif de Zarzis, dont le nom est « À mi-chemin ».
J'en profite pour dire que votre député est un bon communicant. Ma secrétaire prétend que c'est le Clark Gable de l'assemblée nationale ! Il est vrai qu'il existe une petite ressemblance.
M. Jean-Pierre SUEUR - En France, on constate que les maires sont amoureux de leur ville. L'élu de la ville la moins ensoleillée ou celui de la ville la plus triste, quand ils parlent de leur commune, la dépeignent avec les yeux de l'amour. Après vous avoir entendu, Monsieur le député, on se sent coupable de ne pas connaître Zarzis !
La parole est à M. Ghazi Gherairi, ambassadeur délégué permanent de la Tunisie auprès de l'UNESCO, qui va nous dire quelques mots en « hors-d'oeuvre ». Les hors-d'oeuvre tunisiens ne se limitent pas aux bricks à l'oeuf ! Certains ont une conception très réduite d'une gastronomie qui, comme l'a dit Monsieur l'ambassadeur, compte une très large palette de plats de même nature.
S.E. M. Ghazi GHERAIRI,
Ambassadeur
délégué permanent de la Tunisie auprès de
l'UNESCO,
Monsieur le président,
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les députés,
Monsieur l'ambassadeur,
Madame la ministre,
Chers invités,
Je suis très heureux d'être ici présent, mais je ne vous infligerai pas de double discours. Nous sommes en effet dans une des deux maisons qui, à Paris, produisent le droit en France. Non bis in idem !
Je m'inscris dans la tendance générale qui s'est dégagée de l'ensemble des présentations de ceux qui m'ont précédé.
La Tunisie et la France ont forgé, à travers les siècles, une histoire complexe et enchevêtrée. Le souhait qui se dégage de l'ensemble des discours est de partager un moment d'intelligence dans nos rapports communs. Je crois que les ingrédients de cette intelligence se présentent de manière fort complète ces dernières années.
Nous sommes réunis pour parler du tourisme tunisien, et de la crise - ou de la sortie de crise - du tourisme tunisien. C'est certainement un vecteur important pour l'équilibre économique, pour la perception du pays, pour le « label Tunisie », ainsi qu'on l'appelle désormais.
Il existe une dépendance économique de beaucoup de secteurs vis-à-vis du tourisme en Tunisie, c'est un fait. La crise que nous avons connue n'a pas été totalement prévue, en tout cas dans son ampleur, notamment ces deux dernières années, mais l'intelligence nous impose de ne pas chercher à revenir au statu quo . Faisons au moins en sorte que d'une crise naisse un nouveau regard sur le tourisme, qu'un nouveau tourisme découle de cette crise, un tourisme tourné vers d'autres secteurs et d'autres vecteurs.
La Tunisie est porteuse de beaucoup de valeurs d'une extrême richesse. On a parlé de la richesse culinaire, archéologique, etc., mais il y en a d'autres. Il nous revient de faire en sorte que le nouveau tourisme tunisien soit moins dépendant des aléas, moins fragile et améliore la situation économique et l'image de la Tunisie, qui a fourni au reste du monde les preuves qu'un pays arabo-musulman est capable de s'autodéterminer en matière de principes démocratiques, de respect de la valeur humaine et d'égalité entre les hommes et les femmes.
Le musée du Bardo comporte, dans une de ses salles, une mosaïque d'El Jem, où l'on peut lire : « Omnia tibi felicia ». Ceux qui possèdent quelques rudiments de latin auront compris que la Tunisie vous ouvre ses bras depuis des millénaires. Elle a vocation à continuer à le faire.
M. Jean-Pierre SUEUR - Nous allons maintenant, en ouverture de la première table ronde, vous présenter une vidéo qui recense les sites de Tunisie inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO 4 ( * ) . ( Projection de la vidéo )
La parole est à M. Mohamed Ghannem, député des Tunisiens de France et président de la Fédération des associations franco-tunisiennes.
M. Mohamed GHANNEM - Je voudrais rendre ici hommage à tous ceux qui ont beaucoup travaillé sur ce colloque, comme M. Youssef Meniar, secrétaire exécutif du groupe d'amitié France-Tunisie, et de nombreux membres du conseil d'administration de la Fédération des associations franco-tunisiennes, comme M. Maher Ben Azzouz.
Je remercie également le Sénat de nous accueillir dans le temple de la République française.
M. Jean-Pierre SUEUR - Merci pour les actions de coopération médicale que vous menez, et que nous essayons de soutenir.
Comme le rappelle le docteur Mohamed Ghannem, je répète que nous avons organisé ce colloque avec la Fédération des associations franco-tunisiennes, qu'il préside, et Maher Ben Azzouz, son secrétaire général.
Il est très important que ce colloque rassemble un certain nombre de représentants des institutions et réunisse le tissu vivant des Tunisiens de France, représentés par des dizaines d'associations, qui ont de grands projets, notamment celui d'un centre culturel destiné à faire vivre le coeur battant de la Tunisie dans chacune de nos villes - et même à Châlette-sur-Loing !
Mosquée de Kairouan (Crédits : Discover Tunisia)
* 2 La Conférence internationale d'appui au développement économique, social et durable de la Tunisie s'est réunie les 29 et 30 novembre 2016 ; le Gouvernement tunisien a annoncé 15 milliards d'euros d'engagements d'ici 2020, sous la forme d'investissements directs, de dettes reconverties, de prêts bonifiés préférentiels et de dons, dont un milliard d'euros pour la France par l'intermédiaire de l'Agence française de développement.
* 3 Le sommet du G8 2011 s'est tenu à Deauville du 26 au 27 mai 2011 à Deauville a lancé le partenariat de Deauville avec les pays arabes en transition pour les accompagner vers des sociétés libres et démocratiques, à travers une réponse multilatérale mise en oeuvre par les institutions financières internationales ; en plus de mobiliser les institutions européennes, la France s'est directement mobilisée pour la Tunisie en accordant 425 millions d'euros de prêts à conditions avantageuses sur la période 2011-2013, par l'intermédiaire de l'Agence française de développement.
* 4 La Tunisie dispose de huit sites inscrits au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO : la médina de Tunis, le site archéologique de Carthage, l'amphithéâtre d'El Jem, le parc national de l'Ichkeul, la cité punique de Kerkouane et sa nécropole, la médina de Sousse, Kairouan et le site archéologique de Dougga.