Défis et opportunités pour une entreprise industrielle de taille intermédiaire (ETI) |
Le groupe Moret est une société familiale créée il y a cinq générations et dont le chiffre d'affaires atteint 320 millions d'euros. Il a connu une forte croissance ces dernières années, grâce notamment à l'export, puisque le marché français ne représente que 20 % de ses débouchés.
Le coeur de notre activité se situe dans les biens d'équipement de l'agro-industrie de première transformation. Nous cherchons à créer de la valeur ajoutée sur l'ensemble de la chaîne de production et diversifions notre activité à travers notamment la production de pompes industrielles.
L'embargo constitue sans nul doute un frein à l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché iranien. Toutefois, il a eu un effet positif, dans la mesure où il a contraint les entrepreneurs iraniens à solliciter des équipementiers chinois, incapables de leur offrir les gages de qualité suffisants. Le retour des entreprises françaises en Iran n'est donc pas compromis, si tant est que celui-ci s'effectue rapidement.
De ce fait, la perspective de levée des sanctions représente un point très positif pour les entreprises oeuvrant dans le domaine des biens d'équipement.
Dans le cadre de la mission organisée par le MEDEF, nous avons visité la société MAPNA, productrice de turbines à gaz. À cette occasion, nous avons pu constater que, en dépit de l'embargo, des pièces estampillées Siemens et General Electric étaient livrées sur place. Par ailleurs, nous avons observé que les Iraniens avaient développé un véritable savoir-faire, à tel point qu'ils sont aujourd'hui capables de perfectionner les produits étrangers et concurrencer les compagnies étrangères dans leurs domaines de prédilection. Il est donc fort probable que la levée des sanctions favorise les exportations iraniennes sur nos marchés nationaux.
A l'inverse des grands groupes pétroliers et automobiles, les producteurs de biens d'équipement bénéficient d'opportunités pour satisfaire le client iranien et entretenir des relations avec l'Iran.
En outre, la législation iranienne connaît actuellement des changements fondamentaux. À titre d'exemple, un certain nombre d'équipements devront à l'avenir être fabriqués à 65 % au niveau local. Il apparaît donc impératif pour les entreprises françaises de développer localement une partie de la production, sinon elles ne pourront pas bénéficier de l'ouverture du marché.
Enfin, permettez-moi de vous faire part d'une anecdote personnelle. En 2012, nous avons signé un contrat avec une licence d'exportation nécessitant l'aval du gouvernement français. Or, celle-ci nous a été refusée. Nous sommes donc passés par notre filiale belge, qui fabrique les mêmes équipements et qui, elle, a obtenu sans aucune difficulté la licence. En outre, nous avons voulu livrer les pièces à partir du port d'Hambourg. Celles-ci ont failli faire l'objet d'une rétention, alors que nos concurrents allemands ont obtenu une licence d'exportation pour fournir des équipements identiques au même client.
Il apparaît donc évident que la France doit faire des progrès conséquents en ce qui concerne la prise en compte des intérêts de ses entreprises.