PROJET DE CANAL ÉDUCATIF FRANCOPHONE
Rapport de M Louis Mexandeau
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Introduction
La maîtrise de l'industrie du message constitue désormais un enjeu majeur. La Communauté francophone n'a pas manqué de prendre très tôt acte de cet important changement par lequel le monde passe progressivement de la société industrielle à la société de l'information et de la communication. En effet, déjà à la Conférence des ministres francophones de la communication au Caire (février 1985) et au Sommet de Paris (1986), ensuite aux deux derniers Sommets de la Francophonie (Cotonou et Hanoi, en 1995 et 1997), ainsi qu'à la Conférence des ministres francophones chargés des inforoutes (Montréal en 1997), la Communauté francophone a manifesté avec force tout son intérêt pour les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, qui doivent devenir pour elle des facteurs de développement et de structuration interne.
Ainsi étaient définies par ces hautes instances les finalités d'un projet francophone de la communication s'inscrivant dans les trois axes suivants : créer un message de contenu francophone en français et dans les langues partenaires, assurer sa diffusion, et doter la Francophonie d'infrastructures de communication modernes et performantes.
Par ailleurs, dans le Plan d'action de Hanoi, l'éducation et le secteur de la formation professionnelle et technique sont inscrits comme actions prioritaires au sein du programme mobilisateur "Espace de savoir et de progrès".
C'est dans ce contexte qu'est né le projet de création du Canal éducatif francophone (Canal EF).
La Commission de l'éducation, de la communication et des affaires culturelles a eu l'occasion, à deux reprises, en juillet 1998 à Abidjan, et en novembre 1998 à Paris, de suivre les interventions de M. Bernard Loing, Président de l'association pour l'enseignement à distance et les technologies éducatives, Président du Comité de pilotage de Canal EF, sur cet important projet multilatéral, initié et mis en chantier par l'Agence intergouvernementale de la Francophonie, pour les francophones d'Afrique, du Proche-Orient et de l'Océan Indien.
L'objet du présent rapport est de présenter dans ses principes, ses objectifs généraux et sa programmation ledit projet, et de solliciter le soutien de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, comme nous avons eu déjà à le faire pour TV5, TV5-Afrique et le Fonds francophone des inforoutes.
Ce projet sera soumis, comme "grand projet pour la Francophonie" au prochain Sommet de Moncton.
1. Un service éducatif du XXIème siècle pour le continent africain
Moyen de communication le plus universel en Afrique, la radio est en train de connaître, sur ce continent, un saut technologique majeur. L'arrivée de la technologie numérique -celle des "autoroutes de l'information"- avec le satellite Afristar de la société WorldSpace (lancé en octobre 1998), va permettre la diffusion simultanée de centaines de programmes radio de haute qualité sonore. La Fondation WorldSpace, partenaire de ce projet, dispose à conditions préférentielles, d'un certain nombre de canaux pour des actions de formation.
Dans ces conditions, s'appuyant sur cette technologie d'avenir pour appliquer sa politique de "grands chantiers pour la jeunesse, pour la maîtrise des outils de la modernité, pour l'accès au savoir", l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie travaille activement à la création d'un projet majeur de Canal Éducatif Francophone (Canal EF) pour l'an 2000 7 ( * ) . La couverture continentale du satellite permettra de desservir les populations francophones d'Afrique, du Proche-Orient et de l'Océan Indien. Il diffusera pour l'essentiel des programmes en français, en intégrant certaines émissions dans les grandes langues partenaires quand le développement de la programmation le permettra.
La radio éducative n'est pas une nouveauté en Afrique, et de nombreux pays utilisent déjà ce vecteur de communication dans le cadre de programmes d'enseignement et de formation, notamment pour l'enseignement à distance et pour la formation professionnelle et continue. Elle se prête aisément à une appropriation spécifique par les communautés africaines, où prévaut la tradition orale.
Il s'agit cette fois de mener une action plus large, multilatérale et coordonnée, en créant un canal radiophonique de service éducatif, culturel et social, destiné d'abord aux communautés éducatives (écoles, lycées, universités, lieux de formation professionnelle), rurales, associatives, etc., puis s'ouvrant progressivement au grand public et aux individus soucieux de formation et d'enrichissement intellectuel et professionnel.
Maître d'oeuvre du projet, l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie entend le mener jusqu'à la fin de sa phase expérimentale. Elle n'a cependant pas mission à être elle-même exploitante d'une chaîne radiophonique. Ce canal radio devra donc, en vitesse de croisière, disposer de sa propre structure de gestion et d'exploitation.
L'Agence gardera sa fonction consistant à promouvoir la fabrication et la collecte de contenus francophones novateurs. Le canal viendra soutenir ses actions sur le terrain, ainsi que celles de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux visant les mêmes objectifs. Cet outil éducatif viendra renforcer par la même occasion son dispositif déjà en place dans les pays concernés (radios rurales locales, CLAC, futurs centres francophones d'appui au développement culturel et social). Il devra rester conforme à sa "mission éducative", assurant en particulier la promotion du français et des langues partenaires, domaine majeur d'intervention de l'Agence au prochain biennum. On veillera par ailleurs à ce que le canal ne vienne pas s'inscrire comme concurrent des chaînes généralistes, nationales ou internationales. Celles-ci seront néanmoins des partenaires indispensables au projet, comme le seront aussi les radios rurales et locales.
Canal EF est essentiellement destiné aux populations des pays et territoires de l'Afrique francophone. Il s'agit donc d'une "radio africaine pour les Africains". Son animation, sa programmation, son exploitation devront donc, dans toute la mesure du possible, être assurés, sinon exclusivement, du moins majoritairement par eux.
* 7 Ce projet a été en réalité élaboré par un groupe de travail sous la direction de M. Bernard Loing. La contribution principale a été apportée par l'Agence intergouvernementale de la Francophonie qui a engagé une étude de faisabilité. Plusieurs ministres africains de l'éducation et le Secrétaire général de la Conférence des ministres de l'éducation francophones (CONFEMEN) ont été à la base du projet. Ont également collaboré aux travaux :
- l'AUF, le CIRTEF,
- la Fondation WorldSpace qui gère des ressources mises à disposition sans but lucratif par la société,
- des experts des secteurs de l'éducation, de la formation, de la radio, de l'Afrique (histoire et sociétés),
- le Conseil supérieur de l'audiovisuel français.