B. DES INVESTISSEMENTS CROISSANTS ET EN VOIE DE DIVERSIFICATION
Alors que l'Australie a été, historiquement, une terre d'accueil pour nos entreprises dès le siècle dernier, lorsque les sociétés françaises se sont impliquées dans le commerce de la laine, les investissements français ont vraiment pris une ampleur significative à partir des années 80, parallèlement à l'envolée de nos exportations. Aujourd'hui, largement présentes dans tous les domaines de l'économie australienne, environ 230 entreprises françaises sont implantées dans ce pays.
1. Des investissement significatifs
L'Australie connaît aujourd'hui un rapide
développement
des filiales françaises. Sur les 230 sociétés de ce type
recensées par les services de l'expansion économique, seules 34
ont été créées avant 1980.
Les entreprises recensées emploient près de 35.000 personnes tous
secteurs d'activités confondus (dont près de 14.000
salariés au sein des implantions de AXA et ACCORD), ce qui
représente 0,4 % de la population active australienne.
On peut estimer le chiffre d'affaires réalisé par l'ensemble des
filiales françaises à 10 milliards d'AUD, soit
près de
2 % du PIB australien.
Les filiales françaises sont géographiquement très
concentrées. Plus des deux tiers des implantations françaises
sont situés dans l'Etat de Nouvelles Galles du Sud et 17 % dans le
Victoria, ce qui s'explique par la nature des activités exercées
par ces filiales et par l'importance de ces deux états dans
l'économie du pays.
2. La présence des entreprises françaises dans tous les secteurs de l'économie australienne.
Les
entreprises françaises sont présentes dans tous les secteurs de
l'économie et exercent des activités de production, de
commercialisation et de prestation de services. Les activités de
production recouvrent un champ large et divers de produits, tels que les
composants chimiques et pharmaceutiques, le matériel électrique
et électronique, les télécommunications, la transformation
de la laine, l'exploitation de matière premières, le vin.
Parmi les plus importantes, peuvent être citées :
-
• Dans le secteur des matières premières :
- PECHINEY : Queensland Alumina et Tomago, détenues respectivement à 20 % et 36 % par PECHINEY, emploient plus de 2.200 personnes en Australie ;
- CHARGEURS a investi massivement dans l'usine de peignage de RIVERINA WOOL COMBING (filiale à 100 %), qui représente 30 % de la capacité de peignage de l'Australie et est le 25 ème exportateur australien, avec un chiffre d'affaires annuel à l'exportation de plus de 300 millions d'AUD.
- La COGEMA est présente dans les activités d'exploration d'or et d'uranium en Australie Occidentale, dans le Queensland et les Territoires du Nord. Elle est actionnaire du groupe ERA qui exploite la mine d'uranium de Ranger (Territoires du Nord).
• Dans le secteur du BTP :
- BOUYGUES, sous la forme d'une joint-venture avec Transfield, a remporté le contrat pour la construction d'une liaison ferroviaire souterraine de 10 kms (avec 5 stations) entre la gare centrale de Sydney et l'aéroport.
• Dans le secteur des transports et de l'aéronautique :
- MACK TRUCKS (RENAULT VI) avec 18 % du marché des poids lourds gamme haute (plus de 300 chevaux et plus de 15 tonnes) est la deuxième marque en Australie.
- EUROCOPTER a installé en 1992 un centre de maintenance d'hélicoptères près de Sydney. Eurocopter est candidat à un appel d'offre de l'armée australienne pour une vingtaine d'appareils (catégorie Tigre) d'une valeur de 1,3 milliard d'AUD.
Le projet de construction d'une ligne TGV de 320 kilomètres qui relierait Sydney et Canberra en 90 minutes semble aujourd'hui piétiner. Les travaux devaient commencer cette année, la livraison de la première rame était prévue pour 2002 et la mise en service de la ligne pour 2004.
En août 1998, Speedrail, groupement formé pour moitié par le français Alsthom et par l'australien Leighton Contractors Pty, avait été retenu pour réaliser, financer et exploiter cette liaison pendant 30 ans. Mais le projet, dont le coût est estimé à 4 milliards d'AUD, doit être entièrement financé sur des fonds privés, le gouvernement fédéral se refusant à prendre en charge ne serait-ce qu'une partie du coût de la nouvelle ligne.
Les responsables de Speedrail réclament par conséquent des abattements fiscaux d'un montant d'un milliard d'AUD au nom de la "réduction des coûts", les abattements devant être, selon eux, compensés par l'augmentation des rentrées fiscales provoquées par le regain d'activité économique dû à la construction de la ligne, le prix du billet de TGV étant inférieur de moitié à ce que coûte actuellement la liaison en avion.
Le Trésor et le Département des finances australiens ont une interprétation plus restrictive de cette "réduction" et refusent cet abattement. Ce différend fiscal retarde donc le lancement effectif du projet.
• Dans le secteur des télécommunications :
- ALCATEL dispose, notamment, avec l'usine de Port Botany (près de Sydney), d'une technologie de pointe pour la fabrication des câbles sous-marins en fibre optique. Alcatel a remporté en 1998 le contrat de la pose du câble transpacifique.
• Dans le secteur du matériel électrique et électronique :
- Lors de sa fusion, GEC-ALSTHOM a acquis l'usine d'équipements électriques de North Ryde en Nouvelles Galles du Sud et emploie aujourd'hui 2.200 personnes.
- THOMSON CSF a créé une holding Asie-Pacifique à Canberra en 1995 qui a remporté la même année un important contrat (750 MF) de couverture aérienne signé avec les autorités de l'aviation civile australienne.
THOMSON CSF a par ailleurs été choisi par le Gouvernement australien pour la reprise du constructeur naval militaire public ADI (Australian Defence Industry). Cette opération a constitué une étape importante en raison du caractère particulièrement sensible des productions d'ADI, qui n'a cependant pas empêché les Australiens de préférer une entreprise française à une concurrente américaine.
- THOMSON MARCONI SONAR (TMS) issu de la fusion des activités sous-marines du britannique GEC et de la branche sonar de Thomson (Thomson Sintra) fin 1996, a inauguré son usine de Rydalmere (NSW) en 1997 ; celle-ci emploie plus de 500 personnes. En 1997, TMS Australie a remporté deux importants contrats pour une nouvelle génération de sonar, l'un avec la marine espagnole et l'autre avec la marine australienne.
• Dans le secteur de la chimie :
- RHONE-POULENC emploie aujourd'hui près de 500 personnes en Australie.
• Dans le secteur de l'agro-alimentaire :
- PERNOD-RICARD contrôle ORLANDO WYNDHAM, 3 ème groupe australien en matière de vins et spiritueux, avec plus de 20 % du marché local.
• Dans le secteur des services aux entreprises :
- la société d'intérim ADECCO, qui emploie près de 200 personnes, est l'agence d'intérim officielle des Jeux olympiques de Sydney en l'an 2000.
• Dans le secteur des services aux collectivités :
- la LYONNAISE DES EAUX, associée à l'australien Lend Lease, a construit une usine d'épuration et de filtration des eaux à Sydney, d'une valeur de 200 millions d'AUD et qui est à ce jour la plus grande de l'hémisphère sud.
- VIVENDI gère l'assainissement et la distribution de l'eau dans l'agglomération d'Adélaïde en partenariat avec le britannique Thames Water (contrat d'une valeur globale de 1,5 milliard d'AUD sur 15 ans) et a remporté le contrat de traitement des déchets domestiques du nord de la ville de Sydney.
- JC DECAUX a remporté en décembre 1997 le contrat de fourniture de matériel urbain de la ville de Sydney pour les 20 prochaines années.
• Dans le secteur des banques :
- La BNP occupe la 11 ème position dans le classement des banques pour le total des fonds prêtés aux entreprises australiennes en 1997.
• Dans le secteur de l'assurance :
- • Dans le secteur de l'hôtellerie et du tourisme :
Le nombre des implantations françaises en Australie continue à croître régulièrement . La croissance - et la diversification- de nos investissements dans ce pays ces dernières années s'est accompagnée, il faut le souligner, d'une amélioration sensible et concomitante de notre balance commerciale.
La reprise économique, les Jeux olympiques et la volonté des autorités australiennes d'attirer dans leur pays les sièges régionaux des entreprises étrangères devraient maintenir et peut-être accélérer les investissements français dans ce pays et ce, d'abord dans les services, l'agro-alimentaire, les télécommunications et l'informatique, secteurs de référence pour l'Australie et pour lesquels existe une offre française de qualité.