LES RELATIONS FRANCO-JAPONAISES
Après une montée en puissance progressive depuis les années 1980, les relations franco-japonaises, marquées par l'absence de contentieux depuis la fin de notre ultime campagne d'essais nucléaires dans le Pacifique, connaît une embellie notable depuis la visite d'Etat du Président de la République du 17 au 20 novembre 1996 et la signature d'un plan d'action destiné à définir les grandes orientations de la coopération bilatérale. Les années 1997 et 1998 ont permis d'approfondir ce nouveau partenariat franco-japonais, notamment grâce à l'organisation de l'Année du Japon en France, suivie, à compter du voyage présidentiel d'avril 1998, de l'Année de la France au Japon.
I - UNE EMBELLIE DES ÉCHANGES POLITIQUES ET CULTURELS ENTRE LES DEUX PAYS
A -
Un nouveau partenariat s'est établi dans le domaine politique
Jusqu'aux années 1980, les visites bilatérales au niveau des
chefs d'Etat et de Gouvernement étaient trop distendues pour nourrir la
relation à haut niveau. Le début des années 1990 a vu les
visites des Premiers ministres Michel Rocard en 1990 et
Pierre Bérégovoy en 1992, puis l'Empereur du Japon s'est
rendu en France en octobre 1994, M. Murayama venant à Paris en juin
1995.
La nouvelle politique asiatique de la France, présentée par le
Président de la République lors de son discours de Singapour (29
février 1996), a souligné l'importance qui devrait être
accordée aux relations avec le Japon, auquel il a réservé
sa première visite d'Etat.
La visite d'Etat de 1996 a permis de relancer le dialogue politique
après l'épisode des essais nucléaires.
Un plan d'action franco-japonais, intitulé " France-Japon :
vingt actions pour l'an 2000 " a été signé par MM.
Chirac et Hashimoto le 18 novembre 1996. Il constitue désormais le cadre
agréé régissant nos relations bilatérales. Il est
divisé en trois volets, prévoyant :
- des
rencontres régulières à tous les niveaux
,
notamment un sommet annuel franco-japonais, des rencontres bi-annuelles entre
ministres des Affaires étrangères et des entretiens
réguliers entre ministres économiques ;
- une
coopération bilatérale approfondie
;
-
une
coopération sur les grandes questions
internationales
.
Un
suivi de ce plan
a permis d'établir un premier bilan,
relativement satisfaisant, dont la première traduction concrète
avait été la
lettre commune sur l'aide au
développement
, adressée de Tokyo par le Président de
la République et M. Hashimoto à leurs collègues du G7, le
18 novembre 1996.
Depuis 1996, le rythme des consultations politiques est resté
élevé. La faible disponibilité des responsables japonais,
tributaires du calendrier parlementaire, n'a pas empêché le
respect des objectifs du plan d'action (un sommet annuel, des rencontres
semestrielles des ministres des Affaires étrangères :
août et septembre 1997, avril et septembre 1998, pour les
dernières). Le Président de la République et le Premier
ministre Hashimoto ont échangé une correspondance
régulière. Les Premiers ministres japonais ont pris l'habitude
d'appeler le Président de la République au
téléphone pour des entretiens informels et les rencontres en
marge d'événements internationaux (ASEM, G8) sont
fréquentes.
La visite officielle du Président de la République (25 au 29
avril 1998), celle du Premier ministre japonais à Paris (6 au 8 janvier
1999) et enfin de M. Jospin (16 au 18 décembre 1999) sont venues
confirmer la qualité de la relation franco-japonaise
.
Au-delà du succès de l'ouverture de l'Année de la France
au Japon, la classe dirigeante japonaise (famille impériale, principaux
responsables politiques, milieux d'affaires) a montré son empressement
à témoigner son amitié pour le Président de la
République et pour notre pays. Mais surtout, le
message de confiance
dans l'avenir
de l'économie de l'archipel et de solidarité
euro-asiatique adressé par le Président (dans son discours devant
le Keidanren notamment) a été bien reçu à un moment
où le Japon était en proie au doute et aux critiques d'autres
partenaires comme les Etats-Unis. Les entretiens du Président de la
République avec le Premier ministre japonais (le 27 avril) ont permis de
relancer l'impulsion donnée en 1996
.
La visite à Paris de M. Obuchi a permis de réaffirmer la
confiance réciproque entre les deux pays et, quelques jours après
l'avènement de l'euro, d'avoir un échange de vues confiant sur
l'évolution du système monétaire international
(renforcement du rôle du FMI, établissement d'une stabilité
des changes entre euro, dollar et yen, contrôle des opérateurs
privés - respect des règles prudentielles et limitation aux
activités des fonds spéculatifs).
A l'occasion de cette visite a aussi été signé un accord
intergouvernemental sur les " vacances-travail " des jeunes de moins
de trente ans. Cet accord (le premier entre un pays européen et le
Japon), facilitera une meilleure connaissance réciproque entre les deux
peuples et permettra, grâce à un allégement des
procédures de visas et d'autorisations de travail, l'acquisition de
premières expériences professionnelles dans le pays partenaire.
Il existe aujourd'hui, entre la France et le Japon, environ un contact de
niveau gouvernemental par mois, en moyenne. Les consultations entre hauts
fonctionnaires se sont elles aussi intensifiées depuis la signature du
plan d'action : consultations politiques entre le Secrétaire
général des Affaires étrangères français et
son homologue, qui se tiennent généralement deux fois par an,
consultations entre Directeurs du ministère des Affaires
étrangères et du Gaimusho, consultations régulières
entre le DREE et le MITI, contacts annuels entre le Commissariat
Général au Plan et l'agence japonaise de Planification...
Le ministre de l'Economie et des Finances s'est rendu au Japon fin octobre,
afin de dégager des points d'accord entre les deux pays à propos
des prochaines négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Enfin,
la récente visite de M. Lionel Jospin au Japon,
accompagné de quinze chefs d'entreprise
, a été
l'occasion de renforcer les liens entre les deux pays. Le Premier ministre a eu
une réunion de travail avec son homologue M. Obuchi et a
été reçu par l'empereur Akihito et son épouse. Il
est intervenu sur le thème " Mondialisation et
régulation " dans un symposium organisé par le quotidien
économique Nihon Keisaï. Il a signifié aux Français
présents dans l'archipel qu'en dépit de la crise
économique, il avait confiance dans l'avenir et qu'il ne fallait pas
laisser retomber l'élan donné par l'alliance Nissan-Renault. Il a
affirmé aux Japonais que "
mondialisation ne signifiait pas
américanisation
". Ce déplacement a d'ailleurs
été marqué par la signature d'une déclaration
commune sur la mondialisation.
Les deux pays se sont concertés ou ont décidé d'agir
conjointement pour un nombre accru de dossiers internationaux
parmi
lesquels la réforme de l'
ONU
(où la France soutient sans
ambiguïté la candidature japonaise à un siège de
membre permanent du Conseil de sécurité), les questions de
désarmement, le Cambodge, le maintien de la paix, le
développement en Afrique, la crise iraquienne, la sécurité
de l'Asie du nord-est...
Par ailleurs, un dialogue plus étoffé s'est instauré sur
les
questions stratégiques
et de défense : les
consultations dites " 2 + 2 " entre ministères de la
Défense et ministères des Affaires étrangères ont
acquis leur vitesse de croisière (réunions en janvier 1997, puis
en juillet 1998). Le chef d'état-major de la marine s'est rendu au
Japon en octobre 1997, le Chef d'Etat-major des forces terrestres nippones est
venu en France, ainsi que le chef du renseignement militaire en 1998. Un
colloque permettant de confronter les points de vue sur les questions de
défense et de sécurité se tiendra à Tokyo les 11 et
12 janvier 1999, en parallèle du prochain exercice " 2 + 2 ".
Depuis le début des années 1980, une coopération
franco-japonaise existait, notamment sous forme d'évaluation de projets
communs en Afrique (Sénégal, Madagascar). L'intensification de
cette
coopération dans les pays tiers
a été
menée en particulier depuis 1994 :
- au Cambodge, notamment par la restauration du site d'Angkor et par la
recherche de projets communs au Vietnam ;
- en Afrique : au Sénégal, en Centrafrique et à
Madagascar (création d'hôpitaux, épidémiologie) et
en Ouganda (création d'un centre itinérant de prévention
et de lutte contre le SIDA en octobre 1995).
Cette coopération est en cours d'élargissement à la
Malaisie et un premier projet (participation de stagiaires africains à
une formation dans un centre malaisien) doit intervenir dès le
début de cette année.
Le Forum de dialogue franco-japonais vient compléter le dialogue
entre autorités étatiques.
Le Forum de dialogue franco-japonais, créé lors du Sommet
bilatéral du 19 juin 1995 par MM. Chirac et Murayama, est
co-présidé par deux anciens Premier ministres, MM. Barre et
Nakasone et est composé, de part et d'autre, de sept
personnalités éminentes, issues du monde politique,
économique et culturel, qui nourrissent une réflexion d'ensemble
sur nos relations bilatérales, servent de relais d'influence, et font
passer des messages sensibles en effectuant un travail d'explication
auprès des principales personnalités japonaises.
Le Forum s'est réuni trois fois (Tokyo 1996, Lyon juillet 1997, Kyoto
septembre 1998). Des groupes de travail sont en cours de constitution sur
des questions d'avenir d'un commun intérêt : la
pérennité des régimes d'assurance sociale en raison du
vieillissement démographique, l'éthique dans l'éducation,
les nouveaux réseaux d'information et l'espace.
B -
Le renforcement de la coopération culturelle grâce au
succès des " Années " de la France au Japon et du Japon
en France
1.
L'Année du Japon en France
Le principal événement de l'
Année du Japon en
France
(1
er
avril 1997 au 31 mars 1998) a
été l'ouverture de la
maison de la Culture du Japon à
Paris
, réalisation culturelle la plus importante du Japon en Europe
de l'Ouest, que le Président de la République et la Princesse
Sayako (fille de l'Empereur) ont inaugurée le 13 mai 1997.
Environ 400 manifestations ont eu lieu aussi bien à Paris qu'en
province. Parmi les plus importantes, il faut mentionner l'exposition au Louvre
de la
kudora kannon
, statue du
VI
ème
siècle qui quittait le Japon pour la
première fois, les représentations de danse et de musique
contemporaines dans le cadre du festival d'automne, les représentations
de
bunraku
(marionnettes) au Théâtre de la ville, de
kabuki
au Châtelet et de
Nô
à Beaubourg. Par
ailleurs, le Japon a été à l'honneur au Salon du Livre et
une rétrospective du film japonais a été
présentée au centre Georges Pompidou. Cette manifestation a
mobilisé près d'un million de Français et a permis
d'améliorer la connaissance du Japon par nos compatriotes comme en
témoignent les résultats d'un sondage réalisé fin
1998.
Degré de confiance dans le Japon
Si l'on
compare les résultats du sondage à ceux de 1993 et 1996, on peut
constater une forte amélioration chez les leaders d'opinion. 72 %
font " tout-à-fait/plutôt confiance " au
Japon (contre 57 % et 62 % respectivement). Deux tiers du grand
public (66 %) déclarent avoir " confiance/plutôt
confiance " dans le Japon, avec un pourcentage plus élevé
chez les jeunes et dans les régions.
Une minorité de Français se montrent méfiants à
l'égard du Japon. Pourquoi le sont-ils ? Pour 17 % du grand
public, le Japon est un pays protectionniste, replié sur lui-même.
Pour 14 %, le Japon représente une économie
conquérante, dominatrice et hégémonique.
Pour 14 %, la méfiance est due à une
" méconnaissance du pays/pas assez d'informations ". 13 %
" sans raisons précises ".
Il est indéniable que l'intérêt que portent les
Français au Japon a augmenté, notamment par le biais des produits
japonais de grande consommation qui inondent le marché français
(automobiles, télévisions, appareils photos...). Quant aux
enfants et à la jeune génération, ils commencent à
connaître le Japon à travers les bandes dessinées (mangas).
L'image du Japon est aussi plus équilibrée.
Dans les années 80, les Français dans leur très grande
majorité voyaient le Japon seulement comme une grande puissance
économique et technologique. Aujourd'hui, si 82 % des leaders
d'opinion considèrent le Japon comme une puissance économique, et
76 % considèrent que c'est un pays possédant de grandes
traditions et une riche culture, 78 % estiment que c'est une grande
puissance technologique. On constate un bon équilibre entre aspect
culturel et aspect économique.
Enfin, 55 % des leaders d'opinion et 23 % du grand public ont eu
connaissance de l'Année du Japon en France. Les 23 %
représentent 9,5 millions de personnes âgées de 18 ans et
plus, 12 % des leaders d'opinion et 10 % du grand public ont
assisté à une ou plusieurs manifestations organisées dans
le cadre de l'Année du Japon.
2.
L'Année de la France au Japon
L'organisation d'une "
Année de la France
" au Japon
(environ 500 manifestations culturelles, pour 350 au cours d'une
année habituelle, ce qui est déjà exceptionnel en Asie),
inaugurée par le Président de la République en avril 1998,
a commencé à valoriser l'image de notre pays par des
manifestations bien ciblées et à fort impact
médiatique : organisation à Tokyo d'un salon de
l'agriculture et des régions de France (une première pour les
Japonais et qui a connu un très grand succès, avec 350 000
visiteurs), l'exposition à Tokyo de la statue de la Liberté et du
tableau " la Liberté guidant le Peuple " de Delacroix.
D'une manière générale, compte tenu des
spécificités du Japon et de l'excellente image de marque dont
bénéficie notre pays, les échanges sont menés en
fonction de deux priorités : la capacité des projets
à recueillir un important retentissement et leur caractère
contemporain. Un effort conséquent est consenti pour maintenir un
programme important de bourses, dont les bénéficiaires sont
ultérieurement des relais essentiels pour la promotion de la culture
française. Par ailleurs, la Villa Kujoyama, sorte de villa
Médicis installée à Kyoto, permet à quelques
artistes français de s'imprégner de la culture japonaise et
d'exposer au Japon. Une part importante de la diffusion artistique et
culturelle française passe par nos trois instituts de Tokyo, Kyoto et
Fukuoka.
Le français
, loin derrière l'anglais, est la
troisième langue étrangère enseignée au
Japon,
au coude à coude avec l'allemand et le chinois. 260 000
étudiants du supérieur l'apprennent (12,8 % du total), mais
peu jusqu'à un niveau élevé (30 000). La suppression de la
deuxième langue obligatoire (l'anglais est la seule langue obligatoire
pour l'accès à l'université) a fait chuter l'apprentissage
du français dans le secondaire de façon inquiétante
(0,07 % des effectifs). Le Congrès mondial de la
Fédération internationale des professeurs de français
s'est tenu du 25 au 31 août 1996 au Japon, pour la première fois
en Asie.
Si la présence des média français n'est pas en rapport
avec l'importance de ce secteur au Japon, des liens ont été
noués entre professionnels et opérateurs français avec
leurs homologues. La diffusion directe de RFI, TV5 et MCM vers les
réseaux câblés et les particuliers est autorisée
depuis août 1996 et les opérateurs français peuvent
désormais proposer leurs programmes dans de bonnes conditions.
S'agissant du cinéma, le Japon se situe au tout premier rang des pays
acheteurs de nos productions en Asie.
II - DES RELATIONS ÉCONOMIQUES BILATÉRALES " DOPÉES "
L'année 1998 aura été marquée par
une
accélération du développement des relations
économiques bilatérales. Nos exportations ont augmenté de
6,5 % dans un contexte économique difficile ; nos
investissements au Japon ont crû de 92 % au premier semestre fiscal
1998, tandis que l'accord Nissan-Renault (31 milliards de francs) va leur
donner une nouvelle impulsion. Enfin, les investissements japonais en France se
sont accrus de façon spectaculaire comme l'illustre l'implantation de
Toyota à Valenciennes.
A -
Les échanges commerciaux bilatéraux
La campagne " Le Japon c'est possible
" lancée en 1992 et
reconduite jusqu'en 1997, avait pour but de favoriser la promotion des
exportations vers le Japon. Elle a porté ses fruits. En effet, selon les
données du ministère des Finances japonais, les exportations
françaises se sont élevées à 33,7 milliards
(MdsF
8(
*
)
) en 1998 (+ 6,5 %
par rapport à 1997) tandis que les importations françaises ont
été de 36,4 MdsF (+ 18,4 %), soit un déficit
commercial de 2,7 MdsF
9(
*
)
.
Nos relations commerciales avec le Japon sont encore modestes : vu de la
France, le Japon est notre 9
ème
client et notre
8
ème
fournisseur (2,5 % de nos échanges
extérieurs), tandis que vu du Japon, la France est son
15
ème
client et son 14
ème
fournisseur
(1,8 % des échanges extérieurs du Japon).
Néanmoins, elles se sont nettement améliorées dans la
dernière décennie avec un enrichissement de nos exportations qui
ne sont plus simplement portées par quelques locomotives (Airbus, le
nucléaire, le cognac, l'industrie du luxe...), mais qui se sont
élargies à de nombreux domaines (équipements
électriques, ferroviaires, automobiles, équipements pour
l'industrie chimique, industrie mécanique, multimédias,
agro-alimentaire), à la différence de certains de nos concurrents
(les exportations allemandes au Japon dépendent à 32 % des
seules ventes de véhicules de tourisme).
Exportations et importations françaises entre 1991 et 1998
1.
Les exportations françaises progressent en 1998 dans un contexte
difficile
Avec une augmentation de 6,5 % en 1998 par rapport à 1997, les
exportations françaises ont très bien résisté
à la contraction du marché japonais alors que les exportations
des autres grands pays européens ont connu des baisses sensibles. Avec
2,04 % de parts de marché, la France a rejoint la Grande-Bretagne
(2,08 %) devant l'Italie (1,82 %), mais derrière l'Allemagne
(3,8 %). Les quatre plus importantes croissances de nos exportations
concernent :
- le
secteur de l'agro-alimentaire
: les vins et spiritueux (+
38 %) à 6,2 MdsF (+ 99,6 % pour le vin), mais aussi le
fromage (+ 46,4 %), l'eau minérale (+ 18,6 %) et la viande de
porc (+ 5,3 %) ; ce secteur représente désormais un
quart des exportations françaises vers le Japon ; ce
boom du vin
au Japon provient de la médiatisation des résultats d'une
étude démontrant que le vin (rouge) a des effets
bénéfiques pour la santé ; l'image de l'ensemble des
produits agro-alimentaires en a profité ;
- les
équipements électriques et électroniques
(+
24 %) à 1,9 MdsF, portés par les circuits
intégrés dont la progression très nette (+ 55,7 % en
1998, + 35,6 % en 1997) depuis l'élargissement à l'Europe en
1996 de l'accord commercial nippo-américain dans ce secteur ;
- les
matières fissiles
(+ 47,1 %) à 1,8 MdsF ;
cette forte progression s'inscrit dans le programme nucléaire japonais
de construction de 20 nouvelles tranches d'ici l'an 2010 ;
-
la pharmacie
(+ 19,1 %) à 567 millions de francs (MF)
secteur au sein duquel les médicaments progressent fortement (+
26,8 %).
Les autres grands postes d'exportations françaises restent stables :
- la maroquinerie, bijouterie, joaillerie (+ 0,1 %) à 2,1
MdsF ;
- l'habillement (- 1,2 %) à 1,8 MdsF avec une légère
progression du prêt-à-porter (+ 1,3 %) ;
- la parfumerie et cosmétique (+ 2,2 %) à 1,7 MdsF ;
- les instruments de précision (optique, médical) (+ 3,6 %)
à 1,2 MdsF.
Nos résultats sont beaucoup moins positifs pour les aéronefs (-
18,8 %) à 842 MF avec un Airbus en moins par rapport à 1997.
Ce secteur subira une forte baisse en 1999 puisque les seules commandes
prévues sont des A321 qui seront exportés vers le Japon depuis
l'Allemagne. Certains biens de consommation comme les articles de sports et
loisirs (- 29,7 %) à 392 MF qui ont beaucoup souffert de la
baisse de la consommation intérieure en 1998 (- 1,1 %).
Répartition des exportations françaises vers le Japon par secteur en 1998
2.
Les importations françaises
Les importations françaises en provenance du Japon ont progressé
de 18,5 % en 1998 pour atteindre 36,4 MdsF. Avec les biens
d'équipement professionnels qui comptent pour la majeure partie de nos
importations, les principaux produits importés du Japon ont
été des véhicules automobiles à 4,2 MdsF
(+ 47,7 %), des motos à 2,5 MdsF (+ 30,5 %), des
ordinateurs à 1,4 MdsF (- 10,1 %), des biens de consommation
ménagers à 1,2 MdsF (+ 27,6 %) et des
matériels de bureau à 1,1 MdsF (+ 18,3 %). Le secteur
des véhicules et équipements automobiles représente
19 % de nos importations.
Les plus fortes progressions concernent les imprimantes dont les exportations
vers la France ont augmenté de 100 % pour atteindre 887 MF, les
pneumatiques (+ 110 %) avec 536 MF et les téléviseurs
(+ 192 %) à 356 MF.
Répartition des importations françaises en provenance du Japon par secteur en 1998
3.
La
balance des services
Selon les données de la Banque de France,
les exportations de
services français
(banques, assurances,
télécommunications, transports)
ont doublé en 10
ans
pour atteindre 17,5 MdsF en 1997 et devraient se stabiliser en 1998
(11,5 MdsF sur les 9 premiers mois de 1998, dernières données
disponibles). Les exportations de services se sont aussi diversifiées
avec le fort développement des transports de passagers, les services de
lancement (Arianespace), les recettes touristiques (1 million de Japonais en
France), et les brevets et redevances (1,3 MdsF en 1997), avec notamment
cession de licences dans le secteur de la mode, des cosmétiques et de la
chimie-pharmacie. Par contre, l'audiovisuel (150 MF) et les services financiers
ne contribuent encore que très modestement aux échanges de
services.
Les importations de services japonais restant faibles, notre
balance des
services est largement positive
(+ 10,2 MdsF en 1997 et + 6,2
MdsF sur les 9 premiers mois de 1998), et contribuent donc à
rééquilibrer notre déficit commercial structurel
10(
*
)
. La France se distingue à cet
égard de ses deux premiers concurrents européens sur le
marché japonais, l'Allemagne et le Royaume-Uni.
B -
Le boom des investissements français au Japon
Avec 104,9 milliards de yens (environ 5 MdsF) au 30 septembre 1998, le stock
des investissements français au Japon représente 1,8 % des
investissements étrangers. En flux, les investissements français
au Japon se maintiennent à 1,4 % des flux d'investissements
étrangers en 1996 (96 millions de dollars (MUSD)), en 1997 (76 MUSD) et
au premier semestre fiscal 1998 (54 MUSD, + 92 % par rapport au
premier semestre fiscal 1997) dans un contexte de forte croissance de ces flux
(+ 135 % au premier semestre 1998). C'est surtout dans le secteur
financier (banques et assurances) que les investissements ont été
les plus importants puisqu'ils représentent 46,3 % du total. La
restructuration en cours de ce secteur offre en effet de réelles
opportunités pour les sociétés étrangères.
Les
investissements français au Japon entre 1987 et 1998
(années fiscales du 1
er
avril au 31 mars)
Depuis
le début des années 1990, la diversification des investissements
français au Japon se poursuit dans les services, l'assurance et les
services financiers notamment, avec néanmoins la permanence du secteur
manufacturier. On observe une forte croissance depuis deux ans des
investissements dans les réseaux de distribution qui représentent
entre un tiers et la moitié du total (27,8 MUSD en 1997, 50,6 MUSD en
1996 contre 4 MUSD en 1995 et 30 cas d'investissements en 1996 contre 14
en 1995). Le poids grandissant des investissements français dans le
secteur financier (31,7 MUSD en 1997 contre 25,4 en 1996) est également
notable.
Les investissements français dans l'archipel sont cependant nettement
inférieurs aux performances remarquables des Pays-Bas, de l'Allemagne et
du Royaume-Uni, dont les entreprises ont régulièrement
participé au mouvement de fusions-acquisitions qui se développe
au Japon et qui prend désormais comme cibles des sociétés
japonaises de taille de plus en plus grande.
La crise japonaise a fragilisé les entreprises japonaises les
contraignant à rechercher des partenaires étrangers. Si l'on
prend le cas français,
cinq grosses opérations de
fusions-acquisitions ont eu lieu en 1998
qui illustrent la stratégie
des entreprises françaises :
- le rachat par
Société Générale
Assets
Management de Yamaichi International Capital Management en janvier 1998
à la suite de la cessation d'activité du groupe Yamaichi ;
- la prise de participation majoritaire par
Hachette Filippachi Media
au
capital de Fujin Gaho Sha, une des plus importantes maisons d'édition
japonaise (décembre 1998) ;
- le rachat d'un distributeur par
Remy Japan
;
- l'achat par
Alcatel
de filiales à l'étranger de Dai Ichi
Denko en octobre (USA, Portugal, Canada) et prise de participation au capital
de la maison-mère Dai Ichi Denko en novembre 1998 ;
- la prise de participation de
Téléperformance
International
(télémarketing) au capital de ATEC en septembre
1998 (environ 7 MF).
Certes, les acquisitions françaises restent encore modestes
comparées aux 47 américaines (essentiellement dans le
secteur financier), 7 allemandes et 5 anglaises, mais elles confirment que ce
qui n'était pas possible il y a quelques années le devient avec
la crise. Néanmoins, depuis le début de l'année 1999, on
assiste à une accélération très nette avec :
-
l'entrée de Renault au capital de Nissan pour 605 Mds Yens, soit
31 milliards de francs
annoncée le 27 mars dernier. Le nouveau
groupe a pour ambition de devenir le 4
ème
constructeur
mondial avec une production annuelle de 6 à 8 millions de
véhicules d'ici 2010, dont 4 millions pour Renault. L'opération
est surtout spectaculaire par sa taille : c'est la première fois
qu'une entreprise employant plus de 200 000 personnes accepte
l'entrée d'un étranger dans son capital. Carlos Ghosn,
responsable de Renault au Japon, a fixé le 18 octobre 1999 trois
rendez-vous : 31 mars 2001 pour le retour au profit de Nissan ; 31
mars 2002 pour un résultat net positif de 4,5% du chiffre d'affaires du
groupe ; 31 mars 2003 pour la réduction de moitié de la
dette à 700 milliards de yens.
Le succès du plan Ghosn
renforcerait considérablement l'image de la France et profiterait
à toutes les entreprises voulant s'y implanter.
- la prise de contrôle par
Rhône Poulenc
de sa filiale
japonaise (Yuka Agro) ;
- la création d'une joint venture entre
Schneider Electric
et
Toshiba pour le développement et la distribution de produits des deux
sociétés (février 1999) ;
- le rachat par le groupe
Accor
de l'hôtel Sofitel de Tokyo
à la société Hobbe Club en mars 1999 (pour plus de 100 MF)
et son partenariat annoncé avec la société japonaise Kishu
Tetsudo avec pour objectif d'ouvrir de 20 à 50 hôtels
" Formule 1 " au Japon dans les prochaines années ;
- le rachat par
L'Oréal
à la société
japonaise Kose des droits de distribution à compter du 1
er
juillet 1999 des produits de maquillage de la société
américaine Maybelline qui avait été rachetée par
L'Oréal en 1996 ;
- l'annonce par
LVMH
de la création d'une chaîne de 50
magasins Sephora (distribution de cosmétiques et de parfums) ;
- enfin l'alliance qui vient d'être annoncée par
Vivendi
avec Marubeni pour développer conjointement sur les marchés
de fourniture d'énergie, du traitement des eaux et des déchets
devrait faire du groupe le n° 1 local sur le marché des services
dans le secteur de l'environnement. Le secteur de l'énergie doit faire
l'objet d'une dérégulation à partir de mars 2000 :
Marubeni-Vivendi-Environnement proposera d'abord des conseils aux industriels
pour les aider à réduire leur facture
d'électricité, puis envisage de gérer des sites de
production d'électricité ou de chaleur, de procéder
à des acquisitions et de se lancer dans la distribution. Le groupe
devrait ensuite profiter de la dérégulation du secteur de l'eau
et des déchets en 2001 et les collectivités locales pourront
privatiser leurs services.
La présence française est en constante progression
au
cours de ces dernières années avec environ 15 nouvelles
implantations d'entreprises par an. Parmi les 406 implantations
françaises au Japon (recensement de juillet 1998), on peut citer,
Rhône-Poulenc, Framatome, Chanel, L'Oréal, Cartier, Louis Vuitton,
Christian Dior, Hermès, Thomson, Axa, Société
Générale, Paribas, BNP et bientôt le magazine Elle qui sera
le n° 2 de la presse japonaise, etc. Les dernières implantations
françaises figurent dans le tableau ci-après.
Raison sociale |
Activités |
Caroll Japon |
Vêtements et accessoires féminins |
Alain Figaret Japon |
Vente de chemises et chemisiers |
Hasley Japon K.K. |
Chaussures hommes et femmes |
Dis-Export Japon K.K. |
Meubles et accessoires d'intérieur + vins |
Cyrillus |
VPC |
ATEC - Téléperformance |
Télémarketing et téléservices |
Publicis |
Publicité |
Le Public Système Tokyo |
Communication événementielle |
Sophis |
Logiciels boursiers (actions) |
Dal'Alu K.K. |
Gouttières aluminium |
BCEOM Japon |
Consultants ingénierie BTP |
AFE |
Fonderie d'acier |
Hoechst Mrion Roussel Ltd |
Appareils médicaux et produits pharmaceutiques |
IEC Japan |
Tests
cosmétiques cliniques
|
On
assiste donc à un
changement radical
, la France étant
désormais reconnue comme
partenaire industriel
et non plus
seulement pour l'industrie du luxe ou la gastronomie.
La communauté française au Japon se développe
également : + 15 % de 1997 à 1998 (identique
à la croissance de l'effectif des élèves du lycée
franco-japonais de Tokyo), soit
4 145 personnes en 1998
(pour 3 600 en
1997).
Les implantations françaises au Japon
A
l'issue du dernier recensement (juillet 1998), on dénombre
406
implantations
dans l'ensemble du Japon dont les caractéristiques
sont détaillées ci-dessous :
Les formes d'implantation
Bureaux de représentation : 21,5 % (90)
Succursales : 13,5 % (60)
Filiales : 65 % (256)
Les secteurs d'activité
Commerce : 230 implantations
Industrie : 47 implantations
Services : 129 implantations
Les effectifs employés par les implantations françaises
environ 20 000 personnes
(dont 500 expatriés)
Le rythme d'implantation des entreprises françaises au Japon
L'origine géographique
Les entreprises françaises implantées au Japon viennent
essentiellement d'Ile-de-France (70 %). Les autres principaux
départements d'origine sont, par ordre d'importance, le Rhône, le
Puy-de-Dôme, les Bouches-du-Rhône, le Nord et la Gironde.
C -
L'essor récent et spectaculaire des investissements japonais
en France
La France est la seconde direction des investissements japonais dans le monde.
Selon les données du ministère des Finances japonais,
le stock
d'investissements japonais en France est de 12 MdsUSD
, soit 1,5 % du
total des investissements japonais à l'étranger au 30 septembre
1998. Ce total est modeste si on le compare aux investissements des entreprises
japonaises en Grande-Bretagne (7,0 %) et aux Pays-Bas (3,9 %). Sur le
premier semestre fiscal 1998 (1
er
avril - 30 septembre), la France a
accueilli 1,7 % des investissements japonais à l'étranger
(280 MUSD), loin derrière la Grande-Bretagne (9,7 %) et les
Pays-Bas (6,5 %).
Si les flux d'investissements japonais en France ont beaucoup fluctué
depuis 10 ans, ces données doivent être
pondérées par plusieurs facteurs :
- les investissements dans le secteur immobilier comptent pour l'essentiel des
investissements japonais en France pendant la période de la bulle
financière japonaise (1989-1991) et en 1995 ;
- le pic de 1997 intègre un très gros investissement de transit
et l'apurement d'investissements malheureux dans la période de la bulle
spéculative immobilière en France ;
- les investissements dans le seul secteur manufacturier, qui traduisent le
volume des investissements industriels japonais en France, ont varié
entre 500 MF et 1,6 milliard de francs par an ces dernières
années. Ils se sont élevés à 1,1 milliard en 1997.
Les
investissements japonais en France entre 1987 et 1997
(années fiscales du 1
er
avril au 31 mars)
Enfin,
ces données n'intègrent pas la totalité des projets
de création, d'extension ou de reprise annoncés par les
entreprises japonaises depuis 1997 et
dont la transcription dans les
statistiques japonaises se poursuivra sur plusieurs années
. Parmi
ceux-ci, on peut citer :
- l'implantation de Toyota à Valenciennes annoncée le 9
décembre 1997 qui représente plus de 2 000 emplois et de 4 MdsF
d'investissement et l'ouverture d'un centre de design européen pour
Toyota Europe à Sophia Antipolis ;
- l'équipementier automobile Akebono (freins) a annoncé en
août 1997 son installation à Arras (140 MF, 50 emplois) pour une
ouverture qui a eu lieu à la fin de l'année 1998 ;
- le développement en 1999 de l'actuelle usine de Sanden (climatiseurs
pour automobile) de Rennes ouverte en 1995 (300 emplois seront
créés) ;
- dans le secteur de la chimie, le rachat par Toray de la division films
polyesters de Rhône-Poulenc (dans l'Ain) pour 60 MF en 1996 et un
programme d'investissement de 730 MF sur plusieurs années ;
- l'ouverture en 1998 d'une nouvelle usine de photocopieurs Ricoh
annoncée en octobre 1997 afin de doubler la production de la
première usine ouverte en 1987 ;
- et plus récemment, l'investissement de 400 MF du fabricant de
pneumatiques Bridgestone annoncé le 1
er
avril 1999 qui lui
permettra de développer son usine ouverte en 1988 ;
- l'extension d'usine et du centre de recherche de Seiko à Frigny
(Rhône) ;
- l'installation d'un centre européen de recherche de Mitsubishi
Electric à Rennes ;
- l'implantation d'une usine de Mitsui Chemicals dans le Haut-Rhin ;
- l'implantation d'une usine NTN de joints homocinétiques à
Allonnes (près du Mans) en liaison avec Renault ;
- la création du quartier général européen de
Shiseido à Boulogne et d'une seconde usine à Ornes (Loiret) ;
- la création du centre de recherche européen informatique de
Sony à Paris et le renforcement de l'activité mobile à
Ribeauville (Haut-Rhin).
Au total,
les entreprises japonaises ont créé à ce jour
36 000 emplois en France
, dont 24 000 dans l'industrie. La France se situe
certes loin derrière la Grande-Bretagne (80 000 emplois
créés), mais la réussite globale des investissements
japonais dans notre pays est encourageante.
Le Japon poursuit en effet une
stratégie d'implantation au sein du marché européen et
nous sommes compétitifs dans les activités pour lesquelles
la
qualification de la main-d'oeuvre et de l'encadrement est plus importante que
les seuls
coûts salariaux, ainsi que dans les activités de recherche pour
plusieurs filières d'excellence
. Les
télécommunications sont un secteur prioritaire et le
succès en France des japonais fabricants de mobiles aux normes GSM
explique l'intérêt manifesté pour des implantations de
centres de recherche ou des partenariats. Les biotechnologies, les nouveaux
matériaux et les câbles et fibres optiques ont fait l'objet de
trois missions ciblées en 1998 et sont des secteurs d'avenir.
Les bénéfices induits par les investissements japonais
au-delà de la création d'emplois comprennent une contribution
très significative au commerce extérieur de la France,
grâce à un taux d'exportation pouvant atteindre 70 % ainsi
que l'apport de technologies et de méthodes de gestion industrielle.
D'autre part, les avantages immédiats et durables de l'euro portant sur
la meilleure prévisibilité des activités commerciales et
financières, la réduction des coûts d'opérations
bancaires et la simplification des stratégies de politique de prix et de
distribution dans l'Union constituent un argument supplémentaire pour
les pays de la zone Euro auquel les japonais sont devenus sensibles.
Un
colloque
a été
organisé au
Sénat
le 25 novembre dernier
par
le groupe
sénatorial France-Japon
et le
Club des investisseurs japonais en
France.
Le Club des investisseurs japonais en France, présidé
pour la France par M. Edmond Alphandéry, et pour le Japon, par M. Maeda,
président de TORRAY Inc. a pour objet de faciliter la localisation,
l'implantation et le développement en France d'entreprises japonaises,
d'une part en les aidant à résoudre les obstacles individuels ou
collectifs qu'elles rencontrent, d'autre part en mettant à leur
disposition toutes les informations dont elles ont besoin. Ce club qui a
reçu le soutien de l'administration française, de la DATAR et de
la Délégation aux Investissements Internationaux, compte une
centaine de dirigeants d'entreprises japonaises des plus grands groupes
industriels ou tertiaires japonais.
Lors de ce séminaire, plusieurs intervenants japonais ont indiqué
que notre pays était handicapé, aux yeux des investisseurs
japonais, par le nombre élevé de grèves dans le secteur
public, plus particulièrement dans les transports, et la
complexité de la procédure de licenciements. En outre les
débats actuels sur la réduction de la durée légale
du travail, s'ils n'affectent pas sensiblement les décisions
récentes, sont suivis avec attention ainsi que l'ensemble du contexte
politique et social français.
Ils ont, par ailleurs, insisté sur la nécessité que soit
signée une
convention sur les retraites
entre la France et le
Japon, comme c'est le cas avec d'autres pays.
Le groupe sénatorial
souhaite vivement qu'une négociation soit rapidement ouverte sur ce
point,
qui semble primordiale pour faciliter les implantations de
sociétés japonaises en France.
Certains ont également fait état de
l'inadaptation de
contrôles exercés par l'inspection du travail française
portant sur la durée du travail de salariés japonais
travaillant dans ces entreprises : servant en effet d'interface entre la
France et le Japon, ils sont souvent employés selon des horaires
spécifiques (leurs tâches devant notamment tenir compte du
décalage horaire) et se heurtent parfois à
l'incompréhension des services français. Il conviendrait que
l'administration du travail soit plus souple à cet égard.
III - UNE COOPÉRATION SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE QUI PEUT S'AMÉLIORER
A -
Une coopération scientifique et technique insuffisante
L'accord de coopération scientifique et technique, signé à
Paris en 1991, a jeté des bases adaptées aux
réalités scientifiques et technologiques des deux pays. Il a eu
des applications concrètes dans de nombreux secteurs dont le spatial
(accord sur l'observation de la Terre), le domaine médical
(coopération sur le génome humain, la cancérologie) et
celui de l'énergie nucléaire (coopération en
matière sûreté nucléaire, notamment). La COGEMA a
établi un partenariat avec le Japon qui est devenu son principal
partenaire étranger dans le domaine de la R & D nucléaire.
Des avancées concrètes ont également pu être
constatées dans les secteurs privilégiés des technologies
de l'information, de l'océanographie et de la géologie. Les
suites de l'organisation à Paris d'un important colloque, du 16 au 18
décembre 1997 et de nombreux échanges de scientifiques, devraient
intensifier la coopération dans le domaine des sciences de la vie :
165 programmes de coopération nouveaux ont été
déterminés.
Malgré ces efforts, les relations bilatérales scientifiques et
techniques ne sont pas à la hauteur de l'importance de l'investissement
japonais dans la recherche et le développement ou de la qualité
de la recherche dans nos deux pays.
Dans le secteur de l'aéronautique et du spatial, Eurocopter
détenait en 1996, près de 43 % du marché des
hélicoptères civils au Japon. Toutefois, la dernière
commande publique date de septembre 1993. Avec plus de 70 avions vendus aux
compagnies JAS et ANA, la part d'Airbus reste limitée à 16 % du
marché japonais du fait de l'absence de commande de la compagnie JAL.
L'industrie française, Aérospatiale et SNECMA, poursuivent des
contacts avec le Japon sur le projet d'avion supersonique. Dans le domaine
spatial, la visite d'Etat de 1996 avait vu la signature d'un arrangement entre
le CNES et la NASDA. Si la coopération se caractérise encore,
exception faite des services de lancements et de la fourniture de
données optiques, par la faiblesse du montant des contrats
passés, les contacts entre industriels se sont multipliés et le
Japon représente déjà le marché étranger le
plus important de SPOT IMAGE.
Dans le secteur du bâtiment, des travaux publics et des services urbains,
la France attend beaucoup des grands travaux prévus dans la perspective
de l'Exposition universelle d'Aichi en 2005 (aéroport de Nagoya,
autoroute Tokyo-Nagoya).
B -
Des perspectives d'avenir prometteuses
Le Gouvernement japonais, conscient de la nécessité de s'appuyer
sur une recherche fondamentale de pointe, a décidé d'investir
dans la recherche en doublant, d'ici à 2000-2002, le budget
consacré à la recherche publique par rapport à son niveau
de 1995.
Au moment où cette décision était prise dans un pays pour
lequel le poids du financement de la recherche par les industriels reste
prépondérant, une importante réflexion était
menée. Un livre blanc analysant sans complaisance la situation et
préconisant un certain nombre d'évolutions a été
publié. Des réformes (à échéance de 2001)
ont été lancées avec pour objectif de restructurer le
dispositif de la recherche. Les ministères devraient être
réorganisés avec, par exemple, la probable fusion du Monbusho
(ministère de l'Education, de la Science, de la Culture et du Sport)
avec la STA (Agence de la science et de la technologie).
La coopération du CNRS avec le Japon est ancienne. Un premier accord a
été signé en 1973 avec la Japan Society for the Promotion
of Science (JSPS). En 1990, le CNRS a entrepris de mener une politique
volontariste de développement de la coopération avec ce pays qui,
au même moment, s'ouvrait à l'extérieur en favorisant
notamment l'accueil des chercheurs étrangers. Plusieurs accords ont
été signés avec les principaux ministères japonais
et leurs agences : Monbusho, Agency of Industrial Science and Technology
(AIST/MITI), Science and Technology Agency (STA), Japan Science and Technology
Corporation (JST), etc. Ces accords et la création à Tokyo d'un
bureau du CNRS ont permis d'établir un climat de confiance dont nous
recueillons actuellement les fruits. Une cinquantaine de projets de recherche
conjoints sont soutenus annuellement. Depuis 1987, 17 Programmes Internationaux
de Coopération Scientifique (PICS) ont été mis en place.
La coopération la plus achevée, en terme de partenariat, est sans
conteste le LIMMS (Laboratory for Integrated Micro-Mechatronic Systems),
laboratoire mixte international créé à Tokyo en 1994 entre
le CNRS et l'Université de Tokyo. De nombreux chercheurs du CNRS et des
post-doctorants y effectuent des séjours de longue durée. Les
deux programmes de coopération internationale sur les
" Nanotubulites " et les " Intrications quantiques " sont
tout aussi exemplaires du partenariat entre le CNRS/Universités
françaises et la JST. Plus de 400 missions de chercheurs du CNRS au
Japon sont répertoriées chaque année. Le CNRS accueille
également dans ses laboratoires de nombreux chercheurs japonais.
Les liens entre le CNRS et le Japon devraient dans les prochaines années
s'intensifier encore au travers de coopérations structurées.
Il convient cependant de souligner que
la coopération est plus
développée dans le secteur de l'énergie, et notamment dans
le nucléaire,
grâce à la COGEMA, comme la
délégation a pu le constater au cours de ses entretiens
11(
*
)
.
Au total, les relations bilatérales scientifiques et techniques
constituent la part la plus importante du budget d'intervention pour le Japon
de la Direction générale des relations culturelles scientifiques
et techniques du ministère des Affaires étrangères
(DGRCST) : 9,5 millions de francs sur un total de près de 18
millions de francs en 1998. Leur développement devrait être l'un
des thèmes majeurs de la visite qu'effectuera prochainement le Premier
ministre au Japon.
Annexes
LES ENTRETIENS DE LA DÉLÉGATION
Au cours
des différentes rencontres avec leurs homologues japonais et de hauts
responsables du Gouvernement et des milieux d'affaires, la
délégation s'est intéressée aux problèmes de
la société japonaise, de l'économie, de l'énergie
et de la gestion des crises au Japon. Une journée entière a
été consacrée, à Hokkaido, aux questions agricoles.
1) LES ENTRETIENS À TOKYO
- Les questions de société
Un échange de vues avec les membres du bureau de la commission du
travail et de la politique sociale de la Chambre des Conseillers a mis en
évidence la similitude des interrogations formulées dans les deux
pays sur les problèmes d'emploi et de retraites : alors qu'au
Japon, le taux de chômage a atteint 4,6 % des actifs en février
1999, les dizaines de milliers de licenciements récemment
annoncés par les grandes entreprises pourraient le faire monter à
près de 10 %. L'ère de " l'emploi à vie "
s'achève, dans une société qui continue de vieillir, la
collectivité nationale doit faire face au défi d'assumer le
coût de la solidarité, à la fois envers chômeurs et
retraités.
- Les problèmes économiques
Un déjeuner de travail organisé à la résidence de
l'Ambassadeur avec des représentants de la communauté d'affaires
française à Tokyo, a permis de souligner l'ampleur des mutations
qui concernent tous les secteurs de l'économie japonaise, dans le
contexte de l'ouverture à la concurrence internationale, ainsi que les
opportunités que ces mutations offrent aux entreprises françaises.
- La politique énergétique et l'environnement
Le Japon est le quatrième pays consommateur d'énergie. S'il a une
longue tradition de politique d'économies d'énergie (meilleur
ratio de consommation d'énergie par habitant) il dépend toujours
à 80 % des importations.
La délégation a pu constater la convergence d'analyses entre les
deux pays sur les questions énergétiques. Sans ressources en
pétrole et en gaz, la France et le Japon n'avaient d'autre choix que le
recours au nucléaire pour assurer en toute sécurité leur
développement économique. Avec un parc de plus de cinquante
centrales en activité, l'industrie nucléaire satisfait environ 30
% de la demande japonaise. Très attentif aux questions de non
prolifération, le gouvernement japonais suit une politique de
contrôle étroit et de limitation au maximum des stocks de
plutonium. Le principe posé par le plan à long terme
adopté en 1994 et reconfirmé solennellement en janvier 1997 est
la
consommation intégrale à terme des quantités de plutonium
issues du retraitement dans les réacteurs à eau
légère sous forme de MOX et ultérieurement dans les
réacteurs à neutrons rapides commerciaux. Le gouvernement
japonais est, de ce fait, très favorable à la coopération
internationale, en particulier avec la France qui fait autorité dans ce
domaine.
La coopération franco-japonaise est ainsi très
développée et COGEMA est l'une des toutes premières
entreprises françaises exportatrices au Japon. Les exportations au Japon
représentent 12 % de son chiffre d'affaires. Elle intervient à
tous les stades du processus industriel. En amont du cycle, le groupe est
présent sur le marché de l'uranium naturel depuis 1970 et
satisfait environ 20 % des besoins sur la période 1996-2005. En ce qui
concerne le retraitement du combustible, les japonais avaient signé avec
COGEMA des contrats pour le retraitement d'environ 6000 tonnes d'ici l'an 2000
(2000 ont déjà été retraitées). Le
Japon ne dispose en effet que de faibles capacités, l'usine de
Tokaï étant à l'arrêt suite à l'accident de
1997 et jusqu'à l'achèvement de l'usine de Rokka-Shomura (pas
avant 2003 et pour une capacité de 800 tonnes par an) à la
construction de laquelle la France coopère.
Dans le domaine du transport et de l'ingéniérie des emballages,
COGEMA est présent au Japon par sa filiale Transnucléaire Tokyo,
qui fournit des prestations de conception, autorisation et maintenance
d'emballages spécialisés pour les produits du cycle du
combustible nucléaire.
Enfin, le programme nucléaire japonais prévoit que 16 à 18
réacteurs doivent utiliser cette technologie à l'horizon 2010. Le
Japon ne possédant pas sa propre usine de mox s'approvisionnera dans un
premier temps auprès des fournisseurs européens dont COGEMA
à hauteur de 60 %. Certes, à la suite de l'accident de
Tokaïmura la compagnie Tokyo Electric Power Corp vient d'annoncer qu'elle
reportait d'un an son programme d'utilisation du mox, en raison des craintes du
public. Mais l'autre compagnie ayant reçu du mox, Kansai Electric Power
n'a pas modifié ses engagements.
La délégation avait également souhaité mettre
l'accent sur les
problèmes environnementaux et sur la façon
dont le Japon entendait mettre en oeuvre le protocole de Kyoto.
Les années 90 auront sans conteste été marquées au
Japon par une prise de conscience générale des problèmes
environnementaux auxquels l'archipel doit faire face. De multiples catastrophes
à incidence environnementale, d'origines naturelles ou humaines, ont en
effet frappé le pays durant cette période.
Souvent montré du doigt sur la scène internationale pour son
manque de respect à l'égard de la nature, le Japon essaie
aujourd'hui de faire bonne figure.
L'application de ces mesures nouvelles, et de celles à venir, signifie,
à court et moyen terme, des travaux importants sur les infrastructures
(connexion au réseau collectif d'égouts) et sur les
équipements (mise aux normes de l'ensemble du parc
d'incinérateurs, soit environ 12 000 unités).
Le marché japonais des industries de l'environnement est ainsi en plein
développement, il devrait atteindre 2 300 milliards de yens en l'an
2000, et 3 500 milliards d'ici 2010. Par ailleurs, si les services urbains ne
font pas l'objet aujourd'hui d'une délégation auprès
d'acteurs privés, l'introduction en juin d'une loi cadre pour la
promotion de l'utilisation des finances privées devrait contribuer
à ouvrir ce secteur.
La délégation sénatoriale a eu trois entretiens
au ministère du Commerce et de l'Industrie, au Gaimusho
(ministère des Affaires étrangères) et au
patronat
qui ont mis en lumière les difficultés rencontrées par le
Japon pour honorer l'engagement pris à Kyoto de réduire, d'ici
à 2012, ses émissions de gaz à effet de serre de 6 % par
rapport à leur niveau de 1990.
Le Japon a pris tout une série de mesures pour lui permettre de faire
face - le mieux possible - à ses obligations. Il s'est doté d'un
cadre législatif puissant pour atteindre les objectifs qu'il s'est
fixé sur le plan national et multilatéral :
- la loi relative à la rationalisation de l'utilisation de
l'énergie (pour le CO2) a été révisée ;
- la loi relative à la promotion des mesures contre le
réchauffement de la planète a été adoptée en
avril 1998.
Cependant, la loi n'impose pas de limitation aux industries, hostiles à
l'idée d'une taxe environnementale. Le Gouvernement envisage
d'introduire l'heure d'été en 2001 et, éventuellement, de
taxer les voitures polluantes. Sa politique vise essentiellement à
augmenter la proportion du nucléaire dans la consommation
énergétique nationale. De l'aveu de nos interlocuteurs, le
principal problème qui se pose à cet égard est celui de la
méfiance de l'opinion publique et de l'hostilité des
collectivités locales. L'accident nucléaire survenu le
20 septembre dernier dans l'usine de retraitement d'uranium de
Tokaïmura, provoquant l'irradiation de 49 personnes, ne facilitera pas la
tâche des autorités. Le Gouvernement a annoncé
aussitôt un plan national de vérification des installations
nucléaires.
Ainsi, malgré ces efforts, il est probable que les engagements de Kyoto
ne pourront être tenus sans apport " extérieur ". En
dépit d'une conjoncture déprimée et de la mise en oeuvre
des premières mesures volontaristes, les émissions de GES
étaient supérieures en effet de 8 % en 1998 au niveau de 1990.
Les mesures de flexibilité sont donc indispensables au Japon qui cherche
avec les autres membres de1'umbrella group à favoriser leur mise en
oeuvre, notamment pour les permis négociables.
Dans les négociations internationales, la sensibilité
environnementale peut s'exprimer pour autant qu'elle reste en cohérence
avec les objectifs premiers de la politique économique japonaise. Aucun
des thèmes mis en avant par les " amis " de l'environnement
(principe de précaution, écoétiquetage) n'a
été repris en tant que tel par le Japon. Cette position
témoigne de l'équilibre apparent que le Japon va
désormais
rechercher dans les négociations internationales : reconnaissance du
" fait " environnemental, mais dans la limite de la défense
des intérêts industriels japonais (crainte d'un possible
éco-protectionnisme visant le Japon) et de l'objectif de
sécurité alimentaire (les OGM peuvent renforcer l'auto-suffisance
du Japon et sont considérés par la recherche publique comme
prioritaires).
- La sécurité civile
Au Japon, la criminalité tend à augmenter depuis quelques
années et l'attentat au gaz sarin en mars 1995 dans le métro de
Tokyo a entraîné une forte inquiétude de la population.
Les autorités policières ont donc mis en place d'importantes
mesures pour la sécurité publique concernant les armes à
feu et le terrorisme utilisant des substances chimiques :
- renforcement de la prévention et du contrôle de l'entrée
des armes à feu sur le territoire japonais par voie d'eau ;
- renforcement des peines par une révision de la loi sur la possession
des armes à feu et des sabres ;
- coopération avec les pays concernés ;
- mesures d'investigation approfondies pour résoudre les affaires
criminelles en série ;
- renforcement des activités de surveillance et de
sécurité ;
- mesures légales concernant les substances toxiques et les armes
chimiques.
La discussion avec le vice-ministre chargé de la gestion des crises, M.
Ando, a mis en relief le retard pris par le Japon en matière de
prévention et de lutte contre le risque terroriste. M. Ando,
après avoir rappelé que la cellule de crise qu'il dirige n'avait
été créée que l'an dernier, a estimé que son
pays avait été
" assoupi par un demi siècle de
paix civile
", et précisé qu'il n'existait pas encore de
plan spécifique anti-terroriste. Depuis l'attentat au gaz sarin de 1995
dans le métro de Tokyo, un groupe de travail avait été
formé en vue de préparer une riposte à
d'éventuelles attaques chimiques. La cellule de crise, qui ne dispose
pas de moyens propres d'intervention, a surtout vocation à coordonner
l'action des différentes institutions concernées.
2) LA VISITE AU LYCÉE FRANCO-JAPONAIS DE TOKYO
La délégation a souhaité se rendre au lycée
franco-japonais afin de rencontrer et féliciter une classe de
3
ème
A qui venait de remporter un prix lors de
l'opération " sénateurs juniors " organisée au
Sénat le 28 mars 1999.
Les sénateurs ont pu apprécier le dynamisme de l'équipe
enseignante, la vigilance des parents et des autorités
françaises, la qualité des locaux et, d'une façon
générale, l'ambiance sympathique dans le lycée. Ils ont
été particulièrement sensibles à l'accueil qui leur
a été réservé par les parents
d'élèves présents lors de leur visite.
Cet établissement relève de la compétence de l'Agence pour
l'enseignement français à l'étranger (AEFE). Il
scolarisait à la rentrée de septembre 1997 504
élèves dont 383 français, 32 nationaux et 89
étrangers-tiers, un enseignement direct des classes
préélémentaires aux classes terminales.
Après avoir connu depuis 1990 une importante érosion de ses
effectifs (environ 30 % en moins), le lycée franco-japonais de Tokyo
enregistre une légère remontée, avec au total une
trentaine d'élèves supplémentaires.
Actuellement, l'Agence y rémunère 11 expatriés et 4
coopérants du service national (CSN). Elle a apporté pour
l'année scolaire 1996/1997 une aide globale de 12 609 226 F dont 7
834 036 F au titre des rémunérations. L'encadrement
pédagogique et administratif est complété par
14 résidents, 2 C.S.N. et une cinquantaine de recrutés
locaux rémunérés par l'établissement.
Prenant acte de la reconnaissance par les autorités japonaises du
baccalauréat français, l'AEFE a décidé de
créer à la rentrée de septembre 1998 un poste
d'expatrié en japonais.
Depuis l'abandon en 1991 du projet immobilier de Yokohama, le lycée
franco-japonais de Tokyo était implanté sur trois sites
différents Fujimi, Meisho et Joto. La baisse sensible des effectifs
à la rentrée de septembre 1995 a permis le retour vers le site
principal de Fujimi de quatre classes jusqu'alors délocalisées
à l'école publique japonaise de Joto. Désormais, seules
quatre classes du primaire (environ 60 élèves) sont encore
délocalisées à l'école japonaise de Meisho.
A la demande d'un groupe de parents d'élèves, les responsables du
lycée avec l'aide de la municipalité de Chiyoda ont entrepris des
recherches afin qu'un établissement d'accueil puisse être
trouvé dans les abords immédiats du lycée de Fujimi pour
les classes primaires localisées à Meisho. Par ailleurs, des
travaux ont été entrepris afin de rénover le
bâtiment du lycée Fujimi. Le Département a affecté
à cette opération un crédit de 15 MF sur trois ans
(1993-1995). La dernière tranche des travaux (rénovation des
quatre étages du bâtiment des classes secondaires) a
été terminée durant l'été 1996.
Enfin, depuis 1984, le lycée n'a plus de statut juridique en droit
japonais. Les négociations afin de le doter du statut de " Gakko
Hojin " (école à personnalité juridique) n'ont pas
abouti. Désormais, les responsables du lycée et du service
culturel de l'Ambassade interviennent auprès des autorités
japonaises afin d'obtenir, hors statut, les avantages qui y sont liés.
3) LE DÉPLACEMENT À HOKKAIDO
Un déjeuner offert à Tokyo par le Vice-Président de la
Chambre des Conseillers et d'autres sénateurs de cette province avait
été l'occasion d'une présentation de ses principales
caractéristiques.
Cette journée d'études sur le terrain, qui a donné lieu
à trois articles dans le quotidien de Hokkaido (1,2 million
d'exemplaires), a été précédée d'une
rencontre avec les membres de la communauté française. Une
réception de bienvenue a été offerte à la
délégation dans les locaux de
l'Alliance française
,
par l'Association franco-japonaise de Sapporo, présidée par M.
Akira Sakanoué, par ailleurs Président du journal Hokkaïdo
Shimbun. Cette réception a réuni une trentaine de personnes
représentant la communauté française de Sapporo et a
permis à la délégation de constater la qualité des
enseignements et des activités ainsi que l'enthousiasme et la
compétence des enseignants et des auditeurs.
Consacrée aux
questions agricoles
(discussion avec les
responsables d'une coopérative de production, visites d'une ferme
laitière et d'un élevage de pur-sang), la dernière
étape a permis d'apprécier l'importance de ce secteur dans
l'économie de la province, premier producteur de produits alimentaires
du Japon. Elle a, par ailleurs, révélé le rôle
joué par les coopératives, chargées notamment de
distribuer les subventions aux exploitants, pour préparer ces derniers
à la libéralisation grandissante des échanges :
conversion de près de 60 % des rizières en cultures
maraîchères, extension des terrains, accélération de
la mécanisation.
Les entretiens
de M. Valade
avec le maire adjoint de Sapporo et le
vice-gouverneur de Hokkaïdo
ont été mis à profit
pour faire part à nos interlocuteurs de l'expérience acquise par
la France dans le domaine de l'agro-alimentaire. Ceux-ci se sont montrés
sensibles et intéressés au projet français d'organiser
l'été prochain un séminaire itinérant sur les
appellations contrôlées et la protection de la qualité des
produits, animé par des ingénieurs agronomes français.
Enfin, la délégation a assisté à la remise de
l'Ordre du mérite agricole, par M. l'Ambassadeur de France,
à M. Nishio, Président de Seico Mart, société
importatrice de vins français au Japon.
FICHE SIGNALÉTIQUE DU JAPON
Principaux indicateurs :
.
Superficie : 377 889
km2
(4.400 îles, dont 4 principales)
. Population
: 126,2 millions
. Densité : 378 habitants au Km2
. Taux d'alphabétisation : quasi-totalité de la population
. Croissance démographique : 0,3 %
(population âgée de plus de 65 ans
plus nombreuse que celle de moins de 15 ans)
. PNB : 510.800 milliards de yens
. PNB/Hab
: 33.200 dollars
. Taux de croissance du PIB
: - 2,5
% en 1998
. Balance courante : 11.436 Md yens/ 564 Md
FF/2,4 % PIB (1997)
. Inflation : baisse des prix de 4 % entre
01/98 et 01/99
. Taux de chômage : 4,4 % (
janvier 1999)
près de 3 millions, + 600.000 en 1998
. Dette extérieure : plus gros créditeur mondial (800 MD USD )
. Dette publique : 100 % du
PIB
. Réserves en devises : 222 milliards de dollars US. 1
er
détenteur de
bons du Trésor américains, l'archipel nippon
fournit un tiers de l'épargne mondiale.
. Créances douteuses
:
4.000
milliards de francs (18 % du PIB)
du système financier
Nature de
l'Etat : monarchie
constitutionnelle
Nature du régime : démocratie parlementaire
Chef de
l'Etat : Empereur
AKIHITO (depuis 1989, début de l'ère Heisei)
Premier Ministre : M. Keizô OBUCHI (depuis le 30 juillet 1998)
Ministre des Affaires
Etrangères : M. Masahiko KOMURA
Composition du Parlement:
Chambre des Représentants (500 membres, renouvellement prévu en
2000) :
Majorité (le Parti Social Démocrate et le Sakigake ont
quitté la majorité le 1
er
juin 1998) :
Parti Libéral Démocrate 259
Parti Social-Démocrate 15
Parti
Sakigake 2
Opposition :
Groupe Union pour la Démocratie et la Fraternité :
Parti Démocrate 52
Parti pour une Politique démocratique 30
Nouveau Parti de la Fraternité 14
autres partis d'opposition :
Nouveau Parti de la Paix et Club des Réformes 46
Parti Libéral 42
Parti Communiste 26
Sénat (252 sièges) après le renouvellement de la
moitié de ses sièges le 12 juillet 1998 :
PLD 105
(- 14)
Parti Démocrate
47 (+ 9)
Parti Communiste
23 (+ 9)
Parti Komei
22 (- 2)
PSD 13
(- 7)
Parti Libéral
12 (+ 1)
Parti Sakigake 3 (+ 0)
autres
27 (+ 6)
Effectifs des Forces armées
forces terrestres : 150.000 hommes, 1.200 chars de combat, 460
hélicoptères...
forces navales : 45.000 hommes, 160 bâtiments totalisant 350.000 tonnes
forces aériennes : 45.000 hommes, 380 avions de combat, 115
systèmes de missiles Patriot...
Part des principaux secteurs d'activités dans le PNB :
- agriculture, forêts, pêche 2,2 %
- industrie 30,4 %
- construction 8,8 %
- services 58,6 %
- 40 % du PIB seraient produits par des secteurs non compétitifs, en
perte de vitesse, représentant 50 % de la main d'oeuvre
(agro-alimentaire, énergie, construction, finance),
- 40 % (avec 30 % de la main
d'oeuvre) par des secteurs dynamiques
déjà bien implantés sur le marché mondial (grandes
entreprises d'automobile et d'électronique notamment),
- 20 % du PIB proviendraient de secteurs pleins d'avenir (nouveaux services,
technologies de l'information) se développant rapidement.
Monnaie
:
Taux de change au
2 mars 1999 en USD = 120 yens pour 1 USD (242 yens pour 1 USD en 1985, 79 yens
pour 1 USD en avril 1995, 144/1 en août 1998).
100 yens = 4,65 FF au 30 octobre 1998
Comptes extérieurs :
Sources FMI
En Mds USD |
1994 |
1995 |
1996 |
1997
|
Exportations |
386,9 |
429,4 |
413,1 |
410,7 |
Importations |
241,5 |
297,2 |
350,8 |
330,3 |
Solde commercial |
144,5 |
132,2 |
62,3 |
80,4 |
L'excédent commercial japonais, qui s'était
fortement
contracté en 1996 (à son plus bas niveau depuis 1983), et qui
était en diminution depuis cinq ans, s'est brusquement gonflé
(+ 51,6 % en yens) pour atteindre
10.080 Md yens en 1997.
Principaux postes du commerce extérieur :
- Exportations (en % des exportations totales)
biens d'équipement électronique 24,9 %
biens d'équipement
24,5 %
biens d'équipement automobile 18,8 %
- Importations (en % des importations totales)
produits chimiques
26,0 %
produits énergétiques
17,8 %
produits alimentaires
14,1 %
Principaux partenaires commerciaux:
-
Clients :
Etats-Unis,
27,8 % des
exportations japonaises en 1997
Corée du sud, 6,2 % en 1997
Taiwan,
6,5 %
Hong Kong,
6,5 %
Chine, 5,2 %
Singapour,
4,8 %
Allemagne
- Fournisseurs :
Etats-Unis, 22,4 % des importations japonaises en 1997
Chine, 12,4 %
Corée du sud, 4,3 %
Indonésie, 4,3 %
Taiwan,
3,7 %
Australie, 4,3 % en 1997
Principaux investisseurs étrangers :
Flux annuels :
770,7 Md de yens en
1996/97
contre 369 Md de yens en 1995/96 (mais 432 en 1
994/95).
Etats-Unis 2,3 MD USD contre 1,9 Md USD en 1995/96, mais réduction en
valeur relative :
31,7 % des
investissements étrangers en 1996/97, contre 47,9 % en 1995/96
multiplication par 5 en
1996/97
des investissements asiatiques (137 Md yens) par rapport à 1995/96
(24,7 Md yens).
Le montant des investissements directs étrangers au Japon est 7 fois
inférieur à celui des investissements japonais à
l'étranger.
Relations commerciales :
Nombre d'entreprises françaises dans le pays : plus de 400 (qui
emploient plus de 20.000 Japonais), 10 à 15 implantations nouvelles par
an.
Rang de la France dans les importations totales du pays :
15
ème
en 1996
Part de marché :
1,7 %
en 1997, contre
1,8 % en 1996 et
1,9 % en 1995, mais 2,1 % en 1998.
Exportations
françaises en 1997:
total : 28.431 MF, dont
industrie 23.188 MF
- biens de consommation courante 9.677 MF
- biens
d'équipement
professionnel 5.767 MF
agro-alimentaire 5.150 MF
Rang de la France dans les exportations totales du pays :
6
ème
en 1996
Importations françaises en 1997 :
52.048 MF
dont 51.954 pour les produits industriels :
- biens d'équipement professionnels 28.534 MF
- matériel de transport terrestre 8.149 MF
- biens de consommation courante 5.700 MF
En Md FF |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Exportations françaises |
25,3 |
27,9 |
27,3 |
28,4 |
Importations françaises |
47 |
47,8 |
45,3 |
52 |
solde |
- 21,7 |
- 19,9 |
- 18 |
- 23,6 |
Taux de couverture |
53 % |
58 % |
60 % |
53,8 % |
(statistiques françaises)
Revue de presse
SANKEI SHIMBUN
mercredi 14 avril 1999, édition du matin
(Traduction libre)
Conférence de Presse de la délégation du groupe
d'amitié franco-japonais du Sénat " Nous espérons le
rétablissement de l'économie japonaise "
.
Les membres de la délégation du groupe d'amitié
franco-japonais du Sénat conduite par M. Jacques Valade,
Vice-Président du Sénat en visite au Japon, ont exprimé,
lors d'une conférence de presse le 13 avril 1999 à l'Ambassade de
France à Tokyo, leur espoir de voir l'économie japonaise se
redresser rapidement, favorisant ainsi le développement des
investissements français au Japon.
Le Vice-Président du Sénat s'est montré optimiste quant
à l'avenir de l'économie japonaise, faisant observer que
" les responsables d'entreprises françaises au Japon que nous avons
rencontrés nous ont expliqué que tout ira mieux lorsque le
gouvernement et les sociétés japonaises auront pris les mesures
nécessaires ". M. Valade a en même temps souhaité que
le Japon fasse davantage d'efforts pour assurer la reprise de son
économie.
Le Vice-Président du Sénat français s'est
félicité de l'accord Nissan-Renault. " L'heure est au
regroupement d'entreprises, et cet accord permettra aux deux partenaires de
compléter leurs gammes de produits et de développer de nouveaux
marchés "./.
HOKKAIDO SHIMBUN
14 avril 1999
HOKKAIDO SHIMBUN
vendredi 16 avril 1999, édition du matin
(Traduction libre)
Entretien avec M. Valade, Vice-Président du Sénat
français, en voyage à Hokkaido
" Nous souhaitons approfondir les échanges agricoles afin de
parvenir à une amélioration qualitative de la production de nos
deux pays ".
" L'élevage de Hokkaido est bien organisé. "
Lors de l'entretien qu'il a accordé au Hokkaido Shimbun le 15 avril, M.
Jacques Valade, Vice-Président du Sénat français, en
visite à Hokkaido pour un voyage d'études agricoles nous a fait
part de ses impressions sur l'agriculture à Hokkaido. M. Valade a
exprimé une forte volonté d'approfondir les échanges
franco-japonais dans le domaine de la technologie agricole, et envisage
" l'organisation d'un séminaire réunissant
spécialistes français et japonais afin d'améliorer la
qualité des produits agricoles de nos deux pays ".
Le Vice-Président, qui a visité le même jour des
exploitations d'élevage à Eniwa et à Hayakitacho, s'est
déclaré " surpris par l'organisation du travail, l'ampleur
et la modernité des équipements, qui permettent une
productivité élevée ".
Evoquant la situation dans laquelle se trouve l'agriculture en France et au
Japon, M. Valade a fait observer que " les importations de produits
agricoles posent de sérieux problèmes. Nos deux pays sont aussi
confrontés aux questions de l'exode rural et de la formation des jeunes
agriculteurs ".
Quant à la question des subventions à l'agriculture, " trop
généreuses " selon les Etats-Unis, le sénateur
français estime que celles-ci " connaissent un net ralentissement
en Europe afin de se conformer aux normes internationales. Nous devons
renforcer la compétitivité en améliorant la
productivité, en baissant les prix, et en relevant la qualité de
nos produits ".
Remarquant que " la France dispose d'un système qui permet à
chaque région d'avoir sa propre marque pour distinguer la qualité
et la spécificité de ses produits ", M. Valade a
rappelé l'importance d'une stratégie de différenciation
qui permettrait à Hokkaido de mettre en valeur sa
spécificité./.
JAPON :
CRISE ET DOULOUREUSES MUTATIONS
La
presse occidentale dépeint volontiers le Japon de cette fin de
siècle comme un pays en pleine mutation.
Le Japon est en effet confronté depuis 1997 à une crise
économique et financière sans précédent, qui se
double d'une crise politique et d'une perte de confiance
généralisée dans l'avenir, tant de la part des
ménages que des investisseurs.
La société japonaise connaît en outre une partie des
problèmes qui se posent aux grands pays industrialisés, et
notamment le vieillissement de sa population, la disparition de
l'éthique du travail et l'aspiration aux loisirs et au bien-être
chez les jeunes.
Qu'en est-il exactement ? La délégation du groupe
sénatorial France-Japon qui s'est rendue dans l'archipel nippon en avril
1999 a pu en effet constater que le pays était à un tournant de
son histoire et que le débat était ouvert pour définir les
conditions de l'adaptation du système économique à une
nouvelle stratégie économique Le Japon semble s'orienter vers un
certain alignement de son économie sur les normes internationales,
profitant de la crise pour se restructurer et ouvrir son marché
intérieur.
Cependant, le Japon a déjà pratiqué le paradoxe de se
transformer tout en restant lui-même au début de l'ère
Meiji. A cette époque, les emprunts massifs à l'Occident dans le
domaine des idées, des techniques et même des moeurs n'ont
entamé ni sa cohésion ni son identité culturelle. Il
serait erroné de croire que le changement le rapprochera
nécessairement des sociétés occidentales.