INTRODUCTION
Une
délégation du groupe sénatorial France-Japon s'est rendue
dans l'archipel nippon au mois d'avril 1999, à l'invitation du
ministère des Affaires étrangères japonais. Aucun voyage
n'avait eu lieu depuis 1994, date à laquelle les relations
nippo-françaises avaient été passagèrement
ébranlées par la reprise des essais nucléaires dans le
Pacifique. Mais quelques mois plus tard, ces relations ont connu une embellie
progressive, qui ne s'est pas démentie depuis, les liens s'étant
même faits de plus en plus étroits depuis 1997 avec l'organisation
successive d'une Année du Japon en France, puis d'une Année de la
France au Japon.
Par ailleurs, la signature d'un document intitulé
" France-Japon : 20 actions pour l'an 2000 " en novembre 1996
lors de la visite au Japon de M. Jacques Chirac, Président de la
République française, devrait encore renforcer les liens entre
les deux nations.
La visite de la délégation était d'autant plus
intéressante que
le Japon est à un tournant de son
histoire
. Elle est en effet intervenue dans le contexte de la grave
récession économique et financière à laquelle le
pays est confronté depuis 1997, aggravée par la crise qui touche
le reste de l'Asie orientale.
Ce marasme économique se double d'une
crise politique et d'une perte de confiance généralisée
dans l'avenir, tant de la part des ménages que des investisseurs.
La presse occidentale dépeint volontiers le Japon de cette fin de
siècle comme un pays en pleine transformation
. La
société japonaise connaît en effet une partie des
problèmes qui se posent aux grands pays industrialisés, et
notamment le vieillissement de sa population, la disparition de
l'éthique du travail et l'aspiration aux loisirs et au bien-être
chez la jeune génération. Certains se préoccupent de
l'affaiblissement des vertus traditionnelles de frugalité, d'endurance
et d'effacement de soi. Au consensus se substituerait le débat, la
solidarité de groupe serait vouée à succomber devant
l'individualisme et le contrat social symbolisé par l'emploi à
vie serait, lui aussi, menacé.
Le modèle japonais autrefois
infaillible serait devenu archaïque et la source de tous les maux qui
frappent le pays.
Qu'en est-il exactement ? Est-ce la fin du mythe japonais ? Certes,
le Japon traverse une crise qui l'oblige à de nouveaux efforts
d'adaptation et de transformation et contraint le système
économique japonais à évoluer. Le Japon bouge et semble
s'orienter vers un certain alignement de son économie sur les normes
internationales, profitant de la crise pour se restructurer et ouvrir son
marché intérieur.
La délégation a pu constater
que le pays subissait une véritable mutation pour affronter la crise et
que le débat était ouvert pour définir une nouvelle
stratégie économique.
Cependant, le Japon a déjà pratiqué le paradoxe de se
transformer tout en restant lui-même au début de l'ère
Meiji. A cette époque, les emprunts massifs à l'Occident dans le
domaine des idées, des techniques et même des moeurs n'ont
entamé ni sa cohésion ni son identité culturelle.
Il
serait erroné de croire que le changement le rapprochera
nécessairement des sociétés occidentales. Le pays est
confronté à un nouveau défi : comment
réinventer la différence nipponne ?
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Les
membres de la délégation expriment leur vive reconnaissance
à tous ceux qui, avant et pendant la mission, ont contribué
à son succès. L'engagement personnel de
S. Exc. M. Matsuura et de ses proches collaborateurs de
l'Ambassade du Japon en France a permis de régler tous les
problèmes de mise en oeuvre de cette mission en étroite liaison
avec le Gaimusho et la Chambre des Conseillers.
Ils souhaitent également rendre hommage à l'action
particulièrement efficace de S. Exc. M. Maurice
Gourdault-Montagne, Ambassadeur de France au Japon, et de ses services, dont la
compétence et la parfaite disponibilité ont largement
contribué au succès de cette mission.