Louis-Fortuné-Gustave Ratisbonne, né à Strasbourg, le 29 juillet 1827, a été admis, comme auditeur au Conseil d'Etat, mais refusant de prêter serment à l’Empire (1852), il décide de se consacrer à la littérature. Après avoir publié une très remarquable traduction en vers de la Divine Comédie (1852-1859), il donna Impressions littéraires (1855), Henri Heine (1855), Au printemps de la vie (1857), Héro et Léandre (1859), Morts et vivants (1860), La comédie enfantine (1860), Dernières scènes de la comédie enfantine (1862), Les figures jeunes (1865), Auteurs et livres (1868), Les petits hommes (1868), Les petites femmes (1871), etc. Exécuteur testamentaire d’Alfred de Vigny, il a publié ses oeuvres posthumes.
Nommé bibliothécaire de la bibliothèque du Palais de Fontainebleau, le 1er mai 1871, Ratisbonne devint bibliothécaire de la bibliothèque du Luxembourg le 1er janvier 1873 et bibliothécaire du Sénat le 1er juillet 1876. Il mourut à Paris le 24 septembre 1900.
Claude-Louis en fait le portrait dans " Les poètes assis " :
" Ratisbonne fut nommé bibliothécaire du Luxembourg grâce à la protection de M. Thiers, dont il avait soutenu la politique dans les réunions électorales. Il était très fier de ce patronage et déclarait que son poste lui avait été concédé " à titre de récompense nationale ". Aigre et criard, il tenait les gens à distance, et, fort grincheux, il avait constamment quelque revendication à formuler. La plus extraordinaire fut une requête à l’administration dans le but d’obtenir une corde à noeuds. Il y exposait, avec les arguments les plus forts, que le Palais était voué fatalement à l’incendie et qu’on lui devait bien ce moyen de sauvetage individuel. Placé sur le même plan hiérarchique que Lacaussade, il entretenait avec lui les rapports les moins cordiaux. Après un duel mémorable où ils cassèrent sur le dos leurs parapluies respectifs, ils s’étaient mis sur le pied d’une sorte de neutralité armée. " Ce n’est pas un méchant homme que Ratisbonne - disait Lacaussade - mais c’est un sot ". (…)
Son unique travail de bibliothécaire consistait dans l’inscription des livres au registre d’entrée. Encore estimait-il cette occupation indigne de lui et écrasante : " Ne pouvait-on se dispenser d’acheter tant de volumes, qui ne servaient à rien ? ". "
Dossier d'archives : Leconte de Lisle - juin 2000