Le Sénat a compté plusieurs personnalités éminentes parmi les membres de son personnel, en particulier à la Bibliothèque, où des écrivains ont trouvé un refuge confortable, les mettant à l’abri de tout souci matériel et leur permettant de poursuivre leur œuvre.
Lucien Hubert, vice-président du Sénat, l’a rappelé dans un discours prononcé le 3 juin 1934, à l’occasion de l’inauguration de la plaque Leconte de Lisle sur l’immeuble du 64 boulevard Saint-Michel :
"Le Sénat qui a compté dans ses rangs tant d’hommes éminents ne s’honore pas moins d’avoir fait place, parmi ses collaborateurs administratifs, à quelques-uns de ces grands noms qui sont la parure d’un pays. Il est fier d’avoir ouvert un asile tutélaire à des débutants chargés de promesses ou à des vétérans chargés de lauriers. Il s’enorgueillit d’avoir abrité la claire érudition d’Albert Sorel et le cœur sensible de François Coppée, l’ironie nuancée d’Anatole France et la haute pensée de Leconte de Lisle.
A tous il a permis de cultiver leur talent, hors des soucis lancinants de l’existence, dans un milieu de courtoisie, de libéralisme, de respect mutuel des opinions et des consciences. Il les a entourés de cette atmosphère de tact, de discrétion, de mesure, où leur personnalité avait le loisir de se développer et de s’affirmer loin du heurt brutal des passions violentes. Et ce n’est pas seulement la sécurité et la tranquillité morale qu’il leur réserva, mais aussi, pour leur vie quotidienne, un des cadres les plus parfaits qu’il fut possible d’imaginer. "
Les écrivains-bibliothécaires contemporains de Leconte de Lisle étaient : Anatole France, Charles-Edmond, Auguste Lacaussade et Ratisbonne. Les rivalités entre eux étaient grandes ; on va jusqu’à parler d’un " mélange explosif dangereux ".
Dossier d'archives : Leconte de Lisle - juin 2000