Docteur en droit et premier secrétaire de la Conférence des avocats en 1906, Pierre Masse est élu député de l'Hérault en 1914. Quelques mois plus tard, il part pour le front où sa conduite valeureuse est récompensée par la croix de guerre et la Légion d'honneur. En 1917, Paul Painlevé l'appelle dans son nouveau gouvernement et lui confie le sous-secrétariat d'État chargé du contentieux de la justice militaire et des pensions.
En 1919, il abandonne la vie parlementaire pour se consacrer à sa carrière professionnelle. Devenu l'un des plus grands civilistes de sa génération et un éminent avocat d'assises, il siège au conseil de l'Ordre de 1928 à 1934.
L'année 1939 voit son retour en politique : il est élu sénateur de l'Hérault et adhère au groupe de la gauche démocratique. Le 10 juillet 1940 à Vichy, il tente vainement, avec Jean Boivin-Champeaux, d'obtenir de Pierre Laval l'inscription dans la nouvelle Constitution de la garantie des libertés individuelles.
En octobre 1940, lors de la parution du décret chassant de l'armée les officiers d'origine israélite, Pierre Masse envoie au maréchal Pétain une lettre de protestation. Peu de temps après, il accepte d'être l'avocat de l'auteur dramatique, Henry Bernstein, grossièrement diffamé pour ses origines juives par un journaliste devenu, depuis peu et grâce aux Allemands, le directeur du journal Je suis partout. Sa brillante plaidoirie lui fait une publicité redoutable.
En février 1941, Pierre Masse reçoit une circulaire adressée à tous les parlementaires leur demandant de préciser s'ils sont d'ascendance juive. Dans une seconde lettre adressée au maréchal Pétain, il exprime avec vigueur son refus d'être traité en « Français de la deuxième catégorie ».
Arrêté en août 1941, il est interné à Drancy, puis à Compiègne.
Dans l'un et l'autre camp, sa préoccupation première est d'aider ses camarades de captivité, consolant les uns, partageant avec les autres les quelques colis qui lui parviennent. Pour essayer de le soustraire à cette antichambre de la déportation, des amis ingénieux imaginent de toutes pièces un prétendu abus de blanc-seing dont se serait rendu coupable Pierre Masse. Leur but, gagner du temps en suscitant une enquête approfondie, est partiellement atteint : il est ramené à la prison de la Santé et incarcéré comme détenu administratif. Mais le non-lieu prononcé par le procureur de la République le renvoie à Drancy, puis à Compiègne.
Le 30 septembre 1942, il est déporté à Auschwitz où il disparaît au cours du mois d'octobre.