Le mardi 29 octobre 2024, sous la présidence de M. Dominique de Legge (Les Républicains – Ille-et-Vilaine), président, le groupe d’amitié France-Saint-Siège a auditionné Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Étaient également présents : Mme Catherine Belrhiti (LR – Moselle), M. Emmanuel Capus (Les Indépendants – Maine-et-Loire), M. Pierre Cuypers (LR – Seine-et-Marne), Mme Agnès Evren (LR – Paris), M. Rémi Féraud (Socialiste, Écologiste et Républicain – Paris), Mme Isabelle Florennes (Union Centriste – Hauts-de-Seine), Mme Pascale Gruny (LR – Aisne), Mme Gisèle Jourda (SER – Aude), M. Daniel Laurent (LR – Charente-Maritime), Mme Pauline Martin (LR – Loiret), M. Franck Menonville (UC – Meuse), Mme Marie Mercier (LR – Saône-et-Loire) et Mme Patricia Schillinger (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants – Haut-Rhin).
- - -
M. Dominique de Legge, président, après avoir rappelé ses responsabilités nationales à la Conférence des évêques de France (CEF) puis comme recteur du sanctuaire de Lourdes, a invité Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris depuis 2022, à présenter les conditions dans lesquelles s’achève le chantier de la reconstruction de Notre-Dame et les enjeux de sa réouverture. Il a également rappelé le rôle des parlementaires dans le vote de plusieurs textes pour faciliter ce chantier hors du commun.
Mgr Olivier Ribadeau Dumas a expliqué que les cérémonies de réouverture des 7 et 8 décembre devaient être à la hauteur du choc qu’a constitué l’incendie du 15 avril 2019, date inscrite dans la mémoire de chacun. Ce sera aussi l’aboutissement de la volonté du président de la République de reconstruire la cathédrale en cinq ans, de l’impulsion donnée par le général Georgelin, de l’engagement des compagnons et ouvriers et de la générosité des mécènes.
Notre-Dame nous invite à nous montrer humbles par rapport à ceux qui l’ont construite, transmise, sauvée et restaurée. C’est un immense chantier où le diocèse travaille étroitement avec l’établissement public et l’ensemble des partenaires.
La responsabilité du diocèse est plus particulièrement de pourvoir à l’aménagement intérieur : mobilier liturgique, mise en lumière de la cathédrale, sonorisation, etc. L’effondrement de la croisée du transept a provoqué l’écrasement de l’autel qui avait été voulu par le cardinal Lustiger. Un nouveau mobilier a pris place depuis huit jours et offre une nouvelle cohérence.
Le réaménagement intérieur impliquait également de proposer un parcours de visite et de foi aux visiteurs et aux pèlerins qui ne sont pas distingués. Les chapelles latérales seront rétablies comme lieux de dévotion. Le parcours se fera du nord au sud, des ténèbres à la lumière, avec comme point central, la chapelle axiale et la relique de la couronne d’épines. Ce parcours amènera les visiteurs de l’Ancien Testament à la vie de Jésus puis au fruit de la Pentecôte à travers sept saints de Paris. Il sera accompagné par une signalétique qui devrait permettre aux probables 15 millions de visiteurs, dont beaucoup ne sont ni croyants, ni catholiques, d’entrer dans la compréhension du lieu et de ce qui s’y vit.
Ce travail a été guidé par quatre principes, a souligné Mgr Olivier Ribadeau Dumas.
Le premier est le caractère à la fois culturel et cultuel du monument, que beaucoup considèrent comme « l’âme de la France », et qui doit rester un lieu de foi vivant.
Le deuxième est le respect de l’histoire de Notre-Dame, où chaque siècle a laissé sa marque. Il faut s’insérer dans cette chaîne sans chercher à être disruptif.
Le troisième est de permettre aux visiteurs de recevoir le témoignage de la foi. Trois messes par jour seront ainsi célébrées à l’autel majeur ainsi que plusieurs offices. La dévotion mariale sera aussi favorisée.
Enfin, l’expression du Concile Vatican II, qui parlait de « noble simplicité de la liturgie », résume cette démarche car il ne s’agissait pas de « faire du clinquant » mais d’être cohérent avec le cadre pluriséculaire de la cathédrale.
A l’occasion des cérémonies de réouverture, le souhait est de manifester l’unité qui a été le moteur de la réussite du chantier. Ce sera une marque de respect à l’égard de tous ceux qui y ont contribué avec passion et notamment les 339 000 donateurs. Dans une société divisée et en perte de sens, ce sera un formidable signe d’Espérance. Ce qui était mort et perdu a été reconstruit et redevient vivant. Ce signe viendra répondre au désir et à l’impatience de beaucoup. Il a une dimension sacrée évidente. La beauté nous dit Dieu. La liturgie à Notre-Dame sera un signe pour les croyants ; en accueillant tout le monde, elle permettra la découverte de la foi chrétienne.
M. Daniel Laurent a interrogé le recteur sur la question du paiement de l’entrée dans la cathédrale comme cela se fait dans de nombreux pays étrangers, Mme Pauline Martin sur la question des vitraux et M. Rémi Féraud sur l’aménagement du parvis.
Mgr Olivier Ribadeau Dumas a apporté les précisions suivantes :
- l’affectation de la cathédrale au culte est totale et la loi de 1905 de séparation des Églises et de l'État, dans son article 17, prévoit que l’entrée est gratuite. Seule une partie, les tours ou le trésor par exemple, peut être soumise à droit d’entrée. D’une façon plus générale, faire payer l’entrée dans les églises, lieux de gratuité par excellence, dans une société où tout devient payant, soulève des interrogations, alors même que l’entretien des monuments relève de la responsabilité de l’État et que d’autres solutions sont envisageables. Dans tous les cas, l’équilibre financier même de la cathédrale est un sujet dans la mesure où, par exemple, les coûts en matière de sûreté explosent ;
- les vitraux vont faire l’objet d’un concours et d’une sélection. C’est le souhait du président de la République comme de l’archevêque. Il n’est pas du tout anormal que des vitraux contemporains soient installés dans la cathédrale, comme d’autres l’ont été à différentes époques. Mais on ne peut pas avoir un projet médiocre ou être simplement disruptif. Il faut un projet à la hauteur du lieu ;
- les extérieurs et les abords de Notre-Dame vont être en travaux encore de nombreuses années, sans doute jusqu’en 2028 ou 2030. Le projet choisi par la ville de Paris avec lequel le Diocèse de Paris est en accord, permettra par exemple un usage liturgique du parvis ou encore de préserver une promenade le long de la Seine tout autour de Notre-Dame.
- - -
Contact(s) :
• M. Matthieu MEISSONNIER
01.42.34.23 74 – Courriel : m.meissonnier@senat.fr