Le jeudi 30 mars 2023, le groupe interparlementaire d’amitié France-Pays du Cône Sud, présidé par M. Victorin LUREL (Guadeloupe - Socialiste, Écologiste et Républicain), s’est entretenu avec M. Francisco CAFIERO, secrétaire d’État argentin aux affaires internationales pour la Défense, accompagné de S.E. M. Leonardo COSTANTINO, ambassadeur d’Argentine en France, Mme Silvana MURPHY, ministre-conseillère de l’ambassade, M. Demian DOBRY, secrétaire de l’ambassade et du capitaine de vaisseau Pablo GERMAN BASSO, attaché de défense à l’ambassade, dans le cadre de la XIIe édition du dialogue stratégique franco-argentin organisée à Paris.
De gauche à droite : M. Rémy POINTEREAU, M. Olivier CADIC, Mme Hélène CONWAY-MOURET, M. Francisco CAFIERO, M. Victorin LUREL, Mme Nadège HAVET, S.E. M. Leonardo COSTANTINO, M. Bruno BELIN, Mme Silvana MURPHY et M. Michel CANÉVET.
Étaient également présents M. Bruno BELIN (Vienne – Les Républicains), M. Olivier CADIC (Français établis hors de France – Union centriste), M. Michel CANÉVET (Finistère – UC), Mme Hélène CONWAY-MOURET (Français établis hors de France – SER), Mme Nadège HAVET (Finistère - Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants) et M. Rémy POINTEREAU (Cher – LR), ainsi que Mme Victoria VOLAT, chargée de mission « Amérique latine et Caraïbes » à la direction générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des Armées.
M. Victorin LUREL, président, a rappelé qu’une délégation du groupe d’amitié s’était rendue en Argentine en juin dernier, donnant un aperçu des raisons pour lesquelles on parlait parfois de « miracle argentin ». Il a souligné les spécificités de l’Argentine dans son approche des relations internationales et a mis en avant le fait qu’il s’agit, par ailleurs, de l’un des rares pays à « s’imposer » dans ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).
M. Francisco CAFIERO a souligné que le système social argentin, l’un des plus développés de l’Amérique latine, constituait une priorité politique non négociable face aux bailleurs internationaux.
Interrogé sur les éventuelles attentes de l’Argentine à l’égard de son partenaire français, M. CAFIERO a salué la densité de la relation de défense franco-argentine, avec 25 projets en cours et des échanges nourris. En témoignent les plus de cent personnes ayant participé à des discussions bilatérales franco-argentines sur des thématiques de défense en 2022, ainsi que le grand nombre d’accords liant les deux pays, lesquels représentent le quart des 99 accords internationaux signés au total par l’Argentine. Le secrétaire d’État s’est également réjoui de l’incorporation, au cours des trois dernières années, de quatre patrouilleurs de haute mer livrés par Naval Group, utilisés notamment dans la lutte contre la pêche illégale.
M. CAFIERO a souligné l’importance de la composante maritime de la défense pour l’Argentine, pays doté d’une des plus grandes zones économiques exclusives (ZEE) au monde et bénéficiant d’un littoral riche en ressources ; les forces armées ont à cet égard un mandat constitutionnel de protection des intérêts terrestres, aériens et maritimes. Le secrétaire d’État a également mentionné la création du Fond national de la défense de l’Argentine, une décision stratégique du président Alberto FERNÁNDEZ approuvée par le Parlement, dans le but d’équiper les forces armées. Ce recouvrement des capacités militaires concernait notamment le domaine sous-marin, l’Argentine ayant perdu son sous-marin opérationnel, le San Juan, en novembre 2017. Dans ce cadre, le groupe français a proposé un projet qualifié par M. CAFIERO d’extrêmement « intéressant et compétitif ».
Le secrétaire d’État a dit regretter l’embargo imposé depuis 1982 par le Royaume-Uni, qui empêche toute importation par l’Argentine d’armement comprenant des composantes britanniques. Il a rappelé que la France avait accompagné l’Argentine dans l’adoption d’une résolution des Nations unies appelant à une résolution pacifique du conflit. M. CAFIERO a par ailleurs estimé qu’il était important « d’écouter et de comprendre » les revendications de l’Argentine, qui estime qu’une partie de son territoire est occupée illégalement, et de comprendre leur caractère fondamental pour l’identité argentine. Par ailleurs, les quarante dernières années ont constitué la plus longue période démocratique continue dans l’histoire du pays, durant laquelle l’Argentine n’a cessé de revendiquer les Iles Malouines de façon pacifique, alors que la guerre de 1982 avait, à l’inverse, été déclenchée par la junte militaire. Enfin, le secrétaire d’Etat a exposé la complémentarité entre les politiques de défense et d’affaires étrangères en Argentine – les deux seuls domaines relevant exclusivement de la compétence de l’État, et non des provinces – et a souligné le lien entre capacités productives dans le domaine militaire et recherche scientifique.
Interrogé par Mme Hélène CONWAY-MOURET sur la rivalité entre la Chine et les États-Unis, M. Francisco CAFIERO a indiqué que cette « tension » se ressentait en Argentine. Cette dernière entretient de très bonnes relations bilatérales tant avec les États-Unis qu’avec la Chine, illustrées notamment par les récentes rencontres entre leurs chefs d’État respectifs. Indiquant que 80% des investissements entrant dans le pays provenaient de pays non-occidentaux, le secrétaire d’État a observé que le monde était de plus en plus incertain, insécurisé et injuste – sur le plan économique notamment. Il a rappelé qu’il y a deux décennies, 90% des équipements militaires dans le monde étaient détenus par les États-Unis, la Russie, l’Europe ainsi qu’Israël, un exemple, selon lui, de la « dispute de pouvoir » entre l’Orient et l’Occident. L’Argentine avait quant à elle fait le pari du multilatéralisme et cherchait ainsi à préserver la zone de paix dans laquelle elle se trouvait ; elle partageait avec la France les valeurs essentielles de démocratie et de respects des droits humains, rendant la coopération possible dans de nombreux domaines.
1 Ce projet concerne la vente de quatre sous-marins de classe Scorpène par Naval Group.
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