Entretien avec une délégation de l’Unicef comprenant des députés béninois et tchadiens et des personnalités sénégalaises sur le thème de la santé maternelle et infantile
Réunis le mercredi 14 février 2024, sous la présidence de MM. Bruno BELIN (Les Républicains – Vienne), président du groupe d’amitié France-Afrique de l’Ouest, et Guillaume CHEVROLLIER (Les Républicains – Mayenne), président du groupe d’amitié France-Afrique centrale, les deux groupes d’amitié se sont entretenus avec une délégation de l’Unicef comprenant des parlementaires béninois et tchadiens et des personnalités sénégalaises sur le thème de la santé maternelle et infantile.
Ont également participé à la réunion : Mme Martine BERTHET (Les Républicains – Savoie), présidente déléguée pour le Sénégal, M. Lucien STANZIONE (Socialiste, Écologiste et Républicain – Vaucluse), président délégué pour le Bénin, et Mme Dominique VÉRIEN (Union centriste – Yonne), par ailleurs présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes.
Le Fonds Français Muskoka a été créé à l’initiative de la France en 2010, et plusieurs fois prolongé, désormais jusqu’à la fin 2026. Doté d’un budget annuel de 10 millions d’euros, il vise à maximiser l’action de quatre agences de l’ONU, l’Organisation mondiale de la santé, ONU Femmes, l’Unicef et le Fonds des Nations Unies pour la population, dans le domaine de la santé, du bien-être et de la nutrition des femmes, des nouveau-nés, des enfants et des adolescents, ainsi que pour soutenir les systèmes de santé nationaux dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. En effet, cette région du monde présente des taux de mortalité néonatale et infantile très élevés.
Sur la base des témoignages entendus de la part des médecins et spécialistes africains présents, il apparaît que le Fonds a permis de cofinancer des projets ayant contribué à améliorer ces indicateurs humains, même si les résultats demeurent fragiles, en particulier du fait de la pandémie de Covid-19.
Ainsi, au Bénin, les femmes sont suivies tout au long de leur grossesse, et les futures mères bénéficient d’une sensibilisation à la maternité. Un dispositif peu coûteux, mais très efficace, de bracelet électronique permet de connaître la température des nouveau-nés, alors que les mères sont en train de travailler. Des sage-femmes et infirmières ont été recrutées pour assurer des formations. Les adolescents bénéficient d’une approche intégrée comprenant la prévention au VIH, la lutte contre les grossesses précoces, la sensibilisation des garçons aux stéréotypes de genre ou encore l’hygiène menstruelle. De manière à lutter contre les violences faites aux femmes, des programmes d’autonomisation professionnelle et domestique des femmes sont mis en œuvre.
Au Tchad, pays qui souffre d’une pénurie de personnels et de matériels médicaux et d’importantes difficultés d’accès aux services de santé, en particulier dans les zones les plus reculées, le Fonds apporte un appui au ministère de la santé. Les crédits mobilisés au titre du Fonds ont ainsi permis de recruter et former, dans la région des Lacs, un médecin obstétricien pour les accouchements difficiles. Ils ont aussi contribué à élaborer une feuille de route en matière de lutte contre la mortalité maternelle, néo-natale et infantile, qui fixe des objectifs de réduction de ces indicateurs. En outre, huit médecins et douze sage-femmes et infirmières ont été formés à la réparation des mutilations génitales qui sont la cause de nombreuses complications lors des accouchements. Par ailleurs, un plan d’évaluation des soins hospitaliers a été préparé pour l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant de N’Djaména, qui a vocation à être étendu aux hôpitaux de province.
Au total, le Fonds Français Muskoka contribue de façon positive à l’amélioration des systèmes de santé en Afrique de l’Ouest et centrale. Toutefois, il présente des limites qui tiennent à l’absence de pérennité des fonds permettant de former et recruter des personnels médicaux sur le long terme et à l’impossibilité d’acquérir des grands équipements tels que des blocs opératoires. En outre, ces pays africains se heurtent à la prégnance des stéréotypes sexués, contre lesquels il est très difficile d’agir, les mutilations génitales notamment, en dépit de l’action déterminée des parlementaires africains parfaitement au fait de ces problèmes.
Les actions soutenues par le Fonds Français Muskoka pourraient faire l’objet de projets au titre de la coopération décentralisée.
Enfin, les sénateurs français ont indiqué qu’ils interrogeraient le Gouvernement sur l’avenir et le renforcement du Fonds.
Contact(s) :
- M. Xavier DUPRIEZ
01.42.34.32.06 – Courriel : x.dupriez@senat.fr - M. Xavier VERGNE
01.42.34.26.22 – Courriel : x.vergne@senat.fr