Le mardi 30 avril 2024, le groupe interparlementaire d'amitié France-Caraïbes s’est entretenu avec plusieurs représentants de la direction des Amériques et des Caraïbes du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) :

  • Mme Michèle RAMIS, directrice des Amériques et des Caraïbes ;
  • M. Frédéric de TOUCHET, chef de mission du Mexique, d'Amérique centrale et des Caraïbes ;
  • M. Roland DUBERTRAND, ambassadeur chargé de coopération régionale dans la zone Atlantique ;
  • Mme Elodie WEISS, rédactrice Haïti.

Ont participé à cet entretien : Mmes Hélène CONWAY-MOURET (SER – Français établis hors de France), Présidente du groupe d’amitié, et Olivia RICHARD (UC – Français établis hors de France), Vice-Présidente, ainsi que MM. Olivier CADIC (UC – Français établis hors de France) et Yan CHANTREL (SER – Français établis hors de France).

De gauche à droite : M. Roland Dubertrand, Mmes Michèle Ramis, Olivia Richard et Hélène Conway-Mouret, et MM. Yan Chantrel et Olivier Cadic

Les discussions ont d’abord porté sur le rôle que peuvent jouer la France et l’Union européenne dans l’accompagnement des États caribéens, qui sont confrontés à trois défis majeurs :

  • une très forte vulnérabilité environnementale (tempêtes tropicales, problématique des sargasses) ;
  • un appauvrissement de la population, notamment suite à la crise sanitaire, qui offre un terreau favorable au développement du crime organisé, alimenté par le trafic de cocaïne produite en Colombie, au Pérou et en Bolivie ;
  • une Caraïbe située au centre d’une « zone de crises ». Ainsi, la crise politique au Venezuela a conduit au déplacement de 7 millions de personnes, entraînant des problématiques dans toute la région pour l’accueil de ces réfugiés.

Plusieurs événements internationaux ont déjà permis ou doivent permettre de mobiliser l’aide internationale :

  • la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement, du 26 au 30 mai 2024 ;
  • le sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui s’est tenu les 22 et 23 juin 2023 à Paris et était présidé par la Première ministre de la Barbade. Cette action est à l’image des réalisations communes de la diplomatie française et des partenaires de la région ;
  • la conférence internationale sur les sargasses, organisée en Guadeloupe du 23 au 26 octobre 2019. Cet événement a permis de mettre en lumière le soutien apporté à la Guadeloupe par l’État via le contrat de plan État-Région (CPER) et par l’Union européenne (UE) via le Fonds européen de développement régional (FEDER). Ce partenariat s’inscrit, plus largement, dans le cadre de la Convention de Carthagène de 1983 sur la protection du patrimoine marin dans la Caraïbe ;
  • la XVIème Conférence de coopération régionale Antilles-Guyane (CCRAG) organisée en Guadeloupe les 8 et 9 mars 2023. Cette instance, instituée par l’article L. 443-4-7 du code général des collectivités territoriales, permet la coopération des cinq collectivités territoriales d’Outre-mer dans la zone Antilles-Guyane[1].

Les échanges ont ensuite largement porté sur la crise haïtienne et ses multiples rebondissements depuis l’assassinat du président de la République d’Haïti, M. Jovenel MOÏSE, en juillet 2021.

Suite à l’appel lancé par le Premier ministre haïtien Ariel HENRY pour le déploiement d’une force armée en Haïti sous l’égide des Nations Unies, les consultations menées par le Secrétaire général des Nations Unies ont permis d’identifier la candidature du Kenya pour envoyer des policiers en Haïti. Cependant, alors que M. HENRY effectuait en mars 2024 une visite d’État à Nairobi pour signer l’accord relatif à l’engagement kenyan, il s’est retrouvé bloqué à Porto Rico sur le chemin du retour, par l’effet d’une coordination inédite entre les gangs contrôlant le territoire haïtien. M.  HENRY ayant été contraint de démissionner, le Kenya a suspendu son offre d’intervention en Haïti.

Convoqués en urgence le 11 mars 2024 à Kingston, en Jamaïque, les 15 États membres de la Communauté caribéenne (CARICOM) ont partagé leurs préoccupations quant à la situation haïtienne. À l’issue de cette réunion a été nommé un Conseil présidentiel de transition, chargé d’assurer la gouvernance provisoire d’Haïti. Conformément à l’accord alors trouvé, M. Edgard LEBLANC FILS a pris ses fonctions en tant que président du Conseil présidentiel de transition le 30 avril 2024. Le mandat du Conseil présidentiel prendra fin le 7 février 2026. La France (seul pays européen invité), les États-Unis, le Canada et l’ONU étaient représentés à cette réunion exceptionnelle de la CARICOM.

Alors que la France engagera, au total, environ trois millions d’euros pour participer à la sécurisation d’Haïti, les autorités états-uniennes estiment que 400 à 600 millions de dollars annuels – soit environ 371 à 557 millions d’euros – seraient nécessaires pour « remettre l’État haïtien en place ».

La France a également demandé à ses partenaires de l’UE de mobiliser 20 millions d’euros d’aide financière pour la police nationale d’Haïti, et a soutenu le maintien du financement de la mission d’aide humanitaire décidée lors du Conseil européen de mars 2024.


[1] Il s’agit de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

De gauche à droite : Mme Elodie Weiss, M. Yan Chantrel Mmes Olivia Richard, Hélène Conway-Mouret et Michèle Ramis, et MM. Olivier Cadic, Roland Dubertrand et Frédéric de Touchet

Contact :

Mme Charlotte DAMMANE
01.42.34.44.65 – Courriel : c.dammane@senat.fr