Présidence : Mme Anne Genetet, Mme Florence Blatrix-Contat (présidente du groupe d’amitié du Sénat)

Présents :

Députés : Mme Louise Morel (VP), Mme Marietta Karamanli (VP), M. Eric Woerth (VP), Mme Anna Pic, M. Hadrien Ghomi (représenté), Mme Constance Le Grip (représentée).

Sénateurs : M. Yan Chantrel, Mme Audrey Linkeheld, M. Georges Naturel, M. Jean-Gérard Paumier, M. Lucien Stanzione.

L’ambassadeur Pierre-André Imbert souligne en introduction l’importance de la diplomatie parlementaire. 

Le changement de majorité en Australie en mai 2022 a permis de redynamiser les échanges, avec l’adoption d’une feuille de route signée en décembre dernier et dont les thématiques principales sont la défense et la sécurité ; la lutte contre le changement climatique ; l’éducation et la culture, avec des coopérations renforcées dans des domaines clefs comme la recherche ou le sport, ou encore l’observation spatiale. La tenue du prochain 2+2 dont la dernière itération a eu lieu à Paris en janvier 2023, constitue une échéance importante et devrait avoir lieu en Australie, idéalement fin 2024.

Certaines coopérations avancent très bien comme la culture (fondation pour associer des institutions culturelles – French-Australian Cultural Exchange Foundation / FACEF, dans l’ensemble des disciplines artistiques en France, en Australie et dans le Pacifique, remise de la numérisation des archives de l’expédition d’Entrecasteaux, qui constitue dans la mémoire collective aborigène un récit de partage) ou la coopération scientifique et technologique (création d’un centre d’excellence sur la transition énergétique, French-Australian Center for Energy Transition – FACET).

Sur le changement climatique. Il s’agit d’un enjeu géopolitique et commercial. Au plan géopolitique, on peut mentionner l’aide fournie aux Etats du Pacifique pour faire face au changement climatique, un mémorandum d’entente a été adopté avec l’Agence française de développement qui met par ailleurs en œuvre l’initiative Kiwa auquel le partenaire australien est associé. Sur le volet « business », les entreprises françaises (énergies, infrastructures, etc.) sont très présentes en Australie (plus de 600 parmi lesquelles Engie, Suez, RATPDev, etc.) et bénéficient d’une forte reconnaissance de l’expertise française. Plusieurs d’entre elles sont impliquées dans un projet bilatéral de soutien à la recherche et au développement dans le domaine de la transition énergétique. Il faut aussi mentionner la coopération approfondie sur les océans dans la perspective de l’organisation par la France en juin 2025 de la Conférence des Nations unies sur les Océans (UNOC 3), ainsi que le soutien français à la candidature de l’Australie pour l’accueil de la COP31 en 2026, qui aurait vocation à être une « COP du Pacifique ».

Sur le pilier défense et sécurité. Les avancées sont très bonnes sur la sécurité. Cela concerne différents sujets (la lutte contre la cybercriminalité, la sécurité dans la région Pacifique).

Sur le volet défense, deux aspects doivent être mentionnés : la coopération opérationnelle qui fonctionne très bien et l’aspect industries de défense, avec une volonté de la France d’être plus présente dans les secteurs de niche ou dans les solutions interopérables.

Sur la situation politique. Après l’échec du référendum sur la création d’une Voix des Peuples premiers auprès du Parlement fédéral, le gouvernement a repris l’initiative en instaurant des baisses d’impôts face à la problématique du coût de la vie et du logement.

Au fur et à mesure des élections, au niveau fédéral comme fédéré, l’on observe de plus en plus d’entailles à la structuration bipartisane traditionnelle, avec une montée des Indépendants au centre-droit et des Verts tout à gauche de l’échiquier politique. Cela crée une incertitude sur le prochain scrutin. À ce stade, un scénario probable est la constitution d’un gouvernement de coalition dans lequel l’une ou l’autre des partis traditionnels (Coalition libérale-nationale, Labor) serait minoritaire.

L’approche australienne vis-à-vis de la Chine consiste à maintenir le dialogue sur les questions commerciales tout en marquant des désaccords lorsque cela est jugé nécessaire.

L’ambassadeur est interrogé par les députés et sénateurs présents sur les sujets suivants : la position de nos partenaires européens sur les sujets commerciaux, l’avenir de l’accord commercial UE Australie et le rôle des Etats dans la relation avec la Chine, le climat économique et le dynamisme des relations bilatérales, les exportations de charbon et sur les flux de jeunes Français, les perspectives de visite d’une délégation australienne, le rôle des Etats et les possibilités de coopération avec les groupes d’amitiés et la reconnaissance des diplômes, les priorités affichées par l’ambassadrice d’Australie en France (restitution des restes humains et accord de sécurité sociale), le sujet des écoles et le partenariat mis en place il y a quelques années entre la Normandie et l’Australie méridionale.

Sur la relation bilatérale et les échanges. L’ambassadeur indique que 27 000 visas Vacances-Travail ont été accordés selon les derniers chiffres disponibles, soit plus qu’avant la crise liée à la Covid-19 et avec 1 000 personnes qui s’installent en Australie par an. 2 300 ressortissants français font par ailleurs au moins une partie de leurs études dans ce pays. L’ambassade reste vigilante car des cas difficiles peuvent ternir l’image de la France, mais à ce stade l’ambassadeur n’a pas été alerté sur un problème de perception de la France. Le poste développe les échanges universitaires, en complément d’une coopération scientifique dense et qui touche tous les domaines.

Les Etats veulent développer leurs relations à l’international. Le Queensland a par exemple un projet d’implantation à Paris, le New South Wales est intéressé. Le bureau du Victoria à Paris fonctionne bien et une liaison aérienne va s’ouvrir entre Perth et Paris.

Sur les restitutions de restes humains, la dynamique est engagée, l’approche est sensible car il faut pouvoir authentifier l’origine des restes et un comité scientifique a été mis en place. Sur le deuxième sujet identifié par les Australiens, l’Australie voudrait un accord séparé pour les pensions de retraite alors que notre priorité est de ne pas dissocier les accords de sécurité sociale et de retraite, or, le système de santé australien n’est pas ouvert aux Français dès leur arrivée. Il faut insérer ce sujet dans une négociation plus globale.

L’ambassadeur rappelle le développement important des coopérations éducatives autour des programmes bilingues et binationaux, dans la majorité des Etats australiens. En raison de la croissance du nombre de filières homologuées et labellisées, le poste a obtenu pour la première fois la création d’un poste d’attaché éducation. Il faut aussi noter des progrès dans la capacité à placer des experts techniques internationaux, dans des secteurs divers comme la transition énergétique, les minerais critiques ou l’intelligence artificielle. Les coopérations éducative et universitaire sont une priorité, autour de l’enseignement du français qui a été érigé au rang de priorité par le président de la République et dans un contexte local de fort lobbying chinois pour développer des écoles.

Sur la situation économique. Les échanges avec la France sont au-delà du niveau de 2019, avec des secteurs porteurs comme le luxe et les cosmétiques, le secteur agricole, la transition climatique, les relations sont donc bonnes même si la France ne pèse qu’environ 1,5% dans les exportations contre 4% pour l’Allemagne.

Sur le charbon, l’objectif de zéro émission de carbone d’ici à 2050 impliquera de fermer 4 ou 5 centrales à charbon et de développer le secteur des ENR en parallèle.  Concernant le « derisking », les Australiens sont conscients d’être liés à la Chine, mais regardent vers l’Inde de façon croissante. Concernant les négociations d’un accord de libre-échange UE-Australie, l’Australie pourrait être ouverte à une reprise mais plutôt après les élections européennes en juin.

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