Allocution du Président du Sénat, M. Gérard Larcher,
à l’occasion de la visite d’Etat du Président de la République libanaise, Son Excellence le Général Michel Aoun,
Monsieur le Président de la République libanaise,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Président de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat,
Madame la Présidente du Groupe d’amitié France - Liban,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Vice-Présidents du Sénat et Présidents de groupes, chers collègues,
Madame et Messieurs les députés du Parlement libanais,
Monseigneur l’Evêque de l’Eparchie des Maronites de France, Visiteur apostolique pour l’Europe septentrionale et occidentale,
Vous connaissez, Monsieur le Président de la République, mon attachement au Liban, où je me suis rendu plus de 35 fois depuis 1986 ! Nous avons partagé des moments de douleur et d’espérance.
En vous accueillant dans ces salons de Boffrand, Monsieur le Président de la République, j’ai souhaité placer la relation entre la France et le Liban sous un jour à la fois solennel et amical.
Chacun sait que la force de notre amitié excède les intérêts communs et repose d’abord sur des liens de cœur et d’esprit. Les universitaires, les juristes, les médecins, les artistes de nos deux pays, nos sociétés civiles et nos peuples, n’ont cessé de se rencontrer et d’échanger au fil de l’histoire. Ils ont en partage la francophonie, l’un des traits d’union essentiels entre la France et le Liban. J’ai mesuré sa vitalité lorsque j’ai inauguré, avec le Ministre de la Culture de votre pays, dans le cadre de ma visite officielle au Liban en octobre 2015, le salon du livre francophone de Beyrouth.
Il nous appartient, en France aussi, d’entretenir et de faire fructifier cet héritage fécond. Le Sénat y veille.
Le Général de Gaulle estimait que les liens profonds qui unissent le Liban et la France avaient donné à votre pays, à la croisée des mondes européen, méditerranéen et arabe, au carrefour de la Chrétienté et de l’Islam, une ouverture exceptionnelle sur le monde occidental ; et à la France, une fascination, un intérêt et un attachement singuliers pour le Moyen-Orient.
Je cite les propos du Général de Gaulle à votre ministre des Affaires étrangères d’alors, M. Philippe Takla : « Si la France est investie d’une mission en Orient, le Liban est, de son côté, investi d’une mission en Europe. C’est pourquoi, il importe à nos deux pays de demeurer solidaires, non seulement sur les questions d’ordre pratique, mais également sur les questions politiques. Cette coopération peut aider à restaurer la paix dans la région où se trouve le Liban et contribuer ainsi à la paix dans le monde ». Paroles d’une singulière actualité !
Le Liban démontre en effet qu’une autre histoire est possible au Moyen-Orient. Que le terrorisme islamiste n’est pas une fatalité. Qu’il peut être vaincu. Que les valeurs de liberté, notamment de liberté de conscience et de culte, de démocratie, d’égalité entre femmes et hommes, que le parlementarisme authentique, ont un sens. Que l’unité nationale et la préservation de la souveraineté sont les ferments qui protègent des conflits. Que Chrétiens et Musulmans peuvent vivre ensemble. L’exposition « Chrétiens d’Orient, deux mille ans d’histoire » de l’Institut du Monde arabe, que vous avez visitée hier, témoigne de l’ancrage millénaire des Chrétiens d’Orient dans le monde arabe et de leur apport.
On parle souvent d’un « miracle » libanais. Il y a en effet l’apparence de plusieurs miracles libanais. Oui, le Liban a réussi à maintenir une stabilité face aux conflits qui embrasent la région. Oui, le Liban a pu surmonter les blocages institutionnels, qui ont conduit pendant de longs mois à une vacance de la présidence de la République et à une paralysie du système politique.
Oui, le Liban accueille sur son sol près de 2 millions de Syriens et démontre une solidarité à toute épreuve, alors que les conditions économiques et sociales sont difficiles pour sa population. Quel pays peut démontrer une telle solidarité !
Mais, dans toutes ses épreuves, le Liban a d’abord pu compter sur les sacrifices de ses filles et de ses fils, sur les efforts de son peuple pour que justice et paix l’emportent. Il a pu compter sur son génie, sur la formation de ses élites, sur ses atouts économiques et intellectuels qui l’ont rendu si résilient. Il a pu compter également sur ses amis, au premier rang desquels se situe la France.
La France, qui n’a pas cessé et ne cessera pas, Monsieur le Président de la République, dans toutes ses composantes politiques et républicaines, d’être à vos côtés. Pour vous aider à faire redémarrer votre économie. Pour défendre la liberté, l’indépendance, la souveraineté de votre pays. Pour alléger le fardeau de l’aide aux populations déplacées que vous accueillez. Pour mobiliser la communauté internationale en votre faveur. Pour contribuer, avec vous, à l’éradication du terrorisme islamiste.
Car la stabilité de votre région, c’est aussi la stabilité du Liban, c’est aussi la sécurité et la stabilité de l’Europe et de la France.
Lorsque vous parlez de votre région en particulier, nous devons vous écouter et vous entendre.
Permettez-moi, Monsieur le Président de la République, de terminer ces propos sur une note plus personnelle. Je souhaite rendre hommage à votre engagement au service de votre pays. Avec les choix politiques qui sont les vôtres, vous lui avez consacré et lui consacrez votre vie. L’affirmation d’un État libanais solide a été et reste votre combat. Votre haute magistrature aujourd’hui en constitue un aboutissement.
Monsieur le Président de la République, la France et le Liban célèbreront en septembre 2020 le centenaire de la création du Grand Liban. Le Sénat de la République française aura à cœur, j’en suis convaincu, de prendre toute sa part à cette célébration. Que ce moment fondateur de votre histoire et hautement symbolique nous permette de donner un nouvel élan à nos relations, en particulier aux liens entre la jeunesse de nos deux pays. Qu’elle ouvre un nouveau siècle d’amitié.
Vive le Liban ! Vive la France !