Fiche n° 1 : L'assurance-dépendance en Allemagne - Généralités
Fiche n° 2 : La « journée de solidarité » dans les administrations publiques et les entreprises en Allemagne
L'assurance-dépendance en Allemagne - Généralités
1. Une assurance dépendance (AD)généreuse adossée à l'assurance-maladie (AM) :
· L'AD a été créée en Allemagne en 1995 et adossée au régime d'assurance maladie (AM)ce qui explique que ce soit la ministre de la santé qui soit compétente ;
· Comme pour l'AM, les salariés les mieux payés (4012,50 €), les fonctionnaires et les indépendants peuvent souscrire une assurance privée ;
· La cotisation est de 1,70 % du salaire brut, payée à parité par le salarié et l'employeur et versée à la caisse d'AM, elle est majorée de 0,25 % pour les personnes sans enfants ;
· L'assurance assure des prestations en nature ou en espèce cumulables dont le montant varie en fonction du degré et la gravité de la dépendance (cf. tableau ci-dessous).
2. Une AD de nouveau déficitaire :
· Depuis 1998 l'AD est en déficit avec des pics à 690 M€ en 2003 (pour un budget de 16,6 Mr€) et 820 M€ en 2004 (sur 16,8 Mr€), l'équilibre a toutefois été rétabli en 2006 avec + 450 M€ pour replonger en 2007 déficit de 320 M€ ;
· Surtout les perspectives démographiques déjouent les prévisions qui ont fondé sa création et implique une croissance forte des dépenses :2,1M de bénéficiaires contre 1M prévus ;
· Toutefois, la branche bénéficie d'un excédent cumulé de 3,5Mr€.
3. Une réforme modeste :
· Le Parlement a adopté le 14 mars le projet de réforme présenté par le gouvernement ;
· Il a pour objectif un retour structurel à l'équilibre en privilégiant les soins à domicile en ne revalorisant les barèmes que pour les soins en nature prodigués dans ce cadre (cf. tableau ci-dessous) ;
· Il prévoit une revalorisation de la cotisation à 1,95 % au 01/07/2008 (2,20 % pour les personnes sans enfants) ;
· La proposition d'accorder un congé rémunéré de 10 jours à un membre de la famille a été acceptée par le Parlement malgré l'hostilité première de la CDU.
Montant des prestations versées par l'assurance-dépendance | ||||||
Degré de dépendance | Prestation en nature | Prestation en espèce | En établisst (max.) | |||
2007 | Au 01/07 2008 | 2007 | Au 01/07 2008 | 2007 | Au 01/07 2008 | |
Catégorie 1 | 384 € | 420 € | 205 € | 215 € | 1023 € | idem |
Catégorie 2 | 921 € | 980 € | 410 € | 420 € | 1279 € | idem |
Catégorie 3 | 1432 € | 1470 € | 665 € | 675 € | 1432 € | 1470 € |
Cas d'exception | 1918 € | idem | 1688 € | 1750 € |
La « journée de solidarité » dans les administrations publiques
et les entreprises en Allemagne
1. Objectifs du dispositif
Un dispositif similaire à la « journée de solidarité » instituée en France en 2003 a été mis en œuvre en Allemagne en 1995. Il s'agissait, dans le cadre de l'instauration d'une 5ième branche de sécurité sociale, l'assurance-dépendance, de supprimer un jour de congé afin de compenser la part du financement à la charge des entreprises.
L'assurance-dépendance a été instituée afin de mutualiser la prise en charge des personnes dépendantes dans un contexte démographique de vieillissement de la population. Il s'agissait par ailleurs de favoriser les investissements structurels dans le secteur de la prise en charge des personnes nécessitant des soins pérennes. Elle a permis de couvrir 2 millions de personnes en 2006.
Le financement de la protection sociale est fondé, en Allemagne, sur le principe de la parité entre les salariés et les employeurs. Toutefois, face à un niveau de prélèvements sociaux déjà élevés et dans le souci de préserver la compétitivité des entreprises, le gouvernement de l'époque avait, conformément aux demandes des organisations patronales, souhaité compenser la part à la charge des employeurs par la suppression d'une journée de congé payé.
2. Modalités de mise en œuvre
a). Cotisations
L'institution de l'assurance-dépendance s'est traduite par la création d'un prélèvement social additionnel de 1,7%du salaire mensuel brut (depuis 1996, 1 % en 1995), réparti de façon paritaire entre salariés et employeurs (soit 0,85 % depuis 1996, 0,5 % en 1995) et plafonné (3 562,5 € en 2007).
Cette cotisation est recouvrée conjointement à celle relative à l'assurance-maladie par versement par l'entreprise des deux parts à la caisse d'assurance-maladie auquel est affilié le salarié.
b). Journée de solidarité
La part patronale est censée être compensée par la suppression d'un jour férié : la journée de Pénitence et de prière (Buss- und Bettag). Cette fête d'origine protestante était un jour de congé fédéral depuis 1990. Il s'agissait d'une fête mobile tombant le mercredi précédent le dernier dimanche avant l'Avent, autour du 17 novembre.
Elle a donc été supprimée au niveau fédéral pour l'ensemble des entreprises et administrations publiques. Deux exceptions existent toutefois : une exception générale pour le Land de Saxe et, en Bavière, pour les écoles uniquement.
En Saxe, le maintien de la journée de Pénitence et de prière avait été expressément demandé, à l'époque, par les autorités du Land. Il s'accompagne d'un régime de contribution spécifique qui rompt avec le principe de parité, les salariés cotisant pour environ 80 %, 20 % restant à la charge des employeurs, soit une cotisation de 1,35 % du salaire brut pour les salariés et de 0,35 pour les employeurs.
Dans les autres Länder, une disposition spécifique a été prévue dans la loi relative aux jours de congés (Feiertagsgesetz) pour les salariés qui souhaiteraient, pour des raisons religieuses, chômer ce jour là. Ils doivent ainsi poser un jour de congé qui ne leur est pas décompté du total de leurs jours de congés payés mais retenu sur leur salaire comme un jour non travaillé.
Cette disposition ayant été prise au niveau fédéral, par la loi, elle n'a pas conduit à des négociations collectives postérieures à sa mise en œuvre. Elle a, en revanche, fait l'objet d'un débat et d'une large concertation avant la prise de la mesure. Ainsi, elle a été étudiée a priori et recommandée par un comité d'expert, en l'occurrence le « Comité des cinq sages » (Die fünf Weisen) compétent pour les mesures concernant l'activité économique.
3. Rendement
Dès l'année de son instauration, il s'est avéré que la suppression d'une journée de congé ne compensait que partiellement les cotisations à la charge des employeurs. Ainsi, en 1995, le rendement de la journée de congé supprimée était estimé à 3,32 milliards d'Euros alors que les cotisations patronales s'élevaient à 4,54 milliards d'Euros, soit un rapport de 73 %.
Une compensation totale aurait donc nécessité la suppression de 1,4 jour de congé. Aujourd'hui, les charges patronales s'élèvent à 8,4 milliards d'Euros et, selon l'organisation patronale BDA (Bundesvereinigung der Deutschen Arbeitsgeberverbände) il faudrait toujours un peu moins d'une journée et demie de travail pour les compenser en totalité.
Comme en 1995, il existe aujourd'hui un consensus entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux pour ne compenser les charges patronales que par une seule journée de travail supplémentaire. Pour que la mesure puisse être mise en œuvre sans créer de difficultés matérielles pour les entreprises, la solution d'une fraction de journée additionnelle n'est pas souhaitée, même par le patronat. La suppression d'une seconde journée, qui irait au-delà de la compensation, reste une possibilité en cas d'augmentation nécessaire des recettes de l'assurance-dépendance.
L'impopularité d'une telle mesure la rend toutefois moins probable, dans le cadre d'une future réforme de l'assurance-dépendance, que la réorganisation ou la diminution des prestations ou bien encore le transfert de cotisations d'autres branches de la protection sociale comme l'assurance-chômage.
4. Difficultés
Le fait que la suppression de la journée de Pénitence et de prière ait été décidée au niveau fédéral a évité les problèmes qui ont pu se poser en France, où la mesure n'a pas eu ce même caractère uniforme.
Les deux exceptions au caractère général de la mesure ne semblent pas avoir non plus provoqué de difficultés particulières. Cela s'explique par le contexte spécifique à la République fédérale, où les jours de congés diffèrent en effet d'un Land à l'autre (notamment selon la confession dominante, catholique ou protestante). L'existence d'une journée, fériée en Saxe et ouvrée dans le reste du pays, n'a donc pas créé une situation nouvelle qui aurait pu poser des problèmes inédits aux entreprises.
De la même manière, le fait que les écoles en Bavière restent fermées ce jour là ne crée pas de situation spécifique au regard de la garde des enfants dans un Land où ils n'ont pas classe l'après-midi et où, majoritairement, les femmes des familles avec enfants ne travaillent pas.