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OFFICE PARLEMENTAIRE D'ÉVALUATION DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES (OPECST)

Mercredi 12 décembre 2001

- Présidence de M. Pierre Laffitte, sénateur, vice-président.

Enfouissement des lignes à haute et très haute tension - Examen du rapport

L'Office a procédé à l'examen du rapport sur l'enfouissement des lignes à haute et très haute tension de M. Christian Kert, député.

L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a procédé à l'examen du rapport sur la contribution de nouvelles technologies à l'enfouissement des lignes électriques à haute et à très haute tension.

M. Christian Kert, député, rapporteur, a rappelé que si des progrès ont été réalisés ces dernières années dans l'enfouissement des lignes à basse et moyenne tension, il n'en était pas de même pour la haute et la très haute tension, alors que ces lignes font l'objet d'une opposition de plus en plus vive de la part des populations riveraines.

Le gestionnaire des lignes électriques à haute et à très haute tension qui est, depuis le 10 février 2000, Réseau de Transport d'Électricité (RTE) se retranche derrière des arguments techniques et économiques pour justifier son refus d'enfouir ces lignes. Or depuis quelques années, plusieurs données nouvelles plaident en faveur de la mise en place d'une politique d'enfouissement.

La France est en retard par rapport à bon nombre de ses partenaires européens, et par rapport à des pays du continent américain, où, pourtant, la politique énergétique n'a pas connu jusqu'à présent de succès identiques à ceux de notre pays.

Les coûts qui ont longtemps été présentés comme irréversibles montraient que l'opération d'enfouissement d'une ligne revenait dix fois plus cher que la pose de cette même ligne, en aérien. Dans un tel rapport économique, il était évident qu'un tel choix pouvait être légitimement considéré comme un luxe. Or, la réalité est plus complexe et, déjà, compte tenu des contraintes nouvelles de sécurité imposées à l'aérien après les tempêtes, ce ratio peut être considéré comme dépassé.

Les exigences en matière de respect d'environnement, de protection des sites, de préoccupation de santé ont considérablement évolué en quelques années et, aujourd'hui les populations riveraines d'un projet de tracé de lignes en contestent les nécessités et même critiquent les installations existantes au prétexte, souvent fondé, qu'elles dénaturent le paysage.

D'autre part, des avancées technologiques réelles sont d'ores et déjà susceptibles de favoriser le développement de l'enfouissement, mais aussi de permettre l'abaissement de coûts qui peuvent à certains égards paraître quelque peu exagérés.

Aux antiques câbles à papier imprégné d'huile se sont substituées de nouvelles techniques à travers le monde.

Les câbles à isolation synthétique comportent au moins : une âme en cuivre ou aluminium par où transite le courant, un écran semiconducteur interne, une enveloppe isolante entre les écrans semiconducteurs, un écran semiconducteur externe (sur enveloppe isolante), un écran métallique (alliage de plomb ou en aluminium) qui contribue au confinement du champ électrique, assure la circulation des courants de courts circuits et empêche l'eau d'atteindre sa couche isolante ainsi qu'une gaine extérieure qui assure la protection mécanique du câble et isole l'écran de la terre. Cette gaine peut être en polychlorure de vinyle ou en polyéthylène.

L'installation « pilote » en ce domaine est à Berlin, où un tunnel long de 12 km a été creusé à 30 mètres de profondeur sous les deux anciens « Berlin ». Son diamètre extérieur est de 3,60 mètres. C'est une opération onéreuse, mais très réussie techniquement et en termes de sécurité. Des réalisations du même type existent également à Copenhague et à Tokyo.

Autre technique, les câbles à isolation gazeuse comportent un conducteur en aluminium supporté par des isolateurs dans un gaz isolant sous pression, une enveloppe extérieure en aluminium, un revêtement anticorrosion. Le meilleur gaz isolant est un mélange à base d'azote qui permet d'éliminer l'inconvénient majeur de l'hexachlorure de soufre d'être un gaz à effet de serre. Mais l'utilisation de cette technique impose de prévoir des stations de redressement pour compenser la perte de puissance. Actuellement ces stations d'environ 2 hectares sont nécessaires tous les 20 km.

A Genève, un passage souterrain a été construit dans un tissu urbain très dense ; il mesure 450 mètres. En France, aux Renardières, un programme commencé en 1992 a été validé le mois dernier ; il s'agit d'un tube de 55 cm de diamètre en aluminium, le conducteur central étant maintenu par des tripodes. La réalisation la plus longue se trouve au Japon, où le tunnel atteint 3,5 km.

Enfin les câbles supraconducteurs qui comportent un conducteur refroidi à la température cryogénique (actuellement de l'azote liquide à - 196°), un isolant électrique et une enveloppe extérieure. Pour pouvoir utiliser ces câbles, il est nécessaire d'y adjoindre des unités de refroidissement. L'azote entre ainsi par un bout de la liaison, s'échauffe au fur et à mesure de son écoulement, ressort avec un accroissement de température et passe dans l'unité de refroidissement qui le ramène à sa température initiale et repart dans la liaison.

L'utilisation de ces nouvelles technologies devrait permettre d'abaisser les coûts d'autant que les emprises au sol ont été notablement réduites, le passage d'une ligne souterraine à très haute tension ne devrait plus neutraliser qu'une bande de terrain équivalente à la largeur d'une route départementale.

Mais la véritable réduction des coûts ne pourra se faire que si le volume des commandes passées aux fabricants de câbles devient significatif. L'enfouissement des lignes à haute et à très haute tension ne pourra jamais concerner la totalité du réseau et devra être réservé à des passages particulièrement sensibles pour des raisons de protection de l'environnement, mais aussi pour sécuriser certaines parties du réseau particulièrement exposées aux aléas climatiques.

M. Claude Gatignol, député, a rappelé que les câbles aériens pouvaient aussi être utilisés pour dérouler de la fibre optique et a demandé au rapporteur, qui lui a répondu par la négative, si les lignes enfouies donnaient lieu à impositions locales.

M. Pierre Laffitte, président, sénateur, a souligné les gains en coût qui pouvaient être obtenus de l'enfouissement des lignes sous le réseau autoroutier et a insisté sur l'importance d'une prise de conscience européenne dans ce domaine.

Le rapport présenté par M. Christian Kert, député, a été adopté à l'unanimité des membres présents.