AFP - 18 septembre 07:41 - Les sénatoriales: l'acte 1 de la présidentielle?

PARIS : L'éventualité d'un basculement historique à gauche du Sénat le 25 septembre rend l'enjeu de ce scrutin crucial, à sept mois d'une élection présidentielle que l'opposition espère pouvoir remporter.

Un passage à gauche serait pour le président UMP du Sénat Gérard Larcher un "séisme". "Les conditions de préparation de l'élection présidentielle seraient singulièrement modifiées par un changement de majorité au Sénat", déclare-t-il à l'AFP. Ajoutant aussitôt qu'il juge "cette hypothèse assez peu probable".

L'ancien Premier ministre et sénateur UMP de la Vienne, Jean-Pierre Raffarin, pense lui aussi qu'un Sénat de gauche "serait très dangereux pour les présidentielles, cela ne faciliterait pas les quelques mois qui restent".

Avec ses succès électoraux aux régionales, cantonales, municipales, la gauche n'a jamais été aussi bien placée pour décrocher la majorité dans la chambre qui représente les collectivités territoriales, malgré un mode de scrutin qui lui est défavorable.

Même si l'Assemblée nationale a toujours le dernier mot sur les textes de loi, le fonctionnement du Parlement serait considérablement modifié et, comme le souligne le constitutionnaliste Guy Carcassonne, "la droite connaîtrait la situation que la gauche a connu avec une seconde chambre hostile, de 1981 à 1995", puis sous le gouvernement Jospin.

"Sur le plan législatif, la gauche aurait les moyens de retarder l'adoption des textes, de faire savoir haut et fort son opposition, de médiatiser ses propositions et son programme", développe le politologue Olivier Rouquan, professeur à Sciences Po.

La discussion des budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale pour 2012, qui vont décliner le plan de rigueur du gouvernement, risquerait de devenir explosive.

"Nous saurons nous exprimer pour défendre nos valeurs", prévient le patron des sénateurs PS Jean-Pierre Bel.

Un président du Sénat de gauche - considéré comme le 2ème personnage de l'Etat car assurant son intérim en cas d'incapacité - présent au côté de Nicolas Sarkozy sur toutes les estrades, dans toutes les manifestations, aurait une portée symbolique et politique forte. Sans compter les pouvoirs de nomination qu'il possèderait au Conseil constitutionnel ou au Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Au delà de la conjoncture politique, une victoire de la gauche signifierait un divorce consommé entre la droite et son ancrage traditionnel dans la France rurale.

"C'est la structuration historique de la droite autour de milliers de petites communes qui s'effondrerait et atteindrait la capacité de Nicolas Sarkozy à mobiliser", juge Christophe Borgel, secrétaire national du PS, chargé des élections.

Enfin ce serait un bouleversement historique car le Sénat n'a jamais été de gauche. "Il n'y a jamais eu de président de gauche au Sénat, le centre-gauche a pu obtenir la présidence comme Gaston Monnerville (1959-1968), mais la gauche n'a jamais été majoritaire au Sénat", relève M. Carcassonne.

"Lors des prochaines sénatoriales, le Sénat a rendez-vous avec l'histoire", assure Jean-Pierre Bel.

Même si le Sénat ne bascule pas à gauche, la majorité de droite sera mécaniquement plus étroite et le gouvernement aura fort à faire pour faire passer ses textes.

"Ce sera une épreuve. J'ai dit à François Baroin (Economie) et Valérie Pécresse (Budget): avec la majorité sénatoriale qui va sortir, attendez-vous à un rendez-vous d'automne exigeant", prévient M. Larcher.

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