AFP - 1er octobre 11:55 - Le Sénat s'apprête à élire le premier président socialiste de son histoire
PARIS : Sauf énorme surprise, c'est Jean-Pierre Bel, un élu ariégeois de 59 ans, jusque-là inconnu du grand public, qui s'apprête à être élu samedi après-midi par ses pairs, premier président socialiste de l'histoire du Sénat et deuxième personnage de la République.
Président du groupe socialiste du Sénat depuis 2004, il a fait irruption sur le devant de la scène avec le basculement inédit à gauche de la deuxième chambre du Parlement lors du renouvellement sénatorial de dimanche dernier.
Il affrontera comme candidat unique de la nouvelle majorité PS, communistes, PRG, Verts, le président sortant UMP, Gérard Larcher, et l'ancienne secrétaire d'Etat de François Fillon, Valérie Létard, concourant sous la bannière centriste.
La division de la droite devrait profiter au socialiste qui pourrait être élu dès le premier tour.
Le nouveau sénateur Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Vincent Placé, a laissé planer la menace d'une candidature mais pour mieux négocier des postes de responsabilité.
L'élection au "plateau", du nom de la vaste estrade située au coeur de l'hémicycle du Palais du Luxembourg et d'où le numéro un du Sénat préside les séances, a lieu par vote individuel et secret des sénateurs en séance publique.
A 15h00 la séance sera ouverte avec l'allocution du doyen, en l'occurrence Paul Vergès, 86 ans, président du Parti communiste réunionnais.
M. Vergès sera assisté pour les opérations de vote qui débuteront vers 15h30 par le "bureau d'âge" composé des benjamins et largement dominé par la gauche. Christophe Béchu (UMP, président du conseil général du Maine-et-Loire, 37 ans) sera le seul représentant de la droite, entouré de Cécile Cukierman (PCF, Loire, 35 ans), Richard Tuheiava (DVG, Polynésie française, 37 ans), Thani Mohamed Soilihi (DVG, Mayotte, 39 ans), Frédérique Espagnac (PS, Pyrénées-Atlantiques, 39 ans) et Luc Carvounas (PS, Val-de-Marne, 40 ans).
Les sénateurs, appelés nominalement, iront dans la salle des conférences choisir leur bulletin dans un isoloir et reviendront dans l'hémicycle pour voter. La majorité absolue des suffrages exprimés est nécessaire aux premier et deuxième tours. Au troisième une majorité relative suffit.
La proclamation des résultats du premier tour ne devrait intervenir que vers 17h45. En 2008, Gérard Larcher avait été élu au premier tour par 173 voix contre 134 voix à Jean-Pierre Bel, à l'issue d'une primaire à l'UMP qu'il avait remportée contre Jean-Pierre Raffarin.
Le sixième président du Sénat depuis le début de la Ve République prononcera ensuite un discours avant, dans la foulée, une passation de pouvoir, au Petit Luxembourg, siège de la présidence.
Jean-Pierre Bel a promis un "Sénat plus moderne, plus modeste, plus transparent" face à une droite encore sonnée mais qui va maintenant s'attacher à amoindrir les effets de cette défaite à sept mois de la présidentielle.
Gérard Larcher, s'il n'est pas reconduit, aura fait le plus court mandat - trois ans - de président du Sénat sous la Ve République.
La première tâche du nouveau président sera de s'atteler à la nouvelle gouvernance du Sénat, un chantier peu aisé vu l'étroitesse de sa majorité, 177 élus, soit deux de plus que la majorité absolue. Aucun groupe politique ne la détient à lui seul.
Il s'est déclaré favorable à l'abaissement du seuil de constitution des groupes de 15 à 10 sénateurs, comme le revendiquent les 10 sénateurs EELV. Cela pourrait permettre au RDSE (à majorité PRG) qui compte 16 membres de survivre au départ de ses trois sénateurs de droite dont Jean-Marie Bockel (GM).
Il mettra également en ordre de bataille le groupe PS avec un nouveau président qui devrait être le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen.
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