AFP - 23 septembre 11:57 - Sénatoriales : un scrutin complexe et incertain
PARIS : Le Sénat basculera-t-il ou pas à gauche ? Quelques explications sur une élection complexe et incertaine.
QUESTION: Qu'est-ce qui fait dire que la gauche pourrait s'imposer dans la Haute Assemblée ?
REPONSE: Il y a une conjonction de facteurs exceptionnellement favorables à la gauche, un peu comme un alignement de planètes.
Pour la première fois, ce sont la moitié des sièges qui sont renouvelés et non plus le tiers comme avant, soit 170 sièges.
Le Sénat représente les collectivités territoriales. Les sénateurs sont élus par les députés, les conseillers régionaux, les conseillers généraux, les conseillers municipaux et les délégués des conseillers municipaux (élus par les conseils municipaux et dont le nombre dépend de la population).
La gauche a gagné tous les derniers scrutins locaux: municipales en 2008, régionales en 2010 et cantonales en mars 2011. Elle est devenue majoritaire dans les collectivités et dans ses exécutifs.
Les présidents de région et surtout de conseils généraux ont une influence importante sur les maires notamment en terme de subventions, un argument fort en période de crise.
Q: Combien de sièges la gauche doit-elle gagner pour remporter la majorité ?
R: Mathématiquement, il faudra que la gauche emporte 23 sièges pour avoir la majorité absolue.
Q: Qu'est-ce qui dans la politique gouvernementale pourrait fragiliser son propre camp ?
R: Il existe un fort mécontentement des élus face:
. à la régression des services publics de proximité (postes, hôpitaux etc.) en zone rurale,
. à la réforme des collectivités, notamment la suppression de la taxe professionnelle, au regroupement des communes (intercommunalité) réalisé actuellement à marche forcée par les préfets.
En outre, la droite est confrontée à une multiplication de listes. Vu l'incertitude pesant sur la présidentielle et les législatives de 2012, beaucoup tentent leur chance sans état d'âme. La mouvance centriste ne s'est pas encore complètement recomposée après le départ de Jean-Louis Borloo et d'Hervé Morin du gouvernement et elle s'est éparpillée (MoDem, NC, radicaux, Alliance centriste).
Les places sont plus chères du fait de la poussée de la gauche et tous n'ont pu recevoir l'investiture de leur parti et partent en dissidence.
A gauche, les divisions sont moindres et sont souvent dues à la présence de candidats du Parti de gauche, d'EELV et de quelques communistes, mais qui n'ont que peu d'élus et donc peu de capacité de nuisance alors qu'à droite ce sont souvent des élus qui ont du répondant en terme de grands électeurs.
Q: Qu'est-ce qui pousse tous les états majors à la prudence ?
R: C'est un scrutin où la personnalité du candidat est très importante et peut transcender les partis, où les alliances locales, l'histoire politique locale jouent.
En outre, une bonne partie du corps électoral est composée de petits maires sans étiquette.
Enfin, le mode de scrutin est très complexe. La gauche majoritaire dans les collectivités devrait arithmétiquement gagner mais la surreprésentation des petites communes traditionnellement à droite défavorise la gauche.
Le gouvernement a procédé à des modifications favorables à son camp: un exemple, le scrutin proportionnel concerne désormais des départements qui ont 4 sièges de sénateurs et non plus trois comme avant.
Il y a des singularités comme les 12 sénateurs des Français de l'étranger (6 renouvelables) qui sont élus par un corps électoral de 155 membres de l'Assemblée des Français de l'étranger, qui se connaissent tous et sont un électorat captif.
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