- État civil :
- Né le 28 octobre 1909
Décédé le 2 mars 1977
Ancien sénateur de la Communauté
Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961
Sénat de la République francaise
Groupe de l'union pour la Communauté
Membre de la commission de l' enseignement supérieur et relations
culturelles
Ve République
GUERIL (Georges, Judé)
Né le 28 octobre 1909 à l'Approuague (Guyane)
Décédé le 2 mars 1977 à Cayenne (Guyane)
Sénateur de la Guyane de 1959 à 1962
C'est dans une famille métisse depuis longtemps installée en Guyane, sur les bords du fleuve L'Approuague, non loin de la petite ville de Régina, à l'est du département, que naît Georges Guéril. Soucieux de promotion sociale, ses parents choisissent l'école de la République pour lui donner une solide culture générale. Le grand collège de Cayenne lui permet de devenir bachelier de l'enseignement secondaire. Un séjour martiniquais, d'abord effectué au lycée Victor Schoelcher de Fort-de-France, lui donne la première année de la licence en droit. Auxiliaire des postes, télégraphes et téléphones en métropole, Georges Guéril devient ensuite contrôleur stagiaire des douanes le 1er juillet 1931 à Saint-Nazaire après avoir obtenu un certificat de l'Ecole nationale des douanes. Appelé sous les drapeaux, il sort d'une année de service militaire simple soldat le 15 octobre 1932. Commence alors une longue carrière au service des douanes : contrôleur à Paris, à Madagascar, puis partir du 1er mars 1938, dans sa Guyane retrouvée après dix ans d'absence. Vérificateur affecté à Saint-Laurent du Maroni à partir du 1er juillet 1939, il est chef de bureau et délégué du gouverneur de la Guyane pour le Maroni au moment crucial où la métropole décide de demander l'armistice. Comme nombre de ses compatriotes, Georges Guéril décide de continuer la lutte contre l'ennemi allemand dès le 19 juin 1940. Le gouvernement de Vichy lui retire, en mars 1941, ses fonctions de délégué puis, en octobre suivant, il le rétrograde et l'envoie d'office en France. Fidèle à la France combattante, Georges Guéril est nommé contrôleur des douanes à Marseille le 15 mars 1942 puis il est affecté à la Martinique le 25 janvier 1943. La Guyane le retrouve le 16 septembre suivant et, cette fois, elle a rallié le bon camp. Fondateur du Comité de résistance et de vigilance du Maroni, Georges Guéril crée le journal Liberté, à la forte tonalité gaulliste. Il est réintégré vérificateur le 20 avril 1945. Son attitude courageuse lui vaut d'être fait chevalier de l'Etoile noire du Bénin par décret du 28 mai 1947.
Jusqu'en 1959, Georges Guéril mène simultanément deux carrières. Le fonctionnaire gravit les échelons de la hiérarchie en devenant inspecteur puis inspecteur central. La Mutualité douanière le compte aussi parmi les siens. Le militant entame une carrière politique locale. Elu le 26 avril 1953 conseiller municipal de Cayenne, il est réélu le 22 mars 1959. Son ardeur gaulliste se réveille en mai 1958 alors que la France traverse une longue crise politique. Dans La Guyane républicaine où il écrit jusqu'en mars 1959, Georges Guéril signe plusieurs articles qui approuvent le retour du général de Gaulle à la présidence du Conseil et le référendum constitutionnel de l'automne 1958. Le vice-président du Comité de résistance et de vigilance du Maroni soutient les candidats gaullistes à tous les scrutins qui préparent l'installation de la Ve République en 1958-1959. Et c'est tout naturellement que sa candidature, soutenue par l'Union républicaine de Guyane et par l'Union pour la nouvelle république (UNR), est présentée pour l'élection sénatoriale du 26 avril 1959. Sa profession de foi fait état de l'« union de toutes les forces vives de notre Guyane » pour « la sauver de l'aventure et de la misère » et « travailler au développement économique et social. » Candidat isolé face à trois autres, Georges Guéril ne l'emporte qu'au second tour sur Robert Vignon avec 42 des 76 suffrages exprimés sur 78 votants et inscrits. Le désistement de Roland Verderosa et d'Auguste Boudinot lui fait gagner son élection.
Inscrit au groupe UNR à partir du 30 avril 1959, nommé à la commission des affaires sociales le 6 mai suivant, Georges Guéril appartient à la majorité parlementaire. Cependant, il ne prend pas part au vote sur les articles et l'ensemble du projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie le 3 février 1960. Il est, en effet, absent en séance publique, ce que peuvent expliquer plusieurs nominations. Membre du Sénat de la Communauté à partir du 8 juillet 1959, Georges Guéril appartient à la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la promotion sociale (8 juillet 1959). Il est désigné au comité directeur du Fonds d'investissement des départements d'outre-mer le 29 juin 1960. L'année suivante, la délégation française à l'Organisation des Caraïbes le compte parmi ses membres. La Guyane reste bien sûr la préoccupation essentielle de son unique sénateur. Celui-ci monte souvent à la tribune pour réclamer crédits et moyens mais aussi pour modifier le statut de son département qu'il aime à appeler « fille aînée de la France de l'outre-mer. »
Globalement, « nos départements si déshérités » ont partout besoin de l'aide de la métropole. Les sessions budgétaires donnent l'occasion de le dire. Le 12 décembre 1959, l'ouverture des fronts pionniers constitue l'essentiel de son argumentation. « Pourquoi n'exploite-t-on pas nos immenses forêts, nos mines de bauxite, de tantalite, d'or ? » demande-t-il. L'effort en faveur de l'enseignement technique et la création d'une formation du génie sont réclamés le 25 et 26 novembre 1960. L'augmentation des personnels de justice (juges, greffiers, avoués), la rémunération des fonctionnaires adaptée au coût de la vie, et un service militaire adapté aux réalités économiques locales forment la trame de l'intervention des 18 et 21 novembre 1961. Le 12 juillet 1960, lors de la discussion de la loi de programme pour les départements d'outre-mer, Georges Guéril propose des perspectives d'avenir : création d'industries, appel de migrants antillais, essor de la navigation côtière. Quelques mois plus tard, l'examen du projet de loi relatif à divers aménagements fiscaux dans les départements d'outre-mer fournit l'occasion d'exiger des dérogations au tarif métropolitain des douanes.
Le statut du plus grand département extra-métropolitain préoccupe son sénateur. Il y revient cinq fois, surtout les 12 et 13 juillet 1960, lorsqu'il réclame l'unité administrative avec l'Inini. Le 20 novembre 1961, Georges Guéril rappelle qu'il a déposé une proposition de loi à cet égard. La modification s'impose comme préalable à tout développement, précise-t-il lors de la discussion du IVe plan économique et social le 11 juillet 1962. D'autres améliorations sont à apporter. La suppression de l'ordonnance du 15 octobre 1960 qui confère au préfet le droit de rappeler d'office en métropole les fonctionnaires jugés indésirables, et l'autorité entière du ministre des départements d'outre-mer sur ses administrations figurent dans l'intervention du 25 novembre 1960. Du reste, Georges Guéril reste très prudent quant à la décentralisation.
Ces efforts ne lui suffisent pas pour conforter son assise politique. Le 23 septembre 1962, candidat isolé parmi trois autres, il est défait dès le premier tour par son rival de 1959, Robert Vignon. Il ne rassemble que 23 voix sur 73 suffrages exprimés. Mais l'UNR conserve le siège de sénateur ! Elle le présente aux élections législatives de novembre suivant, encore sans succès. De nouveau conseiller municipal en 1965, il conserve son mandat même s'il se brouille avec le maire socialiste de Cayenne, Léopold Heder. Ce dernier, fort des progrès de la gauche, devient sénateur le 26 septembre 1971 face à Georges Guéril qui n'obtient que 31 voix sur 107 suffrages exprimés au premier tour. Le retour à la vie professionnelle s'impose donc. Receveur principal puis receveur principal régional le 7 décembre 1971, l'ancien parlementaire prend sa retraite le 28 octobre 1974 avec l'honorariat de son grade et la présidence d'honneur du groupement des douanes de Guyane. Il reçoit alors la Légion d'honneur. A sa mort, il est inhumé au cimetière de Cayenne. Plusieurs rues de villes guyanaises portent son nom, en particulier Saint-Laurent du Maroni où il avait commencé sa carrière.
Page mise à jour le
Pour toute remarque relative à cette page, veuillez contacter : anciens-senateurs@senat.fr