M. Rachid Temal. Manifestement, on tutoie le jeune !
M. Mickaël Vallet. Et pourquoi pas : « Tu mens, tu n’es plus ministre » ?
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous responsabiliserons aussi davantage les parents. Dans le cadre du projet de loi sur la justice des mineurs, nous soutiendrons la mise en place de travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants, qui se sont totalement soustraits à leur responsabilité parentale. (M. Rachid Temal s’exclame.)
« Pour autant, il est hors de question d’accabler certaines familles. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.) Une mère qui élève seule plusieurs enfants dans un quartier peut être totalement dépassée par les événements : elle n’est pas toujours responsable de la dérive de ses enfants. Pour cette femme, au contraire, cette dérive est un échec et une douleur terrible. Nous devons l’aider.
« Il existe aujourd’hui 50 000 places d’internat disponibles en France. À l’avenir, quand un jeune sera sur la mauvaise pente, plutôt que de le laisser sombrer dans la délinquance, nous proposerons aux parents de le placer dans l’une de ces structures.
« Pour ce faire, nous lui en faciliterons l’accès, y compris financier. Nous arracherons ce jeune à ses mauvaises fréquentations. Nous lui offrirons un cadre, un enseignement et une chance. » (Marques de désapprobation sur les travées du groupe SER.)
M. Rachid Temal. C’est de la démagogie !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Le réarmement civique implique bien entendu le respect de la loi.
« Nos concitoyens attendent de nous que nous agissions encore et toujours contre les violences, les trafics et les cambriolages, contre l’insécurité du quotidien et la délinquance. Ils demandent de l’ordre dans nos rues. Tout n’est pas qu’une question de moyens. Il faut mettre ces derniers au service d’une stratégie encore plus offensive.
« Comme l’a dit le Président de la République, nous allons doubler la présence policière dans les rues d’ici à 2030. Tous les services de l’État – forces de l’ordre, éducation, services sociaux – mèneront des actions coordonnées dans certains quartiers. Tel est l’objet des forces d’action républicaines, que nous déploierons à la fin du mois de février dans trois premiers territoires, à Maubeuge, Valence et Besançon.
« Contre l’insécurité, nous nous sommes fixé deux priorités : la lutte contre les stupéfiants et la lutte contre la délinquance du quotidien, en particulier les cambriolages.
« Notre combat contre la drogue montera encore d’un cran : nous mettrons en œuvre un nouveau plan de lutte contre les stupéfiants. (Marques d’ironie sur des travées du groupe SER.)
« Notre stratégie de harcèlement et de pilonnage contre les dealers porte ses fruits : nous avons ainsi réussi à faire disparaître un quart des points de vente.
« Nous continuerons en conduisant dix opérations “place nette” par semaine. Nous devons aussi frapper les dealers au porte-monnaie et leur couper les vivres. C’est pourquoi je vous annonce que nous allons désormais geler les avoirs des trafiquants de drogue identifiés. »
M. Marc-Philippe Daubresse. Il est temps !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Notre réarmement civique passe par une justice plus rapide et plus efficace. Ensemble, nous enverrons un message clair : “L’impunité, c’est fini !”
« Nous avons décidé de consacrer des moyens exceptionnels à notre justice. Ils seront au rendez-vous.
« Nous améliorerons le fonctionnement de la justice, en recrutant plus de magistrats et de greffiers, en mettant en place une organisation plus respectueuse de nos concitoyens et en prévoyant – c’est une nouveauté – que, désormais, les Français convoqués ne se verront plus attribuer des créneaux pouvant couvrir une demi-journée entière, mais un créneau horaire bien défini. C’est aussi par ce type de mesure et ces preuves de respect que l’on retisse le lien entre la justice et les justiciables.
« Enfin, notre réarmement civique suppose de renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse. Nous y parviendrons en permettant à tous les jeunes de France de faire nation.
« C’est l’objet même du service national universel. Je lancerai prochainement la réflexion en vue de sa généralisation, à la rentrée scolaire de 2026. »
M. Mickaël Vallet. Cela en fait des uniformes ! (Sourires.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Mesdames, messieurs les députés, parler de nos services publics, c’est aussi évoquer nos territoires. Chacun n’a pas les mêmes défis, les mêmes attentes, ni les mêmes besoins.
« Demain, j’évoquerai longuement, devant le Sénat, ma stratégie pour nos territoires. Je puis néanmoins d’ores et déjà vous assurer que mon gouvernement sera toujours à l’écoute des territoires et des élus locaux et que toutes nos solutions seront mises en œuvre en lien avec eux. » (Marques d’ironie sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)
Mme Pascale Gruny. Cela changerait !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Je puis aussi vous assurer que nous chercherons toujours des solutions adaptées aux réalités du terrain, en ayant recours à la différenciation, et en adaptant les normes. » (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Sophie Primas. Paroles…
M. Bruno Le Maire, ministre. « Il nous faudra trouver ensemble la voie menant à une autonomie de la Corse dans la République, comme s’y est engagé le Président de la République. »
M. Marc-Philippe Daubresse. On devine le projet de loi tout prêt ! (Sourires.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Alors que je parle de différenciation, j’ai une pensée pour les territoires d’outre-mer, où elle s’impose tout particulièrement. Y réarmer nos services publics y est peut-être encore plus crucial, plus vital qu’ailleurs.
« Les outre-mer sont un atout décisif pour notre pays. Il y a dans chaque territoire ultramarin l’enthousiasme de notre jeunesse et la détermination à réussir. Mais nos outre-mer concentrent aussi tous les défis : contre la vie chère, pour l’emploi, la sécurité, la santé, l’école, la lutte contre l’immigration illégale et la transition écologique. Chacune de nos politiques publiques doit tenir compte de leurs spécificités. J’y tiens ! (Mme Solanges Nadille applaudit.)
« Pour faire face aux enjeux exceptionnels auxquels l’île est confrontée, nous déposerons un projet de loi relatif à Mayotte.
« Je veux également avoir ici un mot particulier pour la Nouvelle-Calédonie. Je souhaite que le processus politique en cours aboutisse. J’y veillerai : vous examinerez dans quelques semaines un projet de loi constitutionnelle sur l’avenir de ce territoire.
« Madame la présidente, mesdames, messieurs les députés, ensemble, je vous propose d’accélérer encore notre transition écologique. » (Ah ! sur les travées du groupe SER. – M. Marc-Philippe Daubresse s’exclame.)
Mme Pascale Gruny. Cela va aller vite !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Le dérèglement climatique, ce ne sont pas seulement quelques degrés de plus ; ce sont des vies détruites par les intempéries ; ce sont des exploitations agricoles menacées et, avec elles, toute notre capacité à nous nourrir ; ce sont des maisons et des immeubles menacés par la montée des eaux ou fissurés par les mouvements des sols.
« Face à ces constats, certains voudraient une écologie de la brutalité. Pour eux, l’écologie doit être punitive et douloureuse ; elle doit passer par la désignation de boucs émissaires et par la décroissance.
« La décroissance, c’est la fin de notre modèle social. C’est la pauvreté de masse. »
Mme Françoise Gatel. Très bien !
M. Yannick Jadot. Voilà qui est un peu fort !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Jamais je ne l’accepterai. Je crois, au contraire, que l’on ne fera pas l’écologie contre le peuple. Je crois, au contraire, qu’il faut entendre les inquiétudes des Français – de tous les Français.
« Il faut entendre les agriculteurs, qui s’inquiètent de l’avenir de leur métier. Il faut entendre les élus locaux, qui veulent développer leurs communes. Il faut entendre les millions de Français des villes moyennes, des petites communes et de la ruralité, pour qui la voiture est gage de travail et de liberté. (M. Laurent Duplomb s’exclame.)
« Prôner une écologie sans le peuple, c’est paver la voie aux crises sociales et aux renoncements. À l’inverse, nous continuerons de bâtir ensemble une écologie populaire, une écologie à la française, avec les Français et pour les Français. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains. – M. Thomas Dossus ironise.)
« C’est tout le sens de la planification écologique, qui protégera la biodiversité et diminuera radicalement nos émissions de gaz à effet de serre, avec une baisse de 55 % d’ici à 2030.
« Une écologie populaire suppose que chacun agisse à la hauteur de ses moyens. C’est pourquoi l’État sera exemplaire. C’est pourquoi nous continuerons d’aider les entreprises à participer activement à l’effort.
« Je suis fier que les cinquante sites industriels les plus émetteurs, qui représentent à eux seuls 10 % des émissions de gaz à effet de serre en France, se soient tous engagés à réduire leurs émissions de près de la moitié d’ici à 2030.
« Je vous annonce que nous lancerons une initiative similaire contre la pollution plastique, pour les cinquante sites qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché.
« Une écologie populaire, c’est une écologie des solutions.
« Le Président de la République s’était engagé à lancer une offre de véhicule électrique pour moins de 100 euros par mois. Cet engagement est tenu ; le succès est au rendez-vous.
« Le Président de la République s’était engagé à développer les RER métropolitains et à investir massivement dans le ferroviaire. Cet engagement, nous le tiendrons, lui aussi.
« Une écologie populaire, c’est une écologie de la croissance et de l’emploi.
« Retour de l’industrie, investissements en faveur de la décarbonation grâce à France 2030, métiers de la rénovation thermique ou du secteur de l’économie circulaire : la transition écologique regorge d’opportunités, de secteurs en croissance et de filières nouvelles. Oui, nous ferons rimer climat avec croissance. »
M. Jean-François Husson. Cela ne rime pas ! (Sourires.)
M. Bruno Le Maire, ministre. « Une écologie populaire, c’est une écologie qui se construit au plus près des réalités des Français et des territoires.
« Des concertations sont en cours, partout en France, aux côtés des élus locaux. Nous donnerons à chacun les moyens d’agir, et je souhaite que le financement de leurs plans locaux de transition écologique soit assuré partout d’ici à l’été.
« Une écologie populaire, c’est une écologie qui protège et assure notre souveraineté.
« Grâce à la sobriété, aux énergies renouvelables et au nucléaire, nous assurerons notre indépendance énergétique. (Ah ! sur diverses travées.)
« Je veux le dire sans ambiguïté : le nucléaire est une fierté française. Le nucléaire est un atout majeur pour notre pays. J’assume pleinement d’être à la tête d’un gouvernement pro-énergie nucléaire. (Protestations sur les travées du groupe GEST.)
« Nous allons poursuivre la montée en puissance de notre parc nucléaire et investir massivement dans les programmes. Dès cette année, l’EPR de Flamanville sera opérationnel. (Marques d’ironie sur les travées du groupe GEST.)
« C’est aussi grâce au nucléaire que nous pouvons garantir les meilleurs prix aux Français. Nous protégerons mieux les consommateurs et régulerons les prix de l’électricité, afin qu’ils se rapprochent des coûts de production.
« Enfin, mesdames, messieurs les députés, bâtir une écologie populaire, c’est répondre aux aspirations de notre jeunesse.
« Réussir la transition écologique est le défi de notre génération. Notre jeunesse veut s’engager, participer et aider. Elle se demande comment être utile pour la planète. C’est pourquoi nous lancerons un service civique écologique, qui rassemblera, d’ici à la fin du quinquennat, 50 000 jeunes prêts à s’engager concrètement pour le climat.
« J’ajoute que, si nous devons réduire nos émissions et protéger notre biodiversité, nous devons aussi nous adapter au dérèglement climatique.
« Nous adapter, c’est nous préparer. C’est veiller à ce que chacun, même parmi les plus fragiles, soit prêt à faire face aux ravages du dérèglement climatique.
« Nous présenterons dès ce trimestre un nouveau plan d’adaptation au changement climatique, qui comportera des solutions adaptées à chaque territoire, notamment dans les outre-mer.
« Par ailleurs, je vous annonce que nous moderniserons le régime de catastrophe naturelle, pour éviter que certains assureurs n’abandonnent les territoires les plus à risques. »
Mme Sophie Primas. Très bien !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Enfin, j’en ai déjà parlé, mais je tenais à y revenir, nous devons mener notre réarmement agricole. (Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains.) Produire et protéger pour notre souveraineté, voilà ma démarche.
« Depuis 2017, nous avons engagé ce combat de la souveraineté et du revenu, au travers des plans de filière, des différentes lois Égalim et du Varenne de l’eau. Nous avons débloqué 250 millions d’euros pour trouver des substituts aux pesticides – il s’agit d’un effort inédit. »
M. Jean-François Husson. Pour de maigres résultats…
M. Bruno Le Maire, ministre. « En ce qui concerne l’Union européenne, nous avons toujours été moteurs sur les questions de la réciprocité et des clauses miroirs, que nous ferons respecter.
« Produire, c’est permettre à nos agriculteurs de passer plus de temps dans leurs champs et moins devant leurs écrans.
« Produire, c’est être souverain. Aussi, je souhaite que cet objectif de souveraineté alimentaire soit clairement inscrit dans la loi.
« Il s’agit également de protéger. Face aux crises climatiques et sanitaires, tout d’abord : le Gouvernement l’a toujours fait – lors des périodes de gel ou de sécheresses, face à la grippe aviaire… – et il continuera de le faire. Nous avons ainsi adopté une réforme de l’assurance récolte sans précédent, lui octroyant un budget historique. »
Mme Sophie Primas. Grâce à nous !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Protéger face à la concurrence déloyale, ensuite : je continuerai de mener, avec détermination, le combat pour la réciprocité et les mesures miroirs. Nous devons mener ce combat à l’échelle européenne, comme nous l’avons fait sur les médicaments vétérinaires.
« Néanmoins, nous devons aller plus loin, et changer de logique. J’assume de dire que tout ne sera pas réglé en quelques semaines. J’assume de dire que les chantiers sont complexes et qu’il nous faudra, sur certains d’entre eux, travailler encore et encore.
« J’assume aussi d’apporter des réponses rapides partout où cela est possible.
« Soyons très concrets. En ce qui concerne Égalim, dès la semaine dernière, cent inspecteurs de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) supplémentaires ont commencé leurs contrôles sur le terrain, qui seront deux fois plus nombreux qu’auparavant. C’est une vague de contrôles sans précédent.
« En ce qui concerne la trésorerie des exploitants, des avancées interviendront dès la semaine prochaine : dès février, 50 % du remboursement de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) sera versé aux exploitants, soit, par exemple, 733 euros pour une exploitation utilisant 7 000 litres de gazole non routier (GNR).
« Dès la semaine prochaine également – le 5 février, pour être précis –, un guichet pour la prise en charge des frais vétérinaires concernant la maladie hémorragique épizootique (MHE) sera ouvert, afin de verser les premières indemnisations à la fin du mois de février. Le taux de prise en charge des frais vétérinaires a été réévalué à 90 %.
« D’ici au 15 mars prochain, toutes les aides PAC seront versées sur les comptes bancaires des exploitants, et nous travaillerons avec les régions pour que les aides à l’installation des jeunes agriculteurs soient versées dans les prochaines semaines. En outre, le fonds d’urgence Bretagne a été doublé la semaine dernière.
« Pour ce qui est de la simplification, dix normes feront l’objet de décrets dans les prochains jours, par exemple sur le curage. En ce moment même, partout en France, les préfets passent au tamis toutes les normes, avec les agriculteurs, pour supprimer ou simplifier celles qui doivent l’être.
« Toutefois, comme je l’ai dit dès le premier jour, nous ne résoudrons pas la crise agricole en quelques jours.
« Oui, nous irons plus loin encore, et tout ce que nous pouvons faire dès maintenant, nous le ferons. Ces tout derniers jours, nous avons d’ores et déjà avancé avec les agriculteurs et leurs représentants sur cinq sujets.
« En ce qui concerne l’élevage, nous avons mis en œuvre un dispositif fiscal lui permettant de faire face à l’inflation, notamment en agissant sur le prix de leurs bêtes. Nous le renforcerons, pour protéger toujours davantage nos éleveurs.
« Pour ce qui concerne Égalim, les choses sont claires : je puis vous dire que toutes les amendes qui seront infligées à l’industrie et à la grande distribution à l’issue des contrôles que j’ai déjà évoqués seront réutilisées pour soutenir les agriculteurs.
« Nous avons également avancé sur la viticulture. Oui, nos viticulteurs souffrent. Or notre filière viticole est notre fierté, car elle fait rayonner la France. Aussi, nous allons, avant la fin de la semaine, débloquer des moyens nouveaux pour constituer un fonds d’urgence, afin de soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie.
« En matière de contrôles, je lance aujourd’hui un grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits. L’objectif est clair : garantir une concurrence équitable, de sorte que les normes que les agriculteurs français doivent respecter s’appliquent aussi aux marchandises étrangères.
« À l’échelle européenne, nos trois priorités immédiates sont bien définies : les jachères, les importations ukrainiennes – notamment de volailles – et le Mercosur. Ces sujets seront portés très fortement par le Gouvernement et par le Président de la République lui-même. Je le dis, notre détermination est totale, et nous ne nous laisserons pas faire.
« De plus, nous prendrons des mesures pour éviter toute surtransposition, d’où qu’elle vienne.
« Je le sais, nous ne sommes pas au bout du chemin. De nouvelles conquêtes interviendront dans les jours qui viennent – je pense notamment aux jeunes agriculteurs et à la transmission des exploitations –, mais nous agissons vite, fort, avec détermination et respect pour nos agriculteurs.
« Madame la présidente, mesdames, messieurs les députés, réarmer la France, c’est continuer de conquérir de nouveaux droits.
« Le Président de la République a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de ses quinquennats. Elle sera au cœur des engagements de mon gouvernement.
« La réforme du congé parental annoncée par le Président de la République s’inscrit dans ce contexte. Actuellement, le congé parental ne laisse pas assez de revenus aux familles. Bien souvent, il est inégalement réparti dans le couple et éloigne durablement les femmes de l’emploi.
« Nous devons combattre cette inégalité comme toutes les autres. Aussi, le congé parental sera transformé en congé de naissance, mieux rémunéré et d’une durée totale de six mois, que les parents se répartiront entre eux.
« Conquérir de nouveaux droits, c’est reconnaître et défendre sans relâche le droit des femmes à disposer de leur corps. Nous inscrirons le droit à l’interruption volontaire de grossesse au sein de notre texte fondamental, la Constitution. »
M. André Reichardt. Ce n’est pas encore fait…
M. Bruno Le Maire, ministre. « Enfin, conquérir de nouveaux droits, c’est être aux côtés de nos concitoyens jusqu’au bout de leur vie.
« La fin de vie est sans doute l’une des questions les plus intimes et les plus délicates qui soient, car elle revient à se pencher sur son histoire, à repenser aux souffrances endurées par certains, à s’interroger sur soi-même et sur ce que l’on voudrait face à l’irréversible et à l’irréparable.
« On ne peut légiférer sur la fin de vie qu’avec la plus grande prudence, la plus grande retenue et le plus grand respect. Désormais, nos compatriotes appellent à revoir notre droit : les familles et les malades le demandent. C’est un appel grave, auquel nous devons répondre. Nous y répondrons. »
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Tout de même !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Nous renforcerons considérablement les unités de soins palliatifs dans notre pays, en dotant chaque département d’au moins une unité.
« Avant l’été, nous examinerons un projet de loi sur l’aide active à mourir. Ce débat animera notre société, je le sais. Dans une volonté d’équilibre, je souhaite qu’il se tienne dans le respect des convictions de chacun.
« Madame la présidente, mesdames, messieurs les députés, je viens de tracer les grandes orientations que suivra mon gouvernement. »
M. François Bonhomme. Si c’est cela !
M. Bruno Le Maire, ministre. « En suivant ce chemin, je propose aux Français d’avoir pleinement le contrôle de leurs vies. Je souhaite que la France retrouve pleinement la maîtrise de son destin, qu’elle soit pleinement souveraine.
« Cette souveraineté est multiple : une souveraineté industrielle, technologique et numérique, créatrice d’innovations et d’emplois ; une souveraineté énergétique, qui nous préservera des crises, protégera l’environnement et garantira aux Français des prix plus bas ; une souveraineté agricole, qui nous permettra de nourrir notre pays avec les meilleurs produits et d’assurer l’avenir de notre agriculture ; une souveraineté culturelle, qui exige de soutenir notre création et notre patrimoine, afin de protéger notre exception culturelle et de rendre la culture accessible à tous.
« Mesdames, messieurs les députés, la souveraineté dont je parle est nationale, mais c’est aussi par l’Europe que nous parviendrons à la consolider. »
M. Marc-Philippe Daubresse. C’est mal parti !
M. Bruno Le Maire, ministre. « Depuis 2017 et le discours de la Sorbonne du Président de la République, l’Europe a changé. Elle a surmonté les crises et pris ses responsabilités.
« C’est grâce à l’Europe que nous avons pu disposer de vaccins face à l’épidémie.
« C’est grâce à l’Europe que nous avons bénéficié d’un plan de relance massif.
« C’est grâce à l’Europe que nous soutenons l’Ukraine, depuis le premier jour de la guerre, face à l’agression russe.
« C’est grâce à l’Europe que nous avons imposé des normes aux géants du numérique.
« C’est grâce à l’Europe que nous avons instauré un impôt minimal sur les sociétés pour lutter contre l’optimisation fiscale.
« C’est grâce à l’Europe que nous contrôlons mieux nos frontières, au travers du pacte sur la migration et l’asile. Je peux résumer ce pacte en une phrase : nous contrôlons enfin qui peut entrer dans l’espace Schengen et qui ne le peut pas. (Marques de scepticisme sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Stéphane Ravier ironise.)
« C’est grâce à l’Europe, aussi, que nous investissons massivement dans des secteurs stratégiques et pour notre industrie.
« Ceux qui prônent la fin de l’application des traités sont les partisans d’un Frexit déguisé, qui affaiblirait la France. Moins d’Europe, c’est moins de puissance pour la France.
« Je ne prendrai qu’un exemple : le Brexit, dont les partisans promettaient des jours heureux à l’économie britannique et au peuple anglais. La semaine dernière, à cause du Brexit, les derniers hauts-fourneaux de Grande-Bretagne ont fermé. Ainsi, on ne produit plus d’acier au Royaume-Uni !
« En France, au contraire, l’industrie revient, grâce notamment aux investissements de l’Europe !
« Qui, ici, était le premier soutien du Brexit ? Qui, ici, a baptisé des rues, dans les villes qu’il dirige, “rue du Brexit” ? Qui, ici, s’est affiché ouvertement avec le leader du camp du Brexit ? Le Rassemblement national ! (M. Joshua Hochart s’exclame.)
« L’Europe est l’éternel bouc émissaire de ceux qui, faute de pouvoir diriger un pays, veulent détruire un continent.
« Pas un Français ne pense que nous pouvons nous passer d’Europe. Pas un Français, non plus, ne pense que l’Europe a su pleinement trouver sa place juste dans sa vie – à raison, car tout n’est pas parfait. Il reste des chantiers à mener, mais les faits sont là : avec l’Europe, notre puissance est démultipliée. Et ces dernières années, nous avons commencé à la changer.
« Je le dis solennellement, alors qu’il est minuit dans le siècle : face aux impérialismes, les masques devront tomber. On peut vouloir changer l’Europe pour l’intérêt du pays – nous le faisons –, mais on ne peut pas vouloir sortir de l’Europe, sauf à avoir d’autres intérêts, sauf à vouloir changer de pays.
« Ainsi, autour du Président de la République, tous les membres de mon gouvernement défendront les souverainetés française et européenne. Nous nous battrons pour notre identité française et européenne.
« Madame la présidente, mesdames, messieurs les députés, voilà les grands principes qui guideront mon action et celle de mon gouvernement, pour la France et pour les Français, »…
M. André Reichardt. Et la décentralisation ?
M. Bruno Le Maire, ministre. … « pour notre France qui n’a jamais perdu son ambition de grandeur, pour ces Français qui n’ont jamais manqué à leurs devoirs.
« Les axes que je vous ai présentés sont une réponse aux enjeux de la Nation. Ce n’est probablement pas la seule, mais elle reflète notre ambition, au Président de la République et à moi-même.
« Elle correspond aux rêves auxquels une génération avait appris à renoncer : trouver un emploi stable ; acheter un logement ; fonder une famille ; accepter de faire des sacrifices s’ils servent à l’ascension de leurs enfants ; aimer les paysages, une culture commune, une société libre et tenue.
« Dans une époque si difficile, il n’y a pas de réponse simple, mais il y a des espoirs tranquilles à raviver.
« Je continuerai toujours de débattre avec vous. Je respecterai toujours vos opinions et vos propositions. Je ne rejetterai jamais la critique, tant qu’elle est constructive.
« Ces mots, je les adresse à vous et je les adresse aux Français. Je sais leurs attentes. Je sais qu’ils ne me pardonneront rien. Je sais que je trouverai ici, dans vos rangs, tout ce dont le pays a besoin.
« Les temps sont troublés, les doutes sont nombreux, mais l’espoir est là. Je crois aux forces de la France, »…