Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d’État.
M. Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l’enfance et des familles. Madame la sénatrice, je me permettrai de répondre à vos questions en commençant par la fin.
S’agissant de la couverture vaccinale des professionnels de santé dans les territoires d’outre-mer, le taux de couverture des libéraux reste inférieur à celui de la métropole : en Guadeloupe – les taux sont à peu près les mêmes en Guyane –, 73 % avec une dose et 68 % pour un schéma vaccinal complet contre environ 95 % en métropole ; à La Réunion, en revanche, les taux sont proches de ceux de la métropole – 94 % des professionnels libéraux ont reçu une dose et 91 % un schéma vaccinal complet.
Pour les professionnels qui exercent en Ehpad, les taux sont eux aussi très largement inférieurs dans certains territoires. En Guadeloupe, les différences sont de la même ampleur que dans la population générale. À La Réunion, 86,7 % des professionnels de santé qui exercent en Ehpad ont suivi un schéma vaccinal complet.
Il faut continuer la pédagogie et expliquer aux professionnels de santé l’impérieuse nécessité de se faire vacciner.
En ce qui concerne les renforts envoyés outre-mer, 1 053 personnes l’ont été, depuis le 10 août, au titre de la réserve sanitaire et 2 815 au titre de la solidarité nationale ; 1 078 sont encore sur place à ce jour. De nouveaux renforts seront envoyés en tant que de besoin et autant que cela sera nécessaire.
Enfin, au sujet du nombre de lits en soins critiques, j’en ai parlé tout à l’heure en ce qui concerne la Guyane, où nous avons réarmé des lits afin d’augmenter les capacités de prise en charge. Là encore, nous continuerons de le faire en fonction de l’évolution de la situation, si cela s’avère nécessaire. Nous espérons néanmoins que la situation s’améliore.
Conclusion du débat
Mme la présidente. En conclusion de ce débat, la parole est à M. Georges Patient, au nom de la délégation sénatoriale aux outre-mer.
M. Georges Patient, au nom de la délégation sénatoriale aux outre-mer. Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, cela a été dit, la situation sanitaire est très préoccupante dans les territoires d’outre-mer.
Actuellement, elle l’est tout particulièrement dans la collectivité de Guyane, où le taux d’incidence est désormais le plus élevé – plus de 500 cas pour 100 000 habitants – et où les taux de vaccination restent très bas, avec seulement 30 % des douze ans et plus ayant reçu les deux doses. Les mesures de freinage ont encore été renforcées jeudi dernier avec la fermeture de nombreuses classes.
À titre personnel, et comme vous le savez, j’ai pris mes responsabilités et appelé sans détour à la vaccination. Je persiste à défendre cette ligne, en appelant sans réserve mes concitoyens à se protéger et à protéger les autres.
La dégradation rapide de la situation dans nos outre-mer a conduit, fin août, la mission commune d’information du Sénat destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités à orienter ses travaux sur l’évaluation de la gestion de la crise par le Gouvernement dans les territoires ultramarins.
Cette prise en compte s’est faite à la demande du président du Sénat, Gérard Larcher, et à la suite d’échanges avec les collègues qui alertaient sur la situation inédite dans leurs territoires.
Saluant cette décision, j’ai proposé que les sénateurs ultramarins soient associés à ce travail afin que soit portée la voix des outre-mer par ceux qui en sont les représentants.
Une première audition générale s’est ainsi tenue il y a une semaine, en commun avec les membres de la délégation sénatoriale aux outre-mer. Des tables rondes géographiques suivront pour apprécier la situation dans chacun des territoires.
Je formule le vœu que cette mission avance des recommandations tant sur le plan sanitaire que sur les plans économique et social afin de répondre à l’urgence actuelle, mais aussi de tirer des leçons de long terme sur l’offre de soins en outre-mer.
Après les nombreux échanges que nous avons eus ce soir, je voudrais retenir deux enseignements : l’un sur la solidarité nationale, qui s’est notamment manifestée à travers les prouesses qui ont été réalisées en matière d’évacuation sanitaire ; l’autre sur notre capacité à préparer « l’après », c’est-à-dire à anticiper une probable nouvelle vague et à reconstruire à la suite des dégâts multiples causés par cette pandémie, qu’ils soient humains, économiques, sociaux ou psychologiques.
Au nom de la solidarité nationale, des moyens exceptionnels ont été déployés pour contrer la quatrième vague. Au total, plus de 2 800 soignants ont été envoyés en renfort dans nos différents territoires et nous saluons avec reconnaissance leur engagement.
De nombreuses évacuations sanitaires ont été organisées. Grâce à l’opération Hippocampe, un pont aérien entre les Antilles et Paris s’est mis en place, permettant l’évacuation de 48 patients chaque semaine. Une première mondiale a même eu lieu : le 18 septembre, 8 patients en réanimation ont été évacués par avion de la Polynésie vers l’Hexagone, alors que 16 000 kilomètres séparent Papeete de Paris. Jamais un transport de malades d’une telle ampleur et à pareille distance n’avait été réalisé. À l’image des TGV médicalisés mis en place dans l’Hexagone pour soulager les hôpitaux proches de la saturation, une prouesse technique a été réalisée avec la transformation d’un avion de ligne en service de réanimation. La crise a rendu possible ce qui paraissait, il y a encore quelques semaines, presque impossible. C’est une leçon à retenir.
Mais nos territoires ne pourront pas compter uniquement sur les évacuations sanitaires, si utiles soient-elles, pour faire face aux vagues épidémiques. Au terme de ce débat, il nous faut également tirer des enseignements pour mieux préparer nos territoires aux autres crises sanitaires, malheureusement prévisibles.
Je conclurai par deux observations.
Tout d’abord, vous l’avez dit, les uns et les autres, plusieurs facteurs peuvent expliquer l’ampleur de la crise en outre-mer : bien sûr de faibles taux de vaccination, mais aussi des taux de comorbidité plus importants, l’éloignement de l’Hexagone qui rend les évacuations, malgré les prouesses récentes, plus difficiles ou encore des habitats insalubres encore trop nombreux sur certains territoires, qui empêchent la bonne application des mesures de confinement.
Toutes ces explications sont recevables, mais on ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion en profondeur sur l’offre de soins en outre-mer. Mme Cécile Courrèges, inspectrice générale des affaires sociales, indiquait d’ailleurs, lors de son audition par la mission commune d’information : s’agissant des Antilles : « Il ne faut pas revenir au même niveau de soins critiques qu’avant la crise, il faut un niveau plancher supérieur pour avoir une capacité de rebond un peu meilleure qu’avant la quatrième vague. »
De façon plus générale, je souhaite aussi rappeler que, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère des solidarités et de la santé (Drees) datant de 2020, trois territoires ultramarins arrivent en tête des régions les plus touchées par la désertification médicale. Ainsi, 44 % des Guyanais et 18 % des Martiniquais et des Guadeloupéens vivent dans des zones sous-denses, c’est-à-dire avec un accès à moins de 2,5 consultations par an et par habitant. On constate des pénuries de professionnels libéraux et la Cour des comptes notait, dans un rapport de 2014, que de nombreuses évacuations sanitaires sont aussi le fait de l’absence de certaines spécialités dans les territoires.
Si les moyens exceptionnels déployés sont strictement la réponse à une crise brutale et inédite, ils ne seront pas appelés à durer. Il n’en est pas de même, s’il s’avère que ces moyens sont venus compenser des fragilités structurelles du système de soins en outre-mer.
Sur tous ces sujets, notamment sur le dimensionnement de l’offre médicale, il appartiendra à la mission commune d’information d’apporter des éléments de réponse et d’éclairage et je félicite encore son président, Bernard Jomier, et ses deux rapporteurs, Jean-Michel Arnaud et Roger Karoutchi, pour leur implication.
Ce travail difficile, mais nécessaire, doit conduire à une meilleure autonomie et à une plus grande résilience sanitaires de nos territoires. Je suis convaincu que la délégation sénatoriale aux outre-mer, à laquelle j’appartiens et qui a souhaité le débat de ce soir – je remercie son président, Stéphane Artano, et tous nos collègues qui sont intervenus avec force et émotion –, apportera sa pierre à ce travail fondamental. Il nous faut pouvoir tirer les leçons des événements récents et surtout bâtir des solutions pérennes. (Applaudissements.)
Mme la présidente. Nous en avons terminé avec le débat sur la situation sanitaire outre-mer.
13
Ordre du jour
Mme la présidente. Voici quel sera l’ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à demain, mercredi 6 octobre 2021 :
À quinze heures :
Questions d’actualité au Gouvernement.
À seize heures trente et le soir :
Proposition de loi tendant à permettre l’examen par le Parlement de la ratification de l’ordonnance n° 2021-702 du 2 juin 2021 portant réforme de l’encadrement supérieur de la fonction publique de l’État, présentée par MM. Bruno Retailleau, Patrick Kanner, Hervé Marseille, Guillaume Gontard, Jean-Pierre Sueur et François-Noël Buffet (texte n° 807, 2020-2021).
Personne ne demande la parole ?…
La séance est levée.
(La séance est levée à vingt-trois heures cinq.)
nomination de membres de commission
Le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain a présenté une candidature pour la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
Aucune opposition ne s’étant manifestée dans le délai prévu par l’article 8 du règlement, cette candidature est ratifiée : M. Yan Chantrel est proclamé membre de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
Le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants a présenté une candidature pour la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
Aucune opposition ne s’étant manifestée dans le délai prévu par l’article 8 du règlement, cette candidature est ratifiée : Mme Samantha Cazebonne est proclamée membre de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
Le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants a présenté une candidature pour la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Aucune opposition ne s’étant manifestée dans le délai prévu par l’article 8 du règlement, cette candidature est ratifiée : M. Abdallah Hassani est proclamé membre de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
Le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants a présenté une candidature pour la commission des affaires européennes.
Aucune opposition ne s’étant manifestée dans le délai prévu par l’article 8 du règlement, cette candidature est ratifiée : Mme Patricia Schillinger est proclamée membre de la commission des affaires européennes.
Pour la Directrice des comptes rendus du Sénat,
le Chef de publication
ÉTIENNE BOULENGER