SEANCE DU 21 FEVRIER 2002
DÉPÔT D'UNE QUESTION ORALE
AVEC DÉBAT
M. le président.
J'informe le Sénat que j'ai été saisi de la question orale avec débat suivante
:
M. Jacques Pelletier attire l'attention de M. le ministre de la fonction
publique et de la réforme de l'Etat sur la suppression de la possibilité
offerte aux élèves de l'Ecole nationale d'administration d'effectuer des stages
en entreprise.
Cette décision a été prise en février 2002 par la direction de l'école, dans
le cadre de la réforme de l'ENA entérinée par son conseil d'administration en
décembre 2001. Jusqu'alors, les élèves avaient l'obligation d'effectuer deux
stages parmi les trois possibilités suivantes : entreprise, ambassade ou
préfecture. Désormais, seules deux voies sont ouvertes ; les préfectures ou les
ambassades. La seule opportunité de contacts avec le monde de l'entreprise sera
offerte lors d'un stage en préfecture, à l'occasion d'un bref séjour dans un
établissement choisi par le préfet.
Le directeur justifie sa décision en expliquant que l'évaluation des stages en
entreprise est beaucoup plus aléatoire que celle des stages en ambassade ou
préfecture. Que n'a-t-on cherché à optimiser leur évaluation ? Il est en outre
précisé que « la vocation première de l'ENA est de préparer les futurs énarques
à l'administration », et sans doute pas à l'entreprise. « Mieux prendre en
compte [...] un enseignement davantage en prise avec la réalité », tel est le
principe fondamental qui s'impose à la conduite de la scolarité. A l'heure de
la mondialisation, du « tout-économique », il s'agit d'un bien singulier
paradoxe que de prétendre rester en prise avec la réalité, en omettant sa
dimension économique. La culture économique, nécessaire à tout cadre dirigeant,
passe par la connaissance des réalités du monde de l'entreprise qui s'acquiert
en son sein. La décision visée ci-dessus confortera l'opinion publique qui, de
manière récurrente, reproche à l'ENA de former des élites administratives
coupées des réalités, formatées, lisses et dépourvues de l'imagination
créatrice qui constitue un des éléments essentiels de la culture
d'entreprise.
Comment pouvons-nous espérer former convenablement les futurs cadres
dirigeants de la haute administration française, en leur enlevant toute
possibilité de contact direct avec le monde de l'entreprise, seul moyen
d'acquérir une connaissance concrète des réalités économiques qui structurent
aujourd'hui la marche du monde ? (n° 41).
Conformément aux articles 79 et 80 du règlement, cette question orale avec
débat a été communiquée au Gouvernement et la fixation de la date de la
discussion aura lieu ultérieurement.
18