SEANCE DU 21 FEVRIER 2002
ACCORD AVEC L'ITALIE
POUR LA RÉALISATION D'UNE NOUVELLE
LIGNE FERROVIAIRE LYON-TURIN
Adoption d'un projet de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 234, 2001-2002),
adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le
Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République
italienne pour la réalisation d'une nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin.
[Rapport n° 246 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Monsieur le
président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, comme
vous le savez, le Gouvernement a défini une approche globale des flux de
transports de marchandises et de voyageurs dans les Alpes.
La semaine dernière, en vous présentant le projet de loi de ratification d'un
échange de lettres entre les gouvernements français et italien, destiné à
l'élargissement des conditions de verbalisation des contrevenants aux règles de
circulation dans les tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus, que votre
Haute Assemblée a d'ailleurs adopté à l'unanimité, j'ai abordé devant vous le
volet routier de cette démarche globale.
Le Gouvernement a décidé de mettre l'accent sur l'organisation de la
complémentarité entre les différents modes de transport, sur la sécurité des
déplacements et sur la protection de l'environnement dans le massif alpin.
La situation de la vallée de la Maurienne qui, depuis la catastrophe du tunnel
du Mont-Blanc, supporte la quasi-totalité du trafic routier à travers les
Alpes, montre, s'il en était encore besoin, la nécessité de développer les
alternatives ferroviaire et maritime pour assurer dans de bonnes conditions les
échanges entre la France et l'Italie.
Cette politique s'inscrit tout à fait dans les orientations définies dans les
projets de schémas de services collectifs de transport et reprises dans le
Livre blanc des transports publié en septembre dernier et élaboré par la
Commission européenne à partir des réflexions conduites depuis plusieurs années
au sein du Conseil des ministres des transports, notamment sous la présidence
française.
Le Gouvernement vous propose donc aujourd'hui d'adopter le projet de loi de
ratification de l'accord franco-italien pour la construction d'un ligne
ferroviaire à grande vitesse et d'un tunnel de 52 kilomètres entre Lyon et
Turin. C'est un projet qui a été maintes fois évoqué dans cet hémicycle pendant
des années et qui doit trouver aujourd'hui une certaine concrétisation
puisqu'il vous revient de vous prononcer sur sa réalisation.
La nouvelle liaison ferroviaire transalpine entre Lyon et Turin constitue de
toute évidence un élément très important de la politique des transports que je
me suis attaché à mettre en oeuvre depuis juin 1997.
La politique de rééquilibrage en faveur du rail doit répondre aux exigences de
développement durable et le Gouvernement s'est fixé à cet effet l'objectif de
doubler le trafic ferroviaire de fret au cours des dix prochaines années. Mais
il s'agira seulement d'une étape, dès lors qu'il s'agit de traverser des zones
sensibles comme les massifs alpin et pyrénéen. Pour atteindre cet objectif, il
faudra notamment promouvoir l'expérimentation et la mise en oeuvre du
ferroutage partout où cette technique est pertinente.
Si ces orientations concernent, bien sûr, l'ensemble du territoire national,
elles prennent un relief particulier pour la traversée des massifs sensibles
comme ceux des Pyrénées, où la part du rail n'est actuellement que de 4 %, et
dans les Alpes, où elle doit être sérieusement augmentée.
L'importance des flux d'échanges, de la concentration des trafics et des
nuisances dans les vallées alpines, et les questions de sécurité, notamment
dans les tunnels, impliquent un véritable basculement des trafics vers le rail
dans ce massif.
Nos voisins suisses ont pris avant nous la mesure des enjeux que représente le
franchissement des Alpes pour leurs pays qui, comme la France et l'Autriche,
est un des grands pays de transit européen pour les marchandises. En Suisse, la
construction de deux nouveaux tunnels ferroviaires a ainsi été décidée. Il
s'agit des tunnels du Lötschberg et du Gothard, qui seront respectivement mis
en service en 2009 et en 2013.
La France s'est mobilisée sur le projet de ligne à grande vitesse et de tunnel
ferroviaire entre Lyon et Turin à partir de 1997. Je me souviendrai toujours du
premier sommet franco-italien qui s'est tenu à Chambéry. Je dois dire que
l'écho que j'ai trouvé auprès de mes homologues italiens est allé croissant au
fur et à mesure de nos nombreuses rencontres.
L'engagement d'un important programme d'études du tunnel ferroviaire de base
entre la France et l'Italie, pièce maîtresse de la nouvelle liaison
transalpine, date du sommet de Chambéry d'octobre 1997. Ce long tunnel implique
la réalisation, du côté français, d'un ensemble d'ouvrages d'accès dont les
études sont activement poursuivies par Réseau ferré de France, RFF, avec le
concours de la SNCF. Il s'agit bien sûr de la ligne à grande vitesse entre Lyon
et le sillon alpin et des tunnels sous les massifs de la Chartreuse et de
Belledonne. J'ai souhaité que ce nouvel itinéraire ferroviaire concerne non
seulement le transport des voyageurs à grande vitesse, mais aussi et surtout
les marchandises.
Bien entendu, il n'était pas question d'attendre sans rien faire la mise en
service de ce nouvel axe prévue à l'horizon 2012. Au départ, à la suite des
premières rencontres avec les Italiens, cette mise en service avait été fixée à
2015 ; nous avons donc gagné trois ans ! Cela a été confirmé par tous les
spécialistes. J'ai donc demandé, dès 1997, à RFF d'engager un programme de
modernisation des lignes ferroviaires existantes qui comporte la mise à un
gabarit supérieur des tunnels actuels. C'est ce que l'on appelle la « ligne
historique » qui passe par Modane.
Cette modernisation est en effet tout à fait nécessaire pour accompagner la
croissance du trafic ferroviaire de fret, que nous voulons doubler en dix ans
sur l'ensemble du pays, et pour créer, dès 2005-2006, les conditions d'un
doublement de la capacité d'acheminement des marchandises vers l'Italie par le
rail.
Pour tenir cet objectif dans ces délais, nous comptons beaucoup sur la
création d'un service de « ferroutage » ou « d'autoroute ferroviaire », comme
je l'ai proposé lors des premiers états généraux du fret ferroviaire en
décembre 2000.
Pour y parvenir, l'homologation des premiers wagons Modalhor - c'est une
entreprise alsacienne qui propose ces wagons - débutera dès le mois prochain,
afin qu'un service d'autoroute ferroviaire comportant quatre allers et retours
quotidiens soit mis en oeuvre avant la fin de cette année entre la Maurienne et
Turin. Le potentiel initial de la ligne sera de 50 000 poids lourds par an,
puis de 300 000 après les travaux de mise au gabarit B +, ce qui permettra de
faire passer tous les camions et pas simplement les petits camions ou les
camions-citernes. Cela soulagera d'autant les routes alpines d'accès aux
tunnels routiers.
Pour revenir au percement du grand tunnel, les études réalisées entre 1998 et
2000 -nous avons d'ailleurs doublé les crédits promis au sommet de Chambéry -
ont permis de confirmer la faisabilité technique du tunnel de base et d'en
préciser les principales caractéristiques.
Comme vous le savez sans doute, l'accord définitif de l'Italie s'est avéré
difficile à obtenir et je peux vous dire que la détermination du Premier
ministre Lionel Jospin, lors de sa visite le 19 janvier 2001 à Chambéry, chez
mon ami Louis Besson, a été cruciale pour convaincre l'Italie que nos deux pays
avaient, avec ce projet, une occasion historique de renforcer leurs liens
économiques dans des conditions compatibles avec la préservation de
l'environnement dans les Alpes.
Personne n'aurait pu comprendre que l'on puisse se contenter de rouvrir le
tunnel du Mont-Blanc et de reprendre comme auparavant la croissance du trafic
des poids lourds dans les vallées alpines.
L'engagement irrévocable de réaliser la nouvelle liaison ferroviaire
Lyon-Turin devait être pris, et il l'a été, prouvant ainsi que travailler au
développement durable ne pouvait se concevoir sans intégrer la dimension du
respect des riverains et de l'environnement.
Notre détermination a porté ses fruits et les gouvernements français et
italiens ont pu alors arrêter les caractéristiques du projet et décider sa mise
en oeuvre en signant l'accord, lors du sommet de Turin, le 29 janvier 2001.
La première phase de réalisation comprend un programme d'études finalisant le
projet, son coût et ses modalités techniques et financières de réalisation,
ainsi que la construction d'ouvrages de reconnaissance qui prépareront la
réalisation de l'ouvrage proprement dit. En fait, il s'agit des descenderies et
des galeries de reconnaissance. Cette première phase, estimée à 371 millions
d'euros, est prise en charge, à parts égales, par la France et l'Italie, avec
le soutien de l'Union européenne, qui doit accorder un minimum de 100 millions
d'euros pour sa réalisation.
L'accord prévoit également de confier, sous l'égide de la commission
intergouvernementale Lyon-Turin, coprésidée désormais par Louis Besson, la mise
en oeuvre de la première phrase à une structure regroupant les gestionnaires
d'infrastructures des réseaux ferrés français et italien.
Cette structure, intitulée « Lyon-Turin-Ferroviaire », a été créée par arrêté
du 11 septembre 2001 et les premiers appels d'offre concernant les
descenderies, qui mènent aux galeries de reconnaissance, ont été préparés. Des
modalités de financement nous seront proposées. J'indique d'ores et déjà que je
me battrai pour obtenir une participation européenne de 20 % sur l'ensemble du
tracé.
Comme vous pouvez le constater, mesdames, messieurs les sénateurs, les
procédures ont bien progressé depuis un an. Le dernier sommet franco-italien,
qui s'est tenu à Périgueux le 27 novembre 2001, a permis à la France et à
l'Italie de confirmer leur volonté d'accélérer les procédures liées au projet,
afin de pouvoir mettre en service la liaison dès 2012.
Sur la section française, j'ai décidé, à Lyon, le 2 octobre dernier, de
coordonner les procédures et la réalisation du tunnel de la Chartreuse et de la
ligne à grande vitesse Lyon-Sillon alpin. L'avant-projet sommaire du tunnel de
la Chartreuse est attendu pour le printemps. Réseau ferré de France m'a
transmis celui de la ligne à grande vitesse Lyon-Sillon alpin 2001. Les
modalités de son financement font actuellement l'objet de discussions entre les
cofinanceurs. Je souhaite les voir aboutir rapidement, compte tenu des enjeux
que représente ce projet pour tout le monde, y compris pour les collectivités
territoriales.
J'ai pu compter sur leur soutien tout au long de ces quatre années d'effort
pour lancer ce grand projet Lyon-Turin, qui sera sans doute l'un des plus
grands ouvrages, sinon le plus grand, du xxie siècle pour notre pays.
Le Sénat italien, qui a été saisi comme vous, mesdames, messieurs les
sénateurs, de la ratification de l'accord du 29 janvier 2001, devrait
l'approuver très prochainement.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement sait pouvoir compter sur
vous pour que vous adoptiez aujourd'hui définitivement ce projet de loi de
ratification, dont la portée est, il faut bien le dire, historique.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen
et sur les travées socialistes.)
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia,
rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers
collègues, l'accord franco-italien sur la réalisation d'une ligne ferroviaire
nouvelle Lyon-Turin signé le 29 janvier 2001 marque une étape décisive dans la
réalisation de ce grand projet d'infrastructure.
Certes, ce projet possède déjà une histoire longue de près d'une douzaine
d'années,...
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Plus !
M. Robert-Denis Del Picchia,
rapporteur.
... jalonnée par deux décisions importantes : la création, en
1994, d'un groupement d'intérêt économique entre la SNCF et son homologue
italienne, puis, en 1996, la création, par les deux gouvernements, d'une
commission intergouvernementale spécialement chargée d'étudier cette nouvelle
liaison.
C'est largement grâce au travail effectué dans le cadre de ces deux structures
qu'a pu être conclu, il y a un an, l'accord que nous examinons aujourd'hui.
Rappelons que cet accord ne concerne que le tunnel international, maillon
central d'une liaison qui comporte d'autres tronçons relevant de chaque pays.
Limité à la première phase du projet, il devra être complété ultérieurement par
un avenant. Il constitue néanmoins un élément essentiel pour la réalisation de
la ligne Lyon- Turin.
D'une part, il officialise l'engagement des deux gouvernements en faveur de ce
projet et il en définit les principales caractéristiques, en particulier la
construction d'un tunnel à basse altitude, et la vocation de la ligne nouvelle
à accueillir le fret ferroviaire comme les trains de voyageurs.
D'autre part, il permet d'avancer dans la première phase de réalisation, qui
sera marquée par d'importants travaux préparatoires de reconnaissance et par la
définition précise de la mise en oeuvre du projet, en particulier quant à son
financement et son exploitation.
Je ne reviendrai pas sur les enjeux de cette liaison ferroviaire nouvelle
Lyon-Turin, ils sont développés dans mon rapport écrit.
La problématique des besoins de transport au travers des Alpes est désormais
bien connue. Les accidents des tunnels du Mont-Blanc et du Saint-Gothard ont
souligné avec plus d'acuité encore la tendance à la saturation des voies
routières et ses effets sur la sécurité et l'environnement.
Il s'agit de faire face à l'accroissement des besoins de transport entre
l'Italie, la France et, au-delà, le reste de l'Europe, tout en freinant, sinon
en stoppant l'augmentation du trafic routier dans un environnement
particulièrement sensible.
Il faut également souligner que ce projet a été retenu parmi les priorités de
l'Union européenne au Conseil d'Essen, en 1994. Il s'intègre dans un ensemble
plus large de décisions allant dans un sens identique, en particulier l'accord
de 1999 entre l'Union européenne et la Suisse pour le transit des véhicules
lourds et les réalisations, en cours ou envisagées, de tunnels ferroviaires en
Suisse et en Autriche.
Pour toutes ces raisons, la commission des affaires étrangères a approuvé
l'accord franco-italien qui ouvre, de surcroît, des perspectives extrêmement
positives pour nos régions frontalières de l'Italie.
M. Xavier de Villepin,
président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées.
Très bien !
M. Robert Del Picchia,
rapporteur.
Cette approbation s'accompagne cependant d'interrogations qui
portent, vous vous en doutez, monsieur le ministre, sur le financement de cette
infrastructure.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Normal !
(Sourires.)
M. Robert Del Picchia,
rapporteur.
L'échéance 2008-2009 est annoncée pour la ligne à grande
vitesse Lyon-Chambéry et pour la mise en service du tunnel « fret » sous la
Chartreuse. Comme vous l'avez dit, monsieur le ministre, la date envisagée pour
l'ouverture du tunnel international, avancée de trois ans, est prévue en 2012,
au lieu de 2015. Lors du dernier sommet franco-italien, la décision a donc été
prise. Nous nous réjouissons de ces objectifs, mais pouvez-nous nous dire,
monsieur le ministre, où en sont aujourd'hui ces discussions sur le financement
?
La Commission européenne est favorable au relèvement de 10 % à 20 % des
subventions communautaires pour ce type de grands projets prioritaires. Cette
modification importante des règles communautaires est-elle vraiment et
définitivement acquise ?
Dans l'affirmative, pourra-t-on espérer une intervention de l'Union européenne
au taux maximum ? Cette subvention portera-t-elle sur l'ensemble du projet ou
uniquement sur le tronçon franco-italien ? Nous souhaiterions connaître
précisément l'état d'avancement des discussions entre nos deux gouvernements et
Bruxelles sur ce point.
Par ailleurs, la plupart des collectivités locales concernées, notamment la
région Rhône-Alpes, ne paraissent pas hostiles au principe d'une participation
financière, à l'image de la solution retenue pour le TGV Est. Mais elles
estiment, à juste titre, que cet investissement présente avant tout un intérêt
national, et même européen. Pouvez-vous, monsieur le ministre, nous donner des
précisions sur l'état d'avancement de ces discussions ?
Je dois également vous faire part d'un débat qui s'est instauré, au sein de
notre commission, sur la contribution qui pourrait provenir d'une taxation du
trafic des poids lourds qui transitent par notre pays. Dans quelle mesure les
excédents d'exploitation du réseau autoroutier, que ce soit le réseau alpin ou
le réseau national, pourront-ils contribuer aux investissements ferroviaires ?
Faut-il aller plus loin en instaurant, comme en Suisse, une redevance de
transit pour les poids lourds ?
Enfin, que peut-on attendre pour ce qui est de la participation de fonds
privés à la construction du tunnel ?
Ces questions reflètent les interrogations de la commission, au moment où
s'engage un très grand chantier d'infrastructure sur lequel reposent beaucoup
d'espoirs, espoirs qui, nous le souhaitons, ne seront pas déçus lorsque
viendra, demain, le moment de mobiliser les ressources financières
nécessaires.
Même si M. le ministre ne peut pas nous apporter aujourd'hui toutes les
réponses, la commission des affaires étrangères vous demande, mes chers
collègues, d'adopter cet accord qui permet de franchir une étape essentielle
dans la réalisation de la liaison ferroviaire nouvelle nécessaire aux échanges
entre la France et l'Italie. Cela étant, monsieur le ministre, nous attendons
vos réponses s'agissant du financement !
M. le président.
La parole est à M. Vial.
M. Jean-Pierre Vial.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de
loi qui est soumis aujourd'hui au Sénat tend à l'approbation de l'accord entre
les gouvernements français et italien pour la réalisation d'une nouvelle ligne
ferroviaire Lyon-Turin, conformément aux engagements pris lors du sommet
franco-italien du 29 janvier 2001, à Turin.
Le texte vient prolonger les termes de l'accord du 15 janvier 1996, en vertu
duquel les gouvernements français et italien s'étaient engagés à mettre en
oeuvre les décisions intervenues lors des conseils européens de Corfou, d'Essen
et de Cannes, qui avaient retenu le projet de liaison ferroviaire à grande
vitesse entre Lyon et Turin parmi les quatorze projets d'infrastructures
prioritaires européens.
Cet accord du 15 janvier 1996 mettait en place une commission
intergouvernementale pour la réalisation d'une liaison ferroviaire à grande
vitesse entre Lyon et Turin, qui avait notamment pour objet l'établissement et
le contrôle des programmes d'études techniques, y compris les études relatives
à la sécurité juridique et financière, ainsi que l'établissement de projets de
cahiers des charges relatifs à la conception, au financement, à la
construction, à l'exploitation et à l'entretien de la liaison.
Cet engagement allait susciter un certain nombre d'interrogations et de
critiques, notamment avec le rapport Brossier, dont les conclusions n'allaient
pas manquer d'être réduites à néant par la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc,
qui posa brutablement la réalité et les enjeux des infrastructures routières,
autoroutières et ferroviaires, en particulier leur complémentarité en matière
de transport de marchandises.
En six ans, les choses ont évolué et les interrogations qui pouvaient être
exprimées hier par certains ont été balayées par les événements et les défis à
relever.
Le chef du Gouvernement, à Chambéry, dans son discours du 19 janvier 2001, a
rappelé la nécessité « du rééquilibrage entre la route et le rail (...) pour
les franchissements alpins (...) lequel rééquilibrage entre la route et le rail
passe également par une amélioration significative de l'offre ferroviaire et le
choix déterminé du ferroutage ».
Le lancement d'un programme d'études et de travaux sur cinq ans se trouve
confirmé avec l'engagement de réaliser le creusement de galeries de
reconnaissance.
Force est de constater que cette déclaration ne s'engage, à l'époque, sur
aucune décision ferme ni sur aucun calendrier définitif. Nous avons eu
l'occasion de nous en entretenir voilà une semaine.
Vous conviendrez, monsieur le ministre, qu'il nous faut attendre le sommet du
29 janvier 2001 pour que le Président de la République affirme clairement : «
Les modes de transport doivent être adaptés. Le ferroutage se développe. »
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
C'est moi qui
l'ai dit !
M. Jean-Pierre Vial.
« Bref, c'est une grande décision et c'est une décision irréversible
maitenant. Nous allons construire cette voie nouvelle. Nous nous sommes fixé un
objectif qui sera une mise en oeuvre pour 2015. Nous devrons être imaginatifs
et ambitieux sur le plan de son financement... »
Monsieur le ministre, j'ai, bien évidemment, depuis la semaine dernière,
repris tous les textes pour mettre dans la bouche du Président de la République
ce qui lui revient et dans la bouche du Premier ministre ce qui lui revient
également. Je cite effectivement le Premier ministre qui, ce même jour,
confirme les engagements en ce qui concerne l'échéance et le caractère
irréversible de ce projet.
Je dis bien, monsieur le ministre, qu'avant le 29 janvier aucun document ne
fait état du caractère irréversible de la décision.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Vous vous
trompez !
M. Jean-Pierre Vial.
J'ai vérifié les textes, monsieur le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Me
permettez-vous de vous interrompre, monsieur Vial ?
M. Jean-Pierre Vial.
Je vous en prie, monsieur le ministre.
M. le président.
La parole est à M. le ministre, avec l'autorisation de l'orateur.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Puisque vous en
êtes à la chronologie, vous savez que, le 29 janvier 2001, a eu lieu le sommet
franco-italien ; étaient présents le Président de la République et le Premier
ministre accompagné de certains ministres, dont j'étais. Quant aux propos du
Premier ministre, ils datent du 19 janvier. Par conséquent, vous avez pu
confondre le 19 et le 29, mais c'est dix jours auparavant. Je destine cette
précision au
Journal officiel
!
M. le président.
Veuillez poursuivre, monsieur Vial.
M. Jean-Pierre Vial.
Dans le texte du 19 janvier - je le précise également pour le
Journal
officiel
- on ne trouve aucun engagement sur le caractère irréversible et
sur l'échéance. C'est la raison pour laquelle nous avions cru bon, entre cette
date et le 29 janvier, de solliciter de M. le Président de la République une
précision qui a été apportées effectivement le 29 janvier et confirmée par M.
le Premier ministre.
Il s'agit, sur ce dernier point, d'une avancée significative, puisque
l'occasion d'une question orale que je vous avais posée au mois de juin 2000,
et alors qu'il paraissait évident que devait être réalisée cette liaison sous
Chartreuse pour permettre l'acheminement des marchandises au tunnel de base,
vous précisiez, monsieur le ministre : « Le nouveau tunnel entre la France et
l'Italie parviendrait, avec une mise en service entre 2015 et 2020, à
satisfaire les besoins du trafic de marchandises. Une nouvelle ligne dédiée au
fret entre Ambérieu et Saint-Jean-de-Maurienne ne deviendrait donc
indispensable qu'après la mise en service du tunnel international. »
Dès lors, ce projet de loi est l'occasion d'entériner une nouvelle étape de
l'accord entre la France et l'Italie pour la réalisation d'une nouvelle ligne
ferroviaire Lyon-Turin, mais également de dresser un état des lieux des
interrogations qui peuvent encore demeurer, aussi bien, monsieur le ministre,
je veux bien le reconnaître, que des avancées significatives de ces trois
dernières années.
Je vous propose donc de faire le point entre ce qui, aujourd'hui, est acquis
et ce qui pose encore question.
Est acquis le tunnel sous Chartreuse pour lequel, nous l'avons vu à l'instant,
tout est allé très vite puisque, au mois de juin 2000, vous vous interrogiez
encore sur la pertinence de cette réalisation. Cette infrastructure, qui sera
intégrée à ce projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin, est aujourd'hui une
évidence en même temps qu'une priorité.
Vous avez d'ailleurs pu noter, monsieur le ministre, il y a quelques mois, à
l'occasion de votre déplacement à Lyon, pour la réouverture du tunnel du
Mont-Blanc, qu'à l'unanimité les élus de la région Rhône-Alpes, toutes
tendances confondues, et des socio-professionnels réclamaient que la liaison
ferroviaire marchandises soit la priorité des priorités et l'urgence de cette
nouvelle liaison.
Est également acquis un tunnel ferroviaire à double tube.
L'article 3 de l'accord vient confirmer le choix souhaité par les élus et la
plupart des promoteurs de ce projet de retenir « un tunnel ferroviaire à double
tube de cinquante-deux kilomètres environ incluant une gare souterraine de
secours à Modane... »
Au-delà de la nécessité de satisfaire les besoins et l'évolution du trafic, la
sécurité des ouvrages s'impose comme une évidence.
Mais si, sur ces deux points, le débat est aujourd'hui clarifié s'agissant de
l'acquis, il reste ce qui pose question et, en premier lieu, l'échéancier.
Face aux engagements d'une décision irréversible pour une échéance fixée à
2015, l'article 1 se contente de préciser « les gouvernements français et
italien s'engagent par le présent accord à construire ou à faire construire
(...) une nouvelle liaison ferroviaire mixte marchandises-voyageurs entre Lyon
et Turin dont la mise en service devrait intervenir à la date de saturation des
ouvrages existants ».
Certes, me direz-vous, concernant l'engagement sur l'échéance 2015, vous avez
à plusieurs reprises affirmé votre volonté d'accélérer le calendrier en
proposant de ramener la mise en service à 2012. Vous rappeliez encore cetté
échéance de 2012 il y a une semaine précisément, dans cet hémicycle.
Monsieur le ministre, nous sommes prêts à relever le défi avec vous, mais
force est de constater que le calendrier des études est fixé à 2004, pour une
consultation en 2005-2006,...
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Je serai là !
M. Jean-Pierre Vial.
... ce qui laisserait prévoir, dans le meilleur des cas, un démarrage du
chantier pour les années 2006-2007.
Or nous savons que la Suisse réalise actuellement deux tunnels pour le
franchissement des Alpes : l'un au Lötschberg, de vingt-cinq kilomètres,
commencé en 1999 et dont la livraison est prévue pour 2007, soit une durée de
huit ans, et le second, au Saint-Gothard, de cinquante-six kilomètres dont les
travaux ont débuté en 2000 et se termineront en 2012, soit une durée de douze
années.
Ces quelques éléments de calendrier nous montrent, s'il en était besoin,
monsieur le ministre, la nécessité d'imposer à tous vigilance et célérité dans
les étapes et les travaux préparatoires nécessaires à l'engagement du
chantier.
La deuxième interrogation sur laquelle j'attire votre attention, monsieur le
ministre, porte sur la section entre le sillon alpin et
Saint-Jean-de-Maurienne, dite « tunnel sous Belledonne ».
L'article 2 de l'accord précise que la section internationale est constituée
de trois parties : la partie française entre le sillon alpin et les abords de
Saint-Jean-de-Maurienne ; la partie commune franco-italienne entre les
raccordements avec les lignes historiques les plus proches de part et d'autre ;
enfin, la partie italienne des environs de Bussoleno, au nord de Turin.
Or l'article 4 concernant la mise en oeuvre du projet précise que l'accord
définit la première phase de réalisation de la partie commune franco-italienne
de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin, ce qui est confirmé par l'article
5.
Il apparaît donc que la section entre le sillon alpin et
Saint-Jean-de-Maurienne, dont le tunnel sous Belledonne, n'est pas aujourd'hui
prise en compte par l'accord qui est soumis au Sénat.
Pourtant, cette section est indispensable à la cohérence du projet de liaison
frêt Lyon-Turin : elle doit donc être intégrée à la première phase et, bien
évidemment, financée.
C'est, vous vous en doutez, monsieur le ministre, l'objet de la deuxième
interrogation.
La troisième interrogation porte enfin sur le financement du projet, plus
précisément sur le financement de la section internationale puisque la partie
française jusqu'au sillon alpin est exclusivement à la charge de la France et,
bien qu'aucun financement ne soit à ce jour mobilisé sur cette partie purement
française, il faut reconnaître que les choses avancent.
Vous avez récemment confié une mission à M. Gressier pour interroger les
collectivités locales. Sur le principe, la région s'est engagée la première et
les autres collectivités devraient l'accompagner dans des proportions à
définir, à condition toutefois de connaître le programme complet pour toutes
les infrastructures de transport de la région Rhône-Alpes et d'avoir des
assurances quant à la réalisation totale de la nouvelle liaison ferroviaire
Lyon-Turin. Il n'est pas question de laisser de côté une partie du trafic et
notamment la partie « marchandise », puisque, et vous l'avez noté, monsieur le
ministre, c'est la priorité des élus.
En revanche, aucun financement n'est aujourd'hui mobilisé pour la section
internationale, c'est-à-dire pour l'essentiel du projet.
Certes, un pôle alpin multimodal regroupant les sociétés autoroutes alpines a
été créé, ce qui permettra de mobiliser la contribution des péages routiers,
mais, pour intéressante qu'elle soit, il ne s'agit là que d'une contribution
marginale.
Depuis 1994, environ 900 millions de francs ont permis le financement des
études, assuré, à près de 50 %, par l'Europe. Cela a notamment permis d'assurer
le fonctionnement d'Alpetunnel, qui sert à rémunérer les fonctionnaires de la
SNCF et de RFF. Sur la partie française, environ 200 millions de francs ont été
dépensés, dont près de 90 millions de francs parviennent de l'Europe.
La région a financé, par subvention directe à la SNCF et à RFF, environ 80
millions de francs et assuré le fonctionnement de Transalpes pour environ 20
millions de francs.
L'Etat, la SNCF et RFF, à eux trois, n'ont apporté en réalité qu'une dizaine
de millions de francs ! Ce n'est pourtant pas faute d'avoir reconnu qu'il
s'agissait d'une priorité, et cela dès l'accord franco-italien du 15 janvier
1996.
L'Europe, qui est disposée à s'engager à hauteur de 20 % du montant des
investissements de la partie internationale, n'a pas manqué, elle aussi, de
solliciter une mixité des financements, et c'est dans ce sens que, le 29
janvier 2001, le président de la République s'exprimait en exhortant à être «
imaginatif et ambitieux sur le plan du financement ».
Nous connaissons, monsieur le ministre, votre position dans ce domaine, vos
réserves et les exemples que vous ne manquez pas de rappeler.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Par exemple ?
M. Jean-Pierre Vial.
Le tunnel sous la Manche...
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Il ne faut pas
faire pareil !
M. Jean-Pierre Vial.
Nous restons convaincus de la nécessité d'ouvrir le financement à une solution
mixte, publique et privée : c'est nécessaire, c'est demandé par l'Europe et
c'est possible.
La rencontre organisée à Lyon par Raymond Barre avec des établissements
financiers avait confirmé la pertinence de cette solution et les établissements
financiers avaient d'ailleurs présenté une étude sur un financement mixte.
Faire preuve d'originalité en matière de financement fait partie des enjeux
qu'il est urgent de relever. C'est à la portée de la France et de l'Italie,
puisque la Suisse, à elle seule, est en train de réaliser deux ouvrages, dont
l'un de la même importance que la liaison Lyon-Turin.
Nous voterons donc ce texte nécessaire à l'aboutissement d'une infrastructure
moderne, indispensable à nos deux pays et aux échanges au sein de l'Europe.
Au-delà des enjeux et des inquiétudes déjà évoqués, ce projet doit répondre à
deux autres défis.
Le premier défi, c'est bien évidemment d'assurer une complémentarité entre le
rail et la route. La révolution à laquelle la SNCF doit s'engager implique que
sa responsabilité soit pleine et entière. La SNCF doit prendre sa part dans la
progression du trafic de marchandises, qui, en trente ans, aura été multiplié
par quatre entre la France et d'Italie et dont 80 % s'effectue aujourd'hui par
la route.
Le deuxième défi, c'est d'assurer l'accompagnement économique et social de ce
projet qui représentera pour les territoires et vallées concernés un chantier
d'une rare importance, avec toutes les conséquences qui en découlent pour les
populations.
On ne peut imaginer que le chantier du troisième millénaire ne soit pas
exemplaire sur le plan de l'aménagement et du développement durable.
Monsieur le ministre, je sollicite donc de l'Etat la mise en place d'une
procédure « grand chantier » sur la totalité des territoires concernés par les
grandes infrastructures, c'est-à-dire l'avant-pays savoyard avec le tunnel sous
Chartreuse, la Combe de Savoie avec le tunnel sous Belledonnes et bien
évidemment la vallée de la Maurienne, que vous connaissez parfaitement.
M. Robert-Denis Del Picchia,
rapporteur.
Très bien !
M. le président.
La parole est à Mme David.
Mme Annie David.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous
discutons aujourd'hui d'un projet de loi permettant de ratifier l'accord conclu
entre les gouvernements français et italien le 21 janvier 2001 en vue de la
construction d'une nouvelle liaison ferroviaire transalpine entre Lyon et
Turin. Cela faisait vingt ans qu'on l'attendait, et j'espère que nous verrons
bientôt le « bout du tunnel » !
Nous savons tous que cet accord est fondamental. Autant le préciser tout de
suite : le groupe communiste républicain et citoyen votera ce projet de loi,
qui jette les bases d'une nouvelle orientation de la politique des transports à
l'échelle européenne.
Nous nous félicitons de ce que les gouvernements français et italien aient
souhaité réduire de trois ans le délai de réalisation de ce projet. Cela
démontre clairement la volonté qui sous-tend cette politique des transports.
L'enjeu est double, puisqu'il concerne à la fois le développement du trafic de
voyageurs, grâce à la réalisation d'une ligne à grande vitesse, et le
développement du fret ferroviaire.
Ce dernier objectif est au coeur de la nouvelle politique française des
transports engagée depuis 1997, laquelle vise, à terme, au doublement du fret
ferroviaire. Cette coopération franco-italienne contribue à redonner un élan au
rail face à la dérive du tout routier. Côté français, elle témoigne de la ferme
volonté du Gouvernement de rééquilibrer le rail par rapport à la route.
Dans son livre blanc sur les transports, la Commission européenne dressait un
bilan significatif de la prépondérance de la route. En 1970, le fret
ferroviaire atteignait plus de 21 % des parts de marché ; il ne représente plus
aujourd'hui que 8,4 %.
Au cours des trente dernières années, cette régression s'est traduite par le
démantèlement de 600 kilomètres de rail, alors que, chaque année, 1 200
kilomètres d'autoroutes étaient ouverts.
Dans la région Rhône-Alpes, le développement du trafic de marchandises est
devenu un sujet extrêmement sensible. Cette zone de transit, lieu de passage
transeuropéen des marchandises, est particulièrement exposée aux dégâts
occasionnés par l'hégémonie du transport routier de marchandises, sur le plan
tant humain - la tragédie du tunnel du Mont-Blanc nous le rappelle -
qu'environnemental. Nous savons que le transport routier génère plus d'un tiers
des émissions totales de gaz carboniques. A ce type de pollution s'ajoutent les
nuisances sonores et, surtout, une probabilité accrue d'accidents.
Or, depuis les années soixante-dix, l'augmentation des tonnages de
marchandises traversant les Alpes du Nord s'est réalisée au profit de la route,
qui a vu ses parts de marché passer de 25 % à près de 75 %.
Rééquilibrer le rail par rapport à la route, donner la priorité à
l'intermodalité en favorisant la croissance du ferroutage, du transport
combiné, des « autoroutes roulantes » constitue, nous le savons, monsieur le
ministre, l'un des axes forts de votre politique. Je l'espère, cette politique
davantage soucieuse de la sécurité et de l'environnement se concrétisera
aujourd'hui par la ratification de cet accord.
La nouvelle ligne Lyon-Turin, d'une capacité de 60 millions de tonnes de
marchandises par an, soit une capacité six fois supérieure à celle de
l'actuelle ligne, devrait permettre de désengorger les axes autoroutiers
transalpins, de réduire les goulets d'étranglement et de mettre un terme à la
saturation de cette connexion ferroviaire transalpine. En tant que sénatrice de
la région, je puis vous dire que je m'en félicite.
J'ai cependant, monsieur le ministre, une question à vous poser. Elle concerne
le sillon alpin Valence-Montmélian. L'électrification de celui-ci participe
aussi au désengorgement de la vallée du Grésivaudan et contribue à réduire la
probabilité des accidents tout en réduisant considérablement la pollution.
Chacun peut donc d'ores et déjà être satisfait par l'acceptation du projet
d'électrification de la zone Valence-Grenoble. Mais qu'en est-il de
l'électrification de la partie Grenoble-Montmélian, qui était initialement
prévue ? Pouvez-vous me donner quelques précisions sur ce point ?
J'en reviens au présent projet de loi.
La nouvelle ligne ferroviaire constitue une étape essentielle dans le
rééquilibrage des parts de marché réciproques de la route et du rail.
Toutefois, ne nous leurrons pas. Pour fondamental qu'il soit, le développement
de telles infrastructures ne suffira pas à inverser durablement la tendance si
les efforts - efforts que vous avez engagés, monsieur le ministre - en vue de
promouvoir une concurrence plus loyale entre la route et le rail ne sont pas
poursuivis.
C'est, en effet, à ce niveau que réside, aujourd'hui et à moyen terme, l'enjeu
d'une politique des transports respectueuse de l'environnement et de la
sécurité s'inscrivant délibérément en faveur du développement durable.
L'hégémonie de la route a des causes identifiables.
L'on sait que son avantage concurrentiel réside dans la faiblesse de ses
coûts, résultat pour partie de la non-prise en compte des externalités
négatives, demeurant à la charge de la collectivité, ainsi que de la
multiplication des pratiques de dumping social qui contribuent à la
détérioration des conditions de travail et à la pression à la baisse sur les
salaires.
L'entreprise de transport routier qui a occupé, le mois dernier, la une de la
presse, n'est pas un cas isolé.
L'embauche illégale de dizaines de chauffeurs routiers venus des pays de
l'Est, touchant des paies de misère, ne bénéficiant d'aucune protection sociale
et soumis à des horaires de travail défiant toute concurrence ne constitue,
hélas ! pas une exception qui confirmerait la règle. Et le risque est grand, si
l'on n'y prend garde, que l'élargissement européen ne se traduise par le
développement de telles pratiques hors la loi.
Certes, des textes européens, encadrant notamment l'emploi de la main-d'oeuvre
provenant des pays de l'Est, ont vu le jour. Nous savons, monsieur le ministre,
que vous y avez largement contribué. A ces textes s'ajoute une directive
adoptée, à la fin du mois de décembre, limitant la durée de travail
hebdomadaire d'un routier à quarante-huit heures.
Il n'en demeure pas moins qu'une réelle politique d'harmonisation des normes
sociales européennes vers le haut est indispensable. Ces avancées ne suffiront
pas si les efforts ne sont pas poursuivis afin de rétablir une concurrence
loyale entre les différents modes de transport.
Permettre, par ailleurs, une progression du droit social des pays les moins
avancés, c'est aussi donner plus de sens à la construction européenne et
répondre aux aspirations légitimes de ces populations.
Dans cette optique, la volonté de Bruxelles de libéraliser le marché du fret
ferroviaire avant 2008 est très préoccupante. La Commission européenne souhaite
« mener à bien la construction d'un espace ferroviaire et techniquement intégré
». La prise en compte de la seule dimension technique de l'harmonisation fait
peser de graves menaces sur les services publics ferroviaires européens si elle
ne s'articule pas avec la dimension sociale.
En ce sens, le rééquilibrage entre le rail et la route ne doit pas passer par
la libéralisation du secteur public ni par la mise en concurrence des systèmes
nationaux de fret, laquelle aboutirait à un alignement vers le bas des prix du
fret ferroviaire, préjudiciable au développement des investissements de
modernisation et des capacités en infrastructures nouvelles.
Comment ne pas souligner aussi la faiblesse des fonds européens consacrés au
développement du fret ferroviaire ?
Nous savons pertinemment que l'extension des réseaux transeuropéens nécessite
des financements énormes que les Etats seuls ne peuvent engager qui plus est
dans l'actuel contexte d'orthodoxie budgétaire. Ce type de grands travaux
exigerait évidemment un volontarisme financier européen.
A cet égard, les gouvernements français et italien ont sollicité avec raison
des soutiens européens. Outre qu'elle fait partie des quatorze projets retenus
comme prioritaires au sommet d'Essen, la liaison transalpine Lyon-Turin
permettrait, en effet, des évolutions positives, comme la réduction de la
pollution atmosphérique, le désenclavement routier et la connexion de réseaux
transeuropéens favorisant le développement des échanges.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'avoir pris l'initiative,
qu'approuvent les élus communistes, de lancer une mission chargée de consulter
les différents acteurs concernés, en vue de mettre en place les cofinancements
nécessaires à la réalisation des projets d'infrastructures de la région
Rhône-Alpes.
Comme vous l'avez indiqué, monsieur le ministre, nous devons exiger une
participation financière européenne, que celle-ci soit directe ou relayée par
la Banque européenne d'investissement.
En effet, sans un financement à la hauteur des ambitions, la construction d'un
espace ferroviaire européen s'inscrivant dans une politique de développement
durable n'a aucune chance d'aboutir.
(Applaudissements sur les travées du
groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Je voudrais
tout d'abord remercier M. Del Picchia pour la qualité de son intervention et de
son rapport.
Tous les intervenants ont évoqué la question du financement.
A cet égard, il a été rappelé que, l'Union européenne contribue à concurrence
de 10 % au financement des quatorze projets retenus comme prioritaires lors du
sommet d'Essen.
Cependant, le Livre blanc européen paru en septembre dernier indique qu'il est
envisagé de doubler ce pourcentage. Certes, il convient maintenant de traduire
dans la réalité une volonté qui a été exprimée dans un texte et de porter
effectivement à 20 % la participation financière européenne.
Cela étant, Mme David a suggéré de solliciter, en outre, la Banque européenne
d'investissement, la BEI. Cette idée mérite tout à fait d'être étudiée, car la
BEI peut accorder des prêts à des conditions intéressantes en termes de taux et
de durée de remboursement, notamment aux collectivités territoriales qui
peuvent recourir à cette possibilité, laquelle n'est d'ailleurs pas
suffisamment exploitée.
J'ajoute que si le Gouvernement est intervenu, en temps utile, pour obtenir
qu'une partie de la ressource des livrets A de caisse d'épargne soit affectée
au financement du logement social, j'ai également demandé que l'on puisse
l'employer pour financer la mise en oeuvre de l'intermodalité. Voilà donc une
autre source de financement.
Quoi qu'il en soit, le problème est posé, et soyez convaincus, mesdames,
messieurs les sénateurs, que le Gouvernement a bien conscience de son
importance.
En ce qui concerne la section française de la ligne Lyon-Turin, qui comprend
le tronçon à grande vitesse allant de Lyon jusqu'au sillon alpin et le tunnel
de la Chartreuse, les discussions avec les collectivités territoriales
relatives au financement sont en cours. Comme cela a été souligné, j'ai
d'ailleurs confié à M. Claude Gressier la mission de la conduire pour le compte
de l'Etat.
Par ailleurs, un « pôle alpin » destiné à mobiliser une partie des bénéfices
autoroutiers alpins pour financer le développement de l'intermodalité et du
transport ferroviaire a été créé. C'est le législateur qui l'a décidé, et vous
êtes donc mieux informés que moi sur ce sujet ! Nous avons entrepris une
réforme des concessions autoroutières et nous pouvons utiliser au profit de
l'intermodalité, comme le prévoit la loi, les dividendes engendrés par
l'allongement de la concession donc de la durée d'amortissement, qui permet aux
sociétés d'autoroutes d'accroître leurs ressources. La création de ce fonds de
développement de l'intermodalité a également été votée par le Sénat, et ce à
l'unanimité, lors de la discussion de la loi relative à la sécurité des
infrastructures et systèmes de transport et aux enquêtes techniques après
événement de mer, accident ou incident de transport terrestre.
En outre, le promoteur Lyon-Turin-Ferroviaire doit nous proposer, comme le
prévoit l'accord franco-italien, des solutions en matière de financement.
A cet égard, M. Vial a affirmé, quelque peu ironiquement, que je ne souhaitais
sans doute pas renouveler l'expérience que nous avons connue avec le tunnel
sous la Manche ! Certes ! J'ai dû monter à cette tribune pour défendre un
projet de loi destiné à sauver les petits actionnaires, qui étaient victimes du
dispositif mis en place, et à allonger considérablement la durée de la
concession, jusqu'à 2080 si ma mémoire est bonne, ce qui signifie que nous n'en
verrons pas le terme, ni les uns ni les autres !
(Sourires.)
Une telle solution n'est pas satisfaisante, et il est donc nécessaire de
retenir d'autres possibilités que le recours à des financements privés
s'agissant d'infrastructures aussi lourdes, pour lesquelles le retour sur
investissement ne peut être immédiat.
L'exemple des chemins de fer anglais est éclairant à cet égard. Le
gouvernement de Mme Thatcher et celui qui l'a suivi les ont privatisés après
avoir créé plusieurs compagnies distinctes. Par la suite, les actionnaires,
désireux de dégager quelques minces dividendes, ont été conduits à ne pas
réaliser les investissements nécessaires. De ce fait, les trains n'arrivent
jamais à l'heure et ne sont pas sûrs. Les chemins de fer anglais sont
aujourd'hui les plus minables des pays développés !
Un financement public est par conséquent indispensable quand il s'agit de
réaliser une infrastructure du type de la liaison ferroviaire Lyon-Turin.
N'importe quelle personne raisonnable, quelle que soit sa sensibilité
politique, le reconnaîtra.
M. Robert Del Picchia,
rapporteur.
D'accord !
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Tel est mon état
d'esprit.
Quant aux partenariats, monsieur Del Picchia, ils sont nécessaires pour
financer de tels projets. Ils ont d'ailleurs permis la réalisation du TGV Est
européen, en provoquant un effet de levier, puisque l'Etat a versé bien
davantage que les 3,8 milliards de francs prévus à l'origine et a finalement
mobilisé 8 milliards de francs. Les collectivités territoriales ont également
apporté leur contribution, et j'ai même pu obtenir le doublement de celle de
certains pays étrangers, comme le Luxembourg.
Les partenariats sont donc indispensables, d'autant qu'ils amènent de nombreux
bénéfices pour les régions concernées.
Ainsi, la nouvelle ligne à grande vitesse qui reliera Lyon à Chambéry
permettra de désengorger la ligne classique actuelle, au profit des voyageurs
des trains régionaux et de grandes lignes. En outre, en ce qui concerne le
fret, la réalisation du tunnel de la Chartreuse entraînera un délestage de la
traversée ferroviaire de Chambéry. Enfin, et surtout, la ligne Lyon-Turin
favorisera le développement des échanges entre ces deux villes, ainsi qu'entre
la région Rhône-Alpes et le Piémont.
J'indiquerai maintenant à M. Vial que je me réjouis qu'il ait mis l'accent sur
le caractère irréversible de l'engagement pris, sur la mobilisation des
financements et sur la réduction des délais de réalisation.
En effet, nous allons concrétiser un projet que l'on évoquait depuis plus de
vingt ans et qui était devenu une sorte d'« Arlésienne ».
Cela n'avait rien d'évident, car, en 1997, à mon arrivée au ministère, la
politique des transports n'était pas du tout orientée vers l'intermodalité.
Elle était au contraire axée sur le « tout-routier», et le déclin du rail, le
TGV mis à part, était programmé. Mes paroles sont peut-être un peu dures, mais
j'ai vécu cette époque en tant que cheminot, avant d'être élu député. Encore
faut-il relever que le développement du TGV était financé par l'endettement de
la SNCF et par une réduction drastique du nombre des cheminots. En effet, 97
000 postes ont été supprimés entre 1984 et 1997, et la SNCF a failli mourir de
ses 208 milliards de francs de dettes ! Telle est la vérité !
Je me réjouis donc que nous ayons aujourd'hui gagné la partie. On ne pouvait
pas continuer à sacrifier le rail, alors que la société a besoin qu'un meilleur
équilibre s'instaure entre les divers modes de transport. Ainsi, depuis 1997,
40 000 cheminots ont été embauchés.
M. Michel Caldaguès.
Le contribuable est taillable et corvéable à merci !
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Votre réaction
devant ce développement ne m'étonne pas, monsieur le sénateur : chassez le
naturel, il revient au galop ! Vous préféreriez sans doute que nous appliquions
la même politique qu'avant 1997 !
Cela étant, je reconnais honnêtement que les gouvernements qui se sont succédé
entre 1984 et 1997 n'étaient pas tous de la même couleur politique. Il ne
s'agit nullement pour moi d'adopter une attitude partisane et politicienne ; je
demande simplement que l'on prenne acte d'une réalité : pendant trop longtemps,
le rail a été sacrifié, qu'il s'agisse du transport du fret ou de celui des
voyageurs par des trains autres que les TGV.
Néanmoins, il a été indiqué que le rapport Brossier sur les transports dans
les Alpes n'affirme pas la nécessité de réaliser la liaison Lyon-Turin. Je
répondrai que ce document n'a qu'une valeur indicative et que je ne partage pas
les conclusions de M. Vial sur ce point, même si ce rapport était globalement
très intéressant. Je l'avais souligné d'emblée au nom du Gouvernement, et l'on
ne peut donc y revenir aujourd'hui.
J'ajoute que je n'ai pas attendu l'accident du tunnel du Mont-Blanc pour
devenir un fervent partisan du rail. Le gouvernement auquel j'appartiens s'est
battu pour que la ligne Lyon-Turin soit réalisée et pour qu'un engagement
irréversible soit pris à cet égard. Il est important, en politique, que les
décisions essentielles ne soient pas remises en cause.
Quoi qu'il en soit, la réalisation du projet exigera beaucoup de vigilance et
de dynamisme. Le démarrage des travaux des descenderies menant aux galeries de
reconnaissance sera possible dès le mois de mars, si ce projet de loi
autorisant la ratification de l'accord est approuvé aujourd'hui. Si on ne veut
pas perdre de temps, il faut donc voter ce texte. En effet, sans la
ratification de cet accord, je ne peux rien faire. Le démarrage des études sera
également possible, certaines ayant été anticipées.
Vous avez cité Belledonne. C'est vrai que j'ai tenu à ce que Belledonne figure
dans le cadre général. Mais, là aussi, je ne peux faire que ce qui me paraît
réaliste, en respectant les étapes nécessaires. En l'occurrence, la démarche
comporte bien deux étapes. A l'horizon 2008, nous devrons avoir bâti un premier
ensemble constitué de la ligne à grande vitesse Lyon-Chambéry et du tunnel de
la Chartreuse ; je l'ai annoncé à Lyon, le 2 octobre dernier. A l'horizon 2012,
nous devrons avoir constitué un second ensemble comprenant la section
internationale, mais également le tunnel de Belledonne, financé sur une base
nationale. C'est ce que j'ai annoncé et cela va parfaitement dans le sens que
vous souhaitez.
M. Jean-Pierre Vial.
Non ! Non !
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Nous ne
reviendrons donc pas sur la nécessité absolue de réaliser à la fois le tunnel
de la Chartreuse et le tunnel de Belledonne.
Concernant les modalités de réalisation, j'essaye, effectivement, pour
Perpignan-Figueras, d'ailleurs en cours d'appel d'offres, ou pour Lyon-Turin,
de faire mieux que pour le tunnel sous la Manche où, comme je vous l'ai dit,
les petits actionnaires ont, encore une fois, subi les conséquences d'une
mauvaise décision aux termes de laquelle le financement est totalement
privé.
Madame David, puisque vous venez de l'Isère
(Mme David opine),
cela me permet de préciser que le projet ne bénéficiera
pas seulement à Lyon et à la Savoie. Si je parle de la ligne à grande vitesse
Lyon-sillon alpin, c'est parce qu'une bifurcation à Saint-André-le-Gaz permet
de réduire le temps de parcours entre Paris ou Lyon et Grenoble. De même,
l'accès à la section internationale par le tunnel de la Chartreuse sera aussi
ouvert au trafic venant du Sud, depuis Valence, Grenoble et Montmélian, ligne
qui devra être intégralement électrifiée. Une partie est déjà en cours
d'électrification dans le cadre du contrat de plan, le reste devra être
rapidement réalisé. D'ailleurs, je vous précise, madame la sénatrice, que les
études en cours concernent l'ensemble du tracé. Je crois que cela répond
également à votre souci.
Vous avez évoqué - et comme vous êtes la seule à l'avoir fait, je veux le
souligner aussi parce que je partage ce point de vue - la nécessité de prendre
en compte l'aspect social. Vous avez évoqué cette nécessité à propos du
transport routier. Depuis une dizaine d'années, les organisations de salariés -
les chauffeurs, les conducteurs -, mais également les organisations
professionnelles se battent pour qu'il y ait une harmonisation, notamment grâce
au projet de directive « Temps de travail », à l'échelon de l'Europe. Sous
présidence française, j'ai obtenu, et j'en suis fier, que la majorité des pays
acceptent cette directive. A également été acceptée ce que l'on appelle «
l'autorisation du conducteur », qui permet de lutter de manière plus efficace
contre les comportements de certaines entreprises européennes, que vous avez
citées. Il faudra être très vigilant car il est assez rare que l'on prenne en
compte l'aspect social dans les décisions européennes. Pourtant, c'est bien un
enjeu majeur, comme la défense des services publics et du secteur public ; vous
l'avez également dit. Madame la sénatrice, vous pouvez compter sur moi et sur
ce Gouvernement pour veiller à ce que cela ne soit pas remis en question.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen et sur les travées socialistes. - M. Boyer applaudit également.)
Mme Hélène Luc.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
«
Article unique
. - Est autorisée l'approbation de l'accord entre le
Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République
italienne pour la réalisation d'une nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin,
signé à Turin le 29 janvier 2001, et dont le texte est annexé à la présente
loi. »