SEANCE DU 5 FEVRIER 2002
M. le président.
La parole est à M. Renar, auteur de la question n° 1255, adressée à M. le
ministre de l'éducation nationale, qui ne risque pas de recevoir la verrière de
l'hémicycle sur la tête : il vient si rarement assister aux séances de
questions orales !
M. Ivan Renar.
Monsieur le président, je vous rejoins sur ce point : cette question était
adressée à M. le ministre de l'éducation nationale, qui exerce la tutelle sur
le musée de l'Homme.
Cela étant, madame la secrétaire d'Etat, je vous félicite d'être fidèle au
poste et de tenir ferme la barre au nom de l'ensemble du Gouvernement, même si
je trouve, comme M. le président, une telle situation anormale !
J'ai donc interrogé M. le ministre de l'éducation nationale sur la situation
du musée de l'Homme, plus particulièrement sur ses futures missions et sur
l'avenir de ses personnels.
Comme vous le savez, ces derniers, au cours d'un long mouvement de grève, ont
exprimé des préoccupations qui ne semblent pas toutes avoir trouvé de réponse,
même si la grève a été suspendue.
Très concrètement, avec la création du musée des Arts premiers, dit « musée du
quai Branly », est posée la question de la conservation des garanties
scientifiques et du cadre dans lequel vont pouvoir se poursuivre les missions
de recherche et d'éducation dévolues jusqu'à présent au musée de l'Homme.
Ces problèmes sont intimement liés aux futures missions de ce musée. Que
deviendra, par exemple, l'importante bibliothèque-médiathèque ? Selon les
conclusions du rapport d'un groupe de travail du ministère de la recherche daté
du 31 janvier 2001, cette bibliothèque-médiathèque constitue « un ensemble
cumulatif et non sécable, indissociable des collections ».
Plus précisément, de l'avis de tous, l'ethnographie et l'anthropologie
biologique semblent difficilement dissociables, pour diverses raisons évoquées
dans le rapport du même groupe de travail.
Outre l'ensemble que constitue la bibliothèque, est-il question de déménager
la totalité des collections du musée de l'Homme - et dans ce cas, quelles
seraient les missions d'un musée dénué de collections ? - ou seulement une
partie ? Dans cet esprit, l'ethnologie et l'anthropologie biologique
seraient-elles séparées ? Le musée des Arts premiers constituera certainement
un établissement et un outil modernes, mais comment la recherche
s'organisera-t-elle entre les deux établissements ?
Bref, qu'il soit ou non doté de nouvelles missions, la rénovation et la
redynamisation du musée de l'Homme sont une nécessité.
Certes, des débuts de réponse ont déjà été apportés par MM. Martin, président
du musée des Arts premiers, et Chevassus-au-Louis, nouveau président du Muséum.
Ce dernier, à ce propos, a déclaré, dans une interview particulièrement
intéressante parue ce matin dans un grand quotidien, que le musée de l'Homme
était un problème important et urgent, que les conditions de coopération avec
le quai Branly devaient être clarifiées, la suspension de la grève étant
fragile.
Par conséquent, madame la secrétaire d'Etat, que compte faire le Gouvernement
pour clarifier totalement la situation et apaiser les esprits des personnels
toujours inquiets, et on le serait à moins ?
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat aux personnes âgées.
Bien qu'étant depuis peu au
Gouvernement, monsieur le président, je tiens à dire que j'ai déjà vu à
plusieurs reprises mon collègue Jack Lang siéger à ce banc !
Pour répondre à votre question, monsieur le sénateur, une partie des
personnels du musée de l'Homme avait entamé, à la fin du mois de novembre 2001,
un mouvement de protestation contre la mise en oeuvre de la décision de
transférer les collections ethnologiques du musée de l'Homme vers le musée du
quai Branly. Ces personnels s'opposaient à l'accès des personnels non grévistes
à leur lieu de travail. Ils avaient, en outre, interdit au public l'accès au
musée de l'Homme et à l'exposition temporaire, « La Korrigane. »
A partir du 14 janvier 2002, les personnels non grévistes ont pu à nouveau
accéder à leur lieu de travail. Ils ont ainsi pu remettre les locaux du musée
de l'Homme en état d'accueillir le public. Le 18 janvier, l'assemblée générale
des grévistes a décidé de suspendre le mouvement. Le public peut donc à nouveau
visiter le musée de l'Homme, ses collections permanentes et ses expositions
temporaires.
Les ministres chargés de la tutelle considèrent que la nécessaire redéfinition
scientifique des laboratoires d'anthropologie biologique, de préhistoire et
d'ethnologie qui constituent le musée de l'Homme doit être conduite dans le
cadre de la réforme en cours du Muséum, dont ils relèvent.
Il appartiendra au président et aux instances du Muséum de leur proposer un
projet pour le musée de l'Homme. Ce projet devra prendre en compte l'évolution
des champs et des savoirs scientifiques présents au musée depuis sa création en
1937 et lui redonner la place qui doit être la sienne.
La refondation du musée de l'Homme devra s'inscrire pleinement dans le cadre
négocié du nouveau projet d'établissement du Muséum. Cette refondation et la
rénovation matérielle qui l'accompagnera seront inscrites dans le contrat que
les autorités de tutelle signeront avec le Muséum.
Le Gouvernement n'entend pas revenir sur la décision de transférer les
collections non européennes du laboratoire d'ethnologie, de la bibliothèque, de
la photothèque et de la phonothèque du musée de l'Homme à l'établissement
public du musée du quai Branly.
Ce transfert s'accompagnera de la mise à disposition par le Muséum des
enseignants-chercheurs et des personnels IATOS actuellement affectés au musée
de l'Homme qui ont souhaité accompagner les collections au musée du quai
Branly. Ces personnels feront l'objet d'une convention entre les parties en
présence. La situation des autres agents qui sont actuellement affectés dans
les laboratoires du musée de l'Homme sera traitée dans le cadre du nouveau
projet d'établissement, comme celle des agents des autres laboratoires du
Muséum. Les transferts prévus vers le musée du quai Branly n'entraîneront pas
de suppressions d'emplois.
La mise en oeuvre du chantier des collections que ce déménagement entraîne,
comme le prévoit le contrat de dépôt entre le Muséum national d'histoire
naturelle et l'établissement public du musée du quai Branly, appelle une
démarche pragmatique. Les premiers transferts d'objets du laboratoire
d'ethnologie du musée de l'Homme concerneront un nombre limité de lots d'objets
en mauvais état qu'il convient, dans un souci patrimonial, de traiter dans les
meilleurs délais dans les ateliers de restauration de l'hôtel industriel
Berlier. En raison de l'état de ces objets, il convient que la préparation du
chantier des collections, et tout particulièrement la détermination des lots à
traiter dans les différents départements, ne connaissent aucun retard.
Par ailleurs, conformément au nouveau statut du Muséum, défini par le décret
du 3 octobre 2001, le président vient d'être désigné. M. Bernard
Chevassus-au-Louis a pris ses fonctions et a entamé, avec l'ensemble des
personnels, le débat sur le futur projet du Muséum. Le conseil d'administration
et le conseil scientifique du Muséum seront constitués dans les jours qui
viennent. Désormais, la présidence, la direction générale, les instances élues
et les personnels doivent travailler ensemble à construire un projet
d'établissement où la place légitime des sciences de l'homme et de la société
sera redéfinie.
M. Ivan Renar.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar.
Madame la secrétaire d'Etat, je vous remercie pour ces explications, même si
elles restent encore trop floues sur un certain nombre de questions.
J'espère que le musée du quai Branly sera un outil moderne et efficace pour
les chercheurs et que, une fois rénové et opérationnel dans ses nouvelles
missions, le musée de l'Homme pourra trouver une nouvelle jeunesse et attirer
de nouveaux publics.
Il convient cependant de réaliser la contractualisation, car l'objectif est de
pouvoir élargir et améliorer l'accès du public aux collections, sans pour
autant sacrifier les missions d'éducation et de recherche d'un musée que
beaucoup nous envient pour sa richesse.
Pour y parvenir, il faudrait que les personnels connaissent rapidement le
domaine auquel ils seront affectés. Il faudrait aussi instaurer un dialogue sur
la politique de recherche et sur la relance de l'emploi, thème que vous venez
d'aborder, madame la secrétaire d'Etat, et qui suppose le dégel des postes qui
sont bloqués.
Je suis persuadé que le personnel est désireux de travailler dans une ambiance
pacifiée mais, pour régler tous les problèmes en suspens, il faut le dialogue,
encore le dialogue et toujours le dialogue.
Votre réponse ainsi que les déclarations de M. Chevassus-au-Louis, nouveau
président du Muséum, permettront, je l'espère, de débloquer la situation.
RÉPARTITION DES CRÉDITS DU FONDS NATIONAL
DE DÉVELOPPEMENT DES ADDUCTIONS D'EAU